Le ministre de l’Agriculture, monsieur Gendron, y a vu un
excellent moyen de faire d’une pierre trois coups : satisfaire l’UPA,
flatter les écologistes dans le sens du poil et s’assurer les bonnes grâces de
la première ministre.
Comme il se doit au PQ, une table de concertation a été créée. Cette table
a pour mandat de maximiser les retombées électoralistes du programme et de
débusquer les opposants éventuels afin de les neutraliser.
Le
programme repose sur quatre initiatives :
1. Les programmes d'aide à
la relève agricole et à son accompagnement seront bonifiés, de manière à
améliorer la formation et à faciliter la passation des exploitations agricoles.
Le grand défi de la relève agricole découle des
prix stratosphériques des fermes, lesquels sont gonflés à bloc par le régime
des quotas. Un quota, environ la quantité de lait produit par une bonne vache,
est un permis de produire dont la valeur est directement proportionnelle à sa
rareté. Son coût oscille autour de 25 000 $ par quota. Si le ministre
Gendron désire vraiment aider la relève, il devrait éliminer ce régime
anachronique qui asphyxie lentement, mais sûrement les fermes familiales. Quel
jeune peut payer 500 000 $ seulement
pour obtenir le droit d’exploiter une petite ferme de vingt vaches?
2. Hydro-Québec devra
consentir des tarifs d'électricité privilégiés aux exploitants en serres, avec
pour objectif de faire baisser leur facture énergétique de 25%.
Au fil des ans Hydro-Québec est devenue l’outil
privilégié des politiciens pour subventionner en catimini des groupes
d’intérêts. Hydro-Québec subventionne déjà les Américains, les alumineries, les
exploitants de parcs éoliens, etc. Ces subventions indirectes coûtent des
milliards annuellement aux contribuables québécois. Les subventions aux
exploitants en serres siphonneront quelques centaines de millions de plus des
poches des contribuables.
3. Les règles sur la
protection du territoire agricole seront renforcées. Et de nouvelles règles sur
l'appropriation des terres, particulièrement par des investisseurs étrangers et
immobiliers, seront mises en place.
La CPTAQ est devenue un obstacle majeur au développement
économique du Québec. Des millions d’hectares impropres à l’agriculture sont
inutilisés dus au refus de la Commission de les exclure des zones protégées.
Renforcer les règles, interprétées par des avocats qui ne connaissent rien à
l’agriculture, ne fera qu’empirer la situation. Par contre, le Québec compte aussi
des millions d’hectares de terres arables non exploitées. En empêchant les
investisseurs immobiliers et étrangers d’acquérir ces terres, le gouvernement
condamne le Québec au sous-développement permanent de son potentiel agricole.
4. Québec instaurera une
politique d'achat québécois dans le système public. On forcera les hôpitaux, le
milieu de l'éducation, les garderies et les sociétés d'État à acheter
québécois.
Le régime de la gestion de l’offre équivaut à
subventionner l’industrie agricole au rythme de plusieurs milliards
annuellement aux frais des consommateurs. Mais ce n’est pas suffisant, l’UPA en
veut toujours plus et le MAPAQ s’empresse de répondre à sa demande. Le
programme de la souveraineté alimentaire proposé n’est rien d’autre qu’un
régime de la gestion de la demande. La plupart des gestionnaires d’hôpitaux,
d’écoles et de garderies sont rationnels. Ils s’approvisionnent en fonction du
meilleur rapport prix/qualité. Acheter québécois entraînera en une augmentation
des coûts d’exploitation qui se reflétera nécessairement dans les budgets.
C’est l’équivalent d’une autre subvention indirecte à l’industrie agricole,
cette fois aux frais des contribuables.
La
souveraineté alimentaire a toutes les allures d’une bonne idée. Personne
ne peut s’opposer à une présence accrue des aliments produits et transformés au
Québec. Mais pour paraphraser
Bastiat : ce qui se voit, consommation accrue de produits québécois,
occulte ce qui ne se voit pas et qui causera des torts considérables aux
agriculteurs, aux consommateurs, aux contribuables et à l’économie en général.
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