André Dorais
Plusieurs individus croient que les pays riches sont mieux outillés que les pays pauvres pour sortir de la crise économique. Dit de cette façon on tend à être d’accord avec cette affirmation, mais lorsqu’on réalise qu’ils font surtout allusion à l'assurance emploi, l'assurance dépôts et la planche à billets, on se ravise.
Non seulement l’assurance emploi ne permet pas de sortir plus vite de la crise économique, mais, au contraire, elle la prolonge. C’est d’autant plus vrai que les gouvernements tendent à la bonifier en temps de crise. Que l’assurance emploi permette aux gens affectés par la crise d’en amortir le choc est une chose, mais qu’elle permette à la population en général d’en sortir ou de s’en extirper plus rapidement en est une autre. Les coûts de cette solidarité obligatoire sont refilés aux contribuables qui se trouvent donc moins à même de relancer l’économie.
Cette ligne de pensée est tirée des idéaux sociaux-démocrates. La social-démocratie joue sur deux plans : l’un éthique, l’autre économique. La plus grande «générosité» du programme d’assurance emploi s’inscrit dans l’idée plus large qu’il faille constamment dépenser de l’argent pour relancer l’économie. Puisque les consommateurs réduisent leurs dépenses en temps de crise les gouvernements croient devoir se substituer à eux dans le but de maintenir les dépenses, qui sont vues comme un gage de richesse. C’est oublier que les dépenses gouvernementales sont effectuées à même l’argent des contribuables. Ainsi, non seulement les gouvernements viennent contrecarrer les efforts des gens à épargner, mais ils leur soutirent leur épargne sous prétexte qu’ils savent mieux que personne quoi en faire...
L’assurance dépôts garantit, jusqu’à un seuil maximum, l’épargne qui se trouve dans les comptes d’épargne, comptes chèques et quelques certificats de placement. À l’instar de l’assurance emploi plusieurs dirigeants gouvernementaux ont augmenté ce seuil pour apaiser les craintes des épargnants. L’Allemagne va même jusqu’à garantir toute l’épargne des ménages, sans aucune limite. Comment les gouvernements vont-ils s’y prendre pour remplir ces promesses? Comment remplace-t-on le fruit du travail d’une vie en un tour de main?
Les gouvernements tentent de rassurer la population alors que les fonds nécessaires à l’exécution de cette obligation sont tout à fait insuffisants, voire déjà dans le rouge. Dans ces circonstances on doit se rendre à l’évidence, les gouvernements ne remplaceront jamais les ressources perdues, mais uniquement la monnaie qui se trouve dans les comptes garantis. C’est très différent.
La monnaie d’aujourd’hui ne coûte pratiquement rien à produire, de sorte qu’il est facile de la remplacer. Cependant, les gouvernements auront beau la produire à la tonne, cela ne remplacera jamais l’épargne perdue. Remplacer l’épargne perdue par une monnaie dont la valeur nominale est équivalente ne restitue pas sa valeur réelle et originale. La perte est réelle malgré les apparences.
Une banque, ou tout autre entreprise, acculée à la faillite voit son capital perdre en partie ou en totalité sa valeur, ce qui réduit d’autant la richesse globale. La nouvelle monnaie remise en garantie aux épargnants vaut donc moins qu’avant cet évènement puisqu’elle donne accès à une moindre richesse, c’est-à-dire un nombre réduit de biens et de services. Cette perte du pouvoir d’achat est réelle et c’est uniquement sur ce point qu’on devrait se concentrer. Les discussions sur la soi-disant stabilité des prix ne sont qu’une façon de détourner l’attention de ce problème. Elles ne servent pas à le résoudre, mais tout au plus à justifier le rôle de la banque centrale.
Les gouvernements ne garantissent donc pas la valeur initiale et réelle de l’épargne, mais uniquement sa valeur nominale. Les bénéficiaires de cette garantie diluée, pour ne pas dire de cette fausse garantie, y trouve néanmoins leur compte dans la mesure où ils reçoivent quelque chose plutôt que rien. En contrepartie, et à l’instar de l’assurance emploi, tous les consommateurs et particulièrement les contribuables doivent en payer la note.
Les partisans de ces «assurances publiques», ou «programmes sociaux», n’y voient rien à redire. Lorsqu’on leur fait réaliser que le prix à payer pour cette façon de procéder est beaucoup plus substantiel qu’une adhésion volontaire à ces assurances, ils invoquent la «justice sociale» plutôt que l’efficacité, l’éthique plutôt que l’économique. Et lorsqu’on les relance en répondant qu’il n’y a rien de légitime à obliger les gens à adhérer à un service d’assurance, ils répondent à leur tour par la négative en revendiquant une conception plus égalitaire de la justice. Or, cette conception de la justice s’effectue invariablement dans une plus grande pauvreté, d’où le retour au questionnement de départ : les pays riches sont-ils mieux outillés que les pays pauvres pour sortir de la crise économique?
La réponse est oui, mais pas pour les raisons évoquées. Ce ne sont pas les diverses assurances publiques ou programmes sociaux qui permettent de sortir d’une crise économique, mais la capacité à produire de la richesse. Cette capacité est indéniablement supérieure dans les pays riches, mais encore faut-il donner aux individus la liberté d’agir, liberté qui semble malheureusement réduite à mesure qu’un pays s’enrichit.
Les programmes d’assurance publique agissent comme un frein à la liberté d’action. Parce qu’ils sont imposés dans les pays riches ils entraînent tout le monde dans leur sillage. Au contraire, parce que les pays pauvres n’ont pas les moyens de se les payer, du moins pas au même degré, ils ont le champ libre pour améliorer leurs moyens de production et accroître leur richesse. Ceux qui savent saisir cette opportunité développeront leur capacité de production et s’en trouveront plus riches.
On doit donc réaliser, qu’en dernier lieu, c’est la liberté de disposer de ses biens comme on l’entend qui permet de créer de la richesse. En d'autres mots, la capacité de production vient de la liberté individuelle et non l'inverse. Plus les individus d’un pays seront libres de leurs actions, plus grande sera la probabilité qu’ils s’enrichissent. En ce sens, le régime de liberté, ou le «libéralisme», est supérieur à la social-démocratie. Malheureusement, ce régime demeure mal compris et mal pratiqué. Certes, il crée des disparitions de richesse, mais au moins il enrichit tout le monde. On ne peut en dire autant de la social-démocratie qui préfère la loi politique à la loi économique, la contrainte plutôt que la liberté.
Les pays riches sauront-ils réduire les services gouvernementaux? Les pays pauvres sauront-ils s’abstenir de les mettre en place? Sauront-ils tous utiliser la planche à billets avec modération? La réponse à ces questions déterminera qui parmi eux se sortira mieux de la crise économique. En principe, ce devrait être les pays riches, mais il appert que plus ils sont riches, plus ils sont bêtes, du mois en démocratie. Ils semblent aveuglés par leurs bonnes intentions.
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