par Louise Labrecque
« Je lis beaucoup. J’écris beaucoup. Je résiste. Comme toutes les femmes. Et pourtant, je n’aurai traversé qu’un seul tenant de cette épaisseur, de cette nuit épaisse qu’est la lutte des femmes de par le monde ».
Diane Guilbault nous présente, dans son livre « Démocratie et égalité des sexes », une synthèse limpide et convaincante sur la complexité des liens unissant démocratie, laïcité, religion et égalité des sexes. En effet, depuis la révolution tranquille, au Québec, on assiste, tant bien que mal, à une réelle révolution des esprits. Toutefois, il est long le chemin. Sous le régime de Duplessis, le paternalisme imprègne la société, et bien que le Québec ait profondément changé dans les années 1960, l’autorité de l’Église a marqué toute une génération; il faudra attendre encore quelques années avant de mesurer la réelle perte de vitesse de l’Église, ouvrant ainsi la voie à la libération des femmes. Aujourd’hui, de nouveaux enjeux se dessinent dans l’environnement sociopolitique. Nos démocraties, écrit madame Guilbault, doivent être examinées de près, afin de comprendre les mouvements qui les affaiblissent, les obstacles à combattre, et les luttes à mener, notamment par un savoir-vivre ensemble intelligent, de manière à continuer à faire progresser la cause des femmes. Rien ne doit être pris pour acquis. Nous revenons de loin, à l’époque où nos grands-mères n’avaient aucun droit juridique, où la contraception chez nos mères étaient à peu près inexistantes, où avoir son propre compte bancaire relevait de l’hérésie, voire même endosser un chèque était impossible, sans la signature du mari ou du père. Pour les femmes, au plan international, de grands pas furent franchis depuis la révolution tranquille. Maintenant, nous nous sommes dotés d’outils importants, tels des conventions, afin d’accélérer la cadence et nous avons compris, de ce fait, que la démocratie est indissociable de la laïcité. Avec la montée actuelle des intégrismes religieux, il est urgent de prendre conscience que le statut des femmes est un baromètre assez juste de l’état de santé d’une démocratie. Tel l’écrivain est, tôt ou tard confronté à son œuvre, la réponse que nous livre le valeureux combat des femmes depuis la révolution tranquille, constitue un mouvement essentiel à une remise en question. La démocratie, c’est la capacité des faire des choix. C’est aussi ne rien prendre pour acquis. Le discours intégriste religieux ne doit pas, écrit madame Guilbault, s’insérer, comme il tente actuellement de le faire, dans la vie quotidienne des gens. C’est de cette même manière, que depuis la révolution tranquille s’ouvre des failles, permettant aux totalitaires de s’afficher ostensiblement, sous des airs de bon aloi, évidemment. À cet égard, on ne peut passer sous silence la question du voile, maintenant appelé foulard islamique. En effet, les forces obscurantismes existent toujours, sous une autre forme, et nous devons, plus que jamais, demeurer vigilants. Ainsi, après la lecture du livre « Démocratie et égalité des sexes » de Diane Guilbault, on mesure bien le rôle des débats des dernières années sur diverses questions sensibles relativement aux différentes démarches d’intégration. La démocratie est une valeur à défendre avec fierté, selon madame Guilbault , rappelant qu’au Québec, comme partout au monde, des femmes refusent d’abdiquer leurs libertés et que certaines le paient de leurs vies. Bref, l’émancipation de toutes les femmes, objectif du féminisme des premières heures, demeure, plus que jamais, une priorité. La société a un devoir d’éducation et de protection des valeurs démocratiques. Il faudra lutter bientôt contre des formes de sexismes de plus en plus subtiles, et garder à la portée de la main ce petit livre de Denise Guilbault : « Démocratie et égalité des sexes »
Denise Guilbault : « Démocratie et égalité des sexes », Les Éditions Sisyphe, Montréal, 2008.
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