Mise à jour le 28 janvier 2006.
Suite aux pressions populaires, l'équipe Tremblay a revisé le budget 2006 à la baisse. L'augmentation des taxes est passé de 5,8% à 3,3%. Toutefois, cette augmentation demeure bien au-dessus de la croissance de la population de 0,3%. Donc, le fardeau fiscal des Montréalais a malgré tout augmenté de 3,0%.
Je dois accorder une note de 10/10 au Maire Gérald Tremblay et à son équipe. Ils ont accompli le tour de passe-passe dont rêve tous les politiciens mais que peu réussissent aussi parfaitement.
Un mois après avoir été élu Maire, en promettant de ne pas augmenter le fardeau fiscal des Montréalais, l’équipe Tremblay propose d’augmenter les taxes de 5,8% dans le budget 2006. Grâce aux talents de prestidigitateur de l’équipe Tremblay, les médias ne relèvent pas l’erreur. Les Montréalais sont convaincus qu’une minime augmentation du fardeau fiscal (1%) permettra de régler tous les problèmes de Montréal. Voilà, le dossier est clos, les groupes de pression et les lignes ouvertes sont silencieux. Les éditorialistes ne dénoncent pas la supercherie. Les élus sont libres de passer à autre chose.
Malheureusement, ce n’est qu’une illusion.
2005 | 2006 | Diff. | |
Revenus (milliers $) | |||
Taxes (1) | 2 467 727,8 | 2 611 219,0 | 5,8% |
Autres | 1 217 604,6 | 1 253 055,7 | 2,9% |
Total | 3 685 332,4 | 3 864 274,7 | 4,9% |
(1) Pour être exact une partie de l’augmentation des taxes sera payée par des « non Montréalais ». Par exemple, les citoyens des villes reconstituées qui paieront une portion de leurs taxes au conseil d’agglomération. Donc, l’augmentation du fardeau fiscal des Montréalais sera un peu moins de 5.8%.
Comment le Maire et son équipe peuvent-ils prétendre que l’augmentation du fardeau fiscal des Montréalais est de 1% alors que les taxes augmentent de 5.8%. C’est bien simple, il suffit de changer la définition de fardeau fiscal. Selon le document du budget, le fardeau fiscal des Montréalais se limite aux taxes sur les résidences. Ce qui permet d’écrire :
« Les orientations budgétaires de la Ville de Montréal pour 2006 se traduisent par une augmentation de 1 % des charges fiscales des immeubles résidentiels. »
Décidément, nos élus municipaux sont plus habiles à jouer sur les mots que pour gérer efficacement les fonds publics. Un fait plutôt révélateur, le document de 400 pages du budget ne contient aucune notion d’amélioration de la productivité. C’est à croire que cette expression a été bannie du vocabulaire de nos élus.
Le contraste avec le budget de la ville de Toronto est frappant. Depuis plusieurs années, les élus Torontois ont fait de l’amélioration de la productivité le fer de lance de leur processus budgétaire. Des économies de plusieurs centaines de millions ont ainsi été obtenues ce qui leur a permis de financer de nombreux programmes d’améliorations des services.
Il est urgent d’imposer à la Ville de Montréal une meilleure discipline budgétaire. Les augmentations du budget municipal doivent être limitées à la
somme de la croissance de la population (0,3%) et de l’inflation (2,5%). De plus, compte tenu des nombreuses sources de gaspillage découlant d’un manque d’efficacité dans plusieurs domaines, il est raisonnable de demander une amélioration annuelle de la productivité de 2%. Si on applique cette formule au budget de 2006 nous obtenons :
Budget 2005 (milliers $) | 3 685 332,4 | |
Population (+0,3%)(milliers $) | +11 056,0 | |
Inflation (+2.5%)(milliers $) | +92 133,3 | |
Productivité (-2%)(milliers $) | -73 706,7 | |
Budget 2006 (milliers $) | 3 714 815,0 |
2005 | 2006 | Diff. | |
Revenus (milliers $) | |||
Taxes (1) | 2 467 727,8 | 2 461 759,3 | -0,2% |
Autres | 1 217 604,6 | 1 253 055,7 | 2,9% |
Total | 3 685 332,4 | 3 714 815,0 | 0,8% |
Ce budget maintient le fardeau fiscal des Montréalais au niveau de 2005 et permet au Maire de tenir sa promesse électorale. Le cynisme et le bas taux de participation de la population au processus démocratique découlent en bonne partie de la perte de confiance des électeurs. Dans ce contexte, il est du devoir du Comité Exécutif de faire l’impossible pour établir un lien de confiance avec la population, en respectant la promesse donnée. De plus, selon l’Institut de la Statistique du Québec le pouvoir d’achat (augmentation de salaire moins inflation) des Québécois en 2005 a été presque nul. Donc, une augmentation des taxes municipales en sus du taux d’inflation et du taux de croissance de la population aura pour effet de réduire d’autant le pouvoir d’achat des Montréalais.
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