« La tâche curieuse de l’économie est de démontrer aux
hommes à quel point ils connaissent vraiment mal ce qu’ils s’imaginent pouvoir
planifier. » — Friedrich Hayek
En matière d’écologie, le Québec est le paradis des groupes
d’intérêt subventionnés. Le 31 mars dernier naissait la Coalition
zéro émission Québec (CZÉQ). Pas moins d’une douzaine de groupes d’intérêt
sont membres de cette nouvelle coalition.
La Coalition milite en faveur d’une loi zéro émission. Cette
loi imposerait aux constructeurs automobiles l’obligation d’allouer au marché
québécois un nombre prédéterminé de véhicules hybrides et entièrement
électriques. Dans son communiqué de presse, elle prêtent :
En plus de ne rien coûter à
l’État, cette loi permettra de diminuer notre dépendance au pétrole, de
contribuer à améliorer la balance commerciale du Québec, de favoriser le
développement économique dans un domaine de pointe, de réduire de façon
significative les émissions polluantes et de valoriser l’électricité propre du
Québec.
Ce paragraphe en dit long sur le peu de crédibilité des
représentants de cette Coalition.
Il faut être de bien mauvaise foi pour prétendre qu’une loi
zéro émission ne coûtera rien à l’État. Le but de cette loi serait évidemment
de mousser les ventes de véhicules hybrides et électriques. Au mieux, la loi n’aura
aucun effet sur les ventes de véhicules. Dans ce cas, les coûts de la loi se
limiteront à la bureaucratie nécessaire pour gérer cette nouvelle intervention
dans l’économie, ce qui est loin d’être négligeable. Au pire, la loi favorisera
la vente de véhicules hybrides et électriques. Puisque le gouvernement
subventionne jusqu’à concurrence de 8 000$ l’achat d’un véhicule hybride
ou électrique, l’augmentation des coûts pour le gouvernement pourrait exploser.
Il est bien sûr évident que la multiplication des véhicules
hybrides et électriques réduira d’autant la consommation de pétrole. Mais est-ce
que cela aura un impact significatif sur les émissions de CO2?
Il existe plus de 5 millions de véhicules personnels immatriculés au
Québec dont seulement 5 000 sont hybrides ou électriques. Pour réduire de
seulement 10% la consommation de pétrole, il faudrait donc remplacer 500 000 véhicules à essence. À 8 000$ par
véhicule le gouvernement devrait débourser 4 milliards en subventions! Alors que le ministre Coîteux gratte les fonds
de tiroir pour équilibrer son budget, un tel objectif serait une pure folie.
Cette loi n’aura pas non plus d’impact significatif sur la
balance commerciale négative du Québec. Les gains obtenus par la réduction des
importations de pétrole seront annulés par les coûts d’importation des
véhicules hybrides et électriques, lesquelles coûtent 30 % de plus que des
véhicules à essence comparables. Si les politiciens veulent vraiment améliorer la
balance commerciale du Québec, ils devraient faciliter l’exploitation du gaz et
du pétrole de schiste plutôt que de chercher à amadouer les groupes écologistes.
La Coalition prétend aussi que cette loi favorisera le
développement économique du Québec. Permettez-moi d’en douter. Le Québec ne
compte aucune usine d’automobiles ou de batteries. Bien sûr, Hydro-Québec vendra
les kilowatts consommés par les véhicules hybrides et électriques, mais en
retour elle devra subventionner l’installation d’un réseau de bornes de
recharge. Les contribuables et les consommateurs en sortiront-ils gagnants?
C’est loin d’être acquis. Il est possible que certaines entreprises québécoises
se taillent une niche enviable dans l’industrie du transport du futur, mais
elles le feront malgré l’État et non grâce à Elle.
Les technologies qui domineront l’industrie du transport
seront déterminées par les forces du marché et non par le gouvernement du
Québec. Mondialement, les géants de
l’automobile investissent des centaines de milliards pour se tailler une place
au soleil. À l’échelle mondiale le
Québec est un marché minuscule et n’a certainement pas les moyens d’influencer
significativement les technologies du futur en matière de transport.
Actuellement, les technologies hybrides et électriques ont
une longueur d’avance, mais les jeux sont loin d’être faits. Honda
et Toyota misent aussi sur la pile à hydrogène. Peugeot
a établi un record de consommation pour une voiture de série à moteur
thermique, soit 2 litres/100 km, une performance supérieure à la plupart des
véhicules hybrides. C’est sans compter que la théorie
du réchauffement climatique anthropique sera probablement discréditée à
plus ou moins court terme. Dans ce contexte, il serait sage de laisser
l’industrie sélectionner à ses frais les gagnants et les perdants.
Les tenants d’une politique industrielle déterminée par
l’État s’imaginent pouvoir tout planifier. Ils sous-estiment grandement le rôle
des entrepreneurs et de l’accumulation d’informations que possède l’ensemble
des individus qui composent le libre marché. Seules l’arrogance et la foi
permettent de croire que le gouvernement du Québec jouera un rôle déterminant
dans l’avenir de l’industrie des transports.
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