De 2002 à 2014, les
coûts du système de santé ont augmenté de plus de 80% pour atteindre 30
milliards de dollars. Pourtant, les urgences débordent toujours, des centaines
de personnes attendent une chirurgie depuis plus de six mois, des milliers de personnes
âgées attendent une place en foyer d’hébergement, des centaines de milliers de
Québécois n’ont toujours pas de médecins de famille. Où sont allés les 14 milliards
de dollars d’augmentation des dépenses?
Les lois 10 et 20
sont du rafistolage
Bien sûr, l’inflation
et le vieillissement de la population expliquent une partie de cette
augmentation. Toutefois, la majeure partie de la croissance effrénée des coûts
du système de santé est due à la propension du système à s’engraisser :
croissance compulsive de la bureaucratie et multiplication des embûches
génératrices d’inefficacité qui ne peuvent être réglées qu’avec plus de
bureaucrates.
Les lois
10 et 20 visent à réduire la bureaucratie en compressant les structures et
en imposant des quotas de rendement aux médecins. Il est possible que ces mesures
freinent momentanément le taux de croissance historique de 4,5 à 5% des coûts
du régime de santé. Mais cela sera insuffisant, car les défauts du système
demeurent entiers. À plus ou moins long terme, le naturel reviendra au galop et
l’augmentation incontrôlable des coûts sera de nouveau à l’ordre du jour.
Le problème
Notre système de santé fonctionne dans la plus pure
tradition des régimes planifiés de l’ère soviétique.
Dans les économies planifiées comme celles des régimes
communistes, les apparatchiks croyaient que le gouvernement était apte à décider ce dont les individus avaient
besoin. Ils devaient donc prendre les décisions pour eux et les leur imposer si
nécessaire. Mais aucun apparatchik, aussi intelligent soit-il, ne peut posséder
toutes les informations nécessaires à l’élaboration de tels plans. Personne ne
peut voir ou comprendre les multiples ramifications d’une décision sur
l’ensemble de la société. L’histoire a démontré que l’économie et la société
prospèrent seulement lorsque les entrepreneurs, employeurs, travailleurs, et consommateurs
sont libres de prendre les décisions les mieux adaptées à leur situation particulière.
Les gouvernements n’ont tout simplement pas les
moyens : argent, temps, ressources humaines, leur permettant de planifier
toute une économie. Les tentatives d’économie planifiée ont toutes échoué et
ont condamné des millions de personnes à la misère.
Contrairement à la croyance populaire, savamment entretenue
par les proétatistes, ce que beaucoup de gens ne parviennent pas à comprendre, c’est
que l’économie de marché est bel et bien planifiée.
Chaque jour, des millions
de personnes prennent des décisions dans le but exprès de maximiser leur
bien-être. C’est une planification décentralisée en constante évolution. Au fur
et à mesure que de nouvelles informations sont disponibles, les agents
productifs et les consommateurs ajustent leurs décisions pour minimiser les
inévitables déséquilibres entre surplus et pénuries. Aucun gouvernement ne peut traiter autant
d’informations en si peu de temps et même s’il le pouvait, il ne pourrait pas
traduire cette information en action en temps opportun.
Ce qui est vrai pour
une économie l’est tout autant pour un régime aussi complexe que le système de
santé
L'introduction d'un modèle basé sur les règles du libre
marché est la meilleure façon, sinon la seule, d’améliorer le système de santé.
La concurrence obligerait les établissements à agir pour éviter d’être pointés
du doigt et pénalisés. Les gestionnaires et les représentants syndicaux devraient
s’attaquer aux vrais problèmes, sinon ils seraient voués à disparaître. Ce
phénomène est ce qui ultimement gouverne et stimule la performance des gestionnaires
dans les organisations privées qui opèrent dans un marché compétitif.
Au contraire, le labyrinthe des systèmes de surveillance et
de détermination des objectifs qui caractérise les organisations centralisées a
plutôt pour effet d’empêcher les gestionnaires et les employés d’agir dans l'intérêt
de l’entreprise. Le but des établissements de santé est de fournir à la
population des services de qualité au meilleur prix. Ce n’est certainement pas
de répondre aux priorités électoralistes du ministère ni aux priorités
corporatistes des syndicats et des ordres professionnels.
Offrir aux Québécois
un vrai choix en matière de soins de santé
L’application du principe « l’argent suit le patient »
permettrait de transformer le système de santé pour le plus grand bénéfice des
patients. Ainsi, les Québécois reprendraient le contrôle de leur vie et se
responsabiliseraient vis-à-vis de leur santé. La santé est ce qu’il y a de plus
précieux et l’individu est de loin le mieux placé pour décider comment la
préserver et comment il veut être soigné le cas échéant.
Il est inacceptable d’obliger les gens à s’en remettre sans
condition à un système dont la logique vise d’abord à satisfaire les priorités corporatives
des syndicats et électoralistes des politiciens. Tous les services de santé
offerts par l’État peuvent très bien être offerts par des entreprises privées
et publiques dans un environnement de libre marché. Il suffit de mettre en
place un encadrement qui garantit un traitement juste et équitable à tous les
établissements.
Les principes
inhérents à un système de santé universel
L’équité et l’universalité de l’accès aux services. Dans la
mesure où les services sont payés par le gouvernement, qu’ils soient fournis
par un établissement public ou privé, ce principe est en tout point respecté.
Le libre choix, pour l’usager, de son médecin et de
l’établissement où il désire être traité. Ce principe sera beaucoup mieux
respecté si « l’argent suit le patient » et s’il a le choix entre plusieurs
établissements publics et privés.
La réactivité globale du système, soit sa capacité de mieux
répondre aux attentes de la population en matière d’accès aux services. La
concurrence entre les établissements est la meilleure garantie que ce principe
sera appliqué.
Le droit des patients d’être traités à l’intérieur de délais
acceptables. Un système où les établissements sont en concurrence saura trouver
des solutions originales et économiques au sempiternel problème des listes
d’attente.
Mettre l’emphase sur
la prévention et l’accroissement de la productivité
La prévention est une notion plutôt abstraite qui exige des
efforts maintenant mais dont les bénéfices incertains se situent dans un futur
imprécis. Pour que la prévention apporte des résultats tangibles il faut lui
associer un minimum de conditions plus ou moins contraignantes. Par exemple les
campagnes de promotion anti-tabac donnent des résultats positifs en autant
qu’en même temps le prix des cigarettes augmentent. En soumettant le système de
santé au principe « l’argent suit le patient » il sera alors beaucoup plus
facile, lorsque nécessaire, d’utiliser des mesures coercitives pour supporter
les objectifs des programmes de prévention.
Une saine concurrence entre les établissements assurera au
système de santé des gains de productivité que le monopole d’État a été jusqu’à
présent incapable de livrer. Une augmentation annuelle de la productivité de
2%, ce qui est loin d’être exigeant compte tenu du gras accumulé depuis des
décennies, assurerait la pérennité financière du système. Pour s’en convaincre,
il suffit de penser à la sous-utilisation des équipements et installations, les
taux d’absentéisme du personnel, le maintien en poste d’employés et de
gestionnaires incompétents, etc. Si la productivité du système de la santé et
des services sociaux augmentait de 2% par année, les coûts croîtraient à un rythme
annuel de 2 à 3% alors que les finances du Québec croîtront aussi au rythme de
2 à 3%. Ainsi, la pérennité financière du système de santé serait assurée.
Conclusion
Je reconnais que cette proposition représente une vraie
révolution que le gouvernement jugera inacceptable. Malheureusement, les
politiciens agissent seulement lorsque les électeurs leur poussent dans le dos.
Pour cela, il faudrait que les Québécois aient compris que le centralisme bureaucratique
est moins efficace que la libre entreprise, même en matière de santé. Pourtant,
cette révolution est incontournable pour éviter la détérioration lente mais
certaine de notre système de santé. Un tel revirement ne peut se faire
rapidement et tout retard compromet d’avantage le bien-être futur de l’ensemble
des Québécois.
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