Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement

Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

17 avril, 2015

Le libre marché pour sauver le système de santé québécois

De 2002  à 2014, les coûts du système de santé ont augmenté de plus de 80% pour atteindre 30 milliards de dollars. Pourtant, les urgences débordent toujours, des centaines de personnes attendent une chirurgie depuis plus de six mois, des milliers de personnes âgées attendent une place en foyer d’hébergement, des centaines de milliers de Québécois n’ont toujours pas de médecins de famille. Où sont allés les 14 milliards de dollars d’augmentation des dépenses?

Les lois 10 et 20 sont du rafistolage

Bien sûr, l’inflation et le vieillissement de la population expliquent une partie de cette augmentation. Toutefois, la majeure partie de la croissance effrénée des coûts du système de santé est due à la propension du système à s’engraisser : croissance compulsive de la bureaucratie et multiplication des embûches génératrices d’inefficacité qui ne peuvent être réglées qu’avec plus de bureaucrates.

Les lois 10 et 20 visent à réduire la bureaucratie en compressant les structures et en imposant des quotas de rendement aux médecins. Il est possible que ces mesures freinent momentanément le taux de croissance historique de 4,5 à 5% des coûts du régime de santé. Mais cela sera insuffisant, car les défauts du système demeurent entiers. À plus ou moins long terme, le naturel reviendra au galop et l’augmentation incontrôlable des coûts sera de nouveau à l’ordre du jour.

Le problème

Notre système de santé fonctionne dans la plus pure tradition des régimes planifiés de l’ère soviétique.

Dans les économies planifiées comme celles des régimes communistes, les apparatchiks croyaient que le gouvernement était  apte à décider ce dont les individus avaient besoin. Ils devaient donc prendre les décisions pour eux et les leur imposer si nécessaire. Mais aucun apparatchik, aussi intelligent soit-il, ne peut posséder toutes les informations nécessaires à l’élaboration de tels plans. Personne ne peut voir ou comprendre les multiples ramifications d’une décision sur l’ensemble de la société. L’histoire a démontré que l’économie et la société prospèrent seulement lorsque les entrepreneurs, employeurs, travailleurs, et consommateurs sont libres de prendre les décisions les mieux adaptées à leur situation particulière.

Les gouvernements n’ont tout simplement pas les moyens : argent, temps, ressources humaines, leur permettant de planifier toute une économie. Les tentatives d’économie planifiée ont toutes échoué et ont condamné des millions de personnes à la misère.

Contrairement à la croyance populaire, savamment entretenue par les proétatistes, ce que beaucoup de gens ne parviennent pas à comprendre, c’est que l’économie de marché est bel et bien planifiée. 
Chaque jour, des millions de personnes prennent des décisions dans le but exprès de maximiser leur bien-être. C’est une planification décentralisée en constante évolution. Au fur et à mesure que de nouvelles informations sont disponibles, les agents productifs et les consommateurs ajustent leurs décisions pour minimiser les inévitables déséquilibres entre surplus et pénuries.  Aucun gouvernement ne peut traiter autant d’informations en si peu de temps et même s’il le pouvait, il ne pourrait pas traduire cette information en action en temps opportun.

Ce qui est vrai pour une économie l’est tout autant pour un régime aussi complexe que le système de santé

L'introduction d'un modèle basé sur les règles du libre marché est la meilleure façon, sinon la seule, d’améliorer le système de santé. La concurrence obligerait les établissements à agir pour éviter d’être pointés du doigt et pénalisés. Les gestionnaires et les représentants syndicaux devraient s’attaquer aux vrais problèmes, sinon ils seraient voués à disparaître. Ce phénomène est ce qui ultimement gouverne et stimule la performance des gestionnaires dans les organisations privées qui opèrent dans un marché compétitif.

Au contraire, le labyrinthe des systèmes de surveillance et de détermination des objectifs qui caractérise les organisations centralisées a plutôt pour effet d’empêcher les gestionnaires et les employés d’agir dans l'intérêt de l’entreprise. Le but des établissements de santé est de fournir à la population des services de qualité au meilleur prix. Ce n’est certainement pas de répondre aux priorités électoralistes du ministère ni aux priorités corporatistes des syndicats et des ordres professionnels.

Offrir aux Québécois un vrai choix en matière de soins de santé

L’application du principe « l’argent suit le patient » permettrait de transformer le système de santé pour le plus grand bénéfice des patients. Ainsi, les Québécois reprendraient le contrôle de leur vie et se responsabiliseraient vis-à-vis de leur santé. La santé est ce qu’il y a de plus précieux et l’individu est de loin le mieux placé pour décider comment la préserver et comment il veut être soigné le cas échéant.

Il est inacceptable d’obliger les gens à s’en remettre sans condition à un système dont la logique vise d’abord à satisfaire les priorités corporatives des syndicats et électoralistes des politiciens. Tous les services de santé offerts par l’État peuvent très bien être offerts par des entreprises privées et publiques dans un environnement de libre marché. Il suffit de mettre en place un encadrement qui garantit un traitement juste et équitable à tous les établissements.

Les principes inhérents à un système de santé universel

L’équité et l’universalité de l’accès aux services. Dans la mesure où les services sont payés par le gouvernement, qu’ils soient fournis par un établissement public ou privé, ce principe est en tout point respecté.

Le libre choix, pour l’usager, de son médecin et de l’établissement où il désire être traité. Ce principe sera beaucoup mieux respecté si « l’argent suit le patient » et s’il a le choix entre plusieurs établissements publics et privés.

La réactivité globale du système, soit sa capacité de mieux répondre aux attentes de la population en matière d’accès aux services. La concurrence entre les établissements est la meilleure garantie que ce principe sera appliqué.

Le droit des patients d’être traités à l’intérieur de délais acceptables. Un système où les établissements sont en concurrence saura trouver des solutions originales et économiques au sempiternel problème des listes d’attente.

Mettre l’emphase sur la prévention et l’accroissement de la productivité

La prévention est une notion plutôt abstraite qui exige des efforts maintenant mais dont les bénéfices incertains se situent dans un futur imprécis. Pour que la prévention apporte des résultats tangibles il faut lui associer un minimum de conditions plus ou moins contraignantes. Par exemple les campagnes de promotion anti-tabac donnent des résultats positifs en autant qu’en même temps le prix des cigarettes augmentent. En soumettant le système de santé au principe « l’argent suit le patient » il sera alors beaucoup plus facile, lorsque nécessaire, d’utiliser des mesures coercitives pour supporter les objectifs des programmes de prévention.

Une saine concurrence entre les établissements assurera au système de santé des gains de productivité que le monopole d’État a été jusqu’à présent incapable de livrer. Une augmentation annuelle de la productivité de 2%, ce qui est loin d’être exigeant compte tenu du gras accumulé depuis des décennies, assurerait la pérennité financière du système. Pour s’en convaincre, il suffit de penser à la sous-utilisation des équipements et installations, les taux d’absentéisme du personnel, le maintien en poste d’employés et de gestionnaires incompétents, etc. Si la productivité du système de la santé et des services sociaux augmentait de 2% par année, les coûts croîtraient à un rythme annuel de 2 à 3% alors que les finances du Québec croîtront aussi au rythme de 2 à 3%. Ainsi, la pérennité financière du système de santé serait assurée.

Conclusion

Je reconnais que cette proposition représente une vraie révolution que le gouvernement jugera inacceptable. Malheureusement, les politiciens agissent seulement lorsque les électeurs leur poussent dans le dos. Pour cela, il faudrait que les Québécois aient compris que le centralisme bureaucratique est moins efficace que la libre entreprise, même en matière de santé. Pourtant, cette révolution est incontournable pour éviter la détérioration lente mais certaine de notre système de santé. Un tel revirement ne peut se faire rapidement et tout retard compromet d’avantage le bien-être futur de l’ensemble des Québécois.


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