Le 27 mars dernier, la Cour Suprême du Canada a conclu que
le gouvernement fédéral n’avait pas l’obligation de remettre les données du
défunt registre des armes d’épaule au gouvernement du Québec. La ministre de la
Sécurité publique, Lise Thériault, sans même réfléchir, a aussitôt répliqué que
le Québec créerait son propre registre avec ou sans les données d’Ottawa.
Je n’arrive pas à comprendre l’entêtement du gouvernement du
Québec à vouloir créer un registre des armes d’épaule aussi inutile que
coûteux. La ministre Thériault a imprudemment avancé le chiffre de 30 millions
de dollars pour créer un nouveau registre. Faut-il rappeler à la ministre que
le défunt registre du gouvernement fédéral devait coûter 2 millions $, mais à
la fin a coûté mille fois plus. Dans un contexte de rigueur budgétaire où
chaque dollar économisé compte, cet entêtement n’est pas seulement contre-productif,
il est irresponsable.
Un registre inutile
Les représentants hyperactifs du lobby proregistre affirment
que c’est un bien petit prix à payer pour éviter des catastrophes comme celle
de l’Assemblée nationale (caporal Lortie), de Polytechnique (Marc Lépine), du
collège Dawson (Kimveer Gill) et de l’université Concordia (Valéry Fabrikant).
Ne savent-ils pas que dans chacun de ces cas, les armes utilisées étaient
dûment enregistrées? Il faut vraiment être de mauvaise foi pour prétendre
qu’une arme enregistrée protégera la population des méfaits d’un détraqué.
Ils prétendent aussi que le registre est un outil utilisé
par les corps policiers lorsqu’ils répondent à un appel d’urgence. Il leur
permet de déterminer si l’individu recherché possède une arme. C’est pourtant tout
le contraire. Je doute qu’un détraqué va se dire : « zut, mon arme
est enregistrée, je ne peux donc pas m’en servir ». Même si la personne
interpellée ne possède pas d’arme à feu, elle représente toujours un danger
sérieux pour les policiers. Un marteau, une hache ou une pioche sont des outils
potentiellement létaux. Donc, un policier qui supposerait que la personne
interpellée est non armée, puisque son nom ne figure pas dans le registre,
mettrait en danger sa vie et celles de ses coéquipiers. Enfin, les criminels
n’enregistrent pas leurs armes.
La politique a ses
raisons que la raison ignore
Il faut donc chercher ailleurs les motivations du lobby proregistre
et des politiciens qui militent en faveur de la création d’un registre des
armes d’épaule.
Les politiciens font fi de la réalité, car ce qui compte
pour eux c’est de donner l’impression qu’ils font quelque chose pour protéger
la population des crimes commis par arme à feu. Ils choisissent donc d’appuyer
le lobby proregistre et de donner l’illusion que la sécurité publique est renforcée
grâce à celui-ci.
La pensée unique véhiculée par les médias laisse croire que
les Québécois supportent quasi unanimement le registre. Donc, tous les
politiciens chantent en cœur « il nous faut un registre ». En clair,
les considérations électoralistes priment toujours.
Les mauvaises
priorités
Si le but du gouvernement était réellement de sauver des
vies, il existe des dossiers autrement plus importants que celui du registre
des armes d’épaule. Malheureusement, il n’y a jamais eu de débat dans ce
dossier monté en épingle par les arguments hyperémotifs du lobby proregistre.
Par exemple, selon l’Institut
universitaire en santé mentale de Montréal, près d’une personne sur cinq
souffrira d’une maladie mentale au cours de sa vie. La maladie mentale est très
fréquente et les troubles mentaux représentent près de 20 % de la charge de
morbidité pour notre société, se situant ainsi au 2e rang, comparativement à 23 % pour les maladies
cardiovasculaires et 11 % pour les cancers. Le taux d’homicide par arme
d’épaule au Canada est moins de 0,1 par 100 000 personnes, environ une
trentaine d’homicides par année pour tout le Canada.
La dépression fait plus de victimes que les accidents de la
route. Le nombre de suicides reliés à la dépression (environ 950 par année)
dépasse le nombre de décès sur les routes du Québec (environ 600 par année). En
effet, 80 % des gens qui se sont suicidés souffraient de dépression.
Dans le contexte de rigueur budgétaire actuel, dépenser 30
millions de dollars pour créer un registre des armes d'épaule, pour faire
plaisir à un groupe de pression qui carbure à l’émotion, est non seulement
irresponsable, c’est criminel.
Conclusion
Comment expliquer que pas un seul député de l’opposition,
qui pourtant s’oppose à tout ce que le parti au pouvoir propose, s’oppose à ce
projet coûteux et inutile?
Au Québec, haïr les Américains et les armes à feu est un
phénomène qui s’est imposé comme valeur québécoise. Les artistes, les
intellectuels et l’ensemble des médias se donnent bonne conscience en diabolisant
les Américains et les armes à feu. Tout politicien qui oserait remettre en
question la nécessité d’un registre des armes d’épaule serait rapidement lapidé
sur la place publique et relégué aux banquettes arrière de l’Assemblée
nationale, voire banni de son parti.
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