Bernard Zimmern montre,
chiffres à l’appui, l’imposture de l’idéologie égalitariste.
Revue
de livre par Francis Richard
Bernard Zimmern, avec l’assistance de Dominique Mercier et Valérie
Pascale, vient de publier un livre à contre-courant des économistes en vogue,
des égalitaristes tels que Joseph Stiglitz ou Thomas Piketty, qui, obsédés par
la chasse aux inégalités, ne comprennent rien au processus de création de
richesses et induisent en erreur ceux qui se laissent séduire par leurs thèses
basées sur l’envie.
Pour ces
prétendus économistes, le riche, surtout américain, voilà l’ennemi, surtout le
très riche, et, davantage encore, le très très riche, qui serait un rentier, un
profiteur des richesses créées par d’autres. Or, manque de chance, ces très
très riches, ces milliardaires américains, sont en grande proportion des
entrepreneurs dont les aïeuls étaient pauvres ou sans fortune notable.
Bernard
Zimmern montre, chiffres à l’appui, l’imposture de ces prétendus économistes.
En effet ils voient que la croissance des revenus des très riches est plus
rapide que la moyenne, mais ne voient pas que ce sont ces très riches qui font
la croissance en créant des richesses et des emplois.
Ces
prétendus économistes ne voient pas non plus que, si la croissance est toujours
plus forte aux États-Unis qu’en Europe et que le chômage y est moindre, c’est
qu’aux États-Unis il y a davantage de milliardaires en proportion qu’en Europe,
et que ces milliardaires y sont, en outre, en plus grande proportion des
entrepreneurs.
Ceux qui
créent le plus d’emplois, ce sont toutefois les millionnaires, donc les très
riches, qui, aux trois quarts, sont des entrepreneurs individuels et
représentent plus de la moitié de la fortune industrielle et de
l’investissement américains. Parce que ces entrepreneurs, qui risquent leur
fortune personnelle, sont mis à l’index par l’administration Obama, et menacés
par les dirigeants démocrates, et parce qu’ils sont écoeurés, la reprise américaine
est plus lente et plus hésitante qu’elle n’aurait pu l’être…
Vous avez dit risque ? « Le concept de risque est
totalement étranger à des professeurs d’université dont la paie est assurée
jusqu’à la fin de leurs jours. » C’est pourtant le risque, souvent
considérable, que prennent les entrepreneurs qui fait la force d’une économie
et qui peut être aussi bien à l’origine de leur fortune que de leur chute.
Quand ces prétendus économistes parlent de justice sociale, ils oublient
justement le risque pris par les entrepreneurs, qui se traduit pour eux par une
plus grande instabilité de revenu que celle d’un salarié : un entrepreneur a
certes plus de chances qu’un salarié de grimper l’échelle des revenus, mais il
a aussi plus de chances de la dégringoler.
Qui sont-ils ces économistes, ces égalitaristes ? Ils sont tous
fonctionnaires : « Ils réalisent le rêve de tout
fonctionnaire : appartenir au secteur public et conserver la garantie de
l’emploi, mais avec les avantages du secteur privé. »…
Si ces
égalitaristes promeuvent la redistribution, celle-ci n’améliore pas pour autant
réellement les conditions d’existence des plus pauvres et des plus déshérités.
Ils n’en perçoivent qu’une partie en espèces, tandis qu’une petite minorité,
appartenant au secteur public, perçoit la plus grande partie de la
redistribution en nature…
Pour
étayer leurs propos sur les inégalités croissantes en France, ces égalitaristes
trichent avec les statistiques et ne retiennent que les éléments qui vont dans
le sens de leurs thèses. Ainsi ils ne tiennent pas compte par exemple dans
l’évolution des revenus de la redistribution, ou ils y intègrent au contraire
les bénéfices non distribués. Quand ces égalitaristes font des comparaisons de
patrimoine, ils ne prennent pas en compte l’âge des détenteurs, de même qu’ils
ne tiennent pas compte des capitaux correspondant aux rentes de retraites
versées ou des autres prestations sociales perçues, lesquelles réduisent
pourtant les inégalités entre riches et pauvres.
Il n’est
pas besoin d’être Einstein pour comprendre qu’en démocratie les voix des
pauvres sont plus nombreuses que celles des riches et qu’en conséquence la
redistribution sous forme d’avantages en espèces ou en nature, est le moyen le
plus efficace pour se faire une clientèle électorale. La redistribution est
aussi un alibi moral pour les étatistes, qui présentent ce vol des uns pour
remplir la poche des autres sous les traits vertueux de la justice sociale, et
qui, en fait, substituent l’immorale solidarité forcée des programmes étatiques
à la philanthropie volontaire des anglo-saxons.
Bercy est une forteresse imprenable et l’instrument implacable de la
redistribution. Le donjon de cette forteresse, c’est la Direction de la Législation Fiscale. C’est cette
dernière qui décide de la politique fiscale du pays et l’impose au Parlement
qui n’a pas les moyens de s’y opposer. D’autant que ses contrôleurs sont tous
issus de Bercy… Quant à la Cour des Comptes, ses membres sortent de la même
école que ceux qu’ils examinent… Comment apprécier la valeur des fonctionnaires
de Bercy ? Comme il n’existe pas d’instrument de mesure au sein de cette
entité, un moyen simple de les jauger est de voir ce qu’ils donnent quand ils
dirigent des entreprises privées. Là, les contre-performances des Pierre-Yves Haberer,
Jean-Marie Messier, Michel Albert ou autres Alain Minc sont éloquentes et se
passent de commentaires… Bercy décide donc en fait du sort de 63 millions de
Français. Le malheur est que les agents de Bercy ne connaissent rien à
l’entreprise, pour la bonne raison qu’ils n’y ont jamais travaillé. Aussi
toutes les mesures qu’ils cogitent depuis trente ans pour favoriser l’emploi –
formation, insertion etc. – sont-elles surtout créatrices de chômage. Parce
que, selon Bernard Zimmern, ils ne savent pas notamment que seules les
entreprises nouvelles créent des emplois…
Pour terminer, Bernard Zimmern raconte toutes les batailles pour
l’emploi et pour les Business Angels qu’il a menées de 2002 à 2012 sous un
gouvernement dit de droite. Toutes ont été des échecs, parce qu’il n’est pas acceptable pour Bercy d’« encourager
les riches à s’enrichir »… Or il ne sert à rien de
chercher à réduire la dépense publique si, parallèlement, on ne favorise pas
justement la création d’entreprises nouvelles… Selon l’auteur, il faut donc que
Bercy accepte d’aider les riches à devenir plus riches et accepte de ne pas
taxer les plus-values de capital à l’impôt sur le revenu. Dans cet ordre
d’idée, exempter tout investissement dans une entreprise de moins de 50
salariés et de moins de 10 millions d’euros de chiffre d’affaires d’impôt sur
les plus-values serait bénéfique pour l’emploi et ne coûterait rien
puisque « toutes les données chiffrées montrent que cette « dépense
fiscale » retourne dans les caisses de l’État avant d’en être sortie ».
Même si les mesures préconisées par Bernard Zimmern sont discutables,
elles iraient dans la bonne direction en cas d’adoption. Tant il est vrai que
la libération de l’économie est la seule voie qui puisse conduire à la
prospérité et que « la voie de l’égalitarisme est
celle qui mène à la pire forme d’inégalité : le chômage ».
§ Bernard
Zimmern, avec l’assistance de Dominique Mercier et Valérie Pascale, Changer Bercy pour changer la France
– Les riches sont la solution, pas le problème, Tatamis,
2015, 196 pages
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