Le Québec est la région économique qui distribue le plus de
subventions, tant en nombre de programmes qu’en dollars, en Amérique du Nord.
Mais pourquoi au juste devons-nous aider les entreprises du
Québec?
Pour la plupart des entreprises, les économies des
différentes régions de l’Amérique du Nord sont interchangeables. Elles
s’installent donc dans les régions leur offrant les meilleures conditions
d’investissement à court et à long terme.
Ces conditions sont multiples : la proximité des
marchés, la disponibilité des ressources, la qualité de la main d’oeuvre, la
qualité des infrastructures, les charges sociales, les lois du travail, la
stabilité politique, la fiscalité, la réglementation, etc.
Malheureusement, pour la plupart des conditions
d’investissement recherchées par les entreprises, le Québec se classe dans
le peloton de queue. Il devient alors nécessaire d’offrir des subventions à
titre de compensation pour les convaincre de s’installer au Québec.
C’est ainsi qu’au cours des ans les gouvernements, toutes allégeances
confondues, ont créé des centaines de programmes de subventions destinés à
attirer ou à garder des entreprises créatrices de richesses. Selon
la FCEI, à eux seuls les crédits d’impôt coûtent aux contribuables environ
4 milliards annuellement, soit le double de l’Ontario. Le Québec verse
environ 40 % de toute l’aide accordée aux entreprises par les provinces,
alors que notre économie représente seulement 20 % du PIB canadien.
Est-ce vraiment la bonne solution pour stimuler l’économie
québécoise?
J’en doute, car, malgré les nombreuses subventions,
l’économie du Québec traîne dans le peloton de queue en Amérique du Nord. Pire,
la situation se détériore d’année en année. La
stratégie qui consiste à subventionner les entreprises pour aplanir les
irritants est vouée à l’échec. En plus de créer des distorsions dans le fonctionnement
du marché, elle impose des critères de décision dictés par les priorités
électoralistes du parti au pouvoir. De plus, cette stratégie attire les bougons
entrepreneurs comme le miel attire les mouches. Une fois la manne des subventions
disparue ils s’empressent de plier bagage.
La meilleure stratégie consiste à éliminer les irritants les
plus nuisibles et surtout à ne pas en
ajouter de nouveaux. À titre d’exemple, selon
la FCEI, seulement au provincial, les entreprises doivent produire annuellement
plus de 550 formalités administratives. A priori, au moins la moitié de ces
formalités ne servent qu’à occuper des bureaucrates qui préparent des rapports
inutiles. Leur nombre et leur complexité augmentent au rythme des nouvelles
lois et règlements.
Si tous les efforts dévoués à la création et la gestion des
programmes de subventions étaient plutôt utilisés pour réduire, voire éliminer,
les principaux irritants réglementaires, à améliorer nos infrastructures, à
actualiser les lois du travail et à simplifier et réduire la fiscalité, je crois sincèrement que nous obtiendrions de
bien meilleurs résultats.
Les investisseurs et les entrepreneurs sont les mieux placés
pour faire fructifier leurs entreprises, mais encore faudrait-il qu’on les
encourage au lieu de les embêter. Ce sont eux qui sont le mieux à même de
trouver les bonnes solutions aux défis que représentent les opportunités
d’investissement. Malheureusement, nos entreprises n’ont pas la marge de manœuvre
nécessaire pour faire fructifier leurs entreprises et par ricochet, l’économie
québécoise. Chaque jour les médias rapportent les nombreuses histoires
d’horreur vécues par des entreprises québécoises aux prises avec une
réglementation kafkaïenne, des infrastructures désuètes et des lois du travail
d’une autre époque.
Avant de créer de nouveaux programmes de subventions, il
serait préférable de créer un climat d’affaires propice. De cette façon 100 %
des entreprises en bénéficieraient.
Espérons que la Commission
de révision permanente des programmes, présidée par Madame Lucienne
Robillard, ne se limitera pas à éliminer les programmes inutiles et saura
proposer des politiques économiques visant à libérer tout le potentiel de nos investisseurs
et entrepreneurs au profit de l’économie québécoise.
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