Personne ne contestera que l’eau potable est essentielle à la vie tout comme l’air, la nourriture et le logement. Mais malheureusement, en adoptant cette résolution l’ONU pousse les États à classer l’eau dans la catégorie « bien commun ». C’est là que les choses se gâtent. Il est bien connu que ce qui appartient à tous, n’appartient à personne et est soit laissé à l’abandon ou gaspillé sans compter.
Au Québec, État interventionniste par excellence, on a devancé l’ONU. La loi confirmant le caractère collectif des ressources en eau a été adoptée à l’unanimité par l’Assemblée nationale le 11 juin 2009.
Cette belle unanimité nous invite à redoubler de prudence.
Cette loi précise que l’État, c’est-à-dire les politiciens, sera le gardien de cette ressource. C’est exactement là que réside le danger.
Depuis quand peut-on se fier aux politiciens pour gérer quoi que ce soit en bon père de famille? En classifiant l’eau « bien commun », la porte est grande ouverte aux abus les plus imaginatifs. Les politiciens de tous les partis confondus n’hésiteront pas à utiliser l’eau pour privilégier des interventions intéressées au détriment du bien commun.
À ceux qui seraient tentés de m’accuser de cynisme, je réponds que si le passé est garant de l’avenir il est extrêmement naïf de croire que cette fois ce sera différent.
Quel que soit la ressource, lorsque celle-ci est disponible en quantité limitée, le défi consiste à déterminer comment allouer son utilisation entre des emplois concurrents. Parmi tous les usages possibles, il s’agit de déterminer à quel usage on destinera l’eau dont on contrôle la propriété. Le processus de décision est le même que celui que suivrait un entrepreneur lorsqu'il choisit de construire des condos plutôt qu’un centre commercial. Dans un cas comme dans l'autre, la prise de décision demande un « calcul économique » pour déterminer la valeur relative des différentes opportunités.
Mais comment détermine-t-on cette « valeur » ? Seul le libre marché peut nous aider à répondre à cette question. Le libre fonctionnement du marché et de la concurrence nous permet de déterminer le juste prix d’une ressource que l’on destine à tel usage plutôt qu’à tel autre. Le juste prix permettra de déterminer le choix le plus rationnel, conforme à l’intérêt de la collectivité.
En matière de planification de l’exploitation d’une ressource naturelle, la réponse est la même qu'en matière de planification, ou même, tout simplement, de politique industrielle : comment le planificateur peut-il connaître la valeur des choix qu'il doit faire indépendamment des informations et connaissances que véhicule le marché ? En substituant ses propres décisions aux décisions libres des acteurs du marché, le planificateur détruit, en quelque sorte, la base même des connaissances qui lui sont nécessaires pour connaître la valeur des choix qu'il sera ultérieurement amené à faire ; la planification est donc un processus de décision qui ne peut que donner des résultats inférieurs, en terme d'efficience économique, à ceux d'un marché libre. --- Henri DelageEn confiant à des politiciens le rôle de gardien de la ressource eau, l’eau sera toujours moins bien utilisée qu'elle ne le serait si on laissait les mécanismes concurrentiels du marché opérés librement.
Ce qui est en cause, ce n'est pas seulement la « nationalisation » de l’eau, mais le fait que les politiciens, d'une manière ou d'une autre, interféreront avec le libre établissement de sa valeur marchande. Cette interférence aura pour conséquence de biaiser les prix normalement établis par le mécanisme des échanges. Tout prix autre que le juste prix établi par le libre marché aboutira nécessairement à un gaspillage plus ou moins important de l’eau.
Malheureusement, comme en toute chose, les bonnes intentions ne suffisent pas. En déclarant l’eau « bien commun » on condamne au gaspillage cette ressource essentielle au détriment de ceux qui en ont le plus besoin.
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