Il y a un peu plus d’un mois on apprenait que l’entreprise Remstar, de Montréal, achetait le réseau TQS. Celui-ci était sous la protection de la loi sur les arrangements avec les créanciers depuis décembre dernier. Plutôt que de s’en réjouir, les politiciens lui ont déclaré la guerre sous le prétexte qu’elle a annoncé ne plus vouloir effectuer de bulletins de nouvelles. Le message est on ne peut plus clair : au Québec, on veut l’argent des entrepreneurs, mais pas leur contrôle.
Lorsqu’une entreprise «étrangère» cherche à acquérir une entreprise locale, les politiciens montent aux barricades sous le prétexte de maintenir l’identité nationale. Et lorsque des gens d’ici se veulent acquéreurs, les politiciens montent aux barricades sous le prétexte de sauver des emplois. Des mises à pied sont effectivement prévues par Remstar et il est aussi possible que son plan de relance ne fonctionne pas, mais si l’on en juge d’après les difficultés financières à répétition de TQS, force est d’admettre que le statu quo ne fonctionne pas plus. Les politiciens n’ont pas de meilleures idées que les entrepreneurs pour relancer l’entreprise, ils croient plutôt qu’il est de leur devoir de sauver des emplois. Ce faisant, ils ne démontrent pas leur morale, mais leur ignorance.
L’entrepreneur n’effectue pas de mises à pied pour le plaisir, mais parce qu’il croit que cela est nécessaire à la viabilité à long terme de l’entreprise. Tout entrepreneur souhaite la rentabilité de son entreprise, mais cela exige souvent des choix difficiles à court terme. Ce n’est que lorsque le service rendu est en croissance qu’elle peut envisager l’ajout d’effectif. Le politicien ne se préoccupe pas de cette vision à long terme, il se contente d’intervenir dans les engagements privés des gens sous le prétexte de sa plus grande morale, voire de sa plus grande efficacité. Or, à trop jouer les sauveurs d’emploi, les politiciens finissent par le détruire. Ce n’est ni moral, ni efficace.
Il y a plusieurs façons d’obtenir de l’information du monde qui nous entoure et ce n’est certainement pas la disparition du bulletin de nouvelles du réseau TQS qui va changer la donne. De voir tous les partis politiques implorer le CRTC de les soutenir dans leurs convictions en dit long sur la soi-disant émancipation du Québec depuis la Révolution tranquille. Lorsqu’on dicte aux gens le type d’émission qu'un réseau doit présenter, c’est qu’on ne pense pas grand-chose de la liberté d’expression. Le politicien aime bien le petit écran, particulièrement les bulletins de nouvelles aux réseaux dociles, pour être sûr de poursuivre son endoctrinement.
Certes, ce serait un peu fort d’évoquer une dictature, mais il est tout aussi inapproprié de parler d’un peuple émancipé lorsque la politique l’envahit davantage que l’Église autrefois. Toutefois, on ne peut se contenter d’accuser uniquement les politiciens pour cet état de dépendance. La démocratie dépourvue du principe de propriété en est pratiquement une invitation. Le prix à payer pour cela n’est pas uniquement moral, mais aussi économique. Plus on exigera de conditions à l’investissement, moins il y en aura. C’est la meilleure recette pour appauvrir tout le monde. À trop vouloir passer pour un individu qui a aidé les autres au bulletin de nouvelles, on risque de passer à l’histoire pour quelqu’un qui leur a nuit.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire