Par Ludovic Chaput.
Les crises font partie intégrante de la vie des marchés. Elles inquiètent car elles sont synonymes de retournement de situation, de tensions et souvent de pertes. Aujourd’hui, le spectre de la récession est bien là. Alors, où investir financièrement dans ce cas ?
De plus en plus d’économistes et d’institutions parlent de récession due principalement à deux signaux récessionnistes que sont :
- L’inflation durable, c’est-à-dire l’augmentation générale et croissante du prix des biens et services.
- L’inversion de la courbe des taux des banques centrales.
Qui dit récession dit turbulence sur les marchés financiers. Et si investir pendant cette période représentait une opportunité ?
En effet, tout investisseur pourra profiter pleinement de cette baisse pour renforcer ses positions et ainsi par la suite profiter de la récupération des marchés. Encore faut-il investir sur les bons actifs.
2023, année de récession économique et mondiale ?
D’après l’INSEE, une récession est une période de recul temporaire de l’activité économique d’un pays. Le plus souvent, on parle de récession technique si l’on observe un recul du Produit Intérieur Brut (PIB) sur au moins deux trimestres consécutifs.
Les récessions sont causées par un déséquilibre des facteurs économiques comme la hausse du niveau du chômage, la chute de la consommation des ménages, une forte inflation, etc.
En 2023, de nombreux signaux indiquent de fortes probabilités de récession économique pour les grandes économies occidentales :
- l’inflation excessivement haute sur une longue période ;
- la hausse des prix de l’énergie ;
- l’inversion de la courbe des taux à long terme et des taux à court terme. En effet, il existe un décalage entre la hausse des taux et leur impact sur l’économie réelle. De ce fait, toutes les conséquences de cette hausse ne se sont probablement pas encore produites.
La France est-elle en récession ?
Bien que certains analystes estiment que nous pourrions éviter de justesse une récession en 2023, tout le monde s’accorde à dire que cette année connaîtra une croissance nettement plus faible que les années précédentes.
Les meilleurs investissements en temps de crise économique
En ces temps inflationnistes, sachez que la récession peut être une bonne chose. En effet, elle peut notamment participer à la diminution de l’inflation aux niveaux souhaités.
De plus, un sombre scénario de récession entraîne une baisse des marchés et est généralement suivi de périodes de forte croissance économique. Et c’est justement lors des récessions que des mesures sont à prendre pour traverser ces temps difficiles et mieux profiter des rebonds.
Globalement toutes les principales classes d’actifs (actions, obligations, immobilier, etc.) sont touchées lors d’une récession. Toutefois, certains investissements permettent de protéger votre portefeuille et d’autres sont des opportunités à saisir.
Faut-il liquider ses investissements et tout passer en cash ?
Non. Vendre tous vos investissements et garder uniquement du cash est une très mauvaise idée. Principalement à cause de l’inflation qui viendra fortement dévaluer la valeur de votre trésorerie au fil du temps.
Cependant, il est tout de même primordial de garder une réserve d’urgence (matelas de sécurité) de plusieurs mois de dépenses courantes sur Livret A (ou Livret d’épargne populaire si vous êtes éligible).
De plus, vous pouvez vous constituer une réserve d’opportunités. Il s’agit d’une somme d’argent mise de côté pour profiter des crises globales sur les marchés pour renforcer son portefeuille d’actions notamment. Cette réserve peut être constituée en parallèle de vos placements liquides et sécurisés comme le Livret A, et les fonds euros en assurance vie ou PER individuel.
D’ailleurs, en France, ces placements garantis figurent parmi les meilleurs moyens de vous exposer aux classes d’actifs monétaires et obligataires. Quant à la diversification dans les marchés actions et immobiliers, voyons les différentes possibilités.
Faut-il investir en actions et en immobilier ?
Les actions et l’immobilier restent les meilleures classes d’actifs en période de crise, du moins pour l’investisseur à long terme qui pourra supporter des baisses passagères. N’oublions pas que tout investissement comporte un risque de perte en capital, crise ou pas crise.
Sur le marché actions, les baisses de marché ont tendance à être exagérées par les investisseurs. La valeur en bourse des différentes entreprises se retrouve sous-évaluée par rapport à leur croissance et aux bénéfices qu’elles génèrent. C’est l’occasion pour l’investisseur opportuniste de profiter des sautes d’humeur du marché.
De plus, sur le marché actions, lors des récessions, certains secteurs résistent mieux, notamment la consommation de base, la santé et les services publics. Investir dans ces secteurs permet de réduire la volatilité de votre portefeuille.
D’un autre côté, les secteurs de croissance sont plus volatils en période de récession, notamment la technologie. Il ne faut pas exclure ces entreprises de votre portefeuille.
En effet, il peut s’agir d’une opportunité d’achat si l’entreprise dispose de :
- Un chiffre d’affaires et des bénéfices en croissance depuis plusieurs années.
- Un endettement financier raisonnable.
- Une taille de capitalisation boursière assez importante, après une forte chute.
Malgré tout, les investisseurs doivent être conscients que la volatilité des actions peut être importante pendant les périodes de récession. Et même des entreprises solides peuvent connaître des baisses importantes de leur cours en bourse.
Il est donc important d’avoir les nerfs solides et de garder à l’esprit que les périodes de reprise économique suivent les périodes de récession.
Quant à l’immobilier, retenez avant tout que le meilleur placement dans la pierre se fait à crédit. En effet, il s’agit du principal avantage de l’immobilier. Grâce à l’effet de levier du crédit, vous pouvez utiliser votre capacité d’endettement pour décupler la valeur de votre patrimoine avec l’aide de la banque.
Entre acheter sa résidence principale, investir dans l’immobilier locatif physique ou « pierre-papier » avec les SCPI (Société Civile de Placement Immobilier), vous avez l’embarras du choix.
Mais sachez que mécaniquement, la hausse des taux d’emprunt (nous venons de passer de 1 % sur 20 ans à 3 % sur 20 ans !) doit engendrer une baisse des prix. Si pour une même mensualité les Français peuvent emprunter 20 % de moins, on peut raisonnablement tabler sur une baisse de prix de 20 % (sauf sur les marchés très tendus). Et pour l’instant, les prix ont à peine commencé à reculer… le marché immobilier étant bien moins réactif que le marché actions. Il y a matière à patienter ou à sérieusement négocier les prix.
Faut-il investir dans l’or ?
Les investissements alternatifs comme les métaux précieux (or, argent, etc.) et les cryptomonnaies sont sources d’éternels débats. Certains considèrent qu’ils sont des valeurs refuges en période de crise, tandis que d’autres sont plus sceptiques. Qu’en est-il vraiment ?
Prenons l’exemple de l’or. Il est important de souligner qu’il ne protège pas contre toutes les crises et que ses performances peuvent être médiocres sur certaines périodes (- 75 % de 1980 aux années 2000).
Toutefois, ces avantages sont les suivants :
- il offre une protection contre l’inflation sur des périodes d’au moins 30 ans (très très long terme) ;
- il permet de diversifier le portefeuille et de diminuer la volatilité ;
- il offre une protection contre les crises politiques et le système financier.
Retenez que l’or n’est pas nécessaire pendant la phase de capitalisation de votre patrimoine (avant le départ en retraite). Mais il peut être intéressant pour les profils conservateurs ou les retraités afin de diminuer la volatilité du portefeuille. Le compromis idéal diversification/risque/rentabilité pour ceux souhaitant investir dans l’or est d’en détenir maximum 10 % dans son portefeuille.
Finalement, les placements exotiques (cryptomonnaies, métaux précieux, montres, etc.) sont avant tout des investissements plaisirs liés à vos convictions personnelles. En aucun cas ils ne constituent un investissement alternatif parfait en cas de récession.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire