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27 août, 2021

Le capitalisme est bénéfique pour les pauvres

 Dans l’attention portée à la pauvreté, on se pose souvent la mauvaise question : comment apparait-elle ? La vraie question que nous devons nous poser est de savoir comment la prospérité arrive.

On entend souvent que grâce au capitalisme les riches deviennent plus riches et les pauvres plus pauvres. Mais ce point de vue est-il juste ?

La définition d’un système économique comme le capitalisme est basée sur une approche marxiste observant le monde seulement à travers les forces de production. Le capital concernerait les outils de production, lesquels ne doivent pas appartenir seulement aux individus, mais aussi à l’État. Par exemple, les usines et les machines existaient aussi en Union sovietique, mais elles appartenaient à l’État, pas aux entrepreneurs privés. En Chine, en Russie, au Brésil et dans les pays riches en minéraux (pétrole inclus), les entreprises qui appartiennent à l’État ont un rôle très important. Il s’agit d’un capitalisme d’État.

C’est pour cela qu’il est préférable d’utiliser l’expression économie de marché pour désigner ce qui est communément nommé capitalisme : un système économique fondé sur la propriété privée des moyens de production, le libre échange et le mécanisme des prix.

Mais comment définir l’économie de marché ?

Tous les pays du monde (excepté peut-être Cuba ou la Corée du Nord) s’organisant plus ou moins autour de l’économie de marché, il est possible d’établir une comparaison permettant de constater que les économies des pays de l’Union européenne sont différentes.

Pour cela, aidons-nous de l’Economic Freedom in the World Index, qui mesure si les pays sont proches de l’idéal de l’économie de marché : les taux bas, libre échange international, monnaie stable, pas de régulation des affaires. Cet Index a été développé par un grand nombre de scientifiques incluant quelques économistes ayant obtenu le prix Nobel d’économie, comme Gary BeckerDouglass North ou Milton Friedman.

Il montre que la situation n’est pas noire ou blanche à travers de monde, mais beaucoup plus nuancée. Dans son dernier rapport, Hong Kong et Singapour sont au sommet de la liste des pays en termes de liberté économique, avec 8,94 et 8,65 points (le maximum étant 10) alors que le Soudan et le Venezuela sont derniers avec 4,21 et 3,34 points.

Quand on regroupe les pays par leurs résultats dans l’Index, on observe des choses intéressantes.

Les pays les plus libres économiquement sont aussi plus développés, avec des revenus considérablement plus élevés. Les économies libres ont un meilleur environnement pour les affaires, ce qui a une influence positive sur les investissements. Et les investissements d’aujourd’hui sont la croissance économique de demain.

Quand on divise les pays par leur niveau de liberté économique en quatre parts (quartiles), on voit que davantage de liberté donne plus de revenus.

Mais à quoi cela sert-il ?

La croissance économique est une belle chose, mais si les fruits de cette croissance sont distribués seulement entre les riches, il ne restera rien pour les autres, pauvres inclus. Le problème de ce raisonnement est qu’il n’établit pas de liaison entre la part de revenu des plus pauvres et la liberté économique. Ou plus simplement : davantage de capitalisme ne rend pas les pauvres plus pauvres qu’avant.

Niveau des libertés économiques et de la proportion de revenus des plus pauvres 10 % de la population. Source: Fraser Institute. 

Mais le résultat final peut nous tromper.

Voyons donc la situation dans chaque pays pris individuellement. J’ai pris les données de la Banque Mondiale concernant la proportion des revenus des plus pauvres soit 10 % de la population (excluant les pays dont les données datent de plus de 5 ans et les micro pays) pour obtenir ce graphique. Il montre également qu’il n’y a pas de liaison statistique entre la liberté économique (axe X) et la proportion de revenus des plus pauvres 10 % (axe Y). Ce fait est aussi confirmé par l’analyse de régression – R Square pratiquement n’existe pas (inférieure à 0,002), et la valeur est très élevée (0,96).

 

Les libertés économiques et la proportion des revenus des plus pauvres représentent 10 % de la population  (axe X) et (axe Y). Source: Fraser Institute et la Banque Mondiale.

Enfin, cette différence de revenus indique que les pauvres vivant dans un pays plus libre économiquement ont des revenus plus importants que les pauvres des pays qui ne sont pas économiquement libres.

En d’autres termes, où que l’on soit, il n’est pas agréable d’être pauvre, mais tandis que dans certains pays, être pauvre signifie vivre dans une hutte de terre, travailler dur du matin au soir et s’inquiéter de chaque repas suivant, dans d’autres cela signifie vivre modestement mais décemment.

Les libertés économiques et les revenus des plus pauvres représentent 10 % de la population. Source: Fraser Institute.

Quand vous regardez cela, il est clair qu’une économie de marché (ou une économie nommée familièrement capitaliste) est bénéfique pour les pauvres : vivre dans de telles sociétés économiquement organisées augmente considérablement leurs revenus et leur niveau de vie. Nombreux sont ceux qui n’ont pas confiance dans le capitalisme ou les libertés économiques car ils pensent qu’ils auront un impact négatif sur le niveau de pauvreté ou augmenteront les inégalités déjà existantes dans leur société.

Dans l’attention portée à la pauvreté ou à l’inégalité, on se pose souvent la mauvaise question : comment apparait la pauvreté ? Mais la pauvreté est la condition de base de l’humanité : l’espèce humaine a passé la plus grande partie de son existence dans une misère terrible, et seule une partie de l’humanité a réussi à y échapper au cours des deux siècles précédents.

La vraie question que nous devons nous poser est de savoir comment la prospérité arrive.

  1. Mihailo Gajic est un économiste de Belgrade (Serbie) où il dirige les activités de recherche de Libek, un think-tank sur le marché libre, depuis 2014. Il est souvent cité dans la presse grand public serbe sur des sujets économiques. Ses principaux domaines d’intérêt sont les libertés économiques, le commerce international, la réglementation des affaires et les finances publiques. Fervent défenseur du marché libre, de la gouvernance démocratique et de l’état de droit en Serbie et dans les Balkans, et membre du Couvent National, organe consultatif du Parlement national de Serbie. Il fournit également des conseils en affaires aux entrepreneurs étrangers qui investissent en Serbie. ↩

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