On croyait que la chute du mur de Berlin avait discrédité les idéologies collectivistes. C’était sous-estimer la créativité intellectuelle illimitée des héritiers de Karl Marx. Dans son ouvrage intitulé La Grande Parade, Jean-François Revel avait entrepris d’analyser le révisionnisme des intellectuels socialistes pour retarder la déchéance de leur idéologie. Il est une autre stratégie que ces derniers ont mis en œuvre.
Elle consiste à rechercher de nouveaux alibis pour légitimer leur aigreur contre le capitalisme, la propriété privée, la libre entreprise et le désir d’enrichissement des êtres humains. L’écologie politique est assurément l’une de ces idéologies de substitution. C’est donc en toute logique que notre cher Thomas Piketty s’engouffre à son tour dans la brèche ouverte par ses prédécesseurs qui prétextent les défis environnementaux pour démanteler l’économie de marché.
Thomas Piketty (@PikettyLeMonde) : "Si on veut résoudre le défi climatique actuel, on a besoin de dépasser le capitalisme, on a besoin d'une très forte réduction des inégalités" #économie #le79Inter
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Sur France Inter, l’économiste a ainsi soutenu que le changement climatique nécessite une vaste politique de réduction des inégalités. Chaque problème en France peut être imputé aux inégalités économiques. Quelqu’un a perdu ses clefs ? Les inégalités ! Vous avez raté votre train ce matin ? Les inégalités ! Le climat ? Les inégalités !
Les inégalités, les inégalités, vous dis-je ! Comme Toinette et ses conseils judicieux adressés à son maître dans Le malade imaginaire de Molière, Thomas Piketty a la solution miracle à tous les maux de l’humanité. Il suffit d’éradiquer le péché originel à l’origine de la corruption du monde : les inégalités.
Bien sûr, n’imaginez pas que « réduire les inégalités » signifie, dans la bouche de Thomas Piketty, permettre aux plus pauvres de rejoindre les standards des plus aisés ! Dans ce cas, Thomas Piketty serait obligé de se satisfaire de la tendance actuelle du capitalisme mondialisé qui connaît à la fois un enrichissement sans précédent de l’humanité et une réduction des inégalités de revenus à l’échelle mondiale… Admettre ce constat risquerait d’affaiblir les ressentiments anti-capitalistes.
Dans l’esprit de notre cher économiste, réduire les inégalités signifie punir les plus aisés par une myriade de taxes. Il s’agit d’appauvrir ce fameux groupe des 10% des êtres humains les plus riches qui seraient à l’origine du malheur de tous les autres. Réduire les inégalités, c’est donc, en novlangue pikettienne, sacrifier une catégorie sociale « privilégiée » sur l’autel des éternelles aigreurs anti-capitalistes.
Mais au fait, qui sont ces 10% les plus riches du monde qu’il conviendrait de dépouiller ? Monsieur Piketty se garde bien de rappeler qu’en France, le travailleur qui gagne tout juste le revenu médian annuel (21 415 euros en 2015 selon l’INSEE) appartient aux 2,17% les plus riches de la planète selon la Global Rich List. Si l’on considère le patrimoine, 76000 euros suffisent à faire partie des 10% les plus riches de la planète.
Le programme de Monsieur Piketty reviendrait donc à escroquer une écrasante majorité du peuple français, même si l’économiste socialiste a tout intérêt à entretenir l’illusion qu’il ne vise qu’une petite minorité de privilégiés. Ainsi peut-il plus facilement galvaniser les ressentiments envieux de la majorité qui ne réalise pas qu’elle fait partie des « favorisés » ciblés par son discours.
Les raisons qui motivent la réduction du train de vie des plus riches sont tout aussi fallacieuses. Cette « décroissance » ciblée permet aux néo-malthusiens d’échapper à l’accusation d’anti-humanisme proférée par ceux qui, à juste titre, s’inquiètent des idéologies interdisant aux miséreux subsistants de bénéficier de la croissance économique qui a fait notre prospérité. Par le subterfuge de la décroissance ciblée, les néo-malthusiens parviennent encore à sauver les apparences.
Toutefois ce discours est là encore mensonger. Nous vivons dans une économie globalisée, interdépendante, et qui se définit par une division du travail internationalisée. Nous vivons donc dans un monde où la prospérité de l’individu lambda dépend également des capacités productives de son voisin éventuellement plus riche que lui.
Lorsqu’un Africain importe des médicaments, des technologies, des biens de consommation ordinaires ou de l’épargne pour entreprendre chez lui, il est aussi susceptible de dépendre des capacités productives des nations industrialisées pour son niveau de vie. Il est dans ces conditions illusoire de faire décroître les pays riches, c’est-à-dire de réduire leurs capacités productives, sans affecter en même temps la prospérité des pays pauvres.
Songeons par exemple à l’augmentation du prix du pétrole lorsque surgit le spectre d’une production perturbée dans les pétromonarchies du Golfe…Qui peut sérieusement prétendre qu’une réduction des capacités productives des plus riches n’affectera pas les plus pauvres ? Personne.
Ceux qui le font ont intérêt à dissimuler cette interdépendance par l’usage du sophisme marxiste traditionnel sur le jeu à somme nul : « Puisque les riches se sont toujours enrichis au détriment des pauvres, appauvrir les premiers n’est qu’une mesure de justice qui n’affectera pas le sort des seconds ». Cette négation délibérée de la convergence des intérêts des pays riches et des pays pauvres dissimule donc que faire décroître les uns, c’est faire décroître tout le monde.
Or la décroissance n’est pas une solution aux problèmes climatiques. Car elle affecterait la résilience des sociétés humaines face aux risques du futur. Mais cela importe peu aux yeux de Thomas Piketty, dont les activités semblent davantage motivées par la poursuite d’un agenda marxiste, indépendamment des désastres humanitaires qui ont ravagé les pays qui l’ont mis en œuvre au XXème siècle.
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