Par Louise V. Labrecque
Notre-Dame : je vous salue Marie, Reine de mon Cœur, ma
Mère, ma Vie, ma Joie et mon Espérance !
Vous êtes compagne sur les routes de la vie; telle Esméralda, donne-nous
la joie de deviner, dans les flammes de ton terrible incendie, dans les fumées,
les brouillards de mille aurores, les espoirs des jours nouveaux. Et que ta
Paix devienne le but de nos engagements quotidiens.
Oui, la reconstruction, la renaissance, le printemps, encore
et encore… et encore ! La vie est merveilleusement nouvelle, elle est
continuellement excitante, parce qu’elle est toujours en expansion. C’est la
raison cachée de mon émerveillement, malgré tout, devant ta Cathédrale
flamboyante; devant le sourire d’un enfant ou la grandeur tragique d’un pauvre.
Ah oui, aujourd’hui plus que tout autre, nous avons à nous faire Hommes, à
surmonter les pleurs et les peurs, à surmonter nos frontières et nos misères.
Aujourd’hui, nous avons à assumer une humanité qui porte en elle les mêmes
valeurs que nous. Nous avons à prendre en charge un Dieu qui nous est confié
dans les autres et dans la création de tes Splendeurs, par l’art et la Pensée
de l’art, autant qu’en nous-mêmes. Nous avons à redécouvrir ta Beauté, dans la
transparence infinie de l’humanité souffrante. Notre-Dame de Paris est partout
aujourd’hui, nous parlons, nous méditons, tout le temps; les hommes de bonne
volonté savent combien les Lumières imprègnent encore notre atmosphère. Nous
regardions le triste spectacle de la danse des flammes, hier, et c’est un peu
de la chaleur du soleil qui faisait renaître l’espoir car de même que ses
rayons n’enflamment rien par eux-mêmes, de même l’espoir ne brûle pas nos âmes
du feu de la connaissance et de l’expérience quasi surréelle du paysage
consternant s’offrant à nos yeux révoltés. Souviens-toi, Notre-Dame, que tous
les matins du monde sont sans retour. À tout moment, laisse couler en toi la
vie qui s’offre; oui, tu seras secourue car oui, tu es déjà sauvée ! Sens-toi
chez toi, aime-nous encore; sens-toi bien à l’aise, telle que tu te trouves en
ce moment et où que soit ton Esprit et tes Splendeurs. Rappelle-toi les paroles
du Sage : tu peux être chez toi partout et trouver la paix de l’âme en
tout lieux et en tout états de fait; Notre-Dame, tu es entrée en sérénité car
« ta Maison est désormais l’univers «. Un beau destin pour nous absents de Paris,
nous qui ne t’avons peut-être jamais visitée, mais qui habite pourtant ta
Beauté, d’une liberté où le monde (re)trouve son origine, une inspiration d’un
regard contenant l’éternité. Oui, ta Lumière
vient du dedans et non pas seulement du dehors; nous étions souvent encombrés
et aveuglés par tant de choses; nous voici désormais émus de toutes parts, et
capables de redécouvrir, à la source de ta Puissance, cette paix indéfinissable
mais envahissante, laquelle peut tout faire basculer du côté de l’Amour. Non seulement tu parles cette langue divine
que les enfants et les artistes comprennent tout de suite, mais tu exprimes
également avec justesse les traces du passage du temps; les signes de ta
présence sont désormais partout. Tu es dans notre monde d’aujourd’hui. Nous
apprenons avec toi la grandeur et la noblesse de l’esprit; tout ce que le vrai
courage aura voulu dire, de tout temps et de toutes éternités, pour les siècles
des siècles.
Amen à la seule joie qu’il nous reste, aux lendemains de cet
incendie terrible : communiquer… de toutes les manières possibles et
imaginables. Cette certitude bénie que Dieu n’a jamais voulu écraser l’Homme sous
sa toute-puissance. Il a voulu le conquérir par son humilité. Seule la foi fait
avancer; je parle de cette foi en soi-même, je parle de celle qui fait déplacer
les montagnes. La condition humaine est de continuer de cheminer, sans renier
dans les ténèbres ce qu’on a vu – et ce qu’on reverra – en pleine lumière.
Ainsi, s’en va Notre-Dame, forte d’une nouvelle fraternité.
Tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté sont appelés à (re) faire
au monde une œuvre belle, tout en s’aidant eux-mêmes afin de marcher eux aussi
dans un chemin de beauté. La beauté de Notre-Dame n’est pas un secret :
elle est gravée sur toutes les fleurs, sur le fleuve, sur la mer, dans le ciel,
dans les champs, dans toutes les forêts et sur toutes les montagnes. Notre-Dame
est immense, ce n’est pas un secret : il suffit de regarder le cosmos. On
t’a dit que notre rêve éveillé était plus grand encore que toi ? Non seulement
tu ne le perdras pas, mais il te servira aussi de phare. Notre-Dame, notre
Phare dans la nuit : aujourd’hui te révèlera demain l’étendue de tes
possibilités nouvelles. Lumières de France, Mère Patrie, Marie,
Notre-Dame : donne-nous de comprendre ce que nous ne parvenons pas à
exprimer ; notre silence est aussi un Magnificat, comme toi il s’étend d’âge en
âge et fait écho à la Miséricorde, laquelle offre, souvent, la consolation
quand demain devient trop difficile. Quelqu’un vous aime, c’est ce quelqu’un
qui vous a à sa merci mais qui n’en profite pas. Cette fraternité n’a pas de prix
et porte pourtant une valeur inestimable. O Notre-Dame de Paris, encore un peu
de temps et vous serez reconstruite, encore un peu de temps et vous me
reverrez. Vous serez recréée comme un don pour moi, tout est relation d’amour ;
tout avec tout. Certains ont vu le fil d’or qui relie votre Force à tous les
êtres. Certains savent déceler les failles qui font entrer la lumière. Votre
Force est aussi un don pour tous les Hommes. Notre-Dame : il y a des âmes
qui rayonnent déjà, comme des petits phares-à-vous; dans les yeux amoureux de
nos amours, dans ceux de tous les gens que nous côtoyons, Jésus veut naître.
Soyons des artisans de paix, cultivons l’intelligence, l’information et le
dialogue, construisons une culture de paix, et ayons une âme universelle. Oui,
Notre-Dame s’achemine vers un matin qui ne connaîtra pas de soir et nous serons
comme la goutte de rosée bu par la vie.
Chaque année de la reconstruction sera un pas vers toi.
Chaque jour sera un don, Seigneur, chaque jour est un (re)commencement de ton
Royaume. Bénissons cette nouvelle naissance, cette nouvelle Notre-Dame de Paris
en devenir. Aujourd’hui, ne fermons pas notre cœur; composons une nouvelle
symphonie, une harmonie véritable, un ordre véritable, lesquels ne peuvent
qu’avoir l’Amour pour fondation; enraciné dans la réalité même. Nous sortirons
des nuées, Notre-Dame, sublime comme une île et plus magnifique encore que les
anciens mensonges. De toute éternité, notre Histoire parle de toi et tu es signe
d’espoir pour toutes les nations. Je vois déjà ton grand escalier de pierres
précieuses, je vois les foules éblouies par ta Splendeur renouvelée, illuminée
; Notre-Dame : oui, c’est bien là, au cœur du désert, que refleurira le
monde !
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