Par Louise V. Labrecque
Notre Dame enracine en nous la joie de donner et la joie de
pardonner : tu renaîtras de tes cendres ! Tu es Jésus ressuscité ; Il est
présent dans nos vies. Seigneur ! Que de beautés dans la création ; les
paysages, les fleurs, les fruits, les chants des oiseaux, les couchers de soleil,
les changements de saison ; la métamorphose ! Que de bonté dans les gestes qui
naissent de l’amour fraternel : un sourire de sympathie, un mot du cœur,
la chaleur d’une présence, un partage d’amour ou d’amitié, l’attention à
l’autre !
Oui, l’Homme a besoin de peu de choses pour s’élever et
s’accomplir; il suffit qu’il le veuille de tout son cœur. Le bonheur nous élève
tel un arbre ou une cathédrale, selon l’étendue des racines de notre
engagement. Notre Dame est un bonheur qui nous tient debout devant l’adversité
comme de véritables racines. Limpide et mystérieuse comme une perle de rosée
dans le pli d’une feuille, telle est ta grâce, Notre Dame ! Elle pénètre en moi goutte à goutte,
silencieusement, et me fais être ton enfant. La grâce de Notre Dame passe et
souffle à travers toutes les flammes du monde. Oui, ta parole est comme l’eau;
rafraîchis-nous à sa source, plonge-nous encore dans son courant, du fleuve magnifique
entraîne-nous vers sa mer. Notre Dame : ta parole est comme le feu;
qu’elle nous éclaire, sans trop nous éblouir. Ta parole est comme la terre; qu’elle
nous enracine en elle, pour que nous puissions éprouver la solidité et la
constance de tout ce que tu donnes, exige et promets. Dans l’intimité de ton
sacré cœur, une énergie d’amour féconde toute la vie, tous les arts, toute la
création et, comme dans un murmure d’une eau vive, dans le chant du vent,
creuse un invisible oratoire. Ainsi, ton chant ou ta prière deviendra bientôt
une source de bonheur où tu viendras boire. Notre Dame… Écoute : l’écho de
notre prière est éternel.
L’émerveillement est le grand bonheur des marcheurs que nous
sommes. Sur nos chemins : des champs, des étoiles, la lumière du soleil;
tant de soleils, toutes les étoiles, la mer à la fenêtre, un banc de bois, des
pivoines, des tournesols, des narcisses, des églantines, des glaïeuls, des
cosmos…. Oui, des fleurs, à profusion, de toutes sortes, dans nos jardins; des
mésanges qui zinzinulent, des senteurs de sapin, le souffle parfumé du vent qui
enveloppe notre âme de sensations paradoxales; notre âme à la reconnaissance,
en soif de contentement. Le chemin a plusieurs saisons : chacune a ses raisons,
ses charmes, son ivresse, son insolence, ses beautés… Oui, tu renaitras; tu
seras reconstruite, tu seras restaurée ! Ce qui est important, c’est de
contempler le mystère de ce miracle. J’accède ainsi à ta connaissance, avec ta
toute puissance et ta fantaisie, comme une variété de vie que je contemple,
Notre Dame, avec la sagesse qui t’habite en tout. Les gens regardent depuis
l’éternité cette lumière qui nous montre aujourd’hui le chemin. C’est un regard
intemporel pour puiser la force, celle des étoiles pour retrouver le nord du
nord. La lumière du ciel de Paris s’est concentrée sur ces repères visibles et
elle nous parle de loin, d’aussi loin que nous le sommes parfois de toi, Notre
Dame, au-delà de notre moi isolé; la vie refleurit si nous lui laissons le
temps, si nous le lui permettons, si nous la percevons, si nous la ressentons,
si nous sommes suffisamment libres pour vivre dans l’instant. Coupe les amarres
! Avance en eau profonde, va donner à ton frère le goût de vivre ! Accueille la
vie qui bat dans le cœur de ton tout proche, de l’Autre, de ton frère ! Te
réconcilier avec toi-même, te réconcilier avec les autres, te réconcilier tout
simplement avec la vie, en 2019. Donne-nous d’être toujours plus unis, de
n’être jamais des instruments de division; fais que nous nous engagions comme l’exprime
un beau poème ou une belle musique, à partager la vie dans la nature, à
apporter l’amour là où existe la haine, à apporter le pardon là où se trouve
l’offense, à apporter l’union là où règne la discorde. Tout est à réinventer ! Nous sommes des
artisans de paix, dans la construction d’une culture de paix; ainsi nous avons
une âme universelle : on a besoin de créer de nouveaux mondes, des ponts
entre nos maisons, où il y ait, dans le respect mutuel, de réelles possibilités
de compréhension entre le citoyen et l’étranger; on a besoin d’une nouvelle
éducation au monde, qui favorise une intégration réelle entre cultures et
réalités humaines.
Sois confiante, Notre Dame : le monde traverse la ville
et n’a pas peur d’être les saints du nouveau millénaire. Nous avons pu sauver
l’incroyable, tes préciosités; il n’est rien de perdu qui ne puisse être sauvé.
Donc, avec le courage, tu seras reconstruite et tes chefs-d’œuvre seront
restaurés; les fils de l’Homme sont revenus chercher et sauver ce qui était
perdu; ils ont confiance sur le chemin de nos fragilités ; toutes nos
faiblesses, surtout les plus profondes, sont des pierres ardentes d’espérance.
Notre Dame, toi qui connais toutes nos attentes, toutes nos aspirations à
l’Infini, à la transparence, à l’Invisible, comme une pensée vivante, une
pensée de l’art, ininterrompues comme ininterrompu est le flot de ta tendresse.
Je crois, Notre Dame, que les larmes de compassion et de miséricorde sont la
preuve de ton éternel amour; tu es la Passion, tu n’es jamais absente du monde,
surtout au moment où tes enfants souffrent. Le feu, c’est l’Inattendu qui s’est
produit; c’est le monde qui s’est ouvert et se déchire, quand ton regard
change, et que les choses deviennent des signes, des questions. Quand le
visible se met à parler, quand s’opère une mutation entre le dehors et le
dedans… Nous y sommes… Pour s’émerveiller, il faut être disponibles, libres de
ses certitudes comme de ses incertitudes…
On est Hommes que si, en regardant en face le mystère de cette fin de
cycle, on a trouvé, sinon de quoi le résoudre, du moins de quoi le porter;
s’émerveiller devant la merveille de vivre. Même si la vie n’est pas toujours
facile, la recevoir comme un don,
toujours neuf; comme un enfant qui s’étonne, s’émerveiller d’être vivants,
s’émerveiller de Notre Dame; c’est cela l’essentiel : retrouver sa
lumière, dans une lampe d’argile, comme le soleil dans la nuée, comme Dieu dans
un homme…
Maintenant, le grand escalier de pierres précieuses s’ouvre
sur un grand portail; le champs de tous les possibles…. À l’instant où la
nature se prépare à renaître de toutes parts, dans un foisonnement de vie
remplie de vie… luxuriante nature qui redécouvre sa sainte trinité et l’audace
des premiers enfantements. Le temps passe vite…! S’il tarde, il est nécessaire de l’attendre
avec patience. Il viendra, il viendra certainement, quand nous nous aimerons,
quand nous donnerons aux autres, sans rien attendre d’autre que ce simple fait
d’aimer; l’amour est à la source de toutes nos naissances, toutes nos
renaissances; Notre Dame : tu es là où le soleil se lézarde, le Soleil de Justice,
où la lumière apparaît toujours et fait beau tout ce qu’elle touche. La vraie
joie éternelle, comme le printemps renaît sans cesse dans l’hiver, est comme un
acte de foi renouvelé dans la vie, dans ses possibilités. La vraie joie est
douce comme le chant de l’oiseau, celui qui fait lever le soleil. Elle ne
s’impose pas aux autres, mais est annonce de son cœur de lumière, l’appel à
vivre une réalité toute neuve. Tout est lumière, tout est paix, dans le secret
de Nazareth… L’infini bleu lumineux, celui qui tremble et miroite; la couleur
rare qui affleure et modèle les ressemblances. Notre Dame, tout se sépare et
pourtant tout se rapproche, dans cet espace visible et invisible. Comment ne
pas célébrer, dans la résurrection du Christ et pour l’Histoire entière, - la
petite et la grande -, de son origine à son terme, le déploiement d’une vie
plus forte que toutes les ruptures ou les tragédies qui semblent interrompre en
permanence la longue marche de l’humanité. Méditons-la, laissons-nous
réchauffer le cœur à son contact. Notre Dame ne passe jamais à côté de
l’essentiel. Elle est une aubépine en fleur : le printemps entre en elle.
Il entre parce qu’il y est déjà.
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