Début 2017, une nouvelle édition du rapport produit par Oxfam sur la pauvreté dans le monde a dénoncé les inégalités sur la planète. Le document a nourri de multiples indignations sur les méfaits de l’économie de marché, à tort.
Un article de Trop Libre
Les larmes aux yeux, mais le portefeuille souvent bien fermé, de belles âmes confortablement installées se sont succédé pour en appeler à plus de justice. Si leur intention est louable (qui n’a pas envie d’un monde plus juste ?), leur analyse est erronée et dangereuse car elle produit l’inverse de ce qu’elle prétend obtenir et lutte contre ce qui aide les plus défavorisés : le capitalisme.
LUTTER CONTRE LES INÉGALITÉS POUR UN MONDE PLUS JUSTE : C’EST BEAU, MAIS C’EST FAUX
Les inégalités ne causent pas la pauvreté. Cela peut sembler absurde, mais il est capital de le rappeler : ce n’est pas parce qu’il y a des riches qu’il y a des pauvres ; ce n’est pas parce qu’il y a des inégalités immenses que persiste le scandale de la pauvreté.
La première erreur de raisonnement est de l’ordre du constat : les riches ne sont pas illégitimes. On pourrait ainsi rappeler qu’aucune des 8 personnalités misent à l’index par Oxfam n’a volé sa fortune : tous sont des entrepreneurs au talent incontesté (4 dans les nouvelles technologies, 2 dans les médias, 1 seul dans la finance), et 5 d’entre eux ont signé le « giving pledge », par lequel ils s’engagent à léguer à des œuvres philanthropiques au moins la moitié de leur fortune.
Source : auteur
Oxfam ne s’appesantit d’ailleurs pas beaucoup sur sa définition des riches… Et pour cause, si elle le faisait, l’organisation risquerait de s’attaquer à tous les habitants des pays de l’OCDE qui la financent.
Selon ses chiffres, 8 personnes détiennent autant de richesses que 50% de la planète. Passons sur la méthodologie, et rappelons, comme le fait Johan Norberg, que n’importe quelle fillette européenne qui détient 20 dollars d’économies est aussi riche que 2 milliards de personnes sur Terre (et celle qui détient 50 cents est plus riche que 40% de la population mondiale). Faut-il pour autant accuser cette jeune fille de causer la pauvreté et lui prendre arbitrairement ses économies ?
Source : auteur
La seconde erreur est de l’ordre de la recommandation politique : lutter contre les inégalités ne réduit pas la pauvreté. Alors que la première priorité (lutter contre les inégalités) consiste à vouloir que les individus évoluent entre des bornes sociales rapprochées afin que le plancher et le plafond ne soient pas trop éloignés, la seconde (lutter contre la pauvreté) considère au contraire que ce qui importe c’est seulement d’élever le plancher. La lutte contre les inégalités préfèrera une situation dans laquelle les individus A et B gagnent 5 et 7, plutôt qu’une autre dans laquelle A et B gagnent 6 et 12 !
Se focaliser sur la lutte contre les inégalités conduit à adopter des politiques pour redistribuer la richesse. L’objectif est très généreux, mais en pratique cela conduit à sanctionner le talent (dont on estime qu’il ne devrait pas conduire à un niveau excessif de fortune), à développer une fiscalité punitive (et le contrôle des comportements économiques et sociaux qui y sont liés), à donner à certains un pouvoir arbitraire sur le travail des autres.
Donner la priorité à la redistribution, c’est implicitement admettre que les plus pauvres n’ont pas les possibilités de s’élever dans la société : malheureusement, les politiques qui poursuivent cet objectif ont souvent pour effet d’entretenir les situations inégalitaires de façon à les rendre acceptables, sans offrir à tous de réelles opportunités (par exemple, on refusera de s’attaquer à la réforme de l’Éducation nationale ou du marché du travail).
Si l’on estime l’accumulation de richesse problématique, la voie pour répondre à ce défi économique, c’est la concurrence. C’est elle qui remet en cause les rentes, les rend toutes contestables et distribue l’égalité des chances. Elle permet également de lutter contre la pauvreté parce qu’elle promeut la croissance ; mais elle ne mélange pas les deux objectifs.
Reconnaître que la lutte contre les inégalités ne permet pas de résoudre la pauvreté permet aussi d’adopter les bonnes politiques répondant à cet objectif : celles qui promeuvent la croissance, notamment à travers le droit de propriété comme l’a montré en pratique et avec succès Hernando de Soto.
LE CAPITALISME, MEILLEUR AMI DES PAUVRES
Oxfam et ses amis peuvent dénoncer le capitalisme autant qu’ils le veulent, les faits sont têtus. Et en la matière, ils sont unanimes : depuis que la mondialisation s’est développée, les plus pauvres connaissent un sort considérablement meilleur. Bien sûr, il reste trop de pauvres ; trop de souffrances ; trop de difficultés sociales. Mais le sort des plus défavorisés est bien meilleur aujourd’hui qu’il ne l’était il y a 30 ou 40 ans (et qu’il ne l’est dans les pays socialistes comme le Venezuela ou Cuba).
La Banque mondiale l’a rappelé dans un rapport de 2016 :
– entre 1990 et 2013, le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté (c’est-à-dire avec moins de 1,9 dollar par jour) a baissé de 1,1 milliard, alors même que la population mondiale progressait dans le même temps de 1,9 milliard. Pour la seule année 2013 (en pleine crise, donc), ce sont 114 millions de personnes qui sont sorties de la pauvreté ;
– autrement dit, entre 1990 et 2013, la part de la population mondiale vivant dans l’extrême pauvreté est passée de 17,8% à 10,8%.
Cette réduction de la pauvreté a été constante depuis la Révolution industrielle, comme le montre le graphique ci-dessous :
Source : Our world in data
Source : World Bank
C’est l’Asie qui a particulièrement profité de cette tendance bénéfique depuis 1990 :
Source : Our world in data
Cela dit, il n’en reste pas moins qu’il reste plusieurs centaines de millions de personnes qui vivent dans l’extrême pauvreté. Mais ce n’est pas en prétendant réduire les inégalités qu’on les sortira de la pauvreté. C’est au contraire en continuant de favoriser le plein développement de l’économie capitaliste.
Source : Our world in data
Source : World Bank
PS : Pour prendre conscience de la réalité d’une vision politique portant uniquement sur les inégalités, on pourra relever (avec le Mises institute) que la filiale américaine d’OXFAM est elle-même plus riche que 99,7% de la population mondiale et que, rapporté à ses salariés, elle serait le 3e Etat le plus riche du monde en termes de richesse par tête ; sans que cela semble lui poser de problème moral insurmontable…
Cet article peut également être lu sur le site de Forbes.fr
Aucun commentaire:
Publier un commentaire