Les politiciens se servent souvent d’une réglementation
abusive pour favoriser des groupes d’intérêt à des fins électoralistes. La loi
sur la protection de l’environnement (LQE) est un excellent exemple de ce
phénomène. Cette loi permet d’exproprier à vil prix, voire sans compensation,
des propriétés privées dans le but non avoué de s’attirer les sympathies des
groupes écolos.
Cette loi, introduite en 2006, permet au MDDEP d’exiger d’un
propriétaire désirant développer un terrain classé « humide », une
compensation visant la restauration du terrain ou sa substitution par un autre
terrain équivalent. La réglementation découlant de cette loi est arbitraire et
donne aux fonctionnaires du MDDEP un pouvoir discrétionnaire pouvant aller
jusqu’à l’expropriation indirecte sans compensation.
Ainsi, des terrains acquis de toute bonne foi sont soit exclus
de toutes possibilités de développement où leur valeur est grandement réduite
dû aux compensations exigées par le MDDEP. Heureusement, dans un
jugement rendu le 12 mars 2012, la Cour Supérieure a conclu que les mesures
de compensation exigées par le gouvernement étaient illégales. En effet, selon
la loi, un propriétaire ne peut être contraint de céder sa propriété sans une compensation
juste.
Le gouvernement a porté ce jugement en appel. Mais pour plus
de certitude, le MDDEP a déposé le projet de loi 71 qui vise à valider
rétroactivement les mesures de compensation incluse dans la Loi de 2006.
Sous prétexte de protéger l’environnement, le gouvernement tente de s’arroger le droit de confisquer des propriétés privées. Si le projet de loi 71
est adopté, cela créera un dangereux précédent qui affaiblira considérablement
le caractère inviolable du droit de propriété.
Encouragés par cette victoire, les groupes d’intérêt,
prétextant le bien commun, demanderont des lois similaires pour exproprier à vils
prix ou sans compensation d’autres catégories de propriétés privées. Les
prétextes ne manqueront pas : le droit au logement social; la protection
d’espèces rares ou menacées; le droit à l’éducation (terrains pour construire
une école); l’agrandissement d’un parc; etc.
Les Québécois ont depuis longtemps oublié le caractère
fondamental du droit de propriété. Ce droit représente les fondations mêmes des
démocraties occidentales et est garant des libertés individuelles. En amputant
ce droit, on limite d’autant les libertés.
Je reconnais que le Québec est relativement pauvre, mais le
sommes-nous au point de devoir voler des propriétés privées pour protéger quelques
kilomètres carrés de terrain humide? Pour paraphraser la fable biblique d’Ésaü qui
vend son droit d’aînesse à Jacob pour un plat de lentille, le Québec est-il en
voie de sacrifier les droits de propriété pour satisfaire quelques écologistes?
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