Par Louise V. Labrecque
Imagine de quels espoirs s’illuminait l’esprit
de nos ancêtres…. Je ne sais plus la différence entre la cause et l’effet; j’ai
mes propres images, il s’agit de créer nos propres images. J’aurais pu, il me
semble, être peintre ou sculpteur, et toutes les formes d’artisanat; actrice,
chanteuse, écrivaine aussi, j’aurais pu; toutes les formes d’énergies
créatrices me possèdent et de ce goût, je conserve une affinité spéciale, comme
un don, avec des choses graves et légères, des professeurs, des choses
incroyables venues du fond des âges; comme la force des premiers défricheurs,
le chant des marins courageux. L’île, c’est elle, la grande étoile veillant à
la fois sur la terre et le fleuve, avec son ciel d’amour. Les paysans offrent
également ce témoignage et le décor, ici, est si beau qu’il continue de
scintiller; il se refait sans cesse sous nos yeux, tellement que nous ne savons
plus où poser notre regard. Nous avons soudain mille yeux voulant
regarder partout à la fois, pour se souvenir de tout, pour longtemps, pour
toujours. À ce point pionniers, cela ne se dit pas ; à ce point aventuriers,
voilà les pères de mes pères, héros de la Nouvelle France.
L’île, c’est le pays du temps
retrouvé, le pays de l’enfance épris de curiosité, plein de grands vents, de
neiges nostalgiques, avec une parlure toute en or de soleil ; une langue forte
comme des mains de potier. Mes ancêtres m’habitent, voilà, il fallait que je
vous l’écrive. Finalement, je pense avoir échoué dans le but que je m’étais
fixé vraiment, celui de toucher les coeurs. Une chronique mensuelle publiée
dans un journal, c’est toujours pour retrouver l’autre: à toute chose, il y a
une raison; sa raison d’être. Cela tient du prodigue, quand je pense à toutes
les niaiseries et ennuyanteries qui rendent la vie insupportable. Je n’ai pas
le droit de fausser la vérité. Ne faudrait-il pas apprendre aussi à fouiller
un peu plus loin, pour puiser en pleine terre tout le suc et le sel des
ancêtres, pour mieux dérouler l’histoire dans le bon sens, le long ruban du
chemin Royal ? Je pense à faire comme vous, à vivre avec un peu moins, partager
davantage, et remettre en cause les excès de l’ère ultra-individualiste dont
nous sommes les sous-produits et la sous-culture, sans faire exprès.
Sommes-nous tous dans une impasse par rapport à nos valeurs ancestrales? La
substitution incessante du nouveau à l’ancien est désormais une norme
socialement acceptée; or, ce modernisme ne participe pas vraiment à notre
culture. C’est pourquoi il est grand temps de rallumer les lumières de nos
belles églises; pour contempler la splendeur intemporelle de nos vitraux,
tableaux; et tous ces petits détails exquis de l’architecture. L’art
sacré, ce n’est pas seulement une grâce, c’est aussi notre vieux savoir-faire;
c’est aussi notre langue, notre vieux-parler avec toutes nos expressions vivantes;
nos valeurs fondatrices, nos chants et nos traditions. Le Québec inventé,
rempli d’hommes et de femmes exilés, c’est une entreprise humaine riche et
profonde. Impossible de ne pas chercher à poursuivre leurs aventures, même si
nous avançons en âge et que nous sommes bien à l’abri, dans l’intimité de
l’écriture. Néanmoins, pour continuer à vivre leur folie, nous avons conservé l’audace
d’un chantier de livres rares et une irréductible candeur de poète. Ainsi, la
mémoire a perduré, même s’il a fallu, et qu’il faudra encore, pour ce faire, marquer
une certaine rupture dans les mentalités et les habitudes de vie.
Parce que chaque église
possède sa beauté unique, sa lumière, son silence particulier…. Un silence
d’église, qu’importe ce qu’en pense la critique, c’est un silence qui vit le
combat, à sa manière, un peu comme le semeur contemple son champ, après les
labours. Le petit bourgeois ne comprendra jamais ça, la ligne de partage entre
la nature et le monde de l’art, de la famille et de la prophétie. Ce qui est
impossible en littérature est idéalisé dans les grandes espérances de la
foi. C’est cela, notre patrie intime. Pour la suite, nous demeurons
en mode solutions, avec cette soif de liberté, unis par le sang sacré de nos
ancêtres. Ils se nomment Pierre, Jean, Jacques; ils se situent actuellement
au-delà des frontières géographiques ou psychologiques. Dans tous les coins et
recoins de l’île, dans tous les sens, leurs oeuvres ont fleuri, jusqu’à créer
un jardin, petit mais luxuriant, dans notre conscience historique. Ainsi, nous
sommes du côté de l’idée de préservation et de reconstruction. Une telle
réflexion est cruciale. D’abord, se pose la question du contexte; le contraste
en est d’autant plus fort. À vous, lecteurs, et à dans l’esprit de nos
ancêtres, souhaitons, bien plus, harmonie et profonde satisfaction dans le
déroulement de nos journées, sous des cieux paisibles et aussi beaux… que
la Splendeur de nos églises, de nos vieilles maisons, granges, terres, fleuves,
saintes fleurs, ponts, lacs et rivières; joli kaléidoscope, avec les papillons
monarques et les oiseaux du cosmos, souvenirs emportés sur les ailes du temps,
jusqu’au sommet du clocher, là où monte une fumée blanche, comme pour
l’élection d’un nouveau pape.
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