Que l’État se contente d’être juste, nous nous chargerons d’être heureux.---- Benjamin Constant
Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement
Vaut mieux en rire!
Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry
29 mars, 2020
25 mars, 2020
Après le coronavirus, gare à la rhinocérite !
par Nicolas Lecaussin
Dans la pièce Les Rhinocéros d’Eugène Ionesco, les habitants d’une ville sont frappés par une épidémie connue sous le nom de « rhinocérite ». Il s’agit d’une maladie qui, une fois attrapée, transforme les individus en rhinocéros, tout juste capables de « suivre les chefs ». La pièce est une satire des comportements humains face au pouvoir qui supprime les libertés les unes après les autres. Au début, les hommes sont étonnés, ensuite, avec le temps, ils s’habituent et contribuent même à l’instauration d’un régime autocratique qui leur inspire confiance et peur à la fois. A la fin, un seul personnages garde sa lucidité et résiste à la maladie. Sommes-nous condamnés à vivre la même histoire que les personnages d’Ionesco ?
Nos libertés, elles aussi victimes du virus
Plus le temps s’écoule, plus le gouvernement s’en prend à nos libertés. A-t-il raison de le faire ? Quand on voit l’augmentation du nombre de malades et que l’on compare notre situation à celle d’autres pays, on peut se demander si ses choix sont les bons. Dimanche dernier, on pouvait se déplacer pour voter. Vingt-quatre heures après, c’était « l’état de guerre ». Quelques jours encore, et on ne pouvait plus sortir, ni circuler, c’était trop dangereux. Où est la cohérence ? D’autres pays, la Corée du Sud, le Taïwan, l’Allemagne, le Royaume-Uni, les Pays-Bas... ont mis en place des mesures moins strictes et ne s’en portent pas pour autant plus mal que nous, au contraire même pour certains.
On ne compte plus les discours anti-libéraux et anti-mondialisation. On entend dans les médias ou sur les réseaux sociaux que « le monde ne sera pas pareil » après cette épidémie. Que la mondialisation a montré ses limites, ainsi que le libéralisme économique. Quels liens ont-ils avec cette épidémie qui s’est déclenchée sur un marché moyenâgeux dans un pays dirigé par un Parti communiste ? Ce sont nos relations avec la dictature chinoise qui devraient changer, c’est elle qui a caché et truqué la réalité, comme le rappelle très justement Mario Vargas Llosa dans un article qu’il vient de publier.
La fameuse « grippe espagnole » avait contaminé pratiquement toute la planète à la fin de l’année 1919. Environ 40 % de la population américaine et 500 000 morts, plus de 240 000 morts en France, plus de 2 millions de morts en Afrique et probablement 10 millions en Asie ! Pourtant, à l’époque, on ne parlait pas vraiment de mondialisation et de vols « low cost » ... Il ne faudrait pas que l’épidémie actuelle débouche sur un repli protectionniste et des politiques dirigistes.
L’Etat ne sauvera pas l’économie
L’autre grand danger est la catastrophe économique. Aux Etats-Unis, on prévoit, si l’arrêt des activités se prolonge, une récession trois à quatre fois plus importante que celle de 2008-2009. Le risque est d’être tenté de prendre la Chine comme exemple, pays où l’Etat contrôle tout. Ce serait terrible pour nos économies et cela serait un coup dur pour le secteur privé, l’innovation et la concurrence. On n’a pas besoin de plus d’étatisme mais de moins d’Etat. La pénurie de masques et de tests a bien montré les failles de l’Etat providence qui phagocyte plus de 50 % des richesses produites par les Français. L’incapacité d’aider un pays dramatiquement touché comme l’Italie a aussi mis en évidence les limites de l’aide publique.
Injecter des centaines de milliards d’euros et de dollars dans l’économie donne l’illusion d’une thérapie efficace. En réalité, l’argent ne tombe pas du ciel, c’est l’argent des contribuables ou celui que « fabriquent » les banques centrales. Les conséquences financières pourraient être dramatiques.
Le plan britannique semble plus approprié car il s’agit d’un programme de garantie de prêt d’une valeur de 330 milliards de livres sterling, soit environ 15% du produit intérieur brut, pour les entreprises de toutes tailles. Le ministre de l’Economie britannique a déclaré que distribuer des milliards à tout va selon un plan de relance keynésien ne servirait à rien. Pourvu qu’il tienne parole.
Respectons les consignes d’hygiène et de protection mais restons très vigilants à l’égard du pouvoir. Tôt ou tard le virus sera vaincu grâce à l’innovation et au talent de l’homme. Les libertés individuelles et économiques sont beaucoup difficiles à récupérer.
23 mars, 2020
"Nous sommes bâtis pour l'inaccessible" - Félix Leclerc
Par Louise V. Labrecque
Imagine de quels espoirs s’illuminait l’esprit
de nos ancêtres…. Je ne sais plus la différence entre la cause et l’effet; j’ai
mes propres images, il s’agit de créer nos propres images. J’aurais pu, il me
semble, être peintre ou sculpteur, et toutes les formes d’artisanat; actrice,
chanteuse, écrivaine aussi, j’aurais pu; toutes les formes d’énergies
créatrices me possèdent et de ce goût, je conserve une affinité spéciale, comme
un don, avec des choses graves et légères, des professeurs, des choses
incroyables venues du fond des âges; comme la force des premiers défricheurs,
le chant des marins courageux. L’île, c’est elle, la grande étoile veillant à
la fois sur la terre et le fleuve, avec son ciel d’amour. Les paysans offrent
également ce témoignage et le décor, ici, est si beau qu’il continue de
scintiller; il se refait sans cesse sous nos yeux, tellement que nous ne savons
plus où poser notre regard. Nous avons soudain mille yeux voulant
regarder partout à la fois, pour se souvenir de tout, pour longtemps, pour
toujours. À ce point pionniers, cela ne se dit pas ; à ce point aventuriers,
voilà les pères de mes pères, héros de la Nouvelle France.
L’île, c’est le pays du temps
retrouvé, le pays de l’enfance épris de curiosité, plein de grands vents, de
neiges nostalgiques, avec une parlure toute en or de soleil ; une langue forte
comme des mains de potier. Mes ancêtres m’habitent, voilà, il fallait que je
vous l’écrive. Finalement, je pense avoir échoué dans le but que je m’étais
fixé vraiment, celui de toucher les coeurs. Une chronique mensuelle publiée
dans un journal, c’est toujours pour retrouver l’autre: à toute chose, il y a
une raison; sa raison d’être. Cela tient du prodigue, quand je pense à toutes
les niaiseries et ennuyanteries qui rendent la vie insupportable. Je n’ai pas
le droit de fausser la vérité. Ne faudrait-il pas apprendre aussi à fouiller
un peu plus loin, pour puiser en pleine terre tout le suc et le sel des
ancêtres, pour mieux dérouler l’histoire dans le bon sens, le long ruban du
chemin Royal ? Je pense à faire comme vous, à vivre avec un peu moins, partager
davantage, et remettre en cause les excès de l’ère ultra-individualiste dont
nous sommes les sous-produits et la sous-culture, sans faire exprès.
Sommes-nous tous dans une impasse par rapport à nos valeurs ancestrales? La
substitution incessante du nouveau à l’ancien est désormais une norme
socialement acceptée; or, ce modernisme ne participe pas vraiment à notre
culture. C’est pourquoi il est grand temps de rallumer les lumières de nos
belles églises; pour contempler la splendeur intemporelle de nos vitraux,
tableaux; et tous ces petits détails exquis de l’architecture. L’art
sacré, ce n’est pas seulement une grâce, c’est aussi notre vieux savoir-faire;
c’est aussi notre langue, notre vieux-parler avec toutes nos expressions vivantes;
nos valeurs fondatrices, nos chants et nos traditions. Le Québec inventé,
rempli d’hommes et de femmes exilés, c’est une entreprise humaine riche et
profonde. Impossible de ne pas chercher à poursuivre leurs aventures, même si
nous avançons en âge et que nous sommes bien à l’abri, dans l’intimité de
l’écriture. Néanmoins, pour continuer à vivre leur folie, nous avons conservé l’audace
d’un chantier de livres rares et une irréductible candeur de poète. Ainsi, la
mémoire a perduré, même s’il a fallu, et qu’il faudra encore, pour ce faire, marquer
une certaine rupture dans les mentalités et les habitudes de vie.
Parce que chaque église
possède sa beauté unique, sa lumière, son silence particulier…. Un silence
d’église, qu’importe ce qu’en pense la critique, c’est un silence qui vit le
combat, à sa manière, un peu comme le semeur contemple son champ, après les
labours. Le petit bourgeois ne comprendra jamais ça, la ligne de partage entre
la nature et le monde de l’art, de la famille et de la prophétie. Ce qui est
impossible en littérature est idéalisé dans les grandes espérances de la
foi. C’est cela, notre patrie intime. Pour la suite, nous demeurons
en mode solutions, avec cette soif de liberté, unis par le sang sacré de nos
ancêtres. Ils se nomment Pierre, Jean, Jacques; ils se situent actuellement
au-delà des frontières géographiques ou psychologiques. Dans tous les coins et
recoins de l’île, dans tous les sens, leurs oeuvres ont fleuri, jusqu’à créer
un jardin, petit mais luxuriant, dans notre conscience historique. Ainsi, nous
sommes du côté de l’idée de préservation et de reconstruction. Une telle
réflexion est cruciale. D’abord, se pose la question du contexte; le contraste
en est d’autant plus fort. À vous, lecteurs, et à dans l’esprit de nos
ancêtres, souhaitons, bien plus, harmonie et profonde satisfaction dans le
déroulement de nos journées, sous des cieux paisibles et aussi beaux… que
la Splendeur de nos églises, de nos vieilles maisons, granges, terres, fleuves,
saintes fleurs, ponts, lacs et rivières; joli kaléidoscope, avec les papillons
monarques et les oiseaux du cosmos, souvenirs emportés sur les ailes du temps,
jusqu’au sommet du clocher, là où monte une fumée blanche, comme pour
l’élection d’un nouveau pape.
22 mars, 2020
18 mars, 2020
Être socialiste rendrait intolérant et peu généreux ?
Le socialisme et l’étatisme, qu’ils soient de droite ou de gauche, ne mènent qu’à une société de personnes intolérantes et repliées sur elles-mêmes.
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- Par Alexis Vintray.
Les personnes de gauche et, plus généralement, les interventionnistes de tout bord, sont les premiers à revendiquer les valeurs de tolérance et de générosité.
En particulier pour cette dernière valeur, le fait de vouloir utiliser l’État à des fins « sociales » est présenté comme gage de générosité.
L’INTOLÉRANCE, UNE VALEUR DE GAUCHE ?
L’intolérance est une maladie contagieuse car elle contamine toujours ceux qui la combattent. Raymond Aron.
La phrase pourrait s’appliquer à la gauche française qui a fait de la lutte contre l’intolérance un de ses chevaux de bataille. Et pourtant, à en croire la sociologue réputée, et de gauche, Anne Muxel, elle se révèle largement moins tolérante que la droite.
Anne Muxel a mené une étude sociologique pour connaitre comment les gens de droite et de gauche réagissaient face à des proches ne partageant pas leurs idées.
Le constat a été sans appel : les personnes se disant de droite se montrent beaucoup plus tolérantes que celles se déclarant de gauche.
Ce qui explique cette plus grande tolérance de la droite, c’est sa culture de la liberté (et donc l’influence libérale) à en croire Anne Muxel dans son ouvrage Toi, moi et la politique, amour et conviction.
La sociologue résumait ainsi les conclusions de ses travaux sur France Inter :
Ça a été une surprise pour moi dans la mesure où les valeurs de tolérance, de respect de la différence, du respect de l’autre font partie d’une culture en tout cas revendiquée par la gauche. [Pourtant] il y a une plus grande difficulté pour les personnes qui se classent à gauche d’accepter la divergence politique dans la sphère privée[…] La culture de la droite suppose la liberté, la liberté de l’autre de penser, de vivre et d’être comme il veut. Cela suppose une plus grande ouverture.
Ces résultats d’une étude sociologique se retrouvent sans surprise confirmés par l’étude de la générosité respective des personnes de droite et de gauche.
LA GÉNÉROSITÉ, UNE VALEUR LIBÉRALE, ET NON ÉTATISTE OU DE GAUCHE
Arthur Brooks est docteur en économie, spécialiste des sciences sociales et d’économie comportementale.
Dans Who really cares (Basic Books, 2006), il étudie les comportements respectifs des conservateurs et des liberals (gauchistes) américains en matière de générosité1.
Ces deux positions ont une traduction concrète dans le comportement des individus qui s’en revendiquent2: ceux qui « pensent que le gouvernement devrait mener une politique de redistribution plus forte » donnent… nettement moins à des associations ou aux moins fortunés que ceux qui veulent réduire le rôle de l’État.
Cela alors que les premiers ont un revenu supérieur de 6 % aux seconds.
Là encore, c’est la culture individualiste qui explique en grande partie cette différence de générosité en fonction des opinions politiques.
Ceux qui font confiance à l’individu et non à l’État pour aider autrui donnent plus.
Ceux qui en appellent à l’action de l’État donnent nettement moins et se reposent sur les autres pour aider les moins fortunés. Ils n’ont aucun droit à revendiquer la notion de générosité dont ils parlent mais qu’ils ne mettent pas en pratique.
On retrouve exactement le même schéma pour le don du sang : les personnes de droite donnent nettement plus souvent leur sang que celles de gauche. Si ces dernières ainsi que celles du centre donnaient autant que celles de droite, il y aurait 45 % de don du sang en plus aux États-Unis selon Brooks !
If liberals and moderates gave blood at the same rate as conservatives, the blood supply of the United States would jump about 45 %.
Une autre comparaison intéressante qui vient à l’appui des conclusions d’Arthur Brooks est celle entre les États-Unis et le Canada.
Comme l’écrit Martin Masse (depuis le Canada) :
« On pourrait croire qu’une société comme le Québec, où les mots solidarité, équité et compassion sont sur toutes les bouches, une société qui « résiste au vent froid de droite qui souffle sur le reste du continent » comme se plaisent à nous répéter nos politiciens défenseurs du « modèle québécois », est un endroit où les individus font preuve d’une plus grande générosité qu’ailleurs. Comparés à ces Anglosaxons matérialistes et individualistes du reste du continent, ne sommes-nous pas une grande famille généreuse et tricotée serrée ?
Eh bien non. Comme des sondages et études le montrent année après année, les Canadiens sont moins généreux que les Américains, et les Québécois sont les moins généreux des Canadiens. Ils sont donc les Nord-Américains qui contribuent le moins aux œuvres de charité. Une étude du Fraser Forum de décembre 2000 (Canadian & American Monetary Generosity) qui compare tous les États américains et provinces canadiennes en termes de générosité (nombre de donateurs et montants donnés) place les provinces au bas de la liste. C’est l’Alberta, paradis du conservatisme et de la fiscalité minimale au pays, qui fait meilleure figure. Le Québec est bon dernier.
Cette réalité n’est pas si surprenante et l’explication en est fort simple. Le contribuable québécois doit supporter l’État le plus lourd sur le continent et est forcé de contribuer au financement d’un tas de programmes sociaux pour les plus démunis, dont un Fonds spécial de lutte contre la pauvreté. Logiquement, il se dit qu’il fait déjà sa part. Pourquoi donner une seconde fois à des œuvres privées, alors qu’on est déjà obligé de donner pour des programmes publics ?
Les Québécois ne sont pas plus égoïstes que les autres Nord-Américains, ils agissent de façon rationnelle dans le contexte socialiste qui est le leur. Les Albertains aussi, eux qui sont les moins taxés au pays. Ils se sentent logiquement plus responsables et contribuent donc plus à des œuvres privées.
Le résultat est cependant loin d’être le même sur le plan de la moralité. Les donateurs privés peuvent prétendre être véritablement généreux : c’est leur argent à eux qu’ils donnent, de façon libre et volontaire. Au contraire, la charité publique n’est qu’une vaste tromperie socialiste. Ceux qui y contribuent sont forcés de le faire. Et ceux qui s’en attribuent le mérite, nos gouvernants, ne sont en réalité que des bandits de grand chemin et des hypocrites. »
CONCLUSION
La liste des travaux appuyant ces conclusions serait sans fin, mais la logique reste toujours la même. À force de demander à l’État de tout faire, on finit par ne plus rien faire soi-même pour l’autre. Tendre vers toujours davantage de socialisme et d’étatisme, c’est se diriger vers une société fermée. Le socialisme et l’étatisme, qu’ils soient de droite ou de gauche, ne mènent qu’à une société de personnes intolérantes et repliées sur elles-mêmes.
Aller vers une société ouverte implique de responsabiliser l’individu, de cesser de tout confier à l’État pour rendre le pouvoir à celui qui en est la source : l’individu.
Comme certains le disent bien : « je n’ai pas trahi mon idéal socialiste en devenant libéral. »
Tout individu de bonne foi souhaitant réellement l’épanouissement de l’individu dans une société ouverte et tolérante ne peut désirer qu’une société de liberté.
Lire aussi :
Charité capitaliste vs charité étatiste
Les idées charitables de Bill Gates, Robert Barro
Karl Popper, La Société ouverte et ses ennemis
Les idées charitables de Bill Gates, Robert Barro
Karl Popper, La Société ouverte et ses ennemis
Cet article est paru originellement sur la première version de Contrepoints.
Article initialement publié en octobre 2010.
- Il faut noter que tous les conservateurs américains se retrouvent dans la défense du capitalisme libéral, ce qui n’est pas le cas de la droite française. ↩
- Plus précisément, les convictions politiques sont un des trois facteurs qui influent sur la générosité des individus, avec la religion et la structure familiale. ↩
15 mars, 2020
11 mars, 2020
Environnement : les pays riches sont plus propres et plus sûrs que les pays pauvres
En rejouant le scénario du paradis perdu et du bon sauvage, le versant décroissant du discours écologiste développe une vision décliniste de la civilisation industrielle. Les pays riches sont réputés être des enfers environnementaux quand la pauvreté serait la « garantie » d’un environnement sain. De nombreux chiffres et indicateurs infirment pourtant ce mythe.
Le nombre de victimes de catastrophes naturelles
Le premier indicateur à remettre en question les vertus environnementales des sociétés pauvres est le nombre de victimes de catastrophes naturelles. Ainsi que le montrent les figures 1 et 2, ce nombre n’a jamais été aussi faible à l’échelle mondiale depuis le début du XXème siècle. De manière spectaculaire, le nombre de victimes a décru en dépit de la croissance de la démographie.
Le tableau 1 présente - en valeurs médianes annuelles - les décès, les victimes et le coût des catastrophes naturelles selon le niveau de développement propre à un groupe de pays. D’une manière prévisible, les pays les plus exposés aux catastrophes naturelles sont les pays les moins développés. Moins un pays est développé, moins il parvient à absorber le coût des catastrophes naturelles sur le plan économique et humanitaire.
Les universités de Yale et de Columbia publient régulièrement un indice de performance environnementale. La figure 3 montre l’existence d’une corrélation positive entre le PIB par habitant et la qualité de l’environnement.
Comment ce score est-il possible ? Il peut en effet paraître étrange dans un contexte où les pays riches ne cessent d’être accusés de détruire l’environnement par leurs activités émettrices de CO2 et certes ce sont eux qui en émettent le plus (figure 4). Mais à force de cristalliser les débats autour des gaz à effet de serre, on oublie que les pays pauvres sont soumis à d’autres fléauxtout aussi ravageurs pour l’environnement.
Environnement : problèmes de riches et problèmes de pauvres
Si l’on en croit la base de données du Fonds monétaire international, le classement des 10 pays les moins bien lotis en matière de PIB par habitant (PPA) s’établissait comme suit en 2018.
1 - Madagascar
2 - Sierra Leone
3 - Soudan du Sud
4 - Liberia
5 - Mozambique
6 - Niger
7 - Malawi
8 - République démocratique du Congo
9 - Burundi
10 - République centrafricaine
2 - Sierra Leone
3 - Soudan du Sud
4 - Liberia
5 - Mozambique
6 - Niger
7 - Malawi
8 - République démocratique du Congo
9 - Burundi
10 - République centrafricaine
Sans surprise, ces pays peuvent se targuer d’être “vertueux” si l’on s’attache principalement au critère des activités émettrices de CO2 (figure 4).
Mais, comme nous l’avons dit plus haut, le CO2 n’est pas le seul critère à considérer pour évaluer la qualité de l’environnement. La base de données du Institute for Health Metrics and Evaluation indique qu’on retrouve des facteurs environnementaux parmi les principales causes de mortalité dans les 10 pays les plus pauvres de la planète.
Principales causes de mortalité en 2017 pour les dix pays les plus pauvres de la planète
Madagascar
1 - Maladies diarrhéiques
2 - Troubles néonatals
3 - Infections respiratoires aiguës
4 - Malnutrition
5 - AVC
1 - Maladies diarrhéiques
2 - Troubles néonatals
3 - Infections respiratoires aiguës
4 - Malnutrition
5 - AVC
Sierra Leone
1 - Paludisme
2 - Infections respiratoires aiguës
3 - Troubles néonatals
4 - Maladies diarrhéiques
5 - Cardiopathie ischémique
1 - Paludisme
2 - Infections respiratoires aiguës
3 - Troubles néonatals
4 - Maladies diarrhéiques
5 - Cardiopathie ischémique
Soudan du Sud
1 - Infections respiratoires aiguës
2 - Maladies diarrhéiques
3 - Troubles néonatals
4- Tuberculose
5 - Conflits et terrorisme
1 - Infections respiratoires aiguës
2 - Maladies diarrhéiques
3 - Troubles néonatals
4- Tuberculose
5 - Conflits et terrorisme
Libéria 1 - Paludisme
2 - Maladies diarrhéiques
3 - Troubles néonatals
4 - Infections respiratoires aiguës
5 - Cardiopathie ischémique
2 - Maladies diarrhéiques
3 - Troubles néonatals
4 - Infections respiratoires aiguës
5 - Cardiopathie ischémique
Mozambique
1 - HIV/AIDS
2 - Troubles néonatal
3 - Tuberculose
4 - Paludisme
5 - AVC
1 - HIV/AIDS
2 - Troubles néonatal
3 - Tuberculose
4 - Paludisme
5 - AVC
Niger
1 - Paludisme
2- Maladies diarrhéiques
3 - Infections respiratoires aiguës
4 - Troubles néonatals
5 - Méningite
1 - Paludisme
2- Maladies diarrhéiques
3 - Infections respiratoires aiguës
4 - Troubles néonatals
5 - Méningite
Malawi
1- HIV/AIDS
2 - Troubles néonatals
3 - Infections respiratoires aigües
4 - Tuberculose
5 - Maladies diarrhéiques
1- HIV/AIDS
2 - Troubles néonatals
3 - Infections respiratoires aigües
4 - Tuberculose
5 - Maladies diarrhéiques
République démocratique du Congo
1 - Paludisme
2 - Troubles néonatals
3 - Infections respiratoires aiguës
4 - Maladies diarrhéiques
5 - Tuberculose
1 - Paludisme
2 - Troubles néonatals
3 - Infections respiratoires aiguës
4 - Maladies diarrhéiques
5 - Tuberculose
Burundi
1 - Tuberculose
2 - Paludisme
3 - Troubles néonatals
4 - Infections respiratoires aiguës
5 - Maladies diarrhéiques
1 - Tuberculose
2 - Paludisme
3 - Troubles néonatals
4 - Infections respiratoires aiguës
5 - Maladies diarrhéiques
République centrafricaine
1 - Maladies diarrhéiques
2 - Troubles néonatals
3 - Infections respiratoires aiguës
4 - Tuberculose
5 - HIV/AIDS
1 - Maladies diarrhéiques
2 - Troubles néonatals
3 - Infections respiratoires aiguës
4 - Tuberculose
5 - HIV/AIDS
On constate que les infections respiratoires aiguës et les maladies diarrhéiques font partie des fléaux les plus récurrents. Ces problèmes sont d’essence environnementale puisqu’ils proviennent d’un défaut d’infrastructures sanitaires pour le traitement de l’eau ainsi que de la persistance de sources d’énergie rudimentaires pour les activités domestiques. Autant de défis que l’industrialisation de ces pays pourrait relever, même si elle implique d’émettre plus de CO2.
08 mars, 2020
04 mars, 2020
« Allons-nous renoncer à la liberté ? » de Carlo Strenger
La liberté comme conquête de la culture occidentale, qu’il s’agit de préserver.
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- Par Johan Rivalland.
À travers cet ouvrage, Carlo Strenger entend revenir à l’idée selon laquelle notre existence revêt une dimension tragique, que nous avons en partie perdue de vue sous l’effet des progrès techniques et scientifiques qui ont relégué les systèmes métaphysiques loin de nos consciences ou préoccupations.
La liberté résulterait ainsi d’une conquête, et ne serait nullement prédéterminée. C’est pourquoi il nous reviendrait de veiller à la préserver.
Or, selon lui, sous l’effet conjugué de l’insouciance et de la superficialité, attachées au « consumérisme passif » d’une part, et des assauts des fondamentalismes d’autre part, notre liberté serait en danger.
VERS UN EFFONDREMENT DE L’OCCIDENT ?
À la fois je comprends l’aversion de Carlo Strenger à l’égard de la superficialité d’un monde à la Festivus, festivus tel que pouvait le moquer un Philippe Muray, et à laquelle on peut tout à fait adhérer. Mais je regrette en revanche cette propension de nombre d’intellectuels, auxquels Carlo Strenger s’associe, consistant à rejeter de manière assez vive tout ce qui s’assimile à cette « société de consommation » tant exécrée, au point d’en souhaiter la mort.
Car, n’y a-t-il pas contradiction à rappeler, comme il le fait, que la plus belle réussite de la société occidentale est « sans conteste d’avoir permis aux individus de décider librement de leur existence, tout en offrant une grande diversité de modes et de styles de vie » et cette vision pessimiste d’intellectuels et écrivains qui « sont nombreux non seulement à prédire l’effondrement de l’Occident, mais aussi à l’appeler quasiment de leurs vœux » ?
Que l’on puisse déplorer la mentalité de consommateur de plus en plus répandue, soit, mais chacun – à mon sens – est libre de mener la vie qu’il veut ou qu’il peut. Tout le monde ne peut avoir pour modèle une approche philosophique et hautement intellectuelle de la liberté comme peut l’avoir Carlo Strenger.
Même si j’adhère à l’idée que « la véritable liberté est une conquête, fruit d’un dur labeur » et ne va jamais de soi. Et, même si j’apprécie la référence à Isaiah Berlin sur les deux conceptions de la liberté, préférée à la vision rousseauiste de cette même liberté.
L’auteur entend surtout nous éveiller sur le fait que nous sommes fragilisés par l’attitude très répandue qui consiste à tout attendre de « responsables », politiciens et forces de l’ordre en premier lieu, face aux différentes crises qui nous touchent (crise des réfugiés, attentats islamistes, ou autres). L’État, en quelque sorte, pourrait-on dire. Et ce ne sont pas les libéraux qui affirmeront le contraire.
UNE VISION ASSEZ PESSIMISTE
À cet égard, il conteste la vision rousseauiste si répandue en France du « Soi authentique », qui relèverait de la mystification et ne ferait au contraire que créer du ressentiment.
L’auteur semble éprouver une certaine admiration pour Michel Houellebecq, et partage en bonne partie son pessimisme. Mais il rejoint aussi Benjamin Barber dans sa critique virulente de la société capitaliste :
Un nombre croissant d’individus développeraient une mentalité de consommateur passif, ne s’intéressant qu’au shopping, à la télé et aux jeux vidéo ; et, selon lui, les conséquences sur la démocratie seraient catastrophiques […] Les débats télévisés, censés permettre aux hommes politiques d’exposer leurs convictions, prennent de plus en plus des allures d’émission de divertissement. Au lieu de s’intéresser au fond et au contenu, les citoyens évaluent les candidats sur des détails superficiels : ceux qui friment et qui, à l’aide d’une rhétorique agressive, offrent des solutions simples à des problèmes complexes. La politique vire ainsi toujours plus au show-business.
Les gens étaient-ils mieux informés avant ? ai-je envie de demander, même si je partage pleinement le constat. Est-ce vraiment la faute du capitalisme ? D’autres systèmes valent-ils mieux ? N’est-ce pas plus simplement la démocratie qui est en cause ? (mais que proposer d’autre ?).
Puis il poursuit :
Christopher Lasch, historien et sociologue américain, ne s’est pas privé de reprocher aux classes dirigeantes de son pays leur manque d’intérêt pour le bien commun : riches et puissants cultivent l’entre-soi dans leur petit monde narcissique, tout en profitant des instruments que la société met à leur disposition : système de santé, éducation, forces de l’ordre, système judiciaire, etc. À la différence des bourgeoisies européenne et américaine des XVIIe et XIXe siècles qui avaient pris une part active à l’établissement d’institutions sociales, culturelles et académiques, ces classes dirigeantes ne se sentent aucune obligation d’engagement social ou politique.
Voilà qui pourrait renforcer l’idée que ce serait davantage la démocratie qui serait en cause que le capitalisme. Ou, pour être plus précis, d’un point de vue libéral, nous y verrions plutôt les effets nocifs du « capitalisme de connivence ».
S’appuyant sur les écrits d’Alain Finkielkraut, il y verrait également et surtout un problème de perte de la culture partagée. Si je suis globalement d’accord là encore sur le constat, pour autant je n’adhère pas au lien de causalité avec le capitalisme. Ce n’est pas ce dernier, me semble-t-il, qui est coupable une fois encore de tous les maux, mais bien plutôt à mon sens les choix politiques effectués en matière d’éducation.
Et si l’auteur s’en prend, comme beaucoup, aux politiques qualifiées de « populistes », ainsi qu’aux poncifs habituels sur le réchauffement climatique ou au développement des inégalités, j’y verrais plutôt une conséquence des orientations passées des politiques au pouvoir et de ce capitalisme de connivence que j’évoquais précédemment que de tout autre chose.
LA LIBERTÉ EN TANT QUE DISCIPLINE
On retrouve cette obsession de la mentalité de « consommateur » chez des personnalités comme Éric Zemmour, qu’il cite d’ailleurs ; et j’espère y revenir prochainement, en analysant un certain débat où il en est question, si je trouve le temps – et il le faudra car cela me tient à cœur.
Carlo Strenger poursuit ensuite son raisonnement avec une critique du « droit au bonheur » et du « Vrai soi » rousseauiste, suivi d’une évocation de la tragédie de la liberté, à travers les tragiques modernes et la psychanalyse.
Se livrant à un plaidoyer en faveur de l’ascèse épicurienne, il se défend toutefois de toute critique simpliste de la société de consommation, dont il reconnaît profiter lui-même de certains aspects, mais souligne le caractère insipide de la culture populaire occidentale et tente d’analyser « le vide chronique que ressentent constamment de nombreux individus […] dans notre société d’abondance ».
Il présente ensuite les principales idées du courant existentialiste en philosophie, avant de montrer que ce qui définit l’islamisme radical et le terrorisme qui en est issu vient de cette « peur de la liberté » et de l’autonomie individuelle qu’elle suppose.
Pour conclure que, face aux craintes qui nous guettent, nous nous devons de profiter des moyens intellectuels et culturels dont nous disposons pour défendre nos valeurs fondamentales et le sens de la vie qui passe à travers elles.
Car ce sont elles, nous dit-il, qui définissent le socle de notre liberté. Liberté que nous devons envisager comme une véritable discipline. S’appuyant de nouveau sur Isaiah Berlin, Freud, ou encore Karl Popper, Carlo Stenger conclut sur l’idée selon laquelle :
Le développement de l’ordre libéral ne doit donc en aucun cas être énoncé dans un style hagiographique ; il doit être narré en tant qu’aventure, avec pour objet la tentative permanente d’élaborer de façon sensée, juste et rationnelle la complexité de l’existence humaine – une tentative dont le résultat positif ne peut jamais être garanti.
Malheureusement, l’auteur – qui se présente comme un libéral de gauche – cède à ce travers classique auquel je n’adhère aucunement, consistant à nous inviter à nous méfier et éviter à tout prix de « céder à l’impératif de la pensée néo-libérale, qui évalue tout à l’aune de critères économiques, et qui conduit quantité d’étudiants à choisir des filières leur permettant de décrocher plus tard un emploi lucratif. »
Ce à quoi je ne puis que lui répondre qu’il fait fausse route, comme beaucoup. Qu’au-delà de la critique de l’usage de ce terme de néolibéral, je ne puis que l’engager à lire la réponse suivante (parmi plusieurs autres) :
Ou encore ce gage de bonne foi, s’il est utile : Non, les libéraux ne pensent pas que le monde se réduit à la distraction et la superficialité, faisant fi de la culture !
Cessez donc de leur coller cette étiquette outrageuse qui ne correspond en rien à la réalité !
Carlo Spenger, Allons-nous renoncer à la liberté ?, Belfond, février 2018, 176 pages.
01 mars, 2020
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