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20 février, 2019

L’écart salarial entre hommes et femmes s’explique par des choix de carrière

Le « fossé salarial entre hommes et femmes » est un mythe.

Un article de la Foundation for Economic Education
Le fossé salarial entre hommes et femmes est un mythe qui a fait plus de victimes que Michael Myers.
« L’écart salarial entre hommes et femmes est plus grave que ce que l’on pensait : une étude montre que les femmes gagnent en réalité moitié moins que les hommes », annonçait récemment la NBC, citant un rapport intitulé « Le marché du travail reste masculin » publié par l’Institute for Women’s Policy Research, basé à Washington, qui affirmait que les femmes gagnaient 49 % du salaire des hommes.

LE FOSSÉ SALARIAL HOMMES-FEMMES N’EST PAS CE QUE VOUS CROYEZ

À quoi pensez-vous lorsque vous entendez l’expression « écart de rémunération entre hommes et femmes » ? Sans doute à un homme et à une femme effectuant le même travail au même endroit, à ceci près que lui gagne plus qu’elle. Pourtant, ce type de discrimination est illégal aux États-Unis depuis l’adoption de la loi sur l’égalité de rémunération (Equal Pay Act) en 1963.
Mais ce n’est pas ce que l’on entend généralement par « écart de salaire entre hommes et femmes».
En réalité, le chiffre communément rapporté – selon lequel une femme gagne 80 cents contre un dollar pour un homme – est calculé en prenant le total des sommes gagnées par les hommes au cours d’une année donnée dans l’économie américaine et en le divisant par le nombre de travailleurs masculins. Cela vous donne le salaire moyen masculin aux États-Unis.
Ensuite, vous faites la même chose mais cette fois pour les femmes. Le salaire annuel moyen des femmes représente environ 80 % de celui des hommes.
Et voilà, vous avez obtenu un écart salarial entre hommes et femmes.

LES PERSONNES TRAVAILLANT MOINS GAGNENT MOINS

C’est cela, rien de plus. Cela tiendrait sur le dos d’un paquet de cigarettes. Cette approche ne tient aucun compte de la multitude de facteurs susceptibles d’expliquer cet écart. Elle ignore le fait que, selon le Bureau of Labor Statistics (BLS), en 2017, les hommes travaillent en moyenne 8,05 heures par jour en moyenne, contre 7,24 heures pour les femmes.
Certes, les femmes sont plus susceptibles d’élever des enfants, de prendre soin de membres âgés de leur famille ou de faire le ménage, ce qui leur laisse moins d’heures dans la journée pour un emploi rémunéré. Mais cela ne change rien au fait essentiel : il est logique que les personnes travaillant moins gagnent moins en moyenne.

COMPARER CE QUI N’EST PAS COMPARABLE

De plus, il existe des différences dans le type d’emplois occupés par les hommes et les femmes, ce qui influe sur leurs revenus. Les données du BLS montrent qu’en 2017, 94 % des travailleurs des services de garde d’enfants étaient des femmes, soit le pourcentage le plus élevé de toutes les catégories. Le salaire annuel moyen des travailleurs des services de garde d’enfants était de 23 760 dollars. En revanche, seulement 2,9 % des travailleurs de l’exploitation forestière étaient des femmes, soit la part la plus faible de toutes les catégories, le salaire annuel moyen étant de 42 310 dollars.
L’étude menée par l’Institute for Women’s Policy Research ne tient aucun compte de ces différences. En effet, ses auteurs rejettent explicitement toute analyse qui s’appuierait sur « les différences professionnelles ou les prétendues choix des femmes ».
Son affirmation principale consiste à réfuter le chiffre de 80 cents. En réalité, les femmes gagneraient beaucoup moins, soit 49 cents pour chaque dollar gagné par un homme.

UN PROBLÈME DE MÉTHODOLOGIE

Les auteurs, Stephen J. Rose et Heidi I. Hartmann – énumérés dans cet ordre, non par un quelconque sexisme, mais tels qu’ils sont présentés sur la couverture de leur rapport – parviennent à cette conclusion en prenant un ensemble de données de 2001-2015 et en mesurant les salaires annuels moyens sur toute la période pour les personnes qui ont travaillé, quel que soit le nombre d’heures, au cours d’une de ces années, puis en comparant les moyennes globales des hommes et des femmes, et de même pour divers sous-ensembles d’hommes et de femmes.
Les travailleurs ayant été employés à temps plein pendant toute la période de 15 ans sont ainsi regroupés avec ceux n’ayant travaillé qu’à temps partiel ou occasionnellement.
Au lieu de commencer par une observation (la statistique des 80 cents) et d’examiner les causes possibles, Hartmann et Rose sont partis d’un postulat (le sexisme rampant) et ont procédé à une version à peine plus élaborée du calcul sur le dos d’un paquet de cigarettes pour le confirmer. Ce n’est pas ainsi que la recherche en sciences sociales devrait être menée. C’est même tout le contraire.

UNE NOUVELLE ÉTUDE À HARVARD

En fait, si nous voulons vraiment mesurer l’impact du sexisme sur les salaires relatifs des hommes et des femmes, nous devons nous pencher sur des hommes et des femmes faisant exactement le même travail au même endroit. C’est la méthode retenue par une nouvelle étude de Valentin Bolotnyy et Natalia Emanuel de l’Université de Harvard – énumérés, cette fois encore, dans l’ordre dans lequel ils sont présentés dans leur travail.
Ils examinent les données de la Massachusetts Bay Transportation Authority (MBTA). Il s’agit d’une entreprise syndiquée aux salaires horaires uniformes : hommes et femmes respectent les mêmes règles et bénéficient des mêmes avantages. Les travailleurs sont promus en fonction de leur ancienneté plutôt que de leurs performances. Les travailleurs et les travailleuses de la même ancienneté ont les mêmes choix en ce qui concerne les horaires, les itinéraires, les vacances et les heures supplémentaires. Il n’y a pratiquement aucune possibilité pour un patron sexiste de favoriser les hommes par rapport aux femmes.

POURQUOI CES DIFFÉRENCES ENTRE LES CONDUCTEURS DE TRAIN ET DE BUS DES DEUX SEXES ?

Et pourtant, même ici, Emanuel et Bolotnyy constatent que les conducteurs de trains et les chauffeurs de bus de sexe féminin gagnent moins que leurs homologues de sexe masculin. Partant de ce constat, ils ont recherché les causes possibles, examinant les cartes de pointage et les horaires de 2011 à 2017 et tenant compte du sexe, de l’âge, de la date d’embauche, de la durée de l’emploi mais également si l’employé était marié ou avait des personnes à charge.
Ils ont découvert que les conducteurs de train et les chauffeurs de bus de sexe masculin effectuaient environ 83 % plus d’heures supplémentaires que leurs collègues féminins. Ils étaient deux fois plus susceptibles d’accepter des heures supplémentaires – payées chacune davantage. Les femmes étaient deux fois plus nombreuses que les hommes à ne jamais prendre d’heures supplémentaires.
Les travailleurs masculins avaient pris 48 % moins d’heures non rémunérées pour raisons familiales, en vertu de la loi sur les congés médicaux (Family Medical Leave Act), chaque année. Les travailleuses étaient plus susceptibles de choisir des itinéraires moins favorables si cela signifiait travailler moins les nuits, les week-ends et pendant les vacances. La parentalité s’est révélée un facteur important. Les pères sont plus enclins que les hommes sans enfant à faire des heures supplémentaires. Les mères souhaitent davantage de temps libre que les femmes sans enfant.

LE FOSSÉ SALARIAL EST UN MYTHE

En d’autres termes, la différence entre les gains des hommes et des femmes à la MBTA s’explique par les « prétendues choix des femmes », que Hartmann et Rose avaient si dédaigneusement écartés.
Les auteurs ont conclu :
L’écart de 0,89 dollars dans notre contexte peut s’expliquer entièrement par le fait que, tout en ayant les mêmes possibilités sur le lieu de travail, les femmes et les hommes font des choix différents.
Le « fossé salarial entre hommes et femmes » est donc un mythe qui a fait plus de victimes que Michael Myers. Pourtant, les politiciens ressentent toujours le besoin de vénérer cette idole imaginaire. La Maison Blanche, sous Obama, était obsédée par ce chiffre ridicule de 80 %.
Si nous cessions de poursuivre ces chimères au profit de recherches sérieuses sur les différences de revenus ?
Traduit de l’anglais par Gérard-Michel Thermeau pour Contrepoints

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