Le
ministre Poëti et le maire Coderre s’entendent comme larron en foire pour
tuer dans l’œuf le service de covoiturage UberX. Je crois qu’ils devraient y
penser à deux fois. Les usagers pourraient bien leur en faire payer le prix aux
urnes, car le service est très populaire.
Voici comment fonctionne le service de taxi à Montréal : je
me pointe sur la rue et j’espère qu’un taxi arrivera rapidement. S’il pleut ou
neige, mes chances sont nulles. J’espère que le chauffeur ne sera pas
désagréable si la course est trop courte, trop longue ou dans la mauvaise
direction. Je dois lui expliquer le chemin dans les moindres détails. Si je
suis chanceux, l’auto sera en bonne condition et ne sentira pas la cigarette ou
le vomit. Dans tous les cas, il s’attend à un généreux pourboire. Il compte
là-dessus pour boucler ses fins de moi.
Maintenant, voici comment fonctionne le service de taxi Uber
: j’ouvre mon téléphone, j’actionne un bouton et mon téléphone s’occupe du
reste. J’obtiens l’emplacement de la voiture la plus près, le nom et la photo
du chauffeur, le délai approximatif, les commentaires des clients et combien
coûtera la course incluant le pourboire. Le conducteur est courtois et l’auto
est impeccable. Les frais de la course sont automatiquement débités à ma carte
de crédit.
Sans surprise, l’industrie du taxi crie au scandale, à
l’injustice et demande aux politiciens d’intervenir pour protéger leur
monopole. Depuis le 1er décembre, les propriétaires de taxis montréalais
doivent payer 5$ par mois par voiture, afin d'alimenter un fonds géré par le
Comité provincial de concertation et de développement de l'industrie du taxi.
En février 2015, cette contribution sera réduite à 2$ par mois. Le Comité
compte utiliser l'argent récolté auprès des propriétaires de taxi pour faire
peur aux utilisateurs d’Uber. Un comité de bureaucrates aveugles qui n’ont rien
vu venir.
Vraiment ces gens-là n’ont rien appris! Est-ce que les
protestations et les demandes de protection de l’Union des artistes a permis de
protéger l’industrie de la musique? Est-ce que les protestations des écrivains
et des éditeurs a ralenti la popularité du livre électronique? Est-ce que les
protestations et le lobby de l’industrie de l’hôtellerie nuisent à la
croissance du très populaire service Airbnb?
De tout temps et dans tous les domaines, les meilleurs
produits et services finissent toujours par triompher. La technologie
qu’utilise Uber est bien supérieure à celle de l’industrie du taxi et le
service est très populaire. Dans le mode de covoiturage (UberX) les frais sont
de 20 % à 30 % moins chers que le taxi. Le modèle d’affaire du taxi montréalais
qui dépend de la réglementation pour protéger son monopole est condamné à
disparaître. Il a fait son temps.
La stratégie du Comité provincial de concertation et de
développement de l’industrie du taxi qui consiste à taxer les chauffeurs pour
financer une campagne de peur est vouée à l’échec. Les chauffeurs s’opposent à
cette cotisation. Ils doivent déjà trimer 12 heures par jour pour un salaire
minable. La dernière chose dont ils ont besoin est une ponction additionnelle,
si minime soit-elle. Une campagne de peur sera peu crédible compte tenu de l’état
plutôt délabré des chauffeurs et des voitures de taxi. Si je me fie à
l’adage : parlez-en en bien, parlez-en en mal, mais parlez-en, cette
campagne profitera surtout à Uber. Rappelez-vous la grève des taxis en Europe.
Les inscriptions au service Uber ont explosé.
Le lobby de l’industrie n’aura pas plus de succès auprès des
politiciens. La popularité du service les rend particulièrement frileux à
l’idée de favoriser l’industrie du taxi. Les autorités de la ville d’Ottawa tentent
d’enrayer l’application covoiturage en imposant des amendes salées aux
participants (845 $). Ce stratège peut ralentir la croissance du service, mais
c’est une bataille d’arrière-garde qui, compte tenu de sa popularité, risque de
coûter cher aux élus municipaux. D’ailleurs, le maire de Toronto, John Tory,
l’a bien compris. Il a invité ses confrères à éviter la judiciarisation du
dossier.
Les autorités fédérales sont plus pragmatiques. L’Agence
fédérale chargée de promouvoir la concurrence s’est prononcée en faveur du
service Uber. Elle propose même aux élus de favoriser l’essor du covoiturage
pour le plus grand bien des consommateurs.
Je conçois facilement la détresse des propriétaires de taxis
qui ont payé 200 000 $ pour acquérir une licence qui demain ne vaudra rien.
C’est à ce problème qu’il faut s’attaquer. D’ailleurs, la publication de l’IÉDM, Les
applications de covoiturage commercial et l'avenir du transport urbain, offre des pistes de solutions
intéressantes à ce problème. Le dragon, Alexandre
Taillefer, propose une autre solution.
Je vous propose de visionner l’excellente entrevue avec Jasmin Guénette,
vice-président de l'Institut économique de Montréal, à propos des applications
de covoiturage et des solutions possibles pour compenser les chauffeurs de taxi
propriétaires de leurs permis, diffusé le 21 novembre 2014 sur les ondes du
canal Argent.
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