Il y a quelques jours, j’ai dû prendre un taxi pour aller à
l’aéroport Trudeau. La gentillesse du chauffeur n’a pu me faire oublier l’état
lamentable du véhicule. Il était usé à la corde. L’odeur s’apparentait plus à
une poubelle qu’à ce qu’on est en droit d’attendre d’un taxi.
Mais, grâce à Uber, cela pourrait bientôt être une chose du
passé. Uber est une application pour téléphone intelligent qui permet de
commander un taxi. On télécharge l’application, on enregistre nos données
personnelles et notre numéro de carte de crédit et voilà. Non seulement son
utilisation est d’une simplicité désarmante, mais en plus, Uber me permet de
voir la photo du conducteur, le modèle et l’emplacement de la voiture, le délai
d’attente et le coût approximatif de la course. Ensuite, l’application se
charge de débiter ma carte de crédit incluant le prix de la course et le
pourboire et me transmet un reçu par internet. Je préférerais avoir le choix du
pourboire, mais ça viendra.
On est bien loin des centrales téléphoniques des compagnies
de taxis.
À ce jour, seuls les taxis peuvent utiliser le service de
répartition Uber. Mais la compagnie recrute maintenant des véhicules privés
pour son service de covoiturage uberPOP. Ce service, déjà présent dans
plusieurs villes d’Europe, recrute des chauffeurs qui n’ont pas de licence de
taxi et ne paient pas de frais mensuels à des intermédiaires comme Taxi
Diamond. Leurs tarifs seront donc nettement inférieurs à ceux des taxis pour le
plus grand bénéfice des consommateurs.
Les chauffeurs d’uberPOP sont non professionnels, titulaires
d’un permis de conduire depuis plus de trois ans et possèdent une assurance
personnelle pour leur véhicule. La voiture doit être une quatre portes compacte
ou une berline standard de moins de six ans, en excellent état. Uber affirme
vérifier les antécédents criminels de ses conducteurs et a une politique de
tolérance zéro s’il y a des infractions.
Donc, uberPOP offrira un service de meilleure qualité à
moindre coût, de quoi secouer les puces de l’industrie du taxi montréalaise. Il
était temps, car malgré les belles promesses, les coûts augmentent constamment,
mais la qualité des chauffeurs et des véhicules sont aléatoires.
Comme il fallait le prévoir, Benoît Jugand, directeur
général du Bureau du taxi de Montréal, crie à l’injustice. Il dénonce que les
participants d’uberPOP n’ont pas à se conformer aux lois et règlements en
vigueur. Toutefois, il oublie sciemment de mentionner que, dans ce dossier, le but
premier du Bureau du taxi est de protéger la valeur des permis de taxi qui
atteint la somme faramineuse de 200 000 $.
Un permis de taxi n’est qu’un bout de papier qui n’a aucune
valeur. Sa valeur réside dans le fait que les lois et règlements du taxi créent
une rareté artificielle en contingentant le nombre de permis. UberPOP, qui
facilitera la rencontre d’un chauffeur participant et d’un individu désirant se
déplacer entre les points A et B, permet de contourner ce problème. C’est la
même chose que si je demandais à mon voisin de m’amener là où je vais.
Alors, le vrai problème de l’industrie du taxi c’est que la
valeur des permis passera de 200 000 $ à 0 $. Les chauffeurs qui
comptaient sur la vente de leur permis pour financer leur retraite se
retrouvent « Gros-Jean comme devant ». Tout ça parce que les
politiciens sont intervenus dans une industrie où ils auraient mieux fait de
s’abstenir.
Mais je suis prêt à mettre ma main dans le feu que, sous
prétexte de sauver l’industrie et de protéger les citoyens, les politiciens
vont tout faire pour empêcher le déploiement d’uberPOP. Encore une fois, ce
sont les utilisateurs qui paieront la note.
Malheureusement, c’est devenu une constante au Québec :
dévaliser les contribuables et les consommateurs au profit des groupes
d’intérêt.
(Voir aussi l’excellente chronique
de François Cardinal )
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