Julien Denisot, Ingénieur (2008-présent)
Je vais élargir un peu la réponse. On ne peut pas se contenter de dire “c’est une idéologie ratée” s’il n’y a pas d’alternative qui tient la route en face.
D’abord, définissons :
- Communisme : les outils de productions ne sont pas privés
- Capitalisme : les outils de productions sont privés
Il est coutume de répondre : “le capitalisme fait aussi des morts”, et je trouve ce raisonnement biaisé. Mais la question est bonne, et il va falloir définir un critère de réussite : à partir de quand peut on dire qu’un système marche?
L’état initial, le point de départ, c’est la pauvreté. L’humanité n’est pas née riche ou dans l’opulence, et si on ne fait rien, par défaut les gens qui naissent pauvres meurent pauvre. L’objectif est donc de trouver un système permettant au plus grand nombre possible de sortir de cette pauvreté. Dire : dans un pays capitaliste, “des gens nés pauvres sont morts pauvres” n’est pas une preuve de l’échec du capitalisme, tout au plus de son imperfection. C’est ce qui se serait par défaut passé si on n’avait rien fait. Un échec complet, ce serait par exemple : “des gens nés non pauvres sont morts pauvres, et les pauvres sont aussi morts pauvres”.
Mon critère (criticable, évidemment), ce sera donc :
- un système fonctionne s’il sort plus de gens de la pauvreté qu’il n’en rentre
- la pauvreté se mesure en absolu. Pas en “pourcentage de gens qui gagnent x”, car sinon il suffit d’appauvrir tout le monde pour considérer qu’il y a moins de pauvres… (précisément ce que je reproche au calcul de seuil de pauvreté actuel, c’est un pourcentage).
Vu de ma fenêtre, voilà donc d’abord ce qu’on peut reprocher au communisme : De très nombreux régimes s’en sont réclamés, et pas un n’a réussi. On ne parle pas d’un ou deux essais, mais de plusieurs dizaines. En science, quand quelqu’un communique le mode opératoire d’une expérience, et que de nombreuses personnes indépendantes échouent à la reproduire, on en conclut raisonnablement que l’expérience ne marche pas. Ça n’est pas une preuve formelle, mais ça donne déjà une idée.
Maintenant, au regard de ces critères :
- Dans les pays communistes, la majorité a été appauvrie. On a constaté des famines, des épidémies là ou il n’y en avait pas auparavant. Des gens qui étaient nés non pauvres ont été appauvris (c’est le but), mais ça n’a pas permis de sortir les pauvres de la pauvreté.
- Pire : des gens ont été sans raison jetés dans des camps. Pour moi ça devrait être un critère d’échec à lui seul. Lénine, dont Mme Garrido nous dit qu’il est plus sympa que ce qu’on nous dit, a inventé les goulags. A son arrivée au pouvoir, il a mis en place une police politique, la Tchéka. Citons un de ses illustres chef : “Nous ne faisons pas la guerre contre des personnes en particulier. Nous exterminons la bourgeoisie comme classe. Ne cherchez pas, dans l'enquête, des documents et des preuves sur ce que l'accusé a fait, en acte et en paroles, contre le pouvoir soviétique. La première question que vous devez lui poser, c'est à quelle classe il appartient, quelle est son origine, son éducation, son instruction et sa profession”. C’est là aussi une constante dans les régimes communistes : l’autorité. Et ça leur est nécessaire : comment faites vous pour tout collectiviser si des individus refusent de rentrer dans ce modèle? Par la force…
- Je fais le parallèle : a t-on systématiquement vu des gens chercher à franchir les barbelés de pays capitalistes en disant “non ! je ne veux plus de libre échange”?
Côté capitalisme, tout dépend des pays. Certains s’en sortent, d’autres non, et certains vraiment pas; ce qui tend à montrer que tous les capitalismes ne se valent pas. Là dessus je vais citer le blog de dantou, très bien fait. Il y a :
- le capitalisme de connivence : Le capital appartient à des personnes privées, mais son acquisition s'est faite par des privilèges étatiques (réglementations, subventions, corruption, détournements, réserve fractionnaire des banques). Le capital est donc détenu par une oligarchie ayant mis directement ou indirectement la force de l'Etat à son service.
- le capitalisme libéral : Le capital appartient à des personnes privées qui l'ont acquis grâce à des échanges libres dans le cadre d’une économie de marché.
- Le capitalisme d’état : Le capital n'appartient plus désormais à des personnes privées, mais à l’état lui-même (une différence avec le communisme, c’est que ce dernier a pour objectif de supprimer l’état). Mais on est vraiment borderline par rapport à “est ce du capitalisme?”.
En France, nous avons fait le choix du capitalisme de connivence. On s’en sort avec du chômage de masse et de nombreux indicateurs en chute libre. Dans certains pays, ce choix de capitalisme de connivence ou d’état s’est là aussi accompagné d’autoritarisme plus ou moins prononcé, et c’est tout à leur déshonneur.
D’autres pays se rapprochent du capitalisme libéral, et pètent la forme. La Suisse en est un exemple.
Mais globalement, dans la majorité des pays capitalistes, il y a de moins en moins de pauvreté absolue. A l’échelle mondiale, depuis 1800 la population est passée de 1 à 7 milliards. Pourtant, malgré toutes ces nouvelles bouches à nourrir, l’humanité meurt moins de faim, et plus âgée. En France, dans les années 1800 on mourrait avant 40 ans. Aujourd’hui 80.
L’inconvénient du système capitaliste est que partout ou il passe, il creuse les inégalités. Mais est-ce important dès lors qu’il réduit la pauvreté?
Churchill résumait ça en : Le vice inhérent au capitalisme consiste en une répartition inégale des richesses. La vertu inhérente au socialisme consiste en une égale répartition de la misère.
Beaucoup de personnes se focalisent sur les inégalités. Pourquoi pas. Mais tout dépend de ce qu’on veut, et je préfère éradiquer la pauvreté qu’éradiquer les inégalités. Peut être est-il possible de mener les deux fronts à la fois, mais est ce que cela a déjà marché quelque part? (vraie question, je ne prétend pas savoir là dessus).
Ainsi, si le capitalisme semble a priori être une condition nécessaire pour qu’un système économique fonctionne, l’histoire a démontré que ça n’était pas une condition suffisante.
C’est pour cette raison qu’à ce jour, je choisis le modèle du capitalisme libéral (là vous pouvez jeter les tomates :D ). Si demain un pays trouve un modèle qui marche mieux, et sans renier les droits des individus, j’y souscrirai.
Ma conclusion, c’est que pour l’instant, le communisme a prouvé que partout ou il a été essayé il a échoué. Le capitalisme a prouvé que dans certains endroits ou il a été essayé, il a marché. Tout dépendra de ce qu’on définit comme critère de réussite, et on divergera sans doute sur les conclusions si on diverge sur les critères.
Mais si le but est de régler le problème de la pauvreté, à mon avis nous devrions nous concentrer sur ce qui a déjà marché pour ce faire. Et le communisme n’a pour l’instant rien prouvé, si ce n’est qu’il a échoué partout ou il a été essayé.
Une citation que j’adore pour finir :
“L’alternative n’est pas entre : plan ou pas de plan. La question est : de qui vient le plan? Chaque membre de la société doit il faire le plan pour lui même, ou est-ce un bienveillant gouvernement qui devrait seul faire le plan pour tous?”. Ludwig Von Mises.
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