Terrible constat que celui de Michel Turin, journaliste économique aux Échos, dans cet ouvrage : « Partout dans le monde, l’économie de marché est considérée comme une donnée, sauf à Cuba, en Corée du Nord… et en France. Les Français ne l’aiment pas, cette économie « capitaliste », et, comme rien ne peut se construire sans amour, la France passe à côté de la croissance mondiale, qui n’a jamais été aussi rayonnante depuis trente ans, et des bénéfices de la mondialisation. »
Retour sur un livre que j’avais moi-même un peu oublié, et au sujet duquel j’écrivais le compte-rendu suivant, à sa lecture en 2008.
Par Johan Rivalland.
Par Johan Rivalland.
La détestation de l’économie de marché et du capitalisme
Cet ouvrage part d’un constat indéniable et malheureux : les Français haïssent leur économie. L’auteur en montre les signes évidents, en les étayant de faits et de chiffres incontestables.
La détestation de l’économie de marché et du capitalisme, très spécifique aujourd’hui à la France, nous fait sombrer dans un étatisme dont même un pays communiste comme la Chine semble peu à peu s’éloigner. Marx est bien vivant, se porte bien et vit en France, comme le suggère Michel Turin en en faisant la démonstration. La popularité actuelle d’un Olivier Besancenot, par exemple, ne semble-t-elle pas conforter cette idée ?
L’auteur établit ensuite d’autres constats accablants, toujours appuyés sur de multiples faits, événements ou données chiffrées. Ainsi, les Français n’aiment pas leurs entreprises, la Bourse, ni même l’argent, chacun de ces éléments donnant lieu à un chapitre d’explications.
Syndicats, médias, professeurs, écrivains, journalistes, religieux, tout concourt à ce que ce sentiment soit entretenu et renforcé, sans discernement.
Syndicats, médias, professeurs, écrivains, journalistes, religieux, tout concourt à ce que ce sentiment soit entretenu et renforcé, sans discernement.
Pourquoi tant de haine ?
Mais pourquoi tant de haine ? s’interroge l’auteur dans une seconde partie.
Le poids de l’Histoire, de nos origines paysannes, l’attrait irraisonné pour la Révolution, l’héritage des Lumières, la haine injustifiée du libéralisme, au sujet duquel l’ignorance de nos concitoyens est grande, les postures des intellectuels, la confusion semée dans les esprits par le rôle des politiques, jamais à une contradiction près dans leurs discours comme dans leurs actes, les contorsions issues d’un patriotisme économique exacerbé et souvent malsain, comme les petits arrangements entre amis, tout mène à ce que le rejet de l’économie de marché soit aussi prononcé.
Le poids de l’Histoire, de nos origines paysannes, l’attrait irraisonné pour la Révolution, l’héritage des Lumières, la haine injustifiée du libéralisme, au sujet duquel l’ignorance de nos concitoyens est grande, les postures des intellectuels, la confusion semée dans les esprits par le rôle des politiques, jamais à une contradiction près dans leurs discours comme dans leurs actes, les contorsions issues d’un patriotisme économique exacerbé et souvent malsain, comme les petits arrangements entre amis, tout mène à ce que le rejet de l’économie de marché soit aussi prononcé.
Et que penser des rémunérations des grands patrons, de leurs échanges de bons procédés et de leur décalage croissant avec leurs salariés, même cadres ? s’interroge l’auteur, de l’ascenseur social qui est en panne ? Comment ne pas conforter l’idée que les petits sont toujours préférables aux grands, que la réussite est coupable et autres excès en tous genres qui caractérisent si bien notre pays et nos mentalités ?
L’invention bien française de l’économie mixte, le colbertisme, les interventionnismes en tous genres, le centralisme jacobin, voilà des spécificités dont on a bien du mal à se défaire et qui érodent sans cesse notre compétitivité et notre santé économique, compromettant notre avenir de manière préoccupante.
Que faire ?
Dès lors, que faire ? Tous les indicateurs économiques virent au rouge et manifestent un recul de la France dans tous les domaines, la rendant de moins en moins attrayante. Même nos retraites ne semblent plus assurées, par refus des fonds de pension ou des mécanismes de base, auxquels pourtant nos voisins s’ouvrent peu à peu par évidence. Où la haine du riche, de la Bourse et tous ces comportements primaires nous mèneront-ils ? Combien de temps encore fermera-t-on les yeux devant les réalités qui s’imposent, pour leur préférer les fantasmes et les utopies qui nous mènent droit dans le mur, faisant de nous Le dernier village gallo-soviétique, pour reprendre le titre de l’un des chapitres ?
Il est donc encore temps de se réconcilier avec l’économie, assène Michel Turin, de changer nos mentalités, d’accepter les réalités et de faire évoluer notre vision du monde si l’on veut s’assurer un avenir meilleur. C’est en aimant nous aussi notre économie que nous pourrons avancer, en cessant de nous lamenter, et bâtirons ainsi un avenir plus solide.
Telle est l’ambition de cet ouvrage : réveiller les consciences et amorcer le sursaut. Entreprise non vaine.
Telle est l’ambition de cet ouvrage : réveiller les consciences et amorcer le sursaut. Entreprise non vaine.
- Michel Turin, Le grand divorce, Calmann-Lévy, septembre 2006, 418 pages.
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