Le ministère du Revenu harcèle les employés à pourboire, les travailleurs autonomes, les retraités et tous les petits contribuables pour remplir les coffres de l’État. En même temps, le ministère des Finances et celui du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation gaspillent des centaines de millions en subvention inutiles ou pire, nuisibles.
Chaque fois que le gouvernement intervient dans un dossier économique, il modifie les règles de la concurrence en faveur d’une entreprise ou d’une industrie, mais au détriment des contribuables. Les plus récentes interventions gouvernementales excèdent 2,5 milliards de dollars en pure perte. (Voir le texte de Nathalie Elgrably ci-après).
L’histoire démontre qu’il n’y a pas mille façons de mettre fin à l’interventionnisme d’État. C’est comme un cancer qu’il faut affamer pour le guérir. Il faut donc restreindre le plus possible les revenus gouvernementaux, c’est-à-dire réduire les taxes et les impôts, mettre fin aux monopoles d’État et rembourser la dette.
Nous sommes à des années lumières d’une telle révolution. Malheureusement, plus on attend plus les remèdes seront amers.
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L’intervention du gouvernement a fait monter le prix de vente du Canadien
Claude Garcia / Canoë, 11 sept 2009
On a finalement annoncé hier la conclusion de la vente du Canadien à un groupe d’actionnaires, québécois pour les deux tiers, piloté par la famille Molson. Félicitons tout d’abord les nouveaux propriétaires. Il s’agit d’une transaction d’environ 600 millions $ que le gouvernement du Québec a facilité avec un prêt subordonné de 75 millions $.
La famille Molson a eu besoin de ce prêt pour finaliser la transaction après le désistement de la banque américaine qui avait accepté de participer au financement de la transaction lors des enchères. Le gouvernement du Québec, qui avait annoncé dès le début des enchères son intention de prêter 100 millions $ à un groupe québécois qui prendrait le contrôle du Canadien, a dû respecter son engagement.
Que serait-il arrivé si le gouvernement n’avait pas fait cette promesse? Faute de trouver le financement désiré, le consortium gagnant aurait tenté de renégocier le prix à la baisse. L’ancien propriétaire aurait réouvert les enchères et aurait demandé l’intervention du groupe dont l’offre a été coiffée au fil d’arrivée. Comme l’offre du groupe perdant était plus faible, le prix final de la transaction aurait été revisé à la baisse.
L’intervention du gouvernement a donc permis à monsieur Gillett d’encaisser un bénéfice plus considérable de la vente du Canadien. Monsieur Gillett ne réside pas au Québec et ne paie donc pas ses impôts ici. Le gouvernement du Québec s’est donc servi des impôts des Québécois pour augmenter le gain de capital de l’ancien propriétaire et augmenter les impôts que celui-ci versera au gouvernement américain sur cette transaction. Chez nous, on appelle ça se tirer dans le pied!
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Le Journal de Montréal, p. 23 / Nathalie Elgrably-Lévy, 24 septembre 2009
À Ottawa comme à Québec, les élus s’enorgueillissent de voler à la rescousse d’entreprises au bord de la faillite. Au fil des décennies, des milliards ont ainsi été pris dans la poche des contribuables pour les injecter dans les coffres d’entreprises déficitaires dans l’espoir de leur épargner une mort imminente.
Certes, les opérations de sauvetage sont motivées par de bons sentiments: on veut protéger une industrie et conserver des emplois. Mais les résultats importent plus que les intentions. Or, les résultats sont décevants! En voici quelques exemples:
- Usine Papiers Gaspésia à Chandler. Investissements : 300 millions $. Statut : fermée.
- Norsk Hydro à Bécancour. Investissements: 250 millions. Statut: fermée.
- Usine Magnola à Asbestos. Investissements: plus d’un milliard. Statut: fermée.
- GM à Boisbriand. Investissements: près de 100 millions. Statut: fermée.
- Usine Hyundai à Bromont. Investissements: 200 millions. Statut: fermée.
- Hippodrome de Montréal. Investissements: 400 millions. Statut: en faillite.
Et ce n’est là que la pointe de l’iceberg. Qui sait combien coûtent aux contribuables les 1800 programmes d’aide gérés par les deux paliers de gouvernement?
Nos élus auraient dû rapidement comprendre qu’on ne gagne rien à subventionner des activités déficitaires. Mais comme c’est l’argent des contribuables qu’ils ont dilapidé et non le leur, ils n’ont pas retenu la leçon. Il faut dire qu’il est toujours facile d’être généreux avec l’argent des autres! Aujourd’hui, la papetière AbitibiBowater est en faillite. Elle a accumulé une dette de 8 milliards et, entre avril et juin, ses revenus ont chuté de 44% tandis que ses pertes ont atteint 510 millions.
Pour aider l’entreprise, Québec a déjà accordé une garantie de prêt de 100 millions, et de nombreuses voix s’élèvent pour réclamer une contribution plus substantielle, notamment d’Ottawa. Mais, on s’en doute, à l’instar des opérations de sauvetage énoncées plus haut, celle-ci se soldera également par un échec.
La raison en est fort simple: l’injection de fonds publics est une mauvaise solution à un faux problème. Si Abitibibowater est déficitaire, c’est parce la demande et le prix du papier diminuent. Les journaux disparaissent, et ceux qui résistent ont réduit leurs tirages; l’utilisation de papier, sous quelque forme que ce soit, a diminué en raison des nouvelles technologies et des préoccupations environnementales. Les conditions qui permirent la croissance du secteur forestier aux 19ième et 20ième siècles ne se reproduiront probablement jamais, et aucune subvention gouvernementale ne pourra rien y faire. Au mieux, l’aide prolongera l’agonie d’Abitibibowater, mais elle ne pourra pas lui rendre sa rentabilité.
L’histoire abonde d’exemples. Le métier de fabricant de chandelles s’est éteint avec l’avènement de l’électricité; l’automobile a occasionné la quasi-disparition du métier de maréchal-ferrant; l’imprimerie a rendu inutiles les scribes et les moines copistes; le prêt-à-porter a dépouillé les tailleurs d’habits; etc. Selon le contexte et l’époque, des industries naissent, et d’autres disparaissent. C’est l’histoire de l’humanité. C’est le prix de l’évolution.
Certes, il est triste de voir des travailleurs perdre leur emploi, et il est de notre devoir de leur faciliter la transition vers d’autres entreprises ou d’autres industries. Mais subventionner un secteur en déclin, c’est se battre contre des moulins à vent et reproduire les fiascos du passé. Le papier n’a plus la cote? Tournons la page!
Nathalie Elgrably-Lévy est économiste senior à l'Institut économique de Montréal.
* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
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