Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement

Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

31 août, 2016

Governing the commons : The evolutions of institutions for collective action

Revue de livre par Frédéric Mas

Elinor Ostrom : le bien commun par le bas




Ostrom : le bien commun par le bas

Seulement, ce préjugé en faveur de l’administration comme procès de rationalisation est contesté 1, et la science économique récente lui a même adressé une critique forte en proposant de décentraliser et d’introduire la concurrence institutionnelle dans la gestion des biens publics.

Centralisation et ordre polycentrique

En effet, l’économiste et prix « Nobel » Elinor Ostrom, à travers ses études empiriques sur les biens publics municipaux, a soutenu que l’efficacité de l’administration publique n’était pas liée à son degré de centralisation et de consolidation, mais résulterait d’un processus polycentrique sous-produit, dont les acteurs sont les communes locales. En effet, celles-ci seraient en compétition pour attirer de nouveaux résidents, proposant biens et services publics contre des impôts locaux et des rémunérations.
Ce qui semble du point de vue d’un administrateur rationnel moderne totalement chaotique est en fait un processus organisé d’économies locales qui émerge grâce à la participation conjointe des communautés locales et des citoyens. Les mécanismes décentralisés qui assurent le bon fonctionnement des échanges génèrent ainsi une offre beaucoup plus adaptée aux demandes des citoyens au quotidien. Inversement, la centralisation bureaucratique de l’administration dans la gestion de cet écosystème économique municipal tend à empirer les choses.
Ostrom a observé que cette différence de conception des gouvernances locales par l’administration réapparaissait avec les mêmes résultats une fois appliquée au problème, bien connu en économie « des communs ».

Pas de tragédie des communs

Les ressources communes dans un environnement rural, qu’elles soient forestières, en matière d’irrigation ou de pêche, sont comparables à la gestion des écoles, de la police et des services publics dans l’environnement urbain des collectivités locales : les efforts des experts pour centraliser l’administration des ressources débouchent sur des problèmes de mauvaises allocations liées à l’impossibilité de créer les conditions du calcul économique, à rassembler les informations dispersées au sein de la société et à prévenir l’influence destructrice des groupes d’intérêt au sein de la structure2.
Inversement, en se concentrant sur la manière dont les acteurs à la base font au quotidien pour transformer les situations potentiellement conflictuelles en opportunités pour coopérer, les époux Ostrom ont montré que les individus confrontés aux problèmes de ressources communes n’étaient pas victimes de la tragédie des communs : au contraire, pour éviter le conflit, les acteurs réussissaient à transformer l’occasion en opportunités pour créer des normes adaptées en vue d’assurer sa bonne gestion et la coopération pacifique.
En conclusion, nous pouvons reprendre la leçon que Peter Boettke retient des travaux d’Elinor Ostrom dans son livre Living Economics. Les individus sont les mieux placés au niveau local pour connaître les règles et les actions les plus adaptées à leurs intérêts pour éviter les conflits et entretenir la coopération sociale qu’une administration lointaine, centralisée et déconnectée des réalités quotidiennes de ses administrés.
  • Ostrom, Elinor, Governing the commons : The evolutions of institutions for collective action, New York, Cambridge Univ. Press, 1990.

  1. On pense aux travaux pionniers en sociologie des organisations de Michel Crozier sur la bureaucratie par exemple.
    image: https://s.w.org/images/core/emoji/72x72/21a9.png
    ↩
  2. Sur le sujet, Boettke, Peter, Living Economics, The Independante Institute, 2012, p. 165.
    image: https://s.w.org/images/core/emoji/72x72/21a9.png
    ↩

La réflexion du jour

Les circonstances de la mort de M. Gauthier me font hurler parce qu’elles sont inhumaines, d’abord et avant tout. Personne ne devrait mourir d’avoir été mal soigné, après une attente interminable dans une salle d’urgence. Mais je hurle, aussi, parce que ça fait une génération au moins que le système de santé boite, ça fait une génération au moins qu’on nous promet des urgences efficaces, où le temps d’attente serait – dixit le chef libéral de 2003 – « acceptable, humain ».--- Patrick Lagacé

30 août, 2016

La réflexion du jour

Plus vous ajoutez des étages bureaucratiques, plus vous diluez la notion de responsabilité. Une école peut se porter responsable de la réussite de chaque enfant. Une commission scolaire se contentera de mettre en place des processus, en s’assurant que les lignes d’autorité soient assez floues pour que personne ne soit responsable de rien. L’ABC de la bureaucratie.--- Mario Dumont

29 août, 2016

Énergie Est : les écologistes paralysent le Québec

Ce matin, aux audiences sur Énergie Est, des dizaines de citoyens et leurs représentants ont été privés de leur droit de parole par un groupuscule écologiste ne représentant qu’une minorité infime de Québécois.

La tolérance, pour ne pas dire l’encouragement, des autorités envers ces groupuscules anarchistes, prêts à tout pour attirer l’attention des médias, paralyse le Québec depuis trop longtemps.

Il est temps de mettre un terme à ces interventions grotesques en ne subventionnant plus les groupes qui préconisent ou tolèrent de telles interventions.


La réflexion du jour

Il est grand temps de libérer les écoles des contraintes bureaucratiques étouffantes. Sachant que la réussite de son enfant serait favorisée, quel parent serait contre?--- Youri Chassin

27 août, 2016

La réflexion du jour

Il est très difficile de mettre un terme à ces systèmes de gestion de l’offre. L’intérêt des défenseurs du système est démesurément plus grand que celui des consommateurs lésés par le système. Toutefois, pour le sirop d’érable, il n’est pas encore trop tard. Le système est relativement jeune. Les acériculteurs voient présentement la valeur de leurs terres et de leurs quotas augmenter, mais ce n’est pas encore trop pire. Peut-être qu’en appuyant Angèle Grenier, on peut aider un peu.--- pilulerouge.ca

26 août, 2016

La réflexion du jour

Troisièmement, pour passer d’un nationalisme défensif et un peu pleurnichard à un nationalisme économique offensif, il faudrait plutôt penser à développer les fleurons de demain qu’à protéger ceux d’hier.--- Alain Dubuc

25 août, 2016

La réflexion du jour

Tout le monde veut voir tout le monde mieux réussir, moi le premier. Cependant, je ne crois pas un instant à la possibilité que, par magie, un vote du Parlement puisse enrichir des centaines de milliers de travailleurs de près de 40 % sans faire de perdants.--- Mario Dumont

24 août, 2016

En éducation l’incompétence coûte cher

 Seulement 7 professeurs, sur un total de près de 70 000, ont été congédiés au cours des 5 dernières années (1/100 de 1%). Au fil des ans les professeurs incompétents s'accumulent. On peut en déduire qu'au moins 5 % des professeurs sont du bois mort qui coûtent cher au ministère de l'Éducation (plus de 300 millions $), ou pire qui nuisent au développement des élèves.

Donc, ce n’est plus d’argent que le ministère a besoin, mais un système d’évaluation et un mécanisme de mise à pied efficace.

Entrevue avec Youri Chassin, économiste et directeur de recherche à l'IEDM, à propos de la difficulté de congédier des professeurs incompétents.



La réflexion du jour

Prenons l'exemple de notre système d'éducation, dans lequel les enseignants de l'école publique sont rémunérés uniquement en fonction de leur ancienneté et leur nombre d'années de scolarité. Puisque la rémunération augmente mécaniquement avec le temps, peu d'efforts sont déployés afin de se démarquer. Si on appliquait le principe de la rémunération au mérite, cela permettrait de rehausser la qualité de l'éducation de manière substantielle, puisque les incitations sont organisées afin d'encourager le dépassement personnel.--- Pascale Déry

23 août, 2016

La réflexion du jour

Or, ce qui doit augmenter, c’est la richesse du Québec. Avec cela vient une augmentation de l’ensemble des salaires. À ce moment, accélérer le rythme d’augmentation du salaire minimum devient quasiment un automatisme. Dans une économie vraiment dynamique, le salaire minimum fixé par loi n’a plus d’importance.--- Mario Dumont

22 août, 2016

La réflexion du jour

La colère des électeurs n’est pourtant pas celle du Forum social mondial et des habitués des plateaux de télé.
Le no-fault institutionnalisé, l’omniprésence de l’État, l’alourdissement de la bureaucratie et du fardeau fiscal, le sentiment que le partage de la richesse ne sert pas du tout la classe moyenne, mais les planqués assis sur un trône de congés accumulés...
Une justice de pauvres, une éducation médiocre, des urgences bouchonnées, des policiers déshonorants, des villes congestionnées, des autobus vides, des centaines de millions dans la cimenterie des incompétents... Du vin trop cher, l’électricité trop chère...
Et des bonis versés chaque année à des employés assis sur un monopole; tout ça fout le peuple en rogne...--- Michel Hébert

20 août, 2016

La réflexion du jour

En compilant la valeur des investissements réalisés par Investissement Québec ainsi que la somme des emplois créés ou conservés, on réalise que le «coût social» est assez clair. En 2007, chaque emploi sauvé ou créé par Investissement Québec avait coûté 35 434 $. En 2015, après une intensification des activités de cet organisme, le coût a grimpé à 167 082 $ par emploi. --- Vincent Geloso

19 août, 2016

La réflexion du jour

Récemment, le ministère de l’Agriculture a dévoilé qu’il abrogeait un règlement interdisant la commercialisation des légumes « imparfaits ». En effet, le Règlement sur les Fruits et Légumes frais imposait des normes de standardisation de la taille et de la forme des aliments qui empêchaient la commercialisation des légumes qualifiés de « moches ». Qu’une telle réglementation ait existé sidère! Selon les dernières statistiques disponibles, les pertes annuelles de fruits et légumes frais se situent entre 35 et 69 kilogrammes par Canadien. --- Vincent Geloso et Alexandre Moreau

18 août, 2016

La réflexion du jour

Créer un monde meilleur.

7- Abolir les subventions et les systèmes de gestion de l'offre en agriculture dans les pays riches et ouvrir les frontières aux produits des producteurs du sud.

Le système de gestion de l'offre fixe les prix des aliments, établit des barrières tarifaires dans le but d'empêcher l'importation de produits étrangers, et limite la production au moyen de quotas. Si elle profite à certaines fermes, cette politique nuit aux 35 millions de consommateurs canadiens - et aux transformateurs qui utilisent ces produits comme ingrédients - en les forçant à payer plus cher.--- Jasmin Guénette

17 août, 2016

La fin du « modèle vénézuélien » ?

Tous les concepts théoriques dont on parle en économie ne sont plus de simples théories pour les Vénézuéliens : ils expérimentent tragiquement la fausseté du socialisme.
Par Emmanuel Bourgerie.
D’habitude, lorsque l’on parle d’économie, c’est souvent très théorique, très abstrait, avec des explications basées sur des courbes et des logiques qui peuvent être contre intuitives. Face à cela, le socialisme a une rhétorique très vendeuse : il y a les ennemis, la classe qui possède, les patrons, face aux pauvres et face à ceux qui n’ont pas le pouvoir ; et la solution est toujours plus de contrôle, plus d’État.

L’exemple pratique de l’effondrement du Venezuela

Pourtant, nous avons un cas très pratique de régime socialiste sombrant devant nos yeux, alors qu’il nous avait été présenté comme modèle durant des années. Après le décès d’Hugo Chavez, il y avait eut un ballet étrange de personnalités politiques, d’éditorialistes, et même de certains économistes qui nous expliquaient que le Venezuela était un miracle économique, et (enfin !) la preuve que le socialisme pouvait fonctionner.
Or aujourd’hui, le Venezuela est au bord de la famine et de la guerre civile, et tous les anciens défenseurs du régimes sont muets sur ce qu’il s’y passe. Tous les concepts théoriques dont on parle en économie ne sont plus de simples théories pour les Vénézuéliens. Ils en sont aujourd’hui rendus à tuer leurs animaux de compagnie pour se nourrir. Comment est-ce que cela a pu se produire ?
Premièrement, il a fallu sortir la planche à billets pour financer tous les cadeaux électoraux, tous les programmes sociaux, et tous les services gratuits que les élus ont promis. Sans surprise, les prix des produits importés a explosé, car aucune entreprise étrangère n’accepte d’être payée avec des billets de Monopoly. L’argent n’est pas la richesse, c’est un outil d’échange. Imprimer des billets ne produit pas de richesses, il la dilue.

Et le pétrole vint à manquer

Ensuite, le Venezuela, l’un des pays les plus riches en pétrole du monde, n’arrive même pas à s’auto-alimenter en énergie. Certains accusent la spéculation, mais celle-ci n’explique que la chute des exportations, cela n’a rien à voir avec l’incapacité d’utiliser le pétrole présent dans leur propre sol. C’est tout simplement dû à la réalité des économies planifiées : le gouvernement n’est pas bon à gérer l’économie. Sans compétition, aucune entreprise ne cherche l’efficacité.
Et enfin, le gouvernement a imposé toute une série de prix pour lutter contre les profits des entreprises étrangères. Nourriture, médicaments, papiers toilette : tout y passe. Bonne idée, non ? Sauf que les entreprises ne sont pas des associations caritatives. Si elles ne peuvent pas réaliser de profits sur leurs ventes, elles vont cesser leur activité. Quand on limite le prix d’un produit, on augmente pas sa production, on ne fait que créer des pénuries.
Mais ce n’est pas pour autant la fin du socialisme. Chaque révolution a eu ses défenseurs inconditionnels. Pensez Venezuela, mais pensez aussi URSS, Cuba ou la Chine maoïste. Tour à tour, ils ont été vendus comme le nouveau “modèle”, avant qu’on ne se rende compte des horreurs qui s’y déroulaient. Maintenant, les apologistes nous expliquent que ce n’était pas du “vrai socialisme”. Quand va-t-on accepter le fait que toutes les expérimentations socialistes tournent systématiquement en dictatures sanglantes ?

La réflexion du jour

Créer un monde meilleur.

6- Trouver des solutions réalistes aux changements climatiques.

Pour cela, il importe de s'éloigner des discours émotifs ou moralisateurs qui peuvent mener à de mauvaises solutions. Pour ne prendre que deux exemples, les subventions à la production d'énergies renouvelables, ou aux subventions à l'achat de véhicules personnels électriques, comptent parmi les moyens les plus chers, et par ailleurs peu efficaces, pour réduire les émissions de GES. Il faut plutôt s'attarder aux résultats concrets de telle ou telle politique, et calculer les coûts tout autant que les avantages.--- Jasmin Guénette

16 août, 2016

La réflexion du jour

Créer un monde meilleur.

5- Réduire l'influence des syndicats dans le monde de l'éducation pour assurer la compétence et l'innovation en éducation.

Prenons l'exemple du Québec. Rappelons que, d'une part, il est pratiquement impossible de congédier un enseignant incompétent, et que de l'autre, les plus compétents ne sont pas assez valorisés dans ce système ou on tend à niveler par le bas. C'est pourtant l'avenir de nos futurs leaders qui est en jeu.--- Jasmin Guénette

15 août, 2016

La réflexion du jour

Créer un monde meilleur.

4- Encourager la liberté économique dans les pays plus pauvres, notamment pour aider les femmes de ces pays à avoir accès aux soins de santé, à l'éducation et au monde du travail.

Dans plusieurs pays pauvres, les femmes n'ont pas le droit d'ouvrir un compte bancaire ou encore de se défendre en justice. Or, les données empiriques montrent clairement que ces buts peuvent être plus facilement atteints lorsqu'un plus grand degré de liberté économique prévaut dans un pays.--- Jasmin Guénette

13 août, 2016

La réflexion du jour

Créer un monde meilleur.

3- Encourager l'entrepreneuriat et laisser tomber les réglementations qui font mal à ceux qui veulent lancer des petites entreprises.

Des camions de bouffe de rue, à la petite ferme bio jusqu'au prochain Apple, la paperasse et la bureaucratie excessive, surtout dans les pays émergents, n'aident personne, étouffent l'innovation et encouragent la corruption.--- Jasmin Guénette

12 août, 2016

La réflexion du jour

Créer un monde meilleur.

2- Développer les ressources naturelles.

Parce que ça crée de la richesse et de l'emploi sans endetter les contribuables comme les «plans de relance» gouvernementaux le font. Et surtout parce que ça hausse notre niveau de vie à tous, incluant les citoyens des pays plus pauvres.--- Jasmin Guénette

11 août, 2016

La réflexion du jour

Créer un monde meilleur.

1- Encourager le libre-échange encore plus.

Parce qu'il s'agit du meilleur moyen pour éliminer la pauvreté. En 2015, pour la première fois, la pauvreté extrême touchait moins de 10% de la population mondiale, selon la Banque mondiale. Alors qu'en 1999, c'était 29% de la population mondiale qui souffrait d'extrême pauvreté. Au total, c'est 1 milliard de personnes qui ont été sorties de l'extrême pauvreté ces 20 dernières années. Et le capitalisme et le libre-échange ont été des facteurs déterminants, comme le soulignait la Banque mondiale dans un rapport.

C'est vrai que la Banque mondiale n'a pas la cote chez nos amis altermondialistes. Dans ce cas, laissez-vous convaincre par le (beaucoup plus cool) chanteur Bono.--- Jasmin Guénette

10 août, 2016

The Origins of Political Order

La naissance du gouvernement.

Fukuyama1


“The Origins of Political Order: From Prehuman Times to the French Revolution”, Francis Fukuyama.

Comment les premiers gouvernements sont-ils apparus et comment les institutions qui y sont associées ont-elles émergées? C’est à cette question que répond le premier volume de cet ouvrage de Francis Fukuyama.

L’humain vit naturellement en groupe. Il n’y eut aucune période de l’évolution humaine durant laquelle les humains ont vécu de manière individuelle et isolée. Le cerveau humain est construit de manière à faciliter la coopération et les relations sociales. L’humain fit un pas important lorsqu’il passa d’une organisation en petites bandes à une organisation dite « étatique-tribale ». À ce stade, l’État possède le monopole de la coercition légitime sur un territoire donné.
Il existe essentiellement deux types d’États. Au sein des États dits « patrimoniaux », le pays est la propriété du dirigeant-souverain et l’administration gouvernementale est une extension de son entourage personnel. L’autre type d’État, dit « moderne », est plus impersonnel; l’administration étatique n’est pas composée de la famille et des amis du souverain.

Des États patrimoniaux ont commencé à apparaître dans plusieurs parties du monde il y a environ 8,000 ans, surtout dans des vallées fluviales fertiles en Égypte, Mésopotamie, Chine et au Mexique.
Les facteurs favorisant l’apparition d’un État sont des surplus agricoles, la densité de population et le confinement de la population à l’intérieur de barrières naturelles telles cours d’eau, montagnes et déserts.

Mais le facteur qui a réellement motivé la création des gouvernements est la violence ou la menace de violence. Les premières tribus humaines se sont consolidées en gouvernements primitifs non pas pour des raisons économiques, mais bien en réaction à d’incessantes attaques par des envahisseurs mieux organisés. Un pouvoir centralisé permet de lever et financer une armée plus efficacement.

Les institutions
Qu’entend-on par institutions? Voici la définition de Fukuyama: les institutions sont des règles stables et récurrentes qui guident le comportement des humains en société et persistent au-delà du règne d’un dirigeant en particulier. La religion fut instrumentale à l’établissement de l’État de droit dans plusieurs civilisations.

Selon Fukuyama, ce sont les Chinois qui ont inventé la bureaucratie moderne, c’est-à-dire un cadre administratif permanent dont les membres sont choisis pour leurs capacités plutôt que par connexion patrimoniale. Cette bureaucratie a émergé dans le chaos ayant suivi la fin de la dynastie de Zhou, en réponse à la nécessité urgente de lever des impôts pour financer la guerre. Cependant, ce gouvernement n’avait pas d’État de droit (et n’en a toujours pas aujourd’hui), ni de mesures d’imputabilité limitant le pouvoir du souverain.
Fukuyama2
Dans le monde Arabe, les premiers califes ont essayé de créer des structures gouvernementales qui transcendaient les loyautés tribales, mais sans succès. Le lien tribal était toujours plus fort que l’attachement national. La solution qu’ils ont trouvée a consisté à  utiliser des esclaves comme fonctionnaires et comme armée, recrutés dans des villages conquis de nationalité non-arabe. Ces esclaves Mameloukn’avaient aucun lien tribal avec la population, ce qui leur conférait une forme d’impartialité. Ils étaient loyaux au gouvernement d’abord, et non à une tribu en particulier. Ils ne pouvaient pas transmettre leur titre et leurs biens à leurs enfants.
Fukuyama3
En Europe, le pouvoir politique était très fragmenté, ce qui donna beaucoup de levier à l’Église, grâce à qui une forme d’État de droit fit sa place en Europe avant même l’apparition de la démocratie et de l’imputabilité gouvernementale, voire même d’une bureaucratie moderne. Fukuyama met l’emphase sur les Réformes Grégoriennes et le Conflit de l’Investiture, qui se termina en 1122 par le Concordat de Worms. Sans entrer dans les détails, ces événements ont procuré à l’Église davantage d’autonomie et de pouvoir, ce qui lui permit de développer ses propres lois et sa propre bureaucratie. L’Église est ainsi devenue une entité politique transnationale (voir ceci). C’est suite à la Réforme Protestante et  durant les Lumières que l’Église s’est affaiblie et que l’idée d’une légitimité souveraine basée sur le roi, la nation et/ou les citoyens, plutôt que sur Dieu émergea.

La religion
L’un des éléments importants de l’ouvrage de Fukuyama est l’apport de la religion à l’essor du gouvernement. Elle a permis à un chef ou un roi de régner sur un bien plus grand groupe. Quand le chef n’est qu’un simple homme plus intelligent, plus charismatique, plus courageux, plus fort physiquement ou plus habile au combat que les autres, il aura plus ou moins de succès à diriger une collectivité à sa guise et cette communauté devra être assez petite. Mais s’il est un demi-dieu ou un descendant des dieux, avec lesquels il a la capacité de communiquer, la dévotion des sujets sera totale. Qui risquerait de s’opposer aux dieux et de subir leur cruelle colère?

Pour arriver à cette fin, il fallait repousser l’origine ancestrale des dieux. Les dieux familiaux qui étaient des ancêtres des deux ou trois dernières générations sont devenus des dieux plus anciens, ancêtres d’un bien plus grand bassin de population (la tribu). Puis, ils sont devenus des dieux non-reliés à une nation en particulier (chrétiens, juifs, musulmans), conférant légitimité à des souverains régnant sur un bien plus grand nombre de sujets.

Selon Fukuyama, la religion a bâti les fondations de l’État de droit moderne. L’existence d’une autorité religieuse séparée de l’État et qui donne sa légitimité au souverain a renforci l’idée que le souverain n’est pas la source ultime de la loi. Aux États-Unis par exemple, la loi émerge de la constitution, dont les modifications doivent être approuvées par super majorité. Le Président des États-Unis ne peut pas changer unilatéralement la constitution, ni décider des lois en général. La loi est au-dessus de lui; il en est le sujet. C’est cela l’État de droit. Le Chine ne développa jamais une religion transcendantale, ce pourquoi elle n’adopta jamais un État de droit.
Fukuyama4
Le Danemark
Pour Fukuyama, le Danemark est un pays exemplaire en ce qui concerne ses institutions. Il s’agit d’un pays prospère, démocratique, sécuritaire et peu corrompu, où les institutions sont en parfait équilibre, incluant un gouvernement compétent, un solide État de droit et l’imputabilité démocratique. Selon lui, l’alphabétisation a été un facteur déterminant vers le 16e siècle et celle-ci a été encouragée par des réformes religieuses visant à permettre à tous les citoyens d’être en mesure de lire la bible (encore la religion…). Les habitants ont donc pu mieux s’informer, communiquer et s’organiser grâce à la maîtrise de la lecture et de l’écriture.

La démocratie
Fukuyama fait une remarque intéressante en ce qui concerne la démocratie : les pays qui se sont démocratisés tôt dans leur histoire, avant même l’établissement d’une bureaucratie moderne, ont accusé un retard en ce qui concerne l’apparition des autres institutions, notamment en raison de l’émergence d’un certain clientélisme politique affligeant le secteur public. Fukuyama fait entre autres référence à la Grèce et l’Italie. D’autre part, les premières bureaucraties modernes sont apparues au sein de régimes autoritaires, tels que la Chine et le royaume Prusse (et disons le Chili de Pinochet comme exemple plus contemporain). Selon Fukuyama, la bureaucratie moderne et l’État de droit doivent précéder la démocratie pour qu’un équilibre soit atteint.

Les libertariens
Malheureusement, Fukuyama succombe au mythe des pays dits « libertariens » de l’Afrique sub-saharienne, qui seraient des paradis libertariens sans impôts (comme la Somalie par exemple). En fait, les problèmes affligeants ces pays ne sont pas reliés à une trop faible taxation où à la taille de l’État, mais plutôt à l’absence de protection des droits de propriété et d’État de droit. Dommage qu’une personne aussi intelligente et cultivée que Francis Fukuyama ne soit pas en mesure de faire cette distinction (voir ceci).

Conclusion
En somme, les premiers gouvernements sont d’abord apparus comme moyen de s’enrichir grâce aux conquêtes militaires et, pour les tribus attaquées, comme moyen et protection contre les envahisseurs. Évidemment, si aucune tribu n’avait constitué de gouvernement dans le but de lever une armée et faire la guerre, les autres tribus n’aurait pas eu besoin de créer un gouvernement pour se protéger. Ce n’est donc pas un début très vertueux pour une institution qui, de nos jours, est perçue comme un vecteur de progrès…

C’est exactement ce que décrit Murray Rothbard dans son essai « Anatomy of the State » :

“The State has never been created by a “social contract”; it has always been born in conquest and exploitation.”

Le gouvernement a ensuite pris de l’expansion grâce à la religion, qui confère aux autorités souveraines leur légitimité, comme l’explique Rothbard :

« The union of Church and State was one of the oldest and most successful of these ideological devices. The ruler was either anointed by God or, in the case of the absolute rule of many Oriental despotisms, was himself God; hence, any resistance to his rule would be blasphemy. The States’ priestcraft performed the basic intellectual function of obtaining popular support and even worship for the rulers.”

Au niveau des institutions, je pense que Fukuyama accorde trop d’importance à l’apparition d’une bureaucratie moderne (c’est-à-dire non-patrimoniale) et pas assez à l’État de droit. Pourtant, l’Europe (qui avait un État de droit sans bureaucratie moderne) s’est développée beaucoup plus rapidement que la Chine (qui avait une bureaucratie moderne sans État de droit). J’apprécie cependant le scepticisme de Fukuyama envers la démocratie (voir ceci), chose rare de nos jours pour des raisons de rectitude politique.

Dans cette optique, on constate que le rôle essentiel du gouvernement pour l’épanouissement de la société est la protection des droits de propriété, ce qui découle de l’État de droit. Un gouvernement sain facilite le passage de tribus disparates vers des villes plus denses et populeuses qui deviennent des catalyseurs pour les échanges commerciaux, la transmission du savoir, l’innovation et la division du travail; par conséquent la création de richesse. C’est de cette façon qu’un bon gouvernement peut enrichir la société.

Malheureusement, même au sein des pays disposant des meilleures institutions, le gouvernement en vient à trop grossir et à se corrompre. Survient alors un déclin, dont traite Fukuyama dans le volume 2.

Si vous êtes un passionné d’histoire, vous apprécierez grandement ce livre de grande qualité. Pour les autres, vous devriez plutôt l’éviter fut sa longueur et son aridité. Notez que ce court billet ne fournit qu’un aperçu de ce riche ouvrage, et non un résumé exhaustif. Je suis présentement à lire le volume 2, qui porte sur le déclin politique….à suivre.


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La réflexion du jour

Les bureaucrates ont divers moyens pour débusquer les malheureux qui pourraient avoir besoin de leur aide, et donc de la nôtre. L’un d’eux est d’une infaillibilité éprouvée et se nomme tout simplement l’«appel de projets». Il s’agit d’inviter des groupes à se constituer, à s’organiser, à les payer ensuite, et, le cas échéant, à les abonner au soutien gouvernemental dans la catégorie «communautaire».--- Michel Hébert

09 août, 2016

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....il est question d’un fonds du gouvernement (ndlr le fonds vert) qui fait un peu n’importe quoi, qui n’est pas du tout efficace, qui ne parvient même pas à dépenser l’argent qui s’accumule (c’est rare de voir de l’argent qui ne se dépense pas au gouvernement!) et qui nuit probablement à son objectif principal. C’est grave!--- Youri Chassin

08 août, 2016

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Il est important de protéger la biodiversité et les espèces en voie de disparition, mais on ne peut pas bloquer complètement des projets d’envergure, en plein milieu des travaux, comme ce fut le cas avec le développement domiciliaire de La Prairie. Ça nuit aux promoteurs, aux villes, aux citoyens et au développement économique.--- Pascale Déry

06 août, 2016

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Cette incapacité à attirer les gens de l'extérieur constitue un signe de l'existence d'un problème de fond au Québec, qui ne sera résolu qu'à condition d'être pleinement reconnu, et au moyen de politiques publiques favorisant la croissance économique et l'emploi. Chose certaine, nier le problème ne le fera pas disparaître.--- Yanick Labrie

05 août, 2016

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Les subventions, c’est comme les coquerelles. Elles résistent à tout. Que ce soit la gauche, la droite ou le centre mou qui demande une aide financière, il y a toujours un ministre pour dire «oui, merci, et surtout n’oubliez pas notre logo».--- Lise Ravary

04 août, 2016

La réflexion du jour

En 2004, les jeunes libéraux avaient créé un immense débat de société en proposant l’abolition de la formule Rand, clause totalement désuète qui oblige un travailleur à cotiser et adhérer à un syndicat lorsque son emploi est régi par une convention collective.
 ......

Douze ans plus tard, les jeunes libéraux reviendront à la charge en proposant de remettre en question le principe d’ancienneté. Une autre bonne idée. Privilégier la compétence plutôt que le nombre d’années de travail.--- Jonathan Trudeau

01 août, 2016

La réflexion du jour

La justice n'est qu'un exemple parmi d'autres. En s'éparpillant et en s'étiolant, l'État se retrouve avec des coffres vides quand vient le temps de s'occuper des personnes âgées et d'entretenir nos viaducs et nos écoles par exemple.--- Jasmin Guénette