Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement

Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

30 septembre, 2012

La politique québécoise en caricatures

La réflexion du jour

La « gratuité » de certains services publics peut se défendre. Mais encore faut-il avoir le courage de la financer, surtout dans le contexte où ces coûts augmentent rapidement (notamment en santé). Et le courage ne signifie pas simplement taxer davantage les citoyens. Mais aussi faire des choix, et réduire les dépenses ailleurs. Ce que nos politiciens ont beaucoup, beaucoup de misère à faire.--- David Descôteaux

Le chiffre du jour : 11 000 $

Les soins de santé publics coûtent plus de 11 000 $ par année à la famille canadienne moyenne, selon l’Institut Fraser.

29 septembre, 2012

Abundance, the future is better than you think


Revue de livre par minarchiste

“Abundance”, par Steven Kotler et Peter H. Diamandis.

Peter Diamandis est le PDG de la X PRIZE Foundation, le cofondateur de la Singularity University et le fondateur de plus d’une douzaine d’entreprises de technologie. Il est diplômé en biologie moléculaire (MIT), en ingénierie aérospatiale (MIT) et en médicine (Harvard).

Ce livre est une réponse savante et puissante aux « malthusiens » de ce monde (voir ceci); qui croient que l’humain manquera bientôt de ressources sur la terre et que, pour cette raison, nous devons réduire notre niveau de vie pour les préserver. Ces gens sous-estiment grandement le génie humain et son potentiel d’innovation. Diamandis utilise l’exemple de l’aluminium, un métal si utile, présent en grande quantité dans la croute terrestre, mais jadis si difficile à produire, jusqu’à ce qu’en 1886 les chimistes Charles Martin Hall et Paul Héroult eurent inventé le procédé d’électrolyse qui permet maintenant d’en produire de grandes quantités à un coût très abordable. L’histoire est remplie d’exemple de ressources rares, rendues abondante par l’innovation technologique. Pour un homme qui ne peut atteindre que la première branche d’un oranger, les oranges sont une ressources plutôt rare, mais lorsque celui-ci invente une échelle, les oranges deviennent alors abondantes.

L’innovation technologique, le fer de lance de Diamandis, a fait des miracles pour l’humanité. Aujourd’hui, un guerrier Masai qui dispose d’un simple téléphone cellulaire a accès à une capacité de téléphonie mobile supérieure à celle du président des États-Unis il y a à peine 25 ans. Pourtant, beaucoup de gens n’ont toujours pas accès à certains des avancements les plus essentiels de l’humanité.

Présentement, un milliard de personnes n’ont pas accès à de l’eau potable et 2.6 milliard n’ont pas accès à des installations sanitaires de base. Conséquemment, environ la moitié des hospitalisations dans le monde sont dues à des intoxications par de l’eau contaminée. La diarrhée cause 4.1% des maladies globalement, tuant 1.8 million d’enfants par année. L’autre problème pour les pays pauvres est que, vu le manque d’accès à l’eau potable et à l’électricité, les enfants doivent passer leurs journées à colporter de l’eau et à ramasser du bois plutôt que d’aller à l’école, tout comme leur mère qui ne peut pas travailler en raison de ces obligations. Selon un rapport de l’OMS, 36% des infections respiratoires, 22% des maladies pulmonaires chroniques et 1.5% des cancers (donc environ 4% des maladies) sont causés par la pollution de l’air à l’intérieur des maisons résultant de l’utilisation du bois et des matières fécales comme carburant pour le chauffage et la cuisson des aliments. Pour Diamandis, ces problèmes pourraient être facilement réglés par la technologie, pour aider les habitants des pays pauvre (qu’il appelle le « rising billion ») à atteindre la prospérité.

Pour beaucoup, la « surpopulation » est un grave problème dans les pays pauvres. En fait, c’est plutôt la mortalité infantile qui est le vrai problème. Dans ces pays où les régimes de retraite et les filets sociaux sont sous-développés, ce sont les enfants qui prennent soin de leur parent lorsqu’ils vieillissent. Dans un endroit où beaucoup d’enfants meurent, il est donc logique que ces gens fassent beaucoup d’enfants pour s’assurer qu’il y en ait au moins un ou deux qui survivent jusqu’à l’âge adulte, pour qu’ils s’occupent éventuellement d’eux durant leurs vieux jours. Ainsi, en réduisant la mortalité infantile, on réussirait à réduire la « surpopulation ». L’urbanisation et l’industrialisation sont d’autres manières de réduire l’ampleur de la « surpopulation ». La principale occupation des habitants ruraux des pays en développement est l’agriculture. Dans ces pays, cette pratique est plus manuelle et nécessite beaucoup de main d’œuvre, de préférence des garçons. Ces pourquoi ces familles font beaucoup d’enfants; pour s’assurer d’avoir au moins trois garçon pour travailler sur la ferme et nourrir la famille.

Diamandis consacre ensuite un chapitre à expliquer pourquoi les gens sont si pessimistes à propos du futur de l’humanité. S’appuyant sur des recherches faîtes sur le cerveau, l’auteur décrit pourquoi nous sommes si sensible aux mauvaises nouvelles et pourquoi nous accordons tant d’importance aux prophètes de malheur.

L’une technologies encensées par Diamandis sont les OGMs. Il ridiculise ceux qui s’y oppose en mentionnant que l’agriculture traditionnelle n’est pas plus naturelle. Toutes les plantes cultivées sont, par construction, modifiées génétiquement. Ce sont des mutants capable de produire des aliments en quantités et qualités impossible à trouver dans la nature. Par ailleurs, ces plantes ont absolument besoin de l’intervention humaine pour exister et survivre. Les carottes oranges que nous connaissons aujourd’hui descendent toutes d’un mutant découvert en Hollande au 16e siècle. Le blé que nous consommons actuellement est une combinaisons de trois herbes sauvages; le blé n’existe pas et n’a jamais existé à l’état sauvage. Pour lui, le train des OGMs a quitté la station, il est trop tard pour reculer; et suite à l’augmentation vertigineuse de la production d’OGMs, les risques scandés par les environnementalistes ne se sont pas manifestés.

L’un des chapitres intéressants porte sur la dématérialisation et ce qu’elle peut faire pour réduire notre « empreinte écologique » tout en améliorant notre niveau de vie. De nos jours, un simple iPhone contient un téléphone cellulaire, un GPS, une console de jeux vidéos, un lecteur audio de bonne qualité, un ordinateur personnel, un appareil photo, une caméra vidéo, un agenda électronique, un téléviseur, un réveil-matin, une calculatrice et plusieurs autres fonctions. En 1985, ces appareils auraient pris beaucoup de place, leur fabrication aurait consommé beaucoup de matériaux et d’énergie et le tout aurait coûté plus de $10,000 (ajusté pour l’inflation).

Au fil du livre, Diamandis dresse un portrait large de diverses technologies qui sont présentement en développement et qui pourraient grandement améliorer le sort de l’humanité, que ce soit au niveau de l’énergie, des transports ou de l’alimentation, et lesquelles contribueron à nous faire progresser vers l’abondance (d’où le titre du livre).

Concernant l’éducation, l’auteur critique le modèle actuel basé sur la mémorisation de faits. Ce système qui a émergé lors de la révolution industrielle est désuet et néglige de développer la créativité, la collaboration, l’esprit critique et la résolution de problèmes. Selon Diamandis, des études démontrent que les jeux surperforment les livres de référence à aider les étudiants à apprendre des sujets factuels tels que la géographie, l’histoire, la physique et l’anatomie. À cet égard, l’amélioration de l’informatique, le développement de l’intelligence artificielle, le développement de l’internet sans-fil et la commercialisation de « tablettes » peu coûteuses pourraient permettre d’offrir une éducation presque gratuite, de haute qualité et personnalisée à n’importe qui, n’importe où et n’importe quand (notamment au « rising billion »).

Dans la dernière section du livre, Diamandis discute du cheminement qui l’a mené à fonder la X Prize Foundation. Selon lui, cela fait plus de 300 ans que les concours contribuent à accélérer le progrès technologique. Il relate notamment l’histoire de Charles Lindbergh, qui avait entrepris sa fameuse traversée New York-Paris pour remporter le prix Orteig de $25,000 après que 6 aviateurs eurent perdu la vie pour tenter d’obtenir le prix. Cet exploit fut un véritable catalyseur pour le développement de l’aviation.

S’il y a une chose que l’innovation requière, c’est une forte tolérance au risque. Les meilleures inventions résultent d’une idée qui apparaît d’abord comme insensée; comme une brisure avec ce qui s’est fait auparavant. Ce sont souvent des paris très risqués. Ainsi, un système économique qui ne rémunère pas suffisamment la prise de risque (ou même qui la pénalise) et qui privilégie les experts du moment au détriment des innovateurs de demain est voué à la stagnation; on pense ici à la planification centrale communiste. Diamandis néglige d’approfondir ce point, c’est-à-dire de l’importance des institutions politiques dans le développement technologique. Il ne fait aucun doute que les systèmes orientés vers le libre-marché sont bien plus innovateurs que ceux basés sur la planification centrale étatique. Les gouvernements peuvent grandement nuire à l’innovation technologique lorsqu’ils font eux-mêmes le choix des technologies ou entreprises gagnantes, comme c’est si souvent le cas.

Ce livre est bien intéressant pour quiconque veut se renseigner sur les nouvelles technologies les plus prometteuses, qui nous permettront de continuer à augmenter notre niveau de vie de manière durable dans le futur. Et l’optimisme de l’auteur vous aidera certainement à adopter une vision plus positive de l’avenir. Si Diamandis a raison, les disciplines de Malthus continueront de perdre lamentablement la face…

La réflexion du jour

On le sait. L’argent est là. Chez les riches. Ils en font trop. Et puis, ils ne la méritent pas. La “collectivité” n’est-elle pas en droit de recevoir la plus grande part du fruit de leur travail? Les entrepreneurs n’ont-ils pas à assumer une certaine responsabilité citoyenne? Que de jolis mots, n’est-ce pas? C’est, après tout, injuste, qu’il y en ait qui réussissent financièrement plus que d’autres, non? L’égalité des opportunités? Pas suffisant! On demande désormais l’égalité des conditions en oubliant l’égalité des efforts.--- Joanne Marcotte

Le chiffre du jour : 55 %

On fera abstraction du fait que le contribuable Québécois est déjà celui qui est le plus imposé, surtaxé et endetté. On fera également abstraction du fait qu’en tenant compte des crédits d’impôts remboursables, c’est 55% des contribuables québécois qui n’ont pas versé un cent d’impôt net. C’est-ti pas beau ça?

28 septembre, 2012

L’exploration et l’exploitation des ressources pétrolières

Contrairement aux prétentions des activistes écologiques, les Québécois sont favorables au développement de nos ressources.

 

La réflexion du jour

Tous désirent un système de santé qui réponde aux besoins des patients le mieux possible, le plus rapidement possible et avec un maximum de liberté de choix. Malheureusement, la contribution des entrepreneurs à l'atteinte de cet objectif est encore et toujours accueillie avec suspicion, voire même par un dénigrement systématique et obtus de la part de gens qui confondent (volontairement?) tout.--- Michel Kelly-Gagnon

Le chiffre du jour : 790 médecins


En autorisant les médecins à travailler dans un établissement privé, après avoir fait un certain nombre d'heures au public, on les incite à travailler davantage. En Australie, les médecins qui oeuvrent dans les deux systèmes travaillent 11 % plus d'heures que ceux qui pratiquent uniquement dans le système public. La situation est la même chez les médecins anglais et danois.

En interdisant cette pratique, le Québec se prive de l'équivalent, en heures travaillées, de 790 médecins spécialistes à temps plein! Cette évaluation est fondée sur un sondage de l'IEDM auprès des médecins spécialistes.--- Michel Kelly-Gagnon

27 septembre, 2012

J’ai honte!

L’interview de Christian Dufour et Mario Dumont traduit bien le sentiment des Québécois qui, grâce à leurs impôts et taxes, tiennent le Québec à bout de bras.

La réflexion du jour

En effet, les ministères les plus imaginatifs en matière de nouvelles dépenses semblent être dirigés par des ministres plus forts que les ministères qui veillent à équilibrer le budget. Ajoutons cela à la liste des promesses coûteuses formulées par le PQ et on a de quoi se préoccuper de la santé financière du Québec.--- Mario Dumont

Le chiffre du jour : 12 à 13 %

Dois-je rappeler que le Québec, qui représente près du quart de la population canadienne, ne récolte bon an mal an que 12 ou 13 % des investissements privés. Loin de faire du rattrapage, j’ai bien peur que cet écart se creuse.

26 septembre, 2012

Libres!


Revue de livre par Contrepoints

Le projet 
Le livre libre de droits, aux 100 auteurs, 100 sujets, 100 doubles-pages, 100 supporters, 100 citations, sans concession avec la liberté !
« Libres ! » voilà ce qu’ont déclaré les 100 auteurs regroupés autour de cet ouvrage dans un même élan de Liberté, faisant fi de leurs origines diverses, leurs formations ou leurs parcours de vie – Des universitaires, des artisans, des ouvriers, des médecins, des avocats, des étudiants unis par cette Liberté chérie.
La Liberté, voilà la réponse trouvée à la crise que traverse notre société. Déclin du système de santé, d’éducation et de retraite, incertitudes face à l’avenir, l’immigration, l’environnement, misère qui guette de plus en plus l’individu… Autant de problèmes auxquels chaque auteur s’attelle avec encore et toujours la même réponse: La Liberté.
Qu’est-ce que la Liberté, où en sont les limites, comment peut-elle nous permettre de vivre mieux ? C’est justement ce que les auteurs sollicités dans cet ouvrage, texte après texte, ont tenté d’expliquer le plus simplement possible dans 100 sujets, car c’est ensemble et maintenant, la tête haute, que nous changerons le monde de demain, en hommes et femmes « Libres ! »


Stéphane Geyres et Ulrich Genisson, sont à l’origine d’un projet hors du commun, consistant à faire écrire un livre, libre de droits, par 100 auteurs sur le thème de la liberté. Ils ont associé à ces auteurs venus aussi bien du monde universitaire que du grand public, 100 supporters officiels qui se sont portés volontaires pour promouvoir les idées que porte ce livre. C’est donc en tout 200 personnes réunies autour d’un livre, d’un projet. Nous avons voulu en savoir un peu plus sur ce projet qui devrait faire parler de lui à la rentrée de septembre.

Contrepoints -- Stéphane, Ulrich, qui êtes-vous ?

Stéphane Geyres -- Nous sommes de simples citoyens, de tous horizons sociaux, mais qui tous pensons qu’il est temps dans ce pays que le peuple exprime haut et fort sa confiance en la liberté comme mode de vie. Notre collectif – 100 auteurs et 100 supporters – s’est constitué pour l’occasion, spontanément. Nous ne sommes ni un parti, ni même une association. Simplement un groupe de citoyens qui croyons qu’il est important de contribuer spontanément à redonner à ce pays ses Lumières depuis trop longtemps éteintes.

Ulrich Genisson -- Nous sommes des femmes et des hommes libres ! Nous pensons qu’une personne libre d’agir, libre de prendre ses décisions, libre de prendre ses responsabilités, est toujours préférable à un État à la fois nounou et père fouettard, préférable à un État qui vous taxe vos sodas et vos cigarettes au motif que ce serait mauvais pour votre santé et qui dans le même temps laissera filer le nombre de décès par maladie nosocomiales dans ses hôpitaux. Nous faisons partie du peuple, nous sommes simplement l’expression d’une soif de liberté. Nous sommes le collectif [La Main Invisible], en hommage au symbole attaché à Adam Smith. Nous sommes ceux qui font et qu’on ne voit pas, car nous sommes tout le monde.

Comment vous est venue l’idée de ce livre ?

Stéphane Geyres -- Nous sommes dans un monde où les intellectuels se gaussent de pensées obscures et souvent vides de sens commun, où la liberté n’a plus cours, où la pensée unique et le politiquement correct vont de pair, dans une immense vacuité. Or l’homme de la rue, le désintérêt pour la politique le montre, n’est pas sur cette ligne, nous en sommes convaincus – nous-mêmes ne le sommes pas. Nous avons voulu faire parler cet homme de la rue, les gens simples, des gens de tous horizons. Mais montrer aussi que penser la liberté peut aussi donner lieu à des réflexions profondes, où la morale et la justice, valeurs humanistes intemporelles, sont omniprésentes. D’où ce livre qui rassemble à la fois des gens simples et de partout et quelques auteurs reconnus pour la profondeur de leur analyse. Ulrich a eu l’idée, elle m’a plu, je suis tout de suite monté à bord avec lui.

Ulrich Genisson -- L’idée est très simple. Faire cohabiter dans un livre très facile d’accès des universitaires incontestés avec Monsieur et Madame Tout-le-monde. La liberté est un bien précieux que tout le monde croit acquis alors qu’il ne nous en reste que des miettes. "La trahison des clercs" de Julien Benda, est presque totale, que ce soit les milieux journalistique, artistique, scientifique ou qui plus est politique, nous sommes tous reliés à cet État nourricier par subvention et autorisation, où la contestation nous vaudrait une mise au pilori, une ruine certaine, voire une incarcération. La liberté à été vidée de sa substance par les hommes de l’État soi-disant garant de notre sécurité. Comme le disait Benjamin Franklin : "Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux." Je crois que ce moment est arrivé, c’est pourquoi nous devions faire en sorte qu’un tel livre, un projet populaire qui touche chaque homme et chaque femme, puisse voir le jour.

Pourquoi un autre livre sur le libéralisme ?

Stéphane Geyres -- Justement, il y en a fort peu. Allez donc dans une librairie moderne au grand débit et aux innombrables rayons. Vous trouverez peu de livres politiques, à part ceux plus en vue de quelques personnalités. Sur ces rares rayons, quelques livres parleront de liberté, encore moins parleront de libéralisme. Et ceux qui osent afficher ce mot s’affichent en général comme des critiques cinglantes. Même chose en matière d’économie. Selon la mode ambiante, l’économie serait abominablement "néo-" ou "ultra-libérale". Pourtant, à y regarder de près, pratiquement aucun de ces ouvrage ne démontre la moindre objectivité sur la liberté et le libéralisme, concepts pourtant issus des Lumières et qui sont une des gloires de notre histoire. Devant ce vide, il nous est apparu qu’il fallait nous mobiliser pour contribuer à un plus juste équilibre en redonnant la parole aux gens, aux oubliés de la liberté, justement. Et toucher tous ceux qui ne trouvent pas le livre qu’ils cherchent.

Ulrich Genisson -- J’ai coutume de dire que l’ultra-libéralisme n’existe pas car il n’existe pas d’ultra-liberté ! Soit vous êtes libre, soit vous ne l’êtes pas. Bien sûr il existe des droits – les mêmes pour tous – mais le simple fait de garantir ces droits suffit pour que chacun puisse vivre librement. Ceux qui qualifient la liberté "d’ultra ou de néo-libéralisme", toujours accompagné par "échec", sont en fait des hommes de pouvoir ! Ne vous y trompez pas, celui qui vilipende le libéralisme, c’est celui qui fera campagne électorale au même moment vous demandant d’abandonner votre liberté pour la lui confier à lui ! Celui qui vilipende le libéralisme, c’est celui qui crache sur le système financier et qui dans le même temps octroie des dizaines de milliards de votre argent pour lui venir en aide. Il y a eu des dizaines de très grands auteurs depuis des siècles, de sincères humanistes, qui ont écrit sur la vie en société en toute liberté. Notre livre n’est pas un de ces ouvrages merveilleux. Il serait plutôt une porte d’accès, une première étape pour celui qui voudrait croire en lui-même. À défaut, notre livre est un sérieux pavé dans la mare dans le camp des "Socio-Tyrans" de droite ou de gauche ou des extrêmes. Ce livre a pour ambition de redonner des envies de liberté aux gens, ce livre se destine à nous tous.

Le libéralisme n’a-t-il pas fait la démonstration de ses limites ?

Stéphane Geyres -- Cette question mériterait largement un volume entier, beaucoup d’auteurs se sont exprimés pour montrer qu’il n’en est rien, mais ce n’est pas l’objet de notre livre que d’y répondre directement. Par contre, nous vous proposons de feuilleter quelques-uns des articles de notre livre – "Personne sur le Carreau", "Libéralisme et Pauvreté", "Taxi ! Vous êtes Libre ?" par exemple – et de décider ensemble si la liberté est un concept passé de mode qui ne vous importe pas. Vous verrez au contraire que la liberté est l’avenir de l’Homme.

Ulrich Genisson -- Je ne connais pas de société vraiment libérale de par le monde. Quelques bribes de libertés ont été accordées ici ou là, soit économiques, soit sociétales, mais malheureusement quand on s’arrête à mi-chemin, c’est-à-dire qu’on donne la liberté sans son corolaire qui est la responsabilité, ça se termine toujours mal, et c’est la liberté qu’on accuse et qui en fait les frais. Si on déréglemente les banques, on leur précise qu’en cas de mauvaise gestion ce sera la faillite. Si on est un État qui se veut libéral, on ne crée par 2 milliards de dette par semaine comme c’est le cas en France, dette qui engage des enfants qui ne sont même pas encore venus au monde. Le libéralisme c’est exactement le contraire du monde où nous vivons, où tout vous est dicté par la force de la loi, dans les moindres petits détails de la vie quotidienne. Le libéralisme n’a pas démontré ses limites, le libéralisme n’a en fait jamais été essayé. Car de tous temps, les hommes de pouvoir nous ont fait croire que l’homme était un loup pour l’homme. Je ne m’explique pas pourquoi, alors, nous en sommes encore et toujours à élire notre loup suprême…

La droite ne démontre-t-elle pas que ces idées ont fait leur temps ?

Stéphane Geyres -- La droite en France, tout comme le centre d’ailleurs, n’a au contraire pas grand-chose de libéral. Le libéral n’est rien d’autre qu’un homme normal qui a confiance en ses semblables et donc en leur liberté conjointe. Or, lisez les discours  de ces derniers mois : où trouvez-vous que ces politiciens nous font confiance ? On est constamment dans la répression ou dans l’État-providence qui nous assimile aux moutons. Pourquoi la liberté serait-elle une mode, dont l’importance sociale varierait au vent des tourmentes politiciennes ? Vous-même, ne souhaitez-vous pas être libre ? Comme le bonheur, la recherche de la liberté est dans nos gènes à tous, elle est naturelle, l’homme tend naturellement à la respecter. Penser que la liberté a fait son temps, ce serait donc croire que nous ne pourrions ambitionner que la tyrannie ?

Ulrich Genisson -- Nicolas Sarkozy l’a dit explicitement lors d’une interview, il ne croit pas au libéralisme. C’est donc parfaitement clair, ni la droite, ni la gauche, ni les extrêmes ne croient en la liberté de chacun, presque comme si c’était inéluctable que le peuple doive être soumis à une sorte d’aristocratie divine pourvue d’un savoir tout aussi divin, sachant ce qui est bon pour chacun, distribuant des miettes pour certains et de grosses tranches de gâteau à d’autres à sa seule discrétion. Ce temps est révolu. Les États occidentaux sont en ruine, car ils ont ruiné notre génération et les générations à naître. Désormais c’est le temps de la croisée des chemins, soit vous reprenez votre liberté, soit vous l’abandonnez totalement à un homme ou une femme providentiel qui vous promettra une solution à tous vos problèmes. L’histoire nous à montré comment ça se terminait à chaque fois, et l’enjeu de notre livre est bien à ce niveau.

Qui sont vos auteurs, comment les avez-vous recrutés ?

Stéphane Geyres -- Nos auteurs sont pour la majorité des gens simples issus de la société civile. Il y a quelques universitaires de renom, quelques personnalités engagées, mais aucun politicien. Certains vivent à l’étranger, mais ont à cœur la liberté de la France. Le recrutement a été mené de proche en proche. Les réseaux sociaux ont joué un rôle d’ailleurs déterminant. Nous-mêmes ne nous étions jamais rencontrés, et nous n’avons physiquement rencontré que très, très peu des 98 autres auteurs et des 100 supporters. Ce qui a été déterminant pour le recrutement, c’est d’une part la volonté d’agir pour la liberté et l’adhésion à un tel projet. Vous êtes un libéral sincère et vous croyez qu’on peut et qu’on doit écrire un livre à 100 sur la liberté ? Bienvenu à bord ! Voilà la seule stratégie de recrutement de ce projet.

Ulrich Genisson -- Les auteurs qui ont écrit dans ce livre sont tous francophones. Nous leur avons demandé leur lieu de résidence et non leur nationalité, car ce n’est pas un passeport qui fait un individu mais bien l’endroit où il vit. À quelques détails près, dans les pays francophone d’Europe ou d’Afrique, au Québec, les problèmes et les ambitions de chacun sont les mêmes, nous aspirons à la liberté et à un avenir meilleurs pour nos enfants. Avec ce livre nous sommes sur les 5 continents, partout le bilan est le même : "Trop d’État, trop de spoliation, trop de privation, trop peu de liberté". Nos auteurs ont tous répondu favorablement à notre demande de rédaction d’un sujet précis dans des mots simples, avec comme seule ambition d’apporter une pierre à la construction de ce projet et avec comme seule rétribution la satisfaction d’avoir fait ce qui devait l’être. Le professeur d’université main dans la main avec un salarié, un étudiant ou un demandeur d’emploi, unis par cette liberté que nous chérissons pour qu’elle nous protège de la tyrannie.

De quels sujets traitez-vous, comment les avez-vous choisis ?

Stéphane Geyres -- Nous avons cherché à aborder la liberté selon une combinaison de sujets très concrets, d’autres plus vulgarisateurs, ainsi que des thèmes plus en rapport avec le droit, l’économie et la société. De manière à toucher divers publics, l’homme ou la femme de la rue restant notre première cible, mais aussi les personnes cultivées mais qui souvent, hélas, connaissent mal les idées libérales authentiques. Chaque auteur a proposé un ou plusieurs sujets, parfois nous avons négocié pour gérer les conflits ou élargir le champs, mais le plus souvent, ce sont les sujets voulus par les auteurs eux-mêmes. Le livre est au final construit en six parties. Une première pose les principes de la liberté et de la société libre. Nous continuons sur des aspects en rapport avec la vie professionnelle et l’économie. Vient ensuite une petite série sur l’éducation, la recherche et l’enseignement. La liberté de choix du mode de vie fait notre quatrième partie. De là nous passons à tout ce qui touche à la question de l’appréciation du risque par chacun, pour finir par une partie très riche sur les dysfonctionnements de notre société moderne et sur les alternatives offertes par la liberté.

Ulrich Genisson -- L’ordre spontané du collectif [La Main Invisible]. Ce n’est pas une légende. Voici la recette : Déterminez une liste de 300 sujets, classez-les par ordre d’importance, prenez les 100 premiers, trouvez 100 auteurs en leur demandant d’exprimer 3 souhaits de sujets qu’ils aimeraient traiter, et spontanément vous avez 85% de vos thèmes qui ont trouvé un rédacteur. Des sujets comme "Qu’est-ce que la Monnaie ?" de Pascal Salin ou "Les dettes souveraines" de Pierre Lemieux ou encore "La banque libre" de Nathalie Janson, sont tous des sujets très pointus qui mériteraient des livres entiers, pourtant chaque auteur a joué le jeu de la vulgarisation et de la synthèse pour que ces problématiques d’actualités ne soient plus réservées à une élite politique qui essaie de nous faire croire qu’eux seuls y comprennent quelque chose.

Quel public visez-vous ?

Stéphane Geyres -- Vous d’abord, bien sûr, et tout le monde en général. Journalistes, intellectuels, étudiant, simple citoyen, cadre, dirigeant, agriculteur, employé, c’est un livre où chacun peut trouver quelque chose. Nous avons un petit questionnaire en annexe, dont le but est de montrer que même certaines personnes qui sont convaincues d’être antilibérales sont en fait moins loin des idées portées par ce livre qu’elles pourraient le croire. Nous avons fait le test avec un CGTiste qui s’est découvert en fait libéral. Cela montre bien que la liberté n’est ni de droite ni de gauche et concerne tout le monde.

Ulrich Genisson -- Je crois pouvoir dire, que nous visons vraiment tout le monde, sans exception. J’ose même espérer convertir l’homme ou la femme politique qui a fait de la spoliation, de l’arbitrage, de la promesse électoral et de la privation de liberté son métier, de rejoindre le camp des gens libres en étant convaincu de son inutilité et qui œuvrerait désormais à déconstruire nos États obèses et redistribuer la liberté au peuple. En travaillant sur ce livre, j’avais à l’esprit le sans-abri que nous sommes potentiellement tous, car plus nous sommes en bas des couches sociales et plus nous souffrons du manque de liberté. Qui est le plus à même de parler du manque de liberté que celui qui ne peut pas se loger, ne peut pas travailler, ne peut pas se soigner ? Le libéralisme a tant à dire et à faire pour les plus démunis ! Je suis certain que vous seriez très surpris de savoir qu’un SDF coûte chaque mois en France 930€ à la "collectivité", il est donc inutile de démontrer l’inefficacité d’un tel système, tout le monde peut le constater quotidiennement. Notre livre est donc un ouvrage profondément humaniste tout public de 7 à 97 ans. La politique (constructiviste par essence) est en faveur de l’un aux dépens de l’autre. Notre livre souligne cette hérésie que Frédéric Bastiat résumait si merveilleusement en : "L'État, c'est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde". Ainsi, nous attendons de cet ouvrage qu’il produise une grande vague de liberté, c’est un livre de vie, un déclic à partager et à faire découvrir pour engager débats et échanges entre tous. C’est pourquoi nous avons voulu que cet ouvrage soit librement utilisable et reproductible.

Qu’est-ce qui a été le plus difficile à réaliser ?

Stéphane Geyres -- C’est un projet qui repose sur le bénévolat de tous. Personne ne touche le moindre centime, à commencer par nous. Dans ces conditions, il n’est pas toujours facile de faire travailler 100 personnes à distance, qui ne se connaissent pas, en respectant des délais, des règles de longueur de texte, en vérifiant la valeur des sujets et sans trop débattre des différences de vue. Constamment mobiliser le groupe et convaincre que la spécificité de chacun serait respectée ont probablement été deux de nos défis les plus grands. Mais c’est aussi ce qui a donné à ce projet un côté affectif qui se traduit désormais en une grande solidarité du collectif, une grande fierté d’y appartenir.

Ulrich Genisson -- Notre grande faiblesse s’est transformée en formidable atout. Stéphane et moi, nous ne sommes que de simples individus, nous sommes salariés, sans engagement politique ni mandat. Nous étions donc "neutres" quand nous avons organisé tout ce projet. Là où d’autres auraient été soupçonnés de vouloir récupérer cette action, nous avons tout de suite suscité la confiance car nos ambitions étaient nobles et désintéressées, nous n’avons rien à vendre si ce n’est un livre libre de droits ayant pour ambition d’aider chacun à un sursaut de liberté. Je dirais que le plus difficile a finalement été d’être disponibles pour chacun, rapidement, tout le temps, nuit et jour avec les décalages horaires. Stéphane et moi avons envoyé plus de 40 000 emails en 6 mois pour ce projet. Il n’a parfois pas été simple de ménager la susceptibilité de chacun vis-à-vis de suggestions émanant soit de Stéphane et moi, soit du comité de rédaction. Il n’est que plus remarquable de constater que des libéraux autrichiens cohabitent dans le même ouvrage avec des libéraux classiques, des monétaristes et jusqu’au libéraux de gauche. Quelques-uns n’ont même jamais ouvert de littérature libérale, mais ils sont tout aussi légitimes pour s’exprimer sur la liberté. C’est donc bien un message de liberté dans son ensemble qui s’exprime face aux Étatistes de tous poils.

Comment comptez-vous atteindre le public ?

Stéphane Geyres -- De toutes les manières qui se présenteront à nous, tout simplement. Nous comptons notamment nous appuyer sur notre réseau d’auteurs répartis un peu partout pour faire connaître le livre localement – car c’est sur le terrain que nous voulons aller. Mais surtout, nous parions tout simplement sur le bouche à oreille. Si le livre vous parle, vous en parlerez autour de vous. Et quand on voit que des auteurs qui "s’indignent", alors que leurs thèses reposent sur du sable, arrivent à toucher plus d’un million de lecteurs, nous gardons confiance en la capacité de notre livre à faire encore mieux.

Ulrich Genisson -- La liberté est une valeur universelle. Elle est bafouée depuis bien trop longtemps maintenant. Ce livre aspire seulement à remettre l’Homme au centre, nous comptons donc sur celui-ci, sur sa clairvoyance pour promouvoir notre livre et le message qu’il porte, qu’y a-t-il de mieux qu’un homme libéré grâce à notre livre pour faire la promotion de la liberté ? Toute personne souhaitant nous rejoindre et nous aider dans cette tâche sera la bienvenue. Chez nous il n’y a ni carte, ni cotisation, ni campagne, ni parti, mais seulement des hommes et des femmes libres qui font entendre leur voix.

Quelles retombées espérez-vous ?

Stéphane Geyres -- Une seule : que la liberté retrouve la place qu’elle mérite dans le cœur des français et dans notre société et celle de nos enfants. Et peut-être que d’autres reprennent les idées – ou même qu’ils nous copient – pour que la liberté fasse boule de neige.

Ulrich Genisson -- Je n’aspire qu’à une chose : La liberté, pour tous, partout, maintenant ! Le livre est un outil pour y arriver, ce n’est pas une fin en soi. Le jour où massivement le peuple demandera des comptes aux hommes qui nous gouvernent, le jour où massivement les gens demanderont aux hommes et femmes politiques de tous niveaux de ne plus s’occuper de leurs vie, alors notre but sera atteint. Je rejoins Stéphane, si notre projet était copié dans le monde, dans d’autres langues, ce serait une grande satisfaction pour nous.

Quelles sont les personnalités qui vous soutiennent ?

Stéphane Geyres -- En complément de nos 100 auteurs, nous avons rassemblé 100 ‘supporters’, de personnes elles aussi de tous horizons et dont la seule motivation est d’exprimer leur soutien à ce projet, et donc à la liberté. Parmi ces 100, nous trouvons un double champion du monde de moto, la traductrice de La Grève, immense roman de Ayn Rand, plusieurs universitaires et même un grand intellectuel péruvien. Notre souci n’a jamais été de quémander le soutien d’une célébrité quelconque et surtout pas politique. Mais de montrer au contraire que nous sommes proches des "vrais gens" et de leurs préoccupations.

Ulrich Genisson -- Les hommes et les femmes qui nous soutiennent sont tout simplement un échantillon de notre peuple. Des professeurs d’universités, un champion, un trader, un chemineau, des artisans, des agriculteurs, des ouvriers, des jeunes et des moins jeunes, nous avons vraiment un échantillon représentatif, car notre livre parle à chacun, de sa liberté.

Ne craignez-vous pas de vous faire récupérer ?

Stéphane Geyres -- Nous faire récupérer par qui ? Quel homme ou femme politique français contemporain oserait de nos jours se revendiquer de la liberté ou du laissez-faire ? Quand bien même, tant mieux si nous devions nous faire récupérer, car cela ferait parler de liberté et de ces sujets qui sont réellement d’importance pour les gens comme vous et moi, gagner sa vie, la choisir ou encore, mieux maîtriser son destin. Si Messieurs Hollande ou Sarkozy, voire tous les élus de tous horizons, souhaitent se montrer avec notre livre en main, nous serons heureux de leur en dédicacer chacun un exemplaire.

Ulrich Genisson -- Si un parti ou un groupe politique nous récupérait, il n’aurait aucun autre choix que d’organiser l’émergence d’une vie en société basée sur la liberté et la responsabilité de chacun, c'est-à-dire un recul radical des prérogatives de l’État.

Comment vous suivre, quand sort votre livre ?

Stéphane & Ulrich -- Vous pouvez nous suivre sur Facebook ou nous avons une page très active, nous avons aussi une chaîne sur Youtube ou nous vous réservons de nombreuses surprises très bientôt. Twitter est bien sûr notre outil quotidien pour tenir informés tous nos supporters et nos sympathisants. Nous avons réalisé une "pré-édition" très limitée à seulement 2 000 exemplaires pour nos auteurs et nos fidèles supporters, qui sera livrée en juin. La sortie officielle de notre ouvrage "Libres !" du collectif [La Main Invisible] est prévue pour septembre 2012 dans toutes les bonnes librairies, sur internet et dans tous les pays francophones.


La réflexion du jour

Un rapport préparé pour le conseil d’administration du diffuseur public, dont l’Agence QMI a obtenu copie en vertu de la Loi sur l’accès à l’information, révèle que le taux d’absentéisme à la SRC/CBC a été presque deux fois plus important que dans le secteur privé en 2010-2011.

(NDLR Est-ce que les gauchistes radio canadiens sont plus fragiles que le Québécois moyen ou est-ce que les vertueux gauchistes sont plus susceptibles d’abuser du système?)

Le chiffre du jour : 18 M$


L’absentéisme des employés à la Société Radio-Canada/CBC coûte près de 18 millions $ par année aux contribuables canadiens.

25 septembre, 2012

L’art de tuer la poule aux oeufs d’or

On sent la même improvisation dans le cas de la taxe santé. Parce que Mme Marois veut l'abolir dès cette année, cela créera un trou de 850 millions. Comment le combler? On a appris ce week-end que la hausse des taux d'imposition pour les hauts revenus serait rétroactive au 1er janvier.
C'est inacceptable. Sur le plan politique, le PQ n'a jamais parlé de cette rétroactivité pendant la campagne. Ça ne se retrouve pas non plus dans son cadre financier. Hypocrisie, comme le croit l'ex-ministre Raymond Bachand, ou improvisation? Dans les deux cas, il y a un troublant manque de transparence.
--- Alain Dubuc

 

La réflexion du jour

En Suisse, l'organisation du système de santé a évolué dans le sens opposé à celui du Canada, où la tendance a plutôt été celle d'une réglementation et d'un financement public de plus en plus centralisés.--- Michel Kelly-Gagnon

Le chiffre du jour : 4 % c. 40 %

La rapidité avec laquelle les patients sont pris en charge est spectaculaire. L'attente est à toute fin pratique inexistante, comme en font foi les plus récentes données de l'enquête internationale du Commonwealth Fund. Au cours de la dernière année, seulement 4% des Suisses ont dû attendre 6 jours ou plus avant de pouvoir rencontrer un médecin lorsqu'ils en ont eu besoin, alors que 40 % des Québécois ont été forcé de patienter aussi longtemps. Avant de pouvoir obtenir un rendez-vous avec un médecin spécialiste, il fallait en moyenne 11 jours à un patient suisse et 78 jours à un patient québécois, en 2011.

24 septembre, 2012

Êtes-vous libéral ou conservateur?


Le Pew Research Center a créé un court questionnaire (12 questions) qui permet de savoir où vous vous situez sur l’axe idéologique Libéral-Conservateur. Le modèle manque de nuance, mais fournit quand même une indication de vos penchants idéologiques. En plus, c’est amusant.

Le « you » dans les graphiques indique où je me situe, par rapport aux démocrates et aux républicains.
J’ai ajouté un axe gauche-droite (orange) et j’ai indiqué, où selon moi, les partis politiques québécois se situent. Le « MOI »  indique que je me situe à droite du point de vue économique et à gauche du point de vue social. Malheureusement, aucun parti politique québécois ne représente les centaines de milliers d’électeurs qui comme moi sont socialement libéraux et économiquement conservateurs. 




La réflexion du jour

Il en coûte plus cher pour vivre à Montréal qu'à Toronto, et un Montréalais doit travailler plus longtemps qu'un Torontois pour se procurer un Big Mac ou un iPhone.

(NDLR : Non seulement sommes-nous plus pauvres, mais ça coûte plus cher. C'est aussi ça le fameux modèle québécois!)

Le chiffre du jour : 44,4 heures c. 37,5 heures

UBS a aussi calculé le temps de travail requis pour acheter un appareil iPhone 4S doté d'une mémoire de 16 Go.

Montréal requiert de travailler 44,4 heures pour acquérir un tel appareil, alors qu'à Toronto, c'est 37,5 heures.

23 septembre, 2012

La politique québécoise en caricatures

La réflexion du jour

Le silence des politiciens sur le prix de l’essence au cours de la campagne électorale est une preuve de plus qu’ils sont débranchés des préoccupations réelles des citoyens.--- Jean-Jacques Samson

Le chiffre du jour : 40 %

Mario Dumont relevait jeudi dernier que c’est à Montréal et à Québec que le prix à la pompe est le plus élevé de toute l’Amérique du Nord. Le gouvernement du Québec en est le responsable. À la taxe fédérale d’accise de 10 cents/litre, le Québec, toujours très gourmand, ajoute sa propre taxe record de 18,2 cents et une taxe spéciale de 3 cents à Montréal pour le support financier au transport en commun. Ottawa et Québec taxent ensuite les taxes en ajoutant leurs TPS et TVQ sur l’ensemble des composantes du prix que devra payer le consommateur. Plus de 40 % du prix du litre va directement aux ministères du Revenu fédéral et provincial.

22 septembre, 2012

La réflexion du jour

Pour certains, l’économie est d’une simplicité désarmante. Il y a moins de sièges sociaux ? Assurons-nous de les garder, quitte à empêcher la vente ou le déménagement de « nos fleurons ». Moins d’usines et d’emplois manufacturiers ? Empêchons leur fermeture et assurons-nous que les emplois soient maintenus. Une bonne loi ou une intervention des sociétés d’État pourrait tout régler et assurer notre prospérité.

Voilà un bon plan pour fossiliser l’économie et l’empêcher de se développer.--- Pierre Duhamel

Le chiffre du jour : 65 ans c. 10 ans

Ces dernières années, le cycle de vie des entreprises s’est considérablement raccourci. En 1920, la durée de vie moyenne des grandes entreprises était de 65 ans aux États-Unis selon Standard & Poors. Elle ne serait plus que de 10 ans. Chaque jour on voit des marques prestigieuses disparaître ou être menacées d’extinction.

21 septembre, 2012

Lettres à un jeune politicien


Revue de livre par Mathieu Bock-Côté


Il s’agit d’un tout petit ouvrage. Mais d’un très beau livre. Je parle de Lettres à un jeune politicien (VLB, 2012) de Lucien Bouchard. Celui-ci nous avertit d’entrée de jeu : il ne s’agit pas d’un condensé de sa pensée politique. Non plus que d’un livre de Mémoires («pas encore», précise-t-il). Plutôt d’une série de lettres à un jeune plus ou moins imaginaire pour le convaincre de s’engager en politique. L’exercice se situe à mi-chemin entre la confession autobiographique et de la philosophie de l’action.

Bouchard y revient sur son parcours pour en tirer quelques leçons. Il survole certains grands problèmes du Québec contemporain. Il se livre surtout à une méditation sur l’engagement politique, sur les vertus et les limites de l’homme d’État. À l’ancienne, on dirait qu’il réfléchit sur la grandeur et sur le déclin du politique. Il parle en connaissance de cause. Lucien Bouchard s’y livre à son meilleur. L’homme s’y exprime avec aplomb. Et sans rancune. Celui qui le lira comprendra mieux la politique. Plusieurs se sentiront interpellés par le message qui s’y trouve.

À quoi sert la politique ?

La question de fond qui traverse l’ouvrage, c’est le rôle de l’action politique. À notre époque, on s’en moque. On survalorise l’économie, la technologie, l’éthique, la communication, l’humanitaire. Mais la politique n’a plus le beau rôle. Un jeune homme ou une jeune femme qui rêve d’engagement ne se mettront plus au service de l’État. Bouchard le soutient : les meilleurs ne s’y engagent plus. Ils ont peur de s’embourber dans la bureaucratie, de se faire lessiver par la presse, de trop y sacrifier sans y obtenir de réelles gratifications. Bouchard est pourtant clair : il faudrait en revenir à une vision élevée de la politique. Elle n’est pas qu’une petite arène où se joue la comédie de l’ambition.

Le politique, c’est le lieu où une société se projette collectivement, où elle s’imagine un destin. «L’avenir du Québec […] passe obligatoirement par la voie politique» (p.114). C’est le lieu d’intersection entre l’idéal et le principe de réalité. L’homme politique doit porter l’idéal et projeter son peuple dans l’avenir. Il doit aussi savoir dire non pour éviter que la société ne se laisse avaler par un fantasme, insiste à plusieurs reprises Lucien Bouchard. L’homme politique n’est ni rêveur, ni père fouettard. En d’autres termes que les siens, la vision de la politique de Bouchard relève davantage dutragique que de l’utopique. La politique n’est pas l’instance par laquelle tout devient possible, mais par laquelle une société forge son destin à travers des choix difficiles. De la richesse ou de la pauvreté de notre conception de la politique dépend l’avenir du Québec.

La politique, nous dit-il, est une ascèse, en revenant sur les origines de son engagement. «Pour mes collègues […] et moi, le substitut à la prêtrise, c’était la politique et le désir de participer à ce vaste mouvement d’émancipation de la société québécoise que fut la Révolution tranquille» (p.30). Il y a donc, si  on le lit bien, une charge sacrée en politique – une grandeur irréductible dans l’engagement au service du commun. Cela permet d’endurer les injures, les attaques personnelles, de tolérer les mesquineries qui accompagnent nécessairement le service public – «il t’en faudra, de la force de caractère, pour surmonter le manque de respect, les critiques acerbes et les attaques personnelles» (p.78). Connait-on un seul grand homme qui n’ait pas la cicatrice d’un coup de poignard au beau milieu du dos? Bouchard pourrait appliquer ce commentaire à tous ceux qui évoluent dans le domaine public. Il faut croire aux vertus supérieures de l’action publique pour tolérer les crachats qui pleuvent sur ceux qui consentent à monter sur une tribune.

C’est à partir de cette fonction que se dessine le rôle de l’homme politique. Si je lis bien Bouchard, un politicien canalise les désirs d’une société, les explicite, et les transforme en vision et en objectifs qu’il cherchera à atteindre. De là l’importance donnée par Bouchard à la parole publique, au discours, tout au long de son ouvrage. La politique demeure l’art de la parole. Bouchard est clair avec son jeune politicien : «il faut que tu établisses avec les gens une communication fondée sur le rationnel, mais portée par la passion. Tu dois faire rêver tes auditoires, les mettre en mouvement. Ce n’est pas évident, je te l’assure» (p.64). Le grand discours, nous dit Bouchard, n’est pas qu’un exercice de style. C’est la rencontre d’une vision et d’une circonstance. L’homme politique doit savoir parler. Éveiller les émotions pour les mettre au service d’un grand projet. Connecter la passion et la raison. Il y a là une part d’intuition qui manque à ceux qui ne voient pas l’homme dans la cité mais seulement le consommateur (de biens privés ou de biens publics) dans une société segmentée en clientèles ou qui s’imaginent l’homme trop bête pour se soucier de l’intérêt général. Peut-on faire une bonne politique sans croire au moins partiellement à la permanence de la nature humaine, même si chaque culture et chaque époque la travaillent différemment?

L’éducation de l’homme politique

Ce qui exige, pour mobiliser les sentiments disponibles dans une société, une immense culture (à tout le moins, une véritable culture), une psychologie fine des émotions collectives du peuple auquel on s’adresse – ce qui implique aussi qu’on en connaisse l’histoire. On trouve là parmi les plus belles pages de Bouchard – on pouvait s’y attendre, lui qui fut le grand orateur du Québec des 30 dernières années. Mais pour parler à l’homme, il faut une culture. Une culture immense qui immunise contre les modes et qui permet de ressentir – et d’agir sur – les sentiments fondamentaux qui irriguent la cité : l’honneur, la fierté, la solidarité, sont de ces sentiments qui lient les hommes même lorsqu’ils se divisent. Je cite encore une fois Bouchard : «plus tu te renseigneras, mieux tu seras armé pour défendre tes opinions – et pour résister aux modes» (p.50). Il faut savoir suivre sa route même quand l’opinion publique va dans une autre direction.

Les passages qu’il consacre à son rapport aux livres sont magnifiques. Il y raconte comment lui, jeune homme, y trouvait dans la lecture le seul exutoire possible dans un univers réel un peu trop morne. Il apprenait et cultivait l’imaginaire. Ce n’est pas sans raison qu’il fera de la Grande bibliothèque un de ses grands projets. La chose était connue et Bouchard la confirme : il a acquis au fil des ans l’intégrale de la Pléiade. On pourrait y voir un fétichisme de collectionneur – ce ne serait pas si mal, d’ailleurs.  Et pourtant, ce serait faux. Cela témoigne surtout d’un homme qui sait ce qu’est un classique. Car on lit les classiques non pas pour s’enfermer dans le musée des humanités passées, mais parce qu’ils explorent les questions fondamentales de la condition humaine. On y revient non pas pour fuir l’homme, mais pour partir à sa rencontre.

L’homme politique qui ne sait pas qu’on gouverne mieux les hommes en les ayant étudiés profondément n’en est pas un : c’est un manager, un gestionnaire. L’homme politique qui n’est pas capable de se retirer chaque jour pendant quelques moments pour plonger dans une œuvre fondamentale risque tout simplement de mal gouverner. Car on exerce bien mal le pouvoir si la vision qu’on a de sa société se résume aux connaissances engendrées et produites par les grands appareils bureaucratiques. Le politicien n’est alors qu’un technocrate avec un mandat électoral. L’homme d’État véritable doit non seulement livrer la marchandise attendue par ses fonctionnaires, mais penser son époque, et se situer par rapport à elle – ce que dit Bouchard à sa manière en soutenant qu’il doit y avoir adéquation entre l’homme politique et «l’esprit de son temps».

La dignité de la politique

L’homme politique doit donc rassembler les hommes malgré leurs divisions. Il doit être l’homme d’exception, que sa fonction relève, et non pas un quidam, confondant l’exercice du pouvoir avec un concours de popularité. On le voit ainsi très sévère envers les bavardeurs qui acceptent – et encouragent même – le basculement de l’action politique dans la société du spectacle – envers ceux, dirait-on, qui désacralisent la parole publique. Je me permets de le citer longuement : «en plus d’être intègre et compétent, le dirigeant politique doit respecter sa fonction. Celle de ministre ou de premier ministre a besoin d’une certaine distance. Comprends-moi bien. Je ne veux pas dire par là qu’il faille se tenir à l’écart de la population. Mais il faut, selon moi, s’abstenir de participer à des émissions de variétés. Quand un politicien va se faire enguirlander dans ce genre d’émissions, c’est inadmissible parce que ça dévalorise la fonction.

Si tu exerces une fonction élective, tu dois te rappeler en tout temps qu’on t’a conféré un statut à ne pas laisser déprécier. Il ne s’agit pas de se penser plus «fin» que les autres. Un rôle institutionnel requiert un certain niveau de dignité, voilà tout. Un  premier ministre peut et doit, bien sûr, être drôle, convivial. Cela ne signifie pas pour autant qu’il doive faire le joli cœur sur des plateaux remplis d’humoristes. Quand tu respectes ta fonction, tu ne dis pas à l’animateur et à ses invités : «on est des chums, tu peux me dire n’importe quoi, et moi je vais faire semblant que je trouve ça drôle. Tu m’insultes, mais je ris avec toi. Je fais partie de la gang». Voilà ce que j’appelle banaliser la fonction. On est, tu en conviendras, bien loin des enseignements du Fil de l’épée, ouvrage dans lequel de Gaulle explique que l’autorité du chef a besoin d’un certain mystère» (p.44-45). La grandeur. La réserve. La distance. Bouchard parle ici le langage de l’autorité (l’autorité n’est le pouvoir autoritaire, pour ceux qui seraient tentés par ce fâcheux amalgame) – il n’hésite pas à citer un vieux romain qui disait qu’un homme politique ne se fait pas élire pour suivre ses électeurs mais pour les gouverner. Le génie de la démocratie ne consiste pas à abolir l’autorité mais à rendre révocables ceux qui l’exercent.

Il faut donc s’engager, dit Bouchard, qui mise avec un mélange de ferveur et de candeur sur la jeunesse, comme le faisait un de nos vieux historiens dont on ne dit plus le nom et qui n’a jamais désespéré d’elle. Il la voit partout. Grouillante. Riche de projets. Désireuse de se dépasser. Mais on ne doit pas confondre. Les jeunes auxquels il s’adresse ne scandent manifestement pas des slogans anarchistes dans la rue, non plus que ne chargent les policiers en croyant y voir des représentants tardifs de la SS. La politique n’est pas que pure protestation morale ou parade de mode idéologique. Non plus que mobilisation circonstancielle. Elle est moins festive qu’austère. Cela consiste à s’engager durablement dans l’arène électorale pour exercer le pouvoir. Si on le lit bien, Bouchard parle des jeunes entrepreneurs, des jeunes avocats, des jeunes universitaires – de la jeune élite québécoise, finalement, des «meilleurs esprits» de notre société. N’a-t-il pas intitulé son premier chapitre «De l’importance d’avoir une carrière préalable» ?

L’étiquette

On s’engage toujours pour un parti, nous dit Bouchard. Doit-on pour autant porter une étiquette? Il insiste : non. La gauche, la droite, voilà des concepts qui semblent l’embêter et qui divisent artificiellement ceux qui pourraient autrement se rassembler. Probablement a-t-il raison. Mais à moitié seulement. Car l’action politique suppose une certaine part de cohérence philosophique – cohérence à laquelle il ne se dérobe pas, d’ailleurs. Et comment peut-on parler de Lucien Bouchard autrement qu’à la manière d’un conservateur? Quelques exemples viennent à l’esprit : Bouchard fait l’éloge de l’enracinement historique et se méfie du présentisme (p.48). Il exécute sommairement la réforme scolaire et les «pédagogues» du ministère – «je me félicite tous les jours d’avoir été formé à l’époque où les pédagogues patentés ne sévissaient pas encore» (p.49). Il nous accuse d’ingratitude envers les religieux catholiques qui ont fait le Québec (p.27). Il s’exaspère contre la puissance de la bureaucratie qui entrave l’action politique et fait l’éloge d’une certaine «robustesse collective quand vient le temps de prendre une décision de développement» (p.55). Il se porte à la défense de la démocratie parlementaire contre les excités portés sur la désobéissance civile (p.56). Il rappelle l’importance du principe de réalité dans la gestion des finances publiques. Et ainsi de suite.

Lucien Bouchard et la question nationale

Ce conservatisme a-t-il quelque chose à voir avec la question nationale, à laquelle Bouchard n’échappe pas? Oui. Car Bouchard est le grand héritier de ce qu’on pourrait appeler le conservatisme québécois. Sur le fond des choses, Bouchard semble demeurer souverainiste (si on désigne ainsi quelqu’un souhaitant qu’un jour, le peuple québécois devienne indépendant), mais se désole de ce que le souverainisme officiel est devenu – la grande coalition gauche-droite du PQ est morte, disait-il dans une entrevue à Alex Castonguay de L’Actualité. Et le souverainisme s’est trop campé à gauche pour rassembler vraiment les Québécois. Mais le nationalisme de Lucien Bouchard demeure profond. Ne serait-ce parce qu’il sait que l’histoire d’un peuple pèse sur son destin. Je le cite : «il y a quelques temps, je me suis mis à relire l’histoire du Québec. J’ai pris pleine conscience du traumatisme que fut la Conquête. Quand je pense que des historiens ont tenté, récemment, de nous faire croire qu’elle n’a jamais eu lieu. Celle-là, je ne peux pas la digérer. Je t’invite à relire le récit de cet épisode tragique de notre histoire dont on ressent encore aujourd’hui les conséquences» (p.48). La bonne éducation politique passe donc par l’éducation historique. Autrefois, c’était une évidence. Aujourd’hui, c’est presque une hérésie.

Et pourtant, Bouchard n’a pas tort. Sa ligne de fond, c’est la fidélité première au Québec. Qui ne saurait se laisser enfermer dans une seule option sans d’un coup se stériliser. La polarisation souverainiste-fédéraliste telle qu’elle prend forme en ce moment n’est pas à la veille de se dénouer à l’avantage de l’indépendance, dit-il. Et pourtant, «toute politique fondée sur le déni a peu de chances de réussite. La divergence qui sépare souverainistes et fédéralistes au Québec est ancrée si profondément dans le débat politique, et depuis si longtemps, qu’elle semble s’être intégrée au paysage politique. […] De toute façon, quel que soit le parti au pouvoir au Québec, il ne pourra faire autrement que de s’astreindre à un devoir de vigilance et de défense à l’égard de toute tentative d’empiètement émanant d’Ottawa. Sois certain que ces incursions se poursuivront» (p.113). Les intérêts vitaux du Québec transcendent les partis.

Dans son entrevue à L’Actualité, Bouchard poussait l’analyse plus loin : «Quelqu’un qui est en politique, surtout s’il forme le gouvernement, va avoir de la difficulté à échapper à cette dichotomie-là. C’est au cœur de notre débat depuis 40 ans. Ce serait un peu les limbes constitutionnels. Or, la politique, ce n’est pas les limbes, c’est la réalité. Il y a des positions à prendre. Il y a une dynamique entre le Québec et le fédéral, c’est toujours une partie de bras de fer. Un premier ministre doit gérer cette responsabilité. Est-ce que ça peut se faire en dehors de l’axe souverainiste-fédéraliste ? Ou bien on accepte la fédération, ou bien on ne l’accepte pas». Il y a là un réalisme politique qui ne limite pas les enjeux politiques québécois à la seule obsession référendaire mais qui ne croit pas nécessaire pour autant de discréditer la question nationale.

Mais Bouchard n’est pas un excité référendaire. Il sait le coût de la défaite. Un peuple qui lutte pour son indépendance et échoue en paie le prix. «Il serait irresponsable d’exposer le Québec à une autre défaite quand on sait le prix qu’il a fallu payer au lendemain des échecs de 1980 et de 1995. Le premier nous a valu le rapatriement forcé de la constitution, l’imposition d’un droit de véto et la diminution des pouvoirs de l’Assemblée nationale. Quant au second, il s’est soldé par la mise en place du verrou de la loi sur la clarté» (p.110). On ajoutera avec Bouchard qu’une si importante défaite n’est pas sans effets psychologiques graves sur la collectivité. Nous ne nous sommes toujours pas remis de l’avortement référendaire, conclut Bouchard. Autrement dit, le nationalisme, cette fidélité première au Québec d’abord, doit demeurer la pierre d’assise du débat politique. Et demeure suffisamment large comme référence pour accueillir ceux qui ne sont pas déjà convertis au souverainisme, et plus encore, au souverainisme dans sa version péquiste.

Je m’aventure ici à l’extérieur du livre de Bouchard. Je cartographierais à peu près ainsi l’espace politique québécois actuellement en ce qui a trait à la question nationale. J’y vois quatre camps découpés sans trop de précision: celui du 1) plus jamais! 2) celui du grand bof ! 3) celui du pas maintenant 4) celui du Immédiatement. Les premiers sont au PLQ, les seconds sont divisés entre le PLQ et la CAQ, les troisièmes entre la CAQ et le PQ, et les derniers entre le PQ et les petits partis souverainistes. Le nationalisme québécois est intimement fragmenté. Et une majorité référendaire ne sera possible que lorsque les trois dernières catégories se rassembleront politiquement. Cela n’est pas à la veille d’arriver. Je l’écrivais dans Fin de cycle, l’essentiel, en ce moment, n’est pas de faire l’indépendance mais de s’assurer qu’elle demeure possible. La chose est encore plus vraie à la lumière des derniers résultats électoraux.

Le Québec n’est pas à la veille de son indépendance. Les souverainistes le savent aussi. Cela ne veut pas dire qu’ils doivent démissionner de leur option, mais qu’ils ne doivent pas tout mettre leurs œufs dans le panier référendaire. Ils ne le font pas d’ailleurs. Mais une chose demeure : tant que le grand parti du Québec d’abord ne sera pas de nouveau rassemblé politiquement, le Québec n’ira nulle part.  Tant que les Québécois ne se mettront pas d’accord à nouveau sur une commune définition de leur situation collective, de leur situation historique (ce qu’ils ne sont plus capables de faire pour l’instant), ils n’avanceront pas. Nous sommes en attente d’une nouvelle synthèse québécoise, d’un nouvel élan, de nouvelles raisons de croire au Québec. Bouchard est persuadé, et répète à plusieurs moments, d’ailleurs, que les Québécois sont en attente d’une nouvelle vision collective. Pourrait-on dire d’une nouvelle Révolution tranquille? Reste, suggère-t-il aussi, à ce que certains, les meilleurs, s’engagent en politique pour lui permettre d’éclore.

«L’histoire du Québec, dit Bouchard, est une longue chaine d’efforts, de joies, de revers, de dépassements personnels. Ton destin s’inscrit dans le prolongement du parcours de ce peuple déterminé à survivre et s’épanouir comme nation francophone en plein cœur d’un immense continent anglophone. Plus tu fréquenteras notre histoire, plus tu constateras que, tout au long de cet itinéraire, la solidarité politique s’est avérée cruciale» (p.109). Cela nous ramène au grand homme. Bouchard en était un. Il en est toujours un d’ailleurs. Dans un monde idéal, il reviendrait. Il donnerait ses dernières années à la nation. Il arriverait comme à la manière d’un père réconciliateur dans une nation divisée pour la rassembler, pour lui redonner l’élan qui lui manque, pour montrer l’idéal au loin. Mais il ne reviendra pas. Nous le savons depuis longtemps. Nous sommes des millions de Québécois, je crois, à avoir de la difficulté à en faire vraiment le deuil. À tout le moins, il vient de nous lire son testament. Je suis d’avis qu’il devrait inspirer les Québécois à croire encore au Québec.

La réflexion du jour

Lors de l'euphorique période boursière qui a précédé la crise financière de 2008, le Québec a vu l'un de ses beaux fleurons, Alcan, se faire acheter par la multinationale anglo-australienne Rio Tinto. Il n'y a pas seulement les péquistes qui ont dénoncé cette prise de contrôle étrangère sur Alcan. Le chef de la CAQ, François Legault, a qualifié la vente d'Alcan comme étant «une erreur irréparable», tout en affirmant que les décisions de la multinationale sont maintenant prises à Londres ou en Australie.---Michel Girard

(NDLR : Si le PQ où la CAQ avait été au pouvoir, le gouvernement aurait utilisé le bas de laine des Québécois pour acheter Alcan.)

Le chiffre du jour : 19 G$

Hypothèse. Si la Caisse avait réussi à contrer l'OPA de Rio Tinto, elle se retrouverait aujourd'hui propriétaire d'une société qui vaut 19 milliards US de moins que le prix versé.

(NDLR : Avons-nous les moyens de perdre 19 G$? À ce rythme, contrairement aux promesses du PQ et de la CAQ ce sont les banquiers qui seront Maître chez nous.)

20 septembre, 2012

La réflexion du jour

Et pourtant, cette promesse (ndlr : rapatriement de l'assurance-emploi), peut-être attrayante au premier abord, le devient beaucoup moins quand on la regarde de plus près. Le Québec perdrait des centaines de millions de dollars s'il rapatriait le régime, et paierait encore plus cher s'il choisissait de le bonifier.--- Alain Dubuc

Le chiffre du jour : 875 M$

Qu'arrivera-t-il si Mme Marois en parle à Stephen Harper? Même s'il était ouvert à l'idée, il ne pourrait pas transférer au Québec des fonds qui proviennent des travailleurs et les employeurs des autres provinces. Au mieux, le Québec ne récupérerait que ses propres cotisations. En 2009, il aurait perdu 875 millions pour cette victoire constitutionnelle.

19 septembre, 2012

Alliance Films, un autre fiasco interventionniste


En décembre 2007, la SGF acquérait 38,55 % d’Alliance Films. On nous assurait qu’en plus d’être rentable, cet investissement était conditionnel au déménagement du siège social de Toronto à Montréal.

Cinq ans plus tard, le déménagement du siège social à Montréal n’a été qu’un écran de fumée et les contribuables québécois ont perdu 50 M$ dans l’aventure.

Comme si on en avait les moyens!

Cette acquisition a été conclue alors que le PLQ était minoritaire (PLQ : 48 députés; l’ADQ : 41 députés; PQ : 36 députés) et donc pouvait tomber à tout moment. Dans ces conditions, il était impératif pour le PLQ d’acheter le plus de votes possible avant le dépôt du budget prévu en mars 2008. Cet investissement électoraliste visait donc à plaire aux artistes et à la population de Montréal. Dans ce contexte, le risque financier imposé aux contribuables pesait bien peu dans la balance.

Les politiciens, à moins d’être de saintes personnes, ne pourront jamais résister à l’envie d’utiliser les fonds publics à des fins électoralistes. Dans ces conditions, les critères politiques auront toujours préséance sur les critères financiers lors du choix des projets d’investissement.

Le rôle du gouvernement doit se limiter à créer un environnement économique invitant et propice aux entrepreneurs et investisseurs et à laisser ces derniers choisir les bons projets en risquant leur argent et celui de leurs actionnaires. Malheureusement, les trois partis susceptibles d'influencer les décisions gouvernementales se sont engagés à faire le contraire. Ils proposent tous d’investir davantage pour orienter le développement économique du Québec. (Traduction : ils promettent tous de piger plus profondément dans les poches des contribuables pour acheter les votes des groupes d’intérêt.)

Les politiciens nous promettent de mettre de l’ordre dans les finances publiques, mais creusent toujours plus le trou dans lequel nous nous sommes enlisés! C’est ce qu’ont fait les Grecques, les Portugais et les Espagnols.

Cherchez l’erreur!

La réflexion du jour

.....d’une crise à l’autre, la réglementation des institutions financières est-elle devenue complexe au point d’être moins efficace? Le problème ne se limite pas aux banques: à mesure que les citoyens exigent d’être protégés par l’État, celui-ci multiplie la réglementation, celle-ci devient de plus en plus détaillée. La paperasse augmente, le nombre de fonctionnaires aussi. Mais les gens s’en portent-ils mieux? Y a-t-il moins d’erreurs? Moins de fraudes?--- André Pratte

Le chiffre du jour : 7 500

Selon MM. Haldane et Madouros, en cherchant à tenir compte de la complexité croissante de l’industrie financière pour éviter tout effondrement futur, les organismes de supervision ont rendu la réglementation et les outils de mesure trop lourds. Ainsi:

- le premier accord de Bâle (1988), définissant pour la première fois des normes internationales visant à garantir la stabilité des banques, tenait en 30 pages. Bâle III, conclu en 2010, comporte plus de 600 pages.

- la loi Dodd-Frank, adoptée à Washington à la suite de la crise financière, fait 848 pages. Son application nécessitera la rédaction de 400 règlements par diverses agences.

- les banques britanniques doivent dorénavant fournir aux organismes de réglementation des données sur 7500 paramètres différents.

18 septembre, 2012

La réflexion du jour

Devant l'accumulation de tels nuages gris, le gouvernement de Pauline Marois doit donc modifier de manière urgente ses priorités. Compte tenu de ses intentions initiales, elle doit au minimum s'abstenir de jeter de l'huile sur le feu.--- Martin Coiteux

Le chiffre du jour : 0,56 %

Les dernières données disponibles laissent même entrevoir un taux de croissance encore plus faible que le maigre 0,56% atteint au premier trimestre de 2012.

17 septembre, 2012

La délocalisation, facteur de création de richesses


On ne le répétera jamais assez, contrairement aux affirmations de la gauche, la délocalisation est bénéfique à l’économie et à la création de richesses.
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Tyler Watts, 29 août 2012

En période d’élections la controverse sur les délocalisations fait rage. Beaucoup d’électeurs croient que les entreprises qui délocalisent leur production, sont, d’une manière ou d’une autre, responsables de pertes nettes d’emplois dans le pays. En réalité, les délocalisations sont loin d’être à l’origine des difficultés économiques. Elles sont consubstantielles à toute économie de marché développée. La délocalisation, en un sens, est à la source de toute richesse.

Pour démasquer les idées fausses qui entourent cette controverse, commençons par une définition.  Délocaliser signifie « embaucher des travailleurs étrangers, plutôt que des travailleurs nationaux, pour réaliser une tâche particulière ». Pourquoi un entrepreneur adopterait-il cette stratégie ? Il devrait être assez évident que le travail étranger coûte moins cher (cet état de fait peut être spontané ou peut résulter de l’intervention de l’Etat.)

Cette externalisation permet donc à l’entreprise de vendre ses produits à des prix plus faibles et à ses actionnaires de toucher des profits plus élevés. Cela indique que l’entreprise crée plus de valeur avec la même quantité de ressources. Pour défendre une stratégie de délocalisation, un dirigeant d’entreprise pourrait s’exprimer de la façon suivante : « c’est économiquement bénéfique pour nos clients et nos actionnaires. »

Qu’en est-il du sort des travailleurs ? Les médias sont obnubilés par un aspect particulier du phénomène, les « délocalisations d’emplois nationaux à l’étranger ». Même s’ils reconnaissent les gains pour les consommateurs (des prix plus faibles) et pour les actionnaires (des profits plus élevés), nombre de commentateurs prétendent que ces gains sont compensés par des pertes d’emplois nationaux.

Rotation des emplois

Tout d’abord, il faut reconnaître que, dans une société libre, les travailleurs n’ont aucun droit à conserver leur emploi. La plupart des emplois sont des arrangements contractuels qui peuvent être rompus par la volonté des parties, à n’importe quel moment et pour n’importe quelle raison. Les travailleurs perdent leurs emplois, pour diverses raisons, et en trouvent de nouveaux, même pendant une récession. Les licenciements massifs associés aux délocalisations ne sont pas différents économiquement, ils sont simplement plus visibles, et, partant, sont davantage la cible des hommes politiques démagogues, particulièrement pendant une récession.

Il ne faut pas pour autant ignorer le malaise des travailleurs, quelle qu’en soit la cause. Le processus d’ajustement associé à l’externalisation peut être douloureux. Ce n’est jamais facile pour les individus de trouver de nouvelles opportunités d’emploi, d’autant plus que dans ce cas un grand nombre de travailleurs se retrouvent sur le marché du travail et cherchent un emploi au même moment. Les coûts de réajustement sont particulièrement élevés pour les gens avec des obligations familiales et des attaches locales fortes. Les ménages surendettés rencontrent également des difficultés pour migrer. Se former à un nouveau métier est particulièrement difficile pour les personnes d’un certain âge. Les histoires tragiques abondent, et les hommes politiques les utilisent avec talent pour faire passer des lois et des programmes visant à interrompre le processus du marché dans le but de « sauver des emplois nationaux ».

Mais le changement économique ne se produit pas pour rien ! Sur un marché libre, lorsqu’une stratégie d’externalisation devient viable, les forces du marché indiquent aux entrepreneurs, aux travailleurs, aux propriétaires des ressources, que les vieilles méthodes de production, les anciens emplacements, les vieilles habitudes, ne sont plus d’actualité. De meilleures méthodes sont disponibles désormais. Pour le bien de l’humanité, pour profiter des plus grandes opportunités mondiales, il faut réorganiser la production. Beaucoup de gens sont désormais capables de produire à un moindre coût ailleurs ce que les gens produisaient ici. Cela signifie que les travailleurs locaux doivent trouver une autre occupation, se déplacer de région, se diriger vers une autre industrie, mettre à jour leurs compétences etc.

Les échanges

Bien sûr, le marché n’est pas une personne et n’a pas d’objectif à proprement parler. Lorsque nous parlons du marché, nous nous référons à une forme d’organisation des échanges, de la production, de la spécialisation, qui relie d’innombrables individus à travers le monde. Pourtant l’intuition centrale de la science économique est que, lorsque les gens poursuivent leur intérêt propre, les « forces du marché » font en sorte que la valeur de ce qui est produit à travers l’espace du marché (ici, le monde) est maximisée. Les échanges internationaux sont centraux et font partie intégrante de ce processus de marché. On appelle délocalisation le fait que des grandes entreprises réorganisent certains processus de production au-delà des frontières nationales arbitrairement définies. Le terme évoque le personnage de Gordon Gekko, l’avide banquier du film Wall Street, ou de dirigeants d’entreprise véreux dans une salle de conférence, riant des profits énormes qu’ils pourraient réaliser en transférant leur production de gadgets de Chicago à Shanghai.

Mais en réalité, le progrès économique s’accompagne toujours de délocalisations. Nous « délocalisons » tous constamment ! Quand le client d’un supermarché préfère une bière allemande ou un café colombien à un produit national, peu de gens l’accusent de délocaliser (mis à part les militants « localistes »). Pourtant le consommateur s’engage dans un échange impliquant une production lointaine. N’est-ce pas un acte de délocalisation quand j’achète un livre en ligne en provenance de Boston, ou un costume en provenance de Seattle ? La délocalisation est partout !

Pour comprendre l’importance de la délocalisation, considérez un monde où cette stratégie serait absente. Dans ce monde, tout – je dis bien tout ! - ce que vous utilisez doit être acquis dans une zone proche de l’endroit où vous vivez. Comme l’économiste Russ Roberts l’a souligné, nous avons déjà tenté l’expérience : cela s’appelait le Moyen Âge, et la vie y était « désagréable, brutale et brève ». Les progrès économiques des siècles récents ont été accompagnés d’une délocalisation, d’une externalisation croissante de l’activité, ce qu’Adam Smith appelait l’élargissement de la « division du travail », et David Ricardo « l’avantage comparatif ». Nous avons « délocalisé » la plupart de notre production de nourriture, du champ derrière notre cabane vers la grande ferme industrielle qui utilise un outillage sophistiqué, l’ingénierie génétique et les procédés chimiques, eux-mêmes dépendants d’un processus de production hautement spécialisé, délocalisé à travers le monde.

Nous avons délocalisé notre production de vêtements, abandonnant le métier à tisser familial au profit de l’industrie textile, qui elle-même a connu une délocalisation du nord de l’Angleterre vers la Nouvelle Angleterre, puis vers le sud des Etats-Unis, et désormais vers l’Asie. Nous avons délocalisé la production de loisir, abandonnant le troubadour du village au profit des grands studios d’enregistrement et désormais, grâce à Internet, au profit de multiples spécialistes à travers le monde.

La croissance de la productivité

La liste pourrait être étendue infiniment. Tout au long del’histoire, la croissance de la délocalisation s’est traduite par une croissance de la productivité, une croissance des opportunités et des accomplissements humains, une croissance du niveau de vie. Ce n’est pas une coïncidence. La science économique montre que la délocalisation n’est pas un fléau pour la santé économique d’un pays : c’est un composant indispensable du progrès économique.

La science économique souligne que le problème central est la rareté, et non la délocalisation, qui est au contraire (une partie) de la solution. Les hommes politiques et toutes les personnes favorables au progrès économique, devraient réfléchir à des politiques qui permettraient aux entrepreneurs, aux travailleurs, et aux propriétaires des ressources de mieux s’insérer dans l’économie mondiale, qui, fort heureusement, est de plus en plus interconnectée.

Tyler Watts, le 29 août 2012 - Tyler Watts est professeur assistant d’économie à l’Université d’état de Ball. Cet article est une version de l’article original paru sur www.TheFreemanOnline.org.

La réflexion du jour

La Ville a la fâcheuse habitude de découper ses hausses en rondelles, comme si c'était un saucisson, et de les présenter en pièces détachées. Elle se vante de limiter ses hausses au niveau de l'inflation, mais c'est de la rhétorique. Pour le contribuable, ces contorsions ne changent rien.--- Michelle Ouimet

Le chiffre du jour : 3,4 %

Le premier réflexe est de dire: «Pas encore!» Puis, vient la résignation, le grand soupir du contribuable.

À Montréal, les taxes vont augmenter de 2,2% en 2013. L'inflation. Raisonnable. Mais, à ce chiffre, il faut ajouter 1,2% pour la taxe d'eau. Total: 3,4%. Au-delà de l'inflation.

16 septembre, 2012

La politique québécoise en caricatures

La réflexion du jour

La loi de la majorité n'est pas le meilleur outil pour juger du bien-fondé de mesures fiscales qui visent les plus riches. La fiscalité, c'est complexe, ce n'est jamais neutre, ça peut avoir des effets pervers, et cela modifie les comportements, parfois d'une mauvaise façon. Et ces impacts n'ont manifestement pas été soupesés.--- Alain Dubuc

Le chiffre du jour : 135 000 c. 3 millions

Il n'y a pas vraiment eu de débat sur ces mesures pendant la campagne. Ce silence s'explique aisément par l'arithmétique électorale. Les «riches» qui sont visés par ces mesures, ceux dont le revenu imposable dépasse l30 000$, ne sont que 135 000. De l'autre côté, 3 millions d'électeurs ne paient pas un sou d'impôt. Un autre million n'en paie à peu près pas. Et on leur demande ce qu'ils pensent de l'idée de faire payer les riches! La réponse est évidente.

15 septembre, 2012

La réflexion du jour

Au Québec, nous sommes les champions des subventions aux entreprises. Nous donnons deux fois plus qu’en Ontario, même si nous avons moins d’entreprises. Pourtant la littérature économique émet depuis longtemps de sérieux doutes sur l’efficacité de cette politique. Autant pour la croissance économique que pour la création d’emplois.--- David Descôteaux

Le chiffre du jour : 13,7 G$

L’Institut Fraser, de Vancouver, a calculé qu’Industrie Canada a versé 13,7 G$ en subventions à des entreprises depuis 1982. Dans les secteurs de l’aéronautique, de l’automobile et de la foresterie, notamment. Or près de la moitié (6,3 G$) de cette somme a été versée « sans attente de remboursement ».

14 septembre, 2012

L’incertitude a un coût


L’élection d’un gouvernement péquiste minoritaire a introduit un nouvel élément d’incertitude dans l’environnement économique québécois. Après une courte pose, les partis seront à nouveau en campagne électorale. Ils y resteront jusqu’à la prochaine élection dans 6, 12 ou 18 mois. Dans ce contexte, les priorités des partis viseront à mousser leur image en vue d’une prochaine campagne au détriment de la bonne gestion du gouvernement. Plus particulièrement, les priorités du PQ iront aux questions linguistiques et identitaires au détriment des questions économiques.

Mais il y a plus. La plateforme électorale du PQ et le discours de Mme Marois depuis son élection, amplifient le sentiment d’incertitude : glissement à gauche, interventionnisme économique à des fins identitaires, faiblesse de l’équipe en matière d’économie, promesses de dépenses non financées, gel des tarifs, promesse de changer les règles du jeu en matière de redevances minières, etc. Dans un tel contexte, il sera impossible de maintenir l’engagement du déficit zéro ce qui risque d’attirer l’attention des agences de notation.

Le monde de la finance est particulièrement allergique aux incertitudes économiques et sociales. Qui dit incertitude, dit risque. Or, le risque comporte un coût qui se mesure par des taux d’intérêt plus élevés. Comme le montre le graphique ci-joint, l’écart des taux obligataires (30 ans) entre le Québec et l’Ontario a augmenté de près de 0,1 % dû aux incertitudes inhérentes d’une campagne électorale. Cet écart risque de croître si le PQ persiste à implanter des politiques publiques nuisibles au développement économique du Québec.

Compte tenu du niveau astronomique de la dette (253 G$), un écart de seulement 0,1 % des taux obligataires représente une facture annuelle de 253 M$ en intérêt.