Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement

Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

31 mai, 2007

Qui répondra de ces morts inutiles ?

La bureaucratisation du système de santé est la cause indirecte de milliers de décès. Les médecins et infirmières connaissent très bien les problèmes et les solutions : #@&%$#@-leurs la paix et laissez-les travailler. Les contraintes bureaucratiques et syndicales sont à l’origine de la plupart des problèmes vécus dans les institutions de santé. Une autre commission d’enquête présidée par Claude Castonguay sera vraisemblablement créée pour dire aux Québécois ce qu’ils savent déjà : le système croule sous le poids de la bureaucratie.

Le jeudi 31 mai 2007
Les infections nosocomiales et le système de santé
Jacques Besson, M.D.,Président d'ADVIN, membre du Comité Aucouin sur la prévention et le contrôle des infections nosocomiales

Malgré les milliards de dollars investis depuis des années, notre système de santé est en crise: listes d'attente inacceptables, urgences encombrées, unité de soins intensifs manquant de lits et de personnel, vétusté des établissements qui ne répondent plus aux exigences d'une pratique sécuritaire des soins, médecins et infirmières en nombre insuffisant et qui manquent souvent des moyens et ressources dont ils ont besoin, etc. En cause une gestion inadaptée qui tarde à prendre conscience de l'aggravation, depuis 30 ans, des risques hospitaliers liés à la pratique des soins (voir le rapport Aucouin d'avril 2005 sur les infections nosocomiales, ou IN, et l'enquête récente de la Coroner à Saint-Hyacinthe). La prestation sécuritaire de soins accessibles et de qualité n'est toujours pas l'objectif prioritaire de trop de gestionnaires préoccupés d'abord par l'équilibre de leur budget.

Les IN sont un symptôme de cette crise, parce qu'elles ne sont pas une complication de la maladie du patient, mais une conséquence de cette gestion inadéquate. Au Québec, elles font chaque année environ 90 000 victimes et 4000 décès. Elles génèrent des coûts additionnels d'au moins 180 millions $. Elles prolongent le séjour hospitalier aggravant ainsi l'encombrement des urgences et les listes d'attente. Pourtant, au moins 50 % et jusqu'à 90 % et plus de ces IN sont évitables suivant les études les plus récentes, et ici même au Québec. Pourtant les mesures de prévention sont connues, relativement simples et beaucoup moins coûteuses que les traitements: dépistage et isolement des patients à risque à l'admission - mesures barrières (blouse, gants, etc.) - hygiène rigoureuse des mains, des locaux, de tout l'environnement - contrôle de l'antibiothérapie pour éviter la résistance des bactéries à ces traitements et les complications digestives (par exemple les diarrhées et les colites au C.difficile). En effet, les antibiotiques, indispensables pour traiter les infections, peuvent déséquilibrer l'écosystème digestif en tuant non seulement les germes pathogènes mais aussi des bactéries indispensables à cet écosystème. Ce sont les "probiotiques". Leur utilisation est de plus en plus recommandée par de nombreuses études en complément de l'antibiothérapie.

Si l'on sait prévenir les IN, malheureusement trop de Québécois(es) ne sont pas égaux devant elles. De trop nombreux hôpitaux font face à des éclosions répétées de C.difficile. D'autres par contre, avec les mêmes contraintes, savent les maîtriser: CHU de Sherbrooke, CH Pierre-Boucher, CH Le Gardeur et d'autres. Pourquoi les uns et pas les autres ?

Notre association demande que des mesures soient prises, plus efficaces que le plan d'action présenté en juin 2006. La sécurité des soins doit être assurée; le taux d'IN de chaque hôpital doit être publié régulièrement parce que le public a le droit de connaître la qualité des soins dans chacun d'eux; une charte des droits du patient hospitalisé est nécessaire pour mieux le protéger ; les hôpitaux doivent être tenus responsables de la mise en oeuvre de mesures nécessaires pour prévenir ces IN; un régime d'indemnisation sans égard à la faute est nécessaire pour les dommages causés par ces IN.

30 mai, 2007

Une tradition à imiter

Toshikatsu Matsuoka, 62 ans, s'est pendu lundi (le 28 mai 2007) dans son appartement avant une audition au Parlement dans le cadre d'un scandale sur les pratiques comptables douteuses dans ses services. Dans la culture japonaise, se suicider constitue une façon honorable de racheter la disgrâce publique et d’exprimer sa honte.

Voilà une tradition qui a certainement pour effet de dissuader les politiciens peu scrupuleux. Il est malheureux qu’une telle tradition n’existe pas au Canada et au Québec.

29 mai, 2007

Le Québec aggrave son retard économique

Montreal, 29 mai 2007 - En dépit des mises en garde de nombreux observateurs de l’économie et des affaires publiques, la situation économique du Québec continue de se détériorer par rapport à celle de ses concurrents, selon les dernières données disponibles. Dans une Note économique publiée par l’Institut économique de Montréal (IEDM), son vice-président et économiste en chef, Marcel Boyer, explique qu’il est temps de mettre fin à la sous-performance relative du Québec en termes de développement économique, de croissance démographique et de création d’emploi. Il conclut que des réformes courageuses devraient faire appel «à une responsabilisation accrue des individus, à la libéralisation des prix et à la mise en concurrence de la production et de la distribution des services publics».

Les problèmes socioéconomiques dont souffre le Québec, entre autres sur le plan des services de santé, de l’éducation, des infrastructures, du soutien aux industries culturelles et du développement durable découlent en bonne partie de cette sous-performance économique du Québec depuis 25 ans.

La croissance économique

Depuis 25 ans, la part du PIB réel québécois dans l’ensemble canadien a diminué de près de 3%. Le taux de croissance des sept dernières années a été de 2,5% au Québec et de 3,3% dans le reste du Canada. En gardant cette cadence pour les 25 prochaines années, l’économie du Québec ne représentera plus alors que 17,5% de l’économie canadienne.

Certains analystes des affaires publiques font erreur en se réconfortant du fait que la croissance du PIB réel par habitant du Québec depuis 1981 se rapproche de celle des autres provinces, avec une augmentation respective de 51,1% et de 53,6%. Étant donné que les niveaux de PIB respectifs diffèrent, cela accroît le fossé sur le plan du niveau de vie. Ainsi, la différence de PIB réel par habitant entre le Québec et le reste du Canada a augmenté de 68%, passant de 3652 $ en 1981 à 6137 $ en 2006 (en dollars constants).

De plus, la part des investissements privés dans le PIB est plus faible au Québec que dans le reste du pays, d’un montant de 6,8 milliards $ en 2006. Cela implique une dégradation continuelle des capacités de production et d’innovation, et donc éventuellement de la position concurrentielle et de la compétitivité du Québec. Cette situation est d’autant plus préoccupante que trois emplois sur cinq au Québec dépendent de débouchés extérieurs, dont les deux tiers à l’international.

La démographie

Le Québec perd sa population, en particulier ses jeunes. Malgré la hausse récente des naissances, les Québécois font peu d’enfants et le Québec n’est pas, relativement à ses principaux concurrents, une terre d’immigration suffisamment accueillante au niveau économique pour compenser cette faible natalité.

En 25 ans, la population âgée de 15 ans et moins a diminué de 11,8% au Québec alors qu’elle a augmenté de 6,8% dans le reste du Canada et de 20,3% aux États-Unis. Le vieillissement de la population est aussi beaucoup plus rapide au Québec que dans le reste de l’Amérique du Nord.
On peut s’attendre à ce que le Québec ait de la difficulté à maintenir une qualité de biens et services publics et sociaux comparable à celle du reste du Canada, car de nombreux types d’infrastructures, comme un mégahôpital ou une autoroute, ne sont pas moins dispendieux même si la population décline.

L’emploi

Depuis 25 ans, le Québec a créé 18,8% des emplois au Canada, dont seulement 16,6% des emplois à temps plein. La performance économique décevante du Québec en création d’emplois a un impact négatif sur sa croissance démographique. Dans notre économie ouverte, la mobilité des travailleurs, l’immigration et la natalité sont influencées par les perspectives économiques.
Cette création d’emploi trop faible amène aussi plusieurs individus à prendre leur retraite ou à cesser de chercher de l’emploi, avec pour conséquence que les chiffres officiels du chômage, déjà élevés, doivent être reliés à ceux du taux d’emploi, à 59,5% au Québec et à 63% dans le reste de l’Amérique du Nord de 2000 à 2006. Le véritable taux de chômage serait ainsi plus près de 11%. La situation peu enviable du Québec s’est encore détériorée lorsque l’on compare, avec le reste du Canada, le nombre de prestataires de l’assurance-emploi et la rémunération hebdomadaire moyenne.

Les remèdes

Le Québec doit être plus efficace et plus innovateur que ses principaux concurrents. Les réformes à mettre en place doivent reposer sur trois principes : (1) des incitations plus fortes pour une participation de l’ensemble de la population à la création de richesse; (2) la libéralisation des prix et le développement des marchés dans tous les secteurs, y inclus l’énergie, la santé et l’éducation; (3) une ouverture plus grande à la concurrence dans la production et la distribution des services publics.

La Note économique La performance économique décevante du Québec au cours des vingt-cinq dernières années a été préparée par le vice-président et économiste en chef de l’IEDM, Marcel Boyer. Il est aussi titulaire de la Chaire Bell Canada en économie industrielle de l’Université de Montréal.
La Note est disponible sur le site de l’Institut et le rapport de recherche complet est disponible sur le site du CIRANO.
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Renseignements et demandes d’entrevues : André Valiquette, Directeur des communications, Institut économique de Montréal, Tél.: 514 273-0969 p. 2225 / Cell.: 514 574-0969 / Courriel: avaliquette@iedm.org

28 mai, 2007

La gratuité des uns est le fardeau des autres

En santé, même les champions du statu quo, les Français, avancent plus rapidement que les Québécois. Il est vrai que nos politiciens sont trop occupés à jouer « c’est moi le plus fort » pour s’intéresser aux problèmes journaliers des Québécois.

Ticket modérateur en France
René Vézina, Les Affaires

En 2008, les Français vont devoir acquitter annuellement une facture de 10 euros (15 $) pour des consultations médicales, remboursements de médicaments et autres sollicitations du système de santé.
En fait, on parle ici de « non remboursement », parce que le système français fonctionne différemment du nôtre : l'usager paie, et l'État le rembourse. Sauf qu'à compter de janvier 2008, on va retenir ce ticket modérateur de 10 euros qui ne seront pas remboursés. Motif : la responsabilisation des patients. En France, le déficit de l'assurance-maladie n'arrête pas de grimper.
Ça ne vous rappelle pas quelque chose ? Le débat revient souvent, ici, et on finit par l'enterrer parce que les partis politiques savent que l'établissement d'une telle mesure les mènerait tout droit à l'abattoir. Pourtant, nos finances publiques sont elles aussi en péril. La part de la santé dans le budget atteint 46 % et elle gonfle inexorablement.
De là la nomination de Claude Castonguay pour étudier différents modes de financement de la santé au Québec. Évidemment, si le budget Jérôme-Forget passe... parce que cette annonce en faisait partie. À supposer que tout le monde respire un grand coup, se calme et laisse faire pour les élections anticipées, peut-être que M. Castonguay pourra entreprendre son travail. Auquel cas il serait bien avisé d'aller faire un tour en France. Il sera instructif de voir comment les choses vont évoluer chez les cousins.
Posté le 28 mai 2007 à 08:15 AM

27 mai, 2007

Les Québécois font peu confiance aux politiciens

Le sondage annuel de Léger Marketing, le baromètre des professions, évalue le degré de confiance des Québécois envers divers groupes de la société.

Le sondage de 2007 révèle que les politiciens et les vendeurs d’automobiles usagées sont les professions qui occupent respectivement les deux dernières places. Si le sondage avait été tenu après le mélodrame du budget il est probable que les politiciens seraient tombés en dernière place.

En 2007, les pompiers (98%), les infirmières/infirmiers (96%) et les enseignants (94%) demeurent les professions jugées les plus crédibles par les Québécois. Pour la première fois depuis que le sondage existe les politiciens (14%) occupent l’avant-dernière place. Toutefois, ce gain est le résultat d’un changement apporté au sondage. Celui de 2007 subdivise les vendeurs d’automobiles en deux catégories : neuves (43%) et usagés (8%). Ce changement permet aux politiciens d’accéder à l’avant-dernière place.

En voyant les résultats de ce sondage, je me demande toujours pourquoi les Québécois continuent de demander aux politiciens de gérer plus de 40% de l’économie québécoise. C’est comme si on demandait aux vendeurs d’automobiles usagées de gérer le budget de la province.

24 mai, 2007

La compétition, seule planche de salut

Au Québec comme ailleurs, les monopoles d’état sont des monstres insatiables et arrogants. Il est urgent de faire place à la compétition dans tous les domaines de services publics si nous voulons éviter la faillite de l’économie québécoise.

Le jeudi 24 mai 2007
Briser les monopoles
Mathieu Bélanger

Depuis mardi, les employés d'entretien de la Société de transport de Montréal, représentés par le Syndicat du transport de Montréal (affilié à la CSN), ont déclenché une grève qui a pour impact un ralentissement majeur des activités du réseau de transports collectifs de la métropole du Québec.

Un tel geste soulève de nombreux questionnements quant à l'efficience d'un monopole dans un service public considéré, de façon juste et honnête, comme étant stratégique. Il est possible de se demander pourquoi, contrairement à ce qui se fait de belle façon dans de nombreux pays (notamment dans les pays sociaux-démocrates de référence), nous perpétuons au Québec un modèle de gestion qui constitue un monopole du service public sur des fonctions essentielles.

Est-il nécessaire de rappeler qu'en économie, une situation monopolistique tend généralement à être moins efficiente et innovante avec le temps, puisqu'il n'y a pas de nécessité d'amélioration des façons de faire pour assurer une compétitivité dans un marché ouvert?

Dans les grandes villes québécoises, le «modèle» de gestion du transport collectif s'appuie sur l'offre par une société municipale de l'entièreté des services à la population. Toutefois, un rapide regard sur les façons de faire aux États-Unis, en Angleterre, et en France permet de réaliser que d'autres approches existent et permettent des résultats souvent très intéressants.

Groupe Keolis

Particulièrement en France, la législation facilite (voire encourage) la délégation par les municipalités de l'organisation et de la gestion des transports urbains à un opérateur public ou privé. Dans ce cadre, le Groupe Keolis exploite un parc de 12 000 autobus urbains et interurbains, de 80 km de métro et de 76 km de tramway. Cette entreprise est devenue au fil des ans le premier opérateur dans un pays où l'offre en transports publics rend jaloux tous les partisans de ce mode de déplacement.

Parallèlement, il est aussi très intéressant de souligner que le Groupe Keolis a été acquis en 2006 par la Caisse de dépôt et placement du Québec à raison d'une participation de 55% dans l'entreprise. Par ailleurs, il faut rappeler que le conseil d'administration de la Caisse comprend deux membres issus du milieu syndical québécois, notamment la présidente de la confédération à laquelle est affilié le Syndicat du transport de Montréal. Ce qui est bon pour la France et nos fonds de retraite ne le serait donc pas pour les citadins des villes québécoises?

Malgré tout, bien qu'intéressant à première vue, l'octroi au privé de la gestion du parc véhiculaire et immobilier des transporteurs publics n'est toutefois pas toujours la solution la plus avantageuse.

Réseau de transport de Longueuil

Par exemple, en mars 2004, le Réseau de transport de Longueuil (RTL) mettait fin à un contrat de trois ans avec Slivia (joint venture entre Keolis et SNC-Lavalin) qui visait à superviser les travaux d'entretien des autobus et à élaborer des programmes de formation des employés. À l'époque, le RTL s'était entendu pour six ans avec son syndicat des employés d'entretien afin d'améliorer le fonctionnement et le rendement du service de l'entretien des véhicules et des immeubles. En ne renouvelant pas le contrat qui la liait à Slivia, le RTL et le syndicat s'entendaient pour diminuer globalement les coûts d'opération. Le contrat comprenait notamment des mesures d'attrition du personnel, la mise en place de chefs d'équipe, l'instauration du travail en équipes semi-autonomes et la réduction des heures supplémentaires.

Cette expérience québécoise démontre que ce qui importe réellement, c'est principalement de briser les monopoles en mettant en compétition le service public avec le privé. De cette façon un climat permettant d'améliorer les pratiques de gestion, dans le plus grand intérêt de la collectivité, s'instaure et étonnamment la qualité de l'offre s'en trouve grandement améliorée.

Il est intéressant de retenir qu'historiquement, les situations monopolistiques et les impacts négatifs qu'elles engendrent ont mené à l'apparition d'alternatives qui firent graduellement tomber les barrières d'entrée au marché. La volonté de briser des monopoles, privés ou publics, fut généralement un incitatif à la recherche et à l'investissement dans de nouvelles alternatives permettant de «réguler» des situations qui étaient devenues au plus grand désavantage de la population.

Monopoles publics et droit de grève

Tant et aussi longtemps que le transport en commun sera géré par un monopole public, le droit de grève doit être aboli.

Les gras durs

Alain Dubuc
La Presse, 23 mai 2007

La grève des employés d'entretien de la Société de transport de Montréal aura de multiples conséquences. Elle perturbe la vie de milliers et de milliers d'usagers, souvent parmi les plus vulnérables de la société, immigrants, petits salariés, personnes âgées. Elle écoeure des centaines de milliers d'automobilistes aux prises avec la congestion. Elle menace l'intégrité des finances publiques municipales. Et enfin, elle compromet les efforts de Montréal pour donner aux citoyens le goût des transports en commun.

Et tout ça pourquoi? Pour que des travailleurs choyés maintiennent leurs privilèges et les fassent payer par d'autres travailleurs en général moins bien payés qu'eux. Pour que les gras durs restent des gras durs. Une caricature de la justice sociale. Solidarité: que de bassesses ne fera-t-on pas en ton nom!

L'administration municipale, on le sait, est au bout du rouleau. Elle a donc proposé un cadre financier serré, qui prévoit entre autres un gel des salaires pour cette année. Un cadre que les valeureux guerriers de la STM veulent défoncer. Quelles seraient les conséquences? Une augmentation des tarifs des transports en commun qui pénalisera les plus pauvres et qui compromettra l'essor des transports en commun. Ou une hausse des taxes foncières municipales, d'autant plus qu'une victoire syndicale affecterait la capacité de la ville d'imposer son cadre financier aux autres groupes de travailleurs.

On pourra pester ou se plaindre. Cela ne donnera rien si on ne s'attaque pas à la racine du mal. Car ce conflit n'est pas un accident. C'est la quinzième grève dans les transports en commun montréalais depuis quarante ans. Il y a là un pattern, qui ne peut manifestement pas s'expliquer par l'exploitation dont seraient victimes ces travailleurs ou par leurs mauvaises conditions de travail. Il s'explique par le fait que le cadre réglementaire et politique favorise ces conflits, qui sont objectivement rentables pour les syndiqués. Et c'est cela qu'il faut casser.

Les employés municipaux, de façon générale, vivent dans le meilleur des mondes. Ils ont les salaires du privé et les avantages sociaux du public. Ils sont payés 15% de plus que les employés du gouvernement du Québec, un écart encore plus important pour des catégories d'emploi que l'on retrouve à l'entretien de la STM, 18% pour les ouvriers, 24% pour les journaliers. Avec de belles retraites et full sécurité d'emploi.

Au nom de quelle logique des villes, cassées comme des clous, ou des organismes de transports en commun, sous-financés, payent beaucoup mieux leur monde que le gouvernement du Québec? Parce qu'elles n'ont pas le choix.

Les syndicats ont le droit de grève. Mais leurs vis-à-vis patronaux ne disposent pas des outils des employeurs privés, comme le droit de lock-out. Ils sont en plus impuissants, parce que les grèves surviennent souvent dans des activités essentielles, où il y a un monopole public et donc pas d'alternatives. Les administrations doivent céder tôt ou tard, et régler à grands frais parce que les longues grèves ne seraient pas acceptables.

Cette certitude de règlement relativement rapide, doublée du fait que les travailleurs ne courent aucun risque, puisqu'ils sont certains de retrouver leur job après le conflit, fait que les syndiqués ont le gros bout du bâton. C'est ce qui, par exemple, permet le terrorisme des cols bleus à Montréal.

D'autant plus que les villes ne peuvent pas, comme le gouvernement du Québec, imposer un retour au travail à leurs employés ou déterminer leurs conditions de travail par décret. Chaque conflit est essentiellement politique. Et il repose sur un pari. Que l'opinion publique, quand elle sera vraiment écoeurée du conflit, se retournera contre les élus municipaux et les forcera à céder. Voilà pourquoi les employés du secteur municipal, au mépris de la logique, sont mieux rémunérés que les employés de l'État québécois.

Au fil des ans, les gouvernements qui se sont succédé à Québec s'en sont lavés les mains. Et n'ont jamais soutenu les administrations municipales. Le gouvernement Charest adoptera-t-il cette fois-ci une autre attitude? Fera-t-il ce qu'il faut pour éviter que la métropole s'affaiblisse et pour aider la métropole dans son virage stratégique en faveur du transport en commun?

Il y a peut-être de l'espoir. Parce que le maire Gérald Tremblay veut faire preuve d'une fermeté indéfectible dans ce dossier. Mais aussi parce le chef de l'opposition officielle, Mario Dumont, veut forcer le gouvernement Charest à se tenir debout. Si les libéraux et les adéquistes, qui représentent presque les deux tiers des Québécois, se serrent les coudes, l'Assemblée nationale, pour la première fois, jouera son rôle pour soutenir la métropole, et pour venir en aide à ses habitants pris en otages.

23 mai, 2007

Enfin on pose les vrais questions

Yves Boisvert
La Presse, le 23 mai 2007

En apparence, ce n'est toujours qu'une autre grève des transports en commun à Montréal. L'éternel retour du même conflit.

Mais peut-être est-ce au contraire une grève historique. Dans 20 ans, peut-être pourra-t-on voir que c'était la grève de trop. La grève suicide. Celle où le syndicat des employés d'entretien a poussé juste une petite affaire trop loin. Et où on pourra dater ce qu'on appelle «le début de la fin». Début de la fin du vieux modèle.

Vous souvient-il du temps où la Place des Arts avait ses techniciens, dont certains étaient payés en heures supplémentaires quand ils travaillaient le soir (maudit problème, les shows sont souvent le soir)?

N'a pu.

Un moment donné, à force d'écoeurer le monde, on l'oblige à se poser des questions plates qu'il ne se posait pas.

Comme: est-il vrai qu'en Grande-Bretagne, quand ils ont privatisé certains services dans les transports en commun, ils ont économisé 42% entre 1986 et 1998?

La semaine dernière, ça n'empêchait pas les gens de dormir. Ce n'est pas si intéressant que ça, d'ailleurs.

C'est juste qu'en attendant l'autobus deux heures, le monde a le temps de jaser

Jaser d'affaires pas agréables comme: avec les économies, on a amélioré le service à Londres. Paraît que dans plusieurs pays scandinaves, on a donné en sous-traitance des contrats d'entretien et des routes de transport.

Ben cout' donc.

Là, quelqu'un dans la file dit: c'est l'économiste Marcel Boyer qui écrivait ça l'autre jour, mais c'est le président de l'Institut économique de Montréal! Un «think tank» full de droite!

Un autre plus loin dit qu'il est allé en Suède l'année dernière.

Ah, la Suède, ça se glisse toujours bien dans la conversation. Qui dit social-démocratie dit Suède, pas vrai?

Le type qui est allé en Suède explique qu'à Stockholm, l'entretien des métros et autobus est donné par soumission à différents sous-traitants.

En Suède? Êtes-vous certain?

Parfaitement madame, en Suède.

Où est-ce qu'on s'en va, je vous le demande!

Berri-UQAM, v'là les grilles qui rouvrent...

Sur le site Internet de la société de transport de Stockholm (sl.se), on met les choses au clair.

«La Société de transport (SL) est responsable d'assurer des choix de transports en commun de qualité dans le comté de Stockholm, et de faire en sorte que nos passagers reçoivent le meilleur service possible au meilleur coût possible» (je traduis une traduction anglaise du suédois).

On nous dit que la SL négocie pour cela avec divers fournisseurs dans le monde entier pour ce qui concerne l'achat et l'exploitation de tous les autobus, trains et métros, pour le soutien technique, le système de communication, l'entretien, le nettoyage, la billetterie, le financement, etc.

La concurrence internationale dans une société publique?

Eh oui!

Le site nous précise qu'on ne donne pas nécessairement le contrat au plus bas soumissionnaire, mais généralement à celui qui a le plus d'expérience et de succès passés à faire valoir.

La société de transport de Stockholm emploie 500 personnes. Elle donne de l'ouvrage en sous-traitance à 10 000 personnes.

Le but est bien sûr de donner le meilleur service possible et de rendre les transports publics non seulement efficaces et abordables, mais attrayants pour le plus grand nombre. Attrayant est un mot clé.

«Ceci bénéficie aux gens, aux animaux et à la nature de Stockholm», ajoute le site.

Les gens, les animaux et la nature. J'adore ça. Non pas l'environnement ou l'écologie ou un autre concept sympathique mais un peu abstrait. Non. Les gens, les animaux, la nature.

Alors, en attendant le métro ce matin, ou tantôt, ou en ne l'attendant pas, posez-vous cette question que nous ne nous posons pas: si c'est bon pour Stockholm, une ville à la conscience sociale élevée, si c'est bon pour Copenhague, si c'est bon pour plein de villes dans le monde, pourquoi pas pour nous? Le comté de Stockholm abrite près de deux millions de personnes (750 000 pour la ville proprement dite). Ça se compare à Montréal.

Qui a écrit dans le ciel que l'entretien devait se faire à une seule place par des employés de la société qui foutent le bordel à périodes fixes?

Au moment même où le maire de Montréal nous présente un plan ambitieux pour augmenter l'offre de transports en commun, il est temps de chercher des moyens originaux de l'améliorer, de le rendre plus intéressant, plus efficace, plus souple. Et viables financièrement.

Il est aussi temps de se demander si on en a pour notre argent, vu qu'il faudra beaucoup, beaucoup d'argent. Et que tout le Québec va devoir casquer.

Quelle merveilleuse occasion nous est donnée ces jours-ci, n'est-ce pas?

Grève et monopole d'état

Le droit de grève dans les services publics fournis par un monopole d'état est absurde.


Gracieuseté d'ygreck

22 mai, 2007

Abolissons le droit de grève dans les services publics

Le droit de grève dans les services publics fournit par un monopole d'état est d’une stupidité incommensurable.

Une grève contre les Montréalais
Pierre Duhamel, L’Actualité

Le sympathique syndicat des employés d’entretien de la Société de transport de Montréal offre aux Montréalais un quinzième arrêt de travail en 40 ans. Dans l’entreprise privée, une telle «performance» aurait carrément tué l’entreprise, car ses clients auraient déserté vers un prestataire de services beaucoup plus fiable.

J’en ai assez du discours des puissants syndicats de la fonction publique, ceux qui aiment se représenter comme les garants du service public et les protecteurs de la population contre le vaste complot des nantis contre le pauvre monde. Leur débrayage quasi automatique à la fin de chaque contrat de travail a miné la confiance du public et a tout fait pour décourager l’achalandage.

La STM va enregistrer cette année un manque à gagner de 22,3 millions $. Elle n’a pas l’argent pour donner plus. Faut-il augmenter le tarif imposé aux usagers? Un droit de passage mensuel coûte maintenant 65 $ par mois. Augmenter les prix, cela veut dire rendre l’utilisation de l’automobile plus compétitive, tout en créant l’impasse pour les plus démunis. Du reste, ce tarif ne comble que 47% des dépenses d’exploitation de la STM. La CAM coûterait 138 $ par mois si les usagers devaient assumer tous les coûts du service.

Certains reprennent toujours la même chanson : faisons payer les pouvoirs publics. Les «pouvoirs publics», ce sont les millions de payeurs de taxes qui en ont assez de payer. Du reste, depuis 2001, la contribution municipale a augmenté de 41,4 millions $.

La seule solution qui pourrait garantir l’équilibre financier, puis le développement, du transport en commun, c’est qu’il y ait plus de clients. Au moment même où la ville de Montréal caresse un ambitieux projet qui fait une énorme place au transport en commun, au moment où l’opinion publique prend conscience des impacts des émissions des gaz à effet de serre, cette grève sera un puissant moteur… pour assurer la prépondérance de l’automobile à Montréal.

21 mai, 2007

Pénuries annoncées

Pourquoi les futurs médecins se laisseraient-ils écœurer au Québec alors qu’ils sont traités aux petits oignions ailleurs ?

Le lundi 14 mai 2007
Pénurie d'effectifs médicaux: à qui la faute?

L'auteur, le Dr Martin Bernier, est le président de la Fédération des médecins résidents du Québec.

Le Québec souffre d'une pénurie chronique d'effectifs médicaux. Récemment, le débat entourant l'accueil de médecins étrangers a refait surface et tous ont jeté le blâme sur le voisin, pour décrier le nombre restreint de ces candidats acceptés en résidence.

Qui du Collège des médecins, des facultés de médecine, des établissements de santé et/ou du ministère est responsable? Selon nous, tous ont une responsabilité, tous ont une volonté de trouver une solution, mais le dossier est complexe.

De surcroît, cette année, le Québec n'arrivera pas à combler les postes de résidence disponibles. Ce déficit d'admissions en résidence est inadmissible dans les circonstances. Cependant, bien qu'il soit trop tôt pour dégager une tendance, le gouvernement pourrait être en voie de démontrer que la façon qu'il a choisie pour gérer la formation médicale et la pratique de la médecine au Québec, est inefficace et néfaste à plusieurs égards.

Examinons de plus près les raisons qui ont pu entraîner la désaffection de 77 étudiants en médecine formés au Québec, qui ont préféré poursuivre leur formation ailleurs, principalement en médecine familiale.

1-Le gouvernement ne cesse de mettre en place des mesures restrictives qui amènent les médecins en formation à considérer d'autres options que celles offertes par le Québec. Si le nombre de places disponibles dans certaines spécialités est limité à l'entrée en résidence, pourquoi ne pas tenter sa chance ailleurs?

2-Malgré l'harmonisation des formations et des examens de certification entre le Collège des médecins et les collèges canadiens, la formation en médecine interne et en pédiatrie est de cinq ans au Québec, mais de quatre ans ailleurs au Canada.

3- Quant aux plans régionaux d'effectifs médicaux (PREM), la modification constante et la rigidité des règles entourant la répartition des effectifs médicaux au Québec exacerbent les inquiétudes des médecins résidents et les pousse à rechercher d'autres options. On restreint l'installation dans certaines régions qui présentent de réels besoins, en limitant le nombre de postes aux plans régionaux d'effectifs médicaux. Et ces mesures sont de plus en plus connues des médecins en formation à l'extérieur du Québec. D'ailleurs, on note cette année une diminution du nombre d'admissions de candidats provenant de l'extérieur du Québec dans les facultés québécoises.

4- Les conditions de travail difficiles des médecins au Québec, en raison de la pénurie de main-d'oeuvre, l'adoption de lois spéciales limitant le droit à la négociation et à la rémunération, sont aussi des raisons qui influencent le choix des médecins en formation.

5- La pratique actuelle, avec le manque de ressources et le manque de disponibilité de certains plateaux techniques, devient aussi un irritant majeur.

Trois solutions ont été mises en place pour contrer la pénurie de médecins. D'abord, la maximisation du nombre d'entrées en médecine. Les facultés de médecine ont rapidement comblé leurs places d'accueil, mais ont dû, pour répondre à la demande, développer des campus satellites et des unités de médecine familiale à travers tout le Québec, amenant ainsi les médecins résidents à être formés sur l'ensemble du territoire québécois.

Deuxième solution, favoriser davantage l'émission de permis restrictifs à des médecins étrangers, sur une base annuelle. Enfin, l'accueil en formation postdoctorale de diplômés hors Canada et États-Unis.

Le Québec en accueillera 54 cette année, comparativement à 3, il y a à peine 4 ans. Déjà, la FMRQ en compte 160 dans ses rangs, alors qu'en 2000, il n'y en avait que quelques-uns.

Malgré toutes ces mesures, certaines normes doivent être respectées. Ainsi, les mesures mises en place pour vérifier la qualité de la formation des candidats à une formation postdoctorale au Québec ou à un permis restrictif sont essentielles.

De plus, il faut favoriser leur intégration au sein d'un réseau de santé souvent très différent de celui dans lequel ils ont évolué préalablement. Le Collège des médecins et les facultés de médecine ne font que leur devoir. Le ministre Couillard n'a pas le droit de les blâmer, alors que celles-ci ont fait plus que leur part, malgré un manque évident de ressources.

Il est souhaitable que le gouvernement continue de dépenser ses énergies pour attirer et mieux intégrer les médecins étrangers. Ses efforts seront futiles, s'il ne s'attarde pas également à retenir la relève médicale formée au Québec.

17 mai, 2007

La bureaucratie ignore l’évidence ?

Une gestion bureaucratique et centralisée ne réussira jamais à régler les problèmes du système de santé quelque soit les montants d’argent qui y seront alloués. Il faudra combien de morts avant que l’on accepte cette évidence ?

Le jeudi 17 mai 2007
CHRONIQUE
Mourir sur une liste d'attente
Lysiane Gagnon

Oui, il y a des gens qui meurent sur des listes d'attente. Ainsi Gaston Forest, décédé récemment alors qu'il attendait le pontage et le changement de valve qui devaient être effectués à l'Institut de cardiologie de Montréal.

Nos lecteurs ont peut-être lu ce témoignage frappant que l'un de ses jeunes amis, Jean-Pierre Viau, lui consacrait dans une lettre à La Presse. «Gaston attendait pour son opération cardiaque. Il attendait, attendait, attendait... Il n'attend plus. Repose en paix, Gaston.»

M. Forest avait 81 ans et il aurait dû vivre plus longtemps. Résidant à Laval, tous les vendredis il prenait le bus et le métro pour aller passer le week-end chez sa «blonde» au centre-ville de Montréal. Une relation qui durait depuis 27 ans.

«Il était attentif à tous, mais les derniers temps furent très pénibles, me dit M. Viau. Je crois qu'il avait décidé d'abandonner sa lutte contre la maladie et le système.»

Il se trouve que juste avant la publication de cette lettre, je recevais un courriel d'un chirurgien de l'Institut de cardiologie qui s'élevait contre l'allongement des listes d'attente.

Diplômé en chirurgie vasculaire et thoracique et professeur de chirurgie à l'Université de Montréal, le Dr Louis Perrault est attaché depuis dix ans à l'ICM, où il combine des activités de clinique et de recherche.

«Depuis janvier 2007, écrit-il, une des quatre salles d'opération de l'ICM est fermée faute de personnel infirmier. Déjà, le quart des infirmières du bloc opératoire provient de l'étranger. La fermeture de cette salle est maintenue jusqu'en septembre 2007 au plus tôt, aucune solution à court terme n'est envisagée.

«Conséquemment, la liste d'attente pour la chirurgie cardiaque a fait un bond de 100 patients en trois mois, avec de nombreux patients «hors délai raisonnable». Comble de l'ironie... ou d'une mauvaise planification, un nouveau bloc opératoire de 30 millions$ comprenant sept salles d'opération ultra-modernes (remplaçant les quatre autres) est en construction et sera prêt début 2008. Combien de ces salles fonctionneront-elles vraiment, compte tenu de la pénurie de personnel?

«Au pavillon Hôtel-Dieu du CHUM, environ 60 millions$ ont été investis pour concentrer la cardiologie tertiaire et la chirurgie cardiaque des trois pavillons du CHUM sur un seul site. On construit une nouvelle salle d'hémodynamie en rénovant des salles d'opération et le département de soins intensifs. Cela a été planifié en attendant la construction du nouveau CHUM. Au dernier décompte, il manquait entre 40 et 60 infirmières de soins intensifs dans ce centre pour pouvoir consolider la chirurgie tertiaire. De nouveau, aucune solution à court terme n'est envisagée...

«Au total, environ 100 millions$ investis dans le béton sans que les ressources humaines nécessaires soient au rendez-vous! Cela n'est qu'un exemple, entre beaucoup d'autres, de gestion discutable des budgets de santé dans un domaine très pointu. Ce n'est que la pointe de l'iceberg.

«Malgré ces faits, il n'y a personne d'imputable pour ces décisions ou pour la gestion globale des argents du système de santé. C'est toujours la faute des autres, du gouvernement précédent... Ceux qui prennent les décisions maintenant seront bien loin quand les conséquences de leurs gestes seront connues. À quand une gestion de la santé indépendante des enjeux politiques pour éviter le saupoudrage électoral dans tous les comtés? À quand un système de gestion responsable et imputable afin d'éviter la déperdition des fonds dans le béton?»

La semaine dernière, toujours dans La Presse, le Dr Léon Dontigny, directeur des services professionnels à l'ICM, lançait lui aussi un cri d'alarme: «En décembre, nous avions 70 patients en attente, aujourd'hui on en a près de 250. Chaque jour, nous devons annuler le quart des opérations prévues.»

La pénurie d'infirmières est particulièrement catastrophique en cardiologie car tous les «opérés» du coeur vont aux soins intensifs, où les infirmières doivent avoir une formation spécialisée.

La priorité s'impose: former plus d'infirmières. Mieux rémunérer celles qui sont en exercice, et leur offrir de meilleures conditions de travail. Aller chercher (en y mettant le prix) les infirmières d'expérience que le gouvernement Bouchard a envoyées à la retraite et dont plusieurs sont encore assez en forme pour revenir au travail. Ce qu'il ne faut surtout pas faire, c'est abaisser les standards pour embaucher à la va-vite du personnel infirmier sous-qualifié. Les Québécois méritent mieux.

16 mai, 2007

Santé publique ou danger publique !

Le dimanche 13 mai 2007
CHRONIQUE
Les fous de la santé
Alain Dubuc

Les progrès de la santé dans une société comme la nôtre ne sont pas seulement dus aux médecins que l'on consulte, aux médicaments ou aux hôpitaux.

La santé publique joue un rôle majeur, par ses interventions classiques, les mesures sanitaires, la prévention et la promotion de la santé, la lutte au tabagisme, mais aussi grâce à l'intégration aux politiques de santé de problématiques non médicales, comme la pauvreté ou l'environnement.
Cet élargissement du champ d'action de la santé publique a cependant eu des effets pervers. Il a amené des spécialistes à intervenir dans des domaines où ils n'avaient pas nécessairement de compétences. Pourtant, la nouveauté de ces missions aurait dû imposer au monde de la santé publique une certaine prudence et une certaine retenue.
Mais c'est le contraire qui se produit. Avec l'arrogance de ceux qui sont convaincus de faire le bien, la santé publique est en passe de devenir un danger public, qui va dans toutes les directions, en abusant de l'autorité morale et scientifique dont jouit le monde médical.
On a eu plusieurs signaux de cette dérive. Quand la Direction de santé publique de l'île de Montréal, dans un rapport sur les effets négatifs de l'automobile sur la santé, ce qui est de son ressort, a dénoncé l'incohérence du gouvernement Charest dans le dossier du pont de l'autoroute 25, ce n'était pas dans le champ de compétence d'un docteur sans expérience du transport. Même chose dans le dossier du casino, où l'organisme a grandement joué dans la mise à mort du projet, avec un avis défavorable qui péchait par son manque d'équilibre.
Mais la cerise sur le sundae, c'est l'avis que deux directeurs de santé publique, ceux de Québec et de Chaudière-Appalaches, ont déposé aux audiences du Bureau des audiences publiques sur le projet Rabaska, un terminal méthanier à Lévis. En refusant d'émettre un avis favorable, les nouveaux croisés du bien ont alors étalé toutes les dérives qui menacent sous prétexte de santé publique.
Entendons-nous. Ces professionnels ont leur place dans un débat sur un projet gazier majeur. Le BAPE, dans ses travaux, doit tenir compte des considérations économiques et énergétiques, mais aussi évaluer l'impact environnemental, les effets sur le milieu, notamment sur la santé. Les intervenants en santé publique ont des choses à dire sur le risque, les bruits, les émanations, les effets sur le mode de vie.
Mais le premier glissement, c'est que les directeurs de santé publique ont décidé de prendre la place du BAPE et de faire eux-même l'arbitrage entre toutes ces variables, de se prononcer sur la pertinence économique du projet, sur la place du gaz dans le bilan énergétique. Des domaines où les médecins ne savent pas de quoi ils parlent. Les docteurs se demandent si l'évolution du prix du gaz affectera la rentabilité du projet. Ils s'opposent au gaz, un combustible fossile, même si bien des environnementalistes acceptent que celui-ci prenne plus de place. Ils s'inquiètent même du risque d'un bris des lignes de transport d'électricité en cas d'accident et d'une autre crise du verglas, même si cela n'inquiète pas Hydro-Québec. De quoi se mêlent-ils?
Le second glissement, c'est la préoccupation des médecins pour les effets psycho-sociaux, qui les amène à se pencher sur l'acceptabilité sociale du projet, un concept fourre-tout qui tend à dire que si un projet suscite des débats et des divisions, cela créera des tensions dans le milieu et que ce peut être mauvais pour la santé de la population. Une approche qui amène les spécialistes en santé publique à devenir un porte-voix aux groupes de pression censés représenter le milieu.
Et surtout, c'est une approche qui mène à une logique circulaire. Si un projet est mauvais quand il suscite de l'opposition, comme on sait que les gens ont tendance à résister aux changements, cela signifie qu'au nom de la santé publique, on s'opposera à tout projet qui fait des vagues et devient une caution morale de l'immobilisme.
Le troisième glissement, c'est le ton du document. Son acharnement à trouver des poux (par exemple, le risque d'une crise du verglas) et la dramatisation des enjeux (dans un sondage, on a même demandé aux gens si le projet Rabaska avait affecté leur vie familiale), montrent que cet avis ressemble surtout à un exercice militant aux frais des contribuables. La santé publique a quitté le terrain de la rigueur scientifique pour choisir l'action sur le terrain, pour parler au nom du «peuple».
C'est très dangereux. Parce que la santé publique contribue à de mauvais choix. Mais aussi, parce qu'à force de jouer au loose cannon, à force d'abuser de son autorité, elle finira par perdre la crédibilité dont elle a besoin pour s'acquitter de sa mission.

15 mai, 2007

Le bluff de Gilles Duceppe

Tout le monde félicite Gilles Duceppe d’avoir admis son erreur et de s’être éclipsé devant Pauline Marois. Que s’est-il réellement passé ?

Il faut rappeler que Mme. Marois et M. Duceppe devaient se rencontrer samedi le 13 mai. Cette rencontre avait probablement pour objectif de décider qui des deux serait candidat à la succession de Boisclair. L’un et l’autre savaient que le parti ne pouvait se permettre une course à la chefferie dans un contexte où des élections provinciale et fédérale peuvent être déclenchées à tout moment.

M. Duceppe a cru qu’en annonçant sa candidature le premier, Mme. Marois se désisterait. Toutefois, Mme Marois tenait la carte gagnante, l’appui quasi unanime du caucus du parti.

La réalité est que M. Duceppe a bluffé et perdu.

14 mai, 2007

L'interventionisme nuit à l'économie

Effets pervers des mesures fiscales en région
Le Soleil, p. 13 / Marcel Boyer, 11 mai 2007

La ministre des finances du Québec, Monique Jérôme-Forget, présentera bientôt le budget 2007-2008 du gouvernement. On peut s’attendre à ce que ce budget reconduise une série de mesures fiscales et en offre de nouvelles dans le but de favoriser les régions. Plusieurs de ces mesures ont des conséquences perverses, souvent prévisibles, et finissent par contrecarrer l’objectif visé.

Considérons ici le cas de la Stratégie de développement économique des régions ressources (SDERR), qui offre des subventions qui sont rebaptisées en congés fiscaux et crédits d’impôt remboursables. Cette dernière mesure équivaut à 30 % du salaire des nouveaux salariés dans les activités de transformation. Pour les PME du secteur de la fabrication, un congé fiscal de 75% de l’impôt sur le revenu, de la taxe sur le capital et de la cotisation des employeurs au Fonds des services de santé est accordé. À cela s’ajoutent des mesures destinées à favoriser en région des entreprises spécifiques, telles les alumineries, en vendant l’électricité à rabais.

Mesures critiquées

Ces aides aux régions ressources ont suscité de nombreuses critiques en provenance des autres régions qui s’estiment avec raison victimes d’une discrimination fiscale et d’une concurrence déloyale. Sous cette pression, le gouvernement a annoncé la création d’un groupe de travail pour analyser l’impact de la fin des mesures fiscales destinées aux entreprises des régions ressources et de la nouvelle économie.

Les problèmes causés par ce genre de discrimination régionale vont bien au-delà d’un simple déplacement de l’activité économique des régions non subventionnées vers les régions subventionnées. Il y a d’abord une perte d’efficacité économique: l’activité qui a été empêchée dans une région était plus efficace que celle qui l’a remplacée car la première pouvait se justifier économiquement et se financer sur le marché sans de telles subventions. En terme net, il y a destruction de valeur et de potentiel de richesse qui entraînent une perte sèche dans l’économie.

La SDEER entraîne aussi trois conséquences indésirables qui minent le développement soutenu des régions : la difficulté de mettre fin aux subventions étant donné l’intensité des activités d’influence des clientèles privilégiées, le développement dans les régions assistées d’une culture néfaste de dépendance envers le gouvernement et le report sine die des adaptations et changements souhaitables dans ces régions.

Des effets pervers

De manière générale, l’interventionnisme étatique direct est particulièrement inefficace pour promouvoir le développement régional. Les effets pervers sont nombreux. Un rapport récent du gouvernement du Québec affirme que ces dépenses ont été aussi importantes qu’inutiles. Une étude récente du CIRANO abonde dans le même sens. Malgré cela, chaque Ministre des finances avance dans le même sillon.

Le coût des 280 postes de dépense fiscale s’est élevé à 18,6 milliards de dollars au Québec en 2006. Le désir des gouvernements de jouer aux apprentis-sorciers est insatiable et ce, malgré les impacts souvent désastreux à moyen terme de ces interventions.

Quand les entrepreneurs et les travailleurs sont davantage incités à surveiller leurs députés que leurs marchés, la performance économique ne peut que manquer le rendez-vous. Malheureusement, la performance économique ne se mesure pas au nombre de rubans coupés ni au nombre de plans et de stratégies de développement mais à l’efficacité des mécanismes de coordination et de motivation, d’abord et avant tout à la vérité des prix de tous les biens et services dans tous les secteurs et toutes les régions. Cette vérité des prix suscite l’innovation, la créativité et la commercialisation de nouveaux produits et services plus performants, les véritables bases de la croissance et de la compétitivité.

Il faut espérer que les principes fondamentaux de création de richesse prévaudront sur les pressions des groupes d’intérêt. Il est temps de changer de cap: les québécois sont fortement taxés par rapport aux autres juridictions en Amérique du nord et la performance économique du Québec en termes de croissance et de création d’emplois est particulièrement décevante et ce, depuis 25 ans.

Pourquoi ne pas s’inspirer de ce qui a fonctionné ailleurs? Ainsi, plusieurs pays ont fortement réduit les taux marginaux de l’impôt sur le revenu des particuliers quand il est devenu évident que des taux élevés réduisent l’effort de travail, diminuent la part de l’impôt payé par les riches en plus de réduire éventuellement les recettes fiscales.

Quoi faire pour aider les régions? Il faut d’abord recentrer le rôle du gouvernement sur le développement et le maintien des infrastructures susceptibles de favoriser l’intégration des économies des régions au sein de l’ensemble de l’économie du Québec; ensuite, favoriser la vérité des prix sur tout le territoire de manière à susciter des solutions innovantes aux problèmes et défis vécus par les régions (cette vérité des prix permettra une baisse importante des impôts); enfin, faire confiance aux capacités entrepreneuriales de création et d’innovation présentes en régions et rendre les dirigeants et citoyens des régions responsables de leur développement.

Marcel Boyer est vice-président et économiste en chef de l'Institut économique de Montréal.

13 mai, 2007

Profit, salaire et capitalisme

André Dorais
Lorsqu’on vend les fruits de son travail obtient-on un salaire ou un profit? Le capitalisme donne-t-il naissance au profit ou au salaire? Est-il source d’exploitation ou de coopération? La perspective sur le monde varie selon les réponses données à ces questions.

De l’économie primitive à l’économie marchande

Selon plusieurs économistes, d’hier et d’aujourd’hui, le salaire constitue la première forme de revenu de production. Par exemple, en 1776, Adam Smith écrivait : «Ce qui constitue la récompense naturelle ou le salaire du travail, c'est le produit du travail. Dans cet état primitif qui précède l'appropriation des terres et l'accumulation des capitaux, le produit entier du travail appartient à l'ouvrier. Il n'a ni propriétaire ni maître avec qui il doive partager.» La nature et les causes de la richesse des nations

Dans le même texte, lorsqu’il décrit une économie développée, Smith affirme que le profit découle du salaire : «Dans tous les métiers, dans toutes les fabriques, la plupart des ouvriers ont besoin d'un maître qui leur avance la matière du travail, ainsi que leurs salaires et leur subsistance, jusqu'à ce que leur ouvrage soit tout à fait fini. Ce maître prend une part du produit de leur travail ou de la valeur que ce travail ajoute à la matière à laquelle il est appliqué, et c'est cette part qui constitue son profit.» Le corollaire de ces thèses est que le profit émerge du capitalisme.

Il n’en fallait pas plus à Karl Marx, en 1867, pour conclure à l’exploitation de l’ouvrier par le capitaliste. Pour Marx, dès lors qu’il y a profit, ou «plus-value» pour utiliser son vocabulaire, il y a exploitation puisqu’il considère possible la satisfaction des besoins sans le recours au profit. Or, comme le souligne George Reisman, dans son texte Classical Economics vs The Exploitation Theory, pour combattre cette idée, on doit réaliser que le profit ne découle pas du salaire, mais plutôt que le salaire provient du profit.

Au sein de l’économie primitive il n’y avait pas de salarié, c’est-à-dire d’individu offrant ses services à un employeur contre rémunération, car l’homme se contentait de troquer. De même, lors de la période de transition à une économie plus avancée, où le troc cède sa place à l’échange via l’utilisation de monnaie, le salarié n’est pas légion. On rencontre davantage de «travailleurs autonomes», qui cherchent à vendre directement leurs produits ou leurs services aux consommateurs, que de salariés. Les revenus tirés de cette vente ont plus en commun avec le profit qu’avec le salaire. En effet, le travailleur agit à titre individuel et directement avec les consommateurs, desquels il tire ses revenus.

Ce travailleur se distingue néanmoins du capitaliste dans la mesure où il n’est pas encore porté à acheter des biens pour les revendre. Il achète et il vend essentiellement pour consommer. Il épargne difficilement, car il ne comptabilise pas encore ses coûts de production à l’instar du capitaliste. L’important ici n’est pas tant de mieux décrire les caractéristiques économiques des différentes époques que de réaliser la pertinence de dissocier le profit du capitalisme et, à l’inverse, d’associer le salaire au capitalisme d’une part et d’autre part, la monnaie au profit. Cela ne signifie pas que le salaire n’existait pas avant la venue du capitalisme, mais plutôt qu’il y est plus étroitement associé qu’on le laisse généralement entendre. De même, on ne doit pas conclure qu’il était autrefois commun de qualifier de profit les revenus du travailleur autonome, mais plutôt que cela est conforme à l’usage que l’on fait aujourd’hui de ces mots.

Montée du capitalisme et augmentation des salaires

Le capitaliste (entrepreneur, homme d’affaires, etc.) recherche le profit, mais il ne lui a pas donné naissance. Pour accroître son profit, il doit constamment innover et améliorer sa capacité de production au bénéfice des consommateurs. Il est menacé par la concurrence qui peut agir plus vite et mieux et les consommateurs qui peuvent le bouder pour mille et une raisons. La menace est celle du marché, soit celle qui s’établit sur l’efficacité, l’expertise, la qualité et le prix plutôt que celle du gouvernement, entièrement basée sur la coercition.

L'entrepreneur offre un salaire à certains individus en échange de leurs services. Dans la mesure où le salaire est fixe et négocié comme tel, le profit, tiré de la vente des biens produits, lui revient entièrement. Le profit va à celui qui décide de la production, fournit les ressources matérielles et financières et assume les risques de défection et d’indifférence des consommateurs. Il constitue le revenu de travail du décideur.

Le salaire constitue un coût de production pour l’employeur. Il est déterminé par l’offre et la demande du travail. Il ne peut tomber plus bas que le plein emploi. Le plein emploi ne constitue pas une exploitation déguisée, car il est accompagné d’une baisse des prix des biens et services et de la disparition du fardeau à supporter les chômeurs. Cela se traduit par une hausse réelle des salaires sans avoir à les augmenter directement.

La productivité du travailleur est accrue dans la mesure où il est mieux outillé, opère des machines plus performantes et plus nombreuses. L’outil, la machine et le bien en capital ne font pas que se substituer au travailleur, ils le complémentent. La substitution de la machine à l’homme n’est pas source de pauvreté, mais de richesse. Il s’ensuit une plus grande quantité de biens et à meilleur prix. Tout le monde y gagne.

La productivité du travailleur est aussi accrue dans la mesure où ses revenus proviennent d’une entente négociée, volontaire et n'engageant que lui et son employeur. Par conséquent, tous les services octroyés par l’État sont à revoir, car les salaires de ses employés dépendent entièrement de l’impôt, qui n'est pas volontaire. Déclarer que les services gouvernementaux ne sont pas des marchandises ne constitue pas une justification pour en maintenir le contrôle. Qu’on parle de marchandises ou de services octroyés par des professionnels, il n’y a pas de raison d’en laisser le contrôle à l’État et les rémunérer via l’impôt. L’imposition nuit à la productivité peu importe où l’on affecte l’argent. La loi qui ne respecte pas la propriété est aveugle et conduit à la pauvreté et à l’exploitation.

En somme, le capitalisme n’a pas donné naissance au profit, mais au salaire. Le salaire est établi lorsqu’on offre ses services à un employeur. Dans la mesure où l’on est en autorité de déterminer la production et d'affecter les ressources, de la vente des fruits de son travail on obtient un profit. Profit et capitalisme sont sources de coopération et de richesse, non d’exploitation et de pauvreté.

11 mai, 2007

La "règlementite" : Besoin maladif de tout règlementer

Un chausson avec ça ?
Le Journal de Montréal, p. 26 / Nathalie Elgrably, 10 mai 2007

Les chaînes de restauration rapide sont décidément parmi les mal-aimées de notre société. Elles faisaient encore la manchette cette semaine parce qu'elles s'installent souvent à proximité des écoles.

Il n'en a pas fallu davantage pour que des diététistes et des représentants de divers organismes, telle la Coalition québécoise sur la problématique du poids, déclarent qu'il faut contrôler l'environnement des écoles en révisant les règlements de zonage pour interdire aux fast-foods de côtoyer les établissements scolaires. Quelle idée géniale !

Mais pourquoi se limiter à contrôler la présence de restaurants ? Ne faudrait-il pas également interdire les pâtisseries ? Après tout, un morceau de gâteau au fromage contient autant de calories qu'un Big Mac. On pourrait également interdire aux dépanneurs de vendre des barres de chocolat et des chips aux mineurs. Idéalement, on construirait les écoles au sommet des montagnes afin d'éviter aux étudiants de succomber aux tentations. Et pour vraiment gagner la guerre contre l'obésité, nous pourrions interdire aux familles avec enfants de posséder téléviseurs, Playstations,... Et pourquoi ne pas également forcer les enfants à marcher en leur interdisant l'accès aux autobus s'ils résident à moins de 3 km de leur école ?

Et la responsabilité individuelle ?

Ces propositions vous semblent ridicules ? Vous avez raison ! Ce ne sont pas les aliments qui posent problème, ce sont les habitudes alimentaires ! Tous les aliments, même l'eau, peuvent devenir toxiques s'ils sont consommés en grande quantité. Va-t-on se mettre à tout contrôler ? Souhaitons-nous vraiment qu'un petit groupe de bien-pensants nous impose ses choix alimentaires et que l'État se mêle du contenu de notre assiette ?

Ce qui est totalement évacué du débat actuel est la notion de responsabilité individuelle et parentale. On crée un monde de victimes, on déresponsabilise l'individu et on l'infantilise. À écouter la milice anti-malbouffe, on pourrait croire que les fast-foods nous gavent contre notre volonté. Or, nul n'est obligé d'entrer dans une chaîne de restauration rapide, de commander et de manger. Et puis, n'y a t-il pas également des salades au menu de McDonald's ?

Nous avons le contrôle sur ce que nous ingérons et nous disposons de tant d'information qu'il faudrait habiter dans une grotte pour ignorer les choix santé. Quant aux parents, ils sont également responsables du tour de taille de leur progéniture. Après tout, qui donne aux ados l'argent nécessaire pour qu'ils achètent leurs frites ?

S'il y a des jeunes qui fréquentent quotidiennement les fast-foods, c'est que leurs parents approuvent leurs choix. Cessons donc de diaboliser les commerces, car aucun restaurateur sensé n'irait s'installer à côté d'une école si les jeunes apportaient leurs lunchs ou si leurs parents ne leur laissaient d'autre choix que d'opter pour le plat santé offert à la cafétéria.

Pas un problème de société

La surcharge pondérale n'est pas un problème de société, c'est un problème individuel et il faut le traiter comme tel. Si nous admettons que nous pouvons choisir de changer nos habitudes alimentaires et de faire de l'exercice, il faut également accepter que certains puissent choisir délibérément de manger une grande portion de frites.

Il faut aussi accepter que la vaste majorité des gens consomment de la malbouffe avec modération. Or, si on modifie le zonage, c'est toute la population d'une région qui est touchée. Est-il donc raisonnable de restreindre les choix alimentaires d'individus responsables sous prétexte que certains se livrent à des abus? Finalement, enseigner aux jeunes à être responsables de ce qu'ils mangent, cela fait aussi partie de l'éducation !

* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
Nathalie Elgrably est économiste à l'Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques.

10 mai, 2007

Le palmarès de la compétitivité mondiale

L'Annuaire de la compétitivité mondiale classe 55 économies selon 323 critères mesurant la manière dont elles créent et maintiennent des conditions favorables pour les entreprises.

Le Canada a reculé de la septième à la dixième place en un an.

Il serait intéressant de connaître la position du Québec dans ce palmarès !

(Les chiffres entre parenthèses indiquent la position du pays l’an dernier.)

1. Etats-Unis (1)

2. Singapour (3)

3. Hong Kong (2)

4. Luxembourg (9)

5. Danemark (5)

6. Suisse (8)

7. Islande (4)

8. Pays-Bas (15)

9. Suède (14)

10. Canada (7)

11. Autriche (13)

12. Australie (6)

13. Norvège (12)

14. Irlande (11)

15. Chine (18)

16. Allemagne (25)

17. Finlande (10)

18. Taiwan (17)

19. Nouvelle-Zélande (21)

20. Grande Bretagne (20)

21. Israël (24)

22. Estonie (19)

23. Malaisie (22)

24. Japon (16)

25. Belgique (26)

26. Chili (23)

27. Inde (27)

28. France (30)

29. Corée du Sud (32)

30. Espagne (31)

31. Lituanie (-)

32. Rép. Tchèque (28)

33. Thaïlande (29)

34. Slovaquie (33)

35. Hongrie (35)

36. Grèce (36)

37. Jordanie (40)

38. Colombie (34)

39. Portugal (37)

40. Slovénie (39)

41. Bulgarie (41)

42. Italie (48)

43. Russie (46)

44. Roumanie (49)

45. Philippines (42)

46. Ukraine (-)

47. Mexique (45)

48. Turquie (43)

49. Brésil (44)

50. Afrique du Sud (38)

51. Argentine (47)

52. Pologne (50)

53. Croatie (51)

54. Indonésie (52)

55. Venezuela (53).

09 mai, 2007

L’immobilisme: sport typiquement québécois

Mont Orford : ne vous réjouissez pas trop vite
René Vézina, Le Journal Les Affaires
Posté le 8 mai 2007 à 11:35 AM

Va falloir sortir vos raquettes.Vous l'aurez lu ici en premier : je vous gage un vieux 2 $ que ça va aller de mal en pis pour le ski et le golf au Mont Orford. Pour se débarrasser d'une patate chaude, le gouvernement vient d'abandonner ces deux pivots du parc à leur sort.
Oh, bien sûr, la Société des établissements de plein air du Québec (SÉPAQ) va « administrer » la montagne de ski et le terrain de golf, mais elle n'a pas le mandat de les développer. Le bail de l'ancien gestionnaire et promoteur, André l'Espérance, sera annulé. Mais les applaudissements sont prématurés.
Comme domaine skiable, le Mont Orford va mal depuis un bon moment. Rappelez-vous l'époque où l'ancien propriétaire, Fernand Magnan, dénonçait les rapports météo signalant le refroidissement éolien... Pour relancer la station, il faudrait un projet, une vision. En lieu et place, elle va littéralement vivoter sur le respirateur artificiel pour les prochaines années alors que le ski alpin, au Québec, fait face à de sérieux défis. Idem pour le golf qui doit composer avec une surenchère d'offres. Mais les investissements nécessaires ne suivront pas. Les visiteurs non plus, par conséquent.
L'industrie touristique québécoise fait face à une concurrence accrue et elle doit constamment innover. Dans ce secteur des Cantons de l'est, on va tomber en panne. Et les contribuables québécois vont se retrouver avec une facture de plusieurs millions de dollars pour dédommager le promoteur à qui on vient de montrer la sortie.
Alors, astiquez vos raquettes à neige. Elles risquent fort de devenir l'activité centrale pour les hivers à venir dans ce qui fut l'une des plus splendides stations de ski au Québec.

05 mai, 2007

Immobilisme et règlementation

L’immobilisme du Québec est en partie dû à une règlementation excessive. L’élimination des règlements inutiles et une gestion moins tatillonne des règlements essentiels permettraient de :

  • Réduire le nombre de fonctionnaires ;
  • Réduire les coûts pour les entrepreneurs et les citoyens ;
  • Dynamiser l’économie.

Ce n’est qu’un exemple où moins de gouvernement profiterait à tous.

Le vendredi 04 mai 2007
CHRONIQUE
Yves Boisvert: Avez-vous un permis?
Yves Boisvert


Attention citoyens : cette chronique contient un appel à tous. Zet à toutes.Loin de moi l'idée d'encourager la délinquance. Mes voisins de bureau vous le diront, moi, c'est la Loi et l'Ordre - pas nécessairement dans l'ordre, et surtout la loi, finalement.

Mais regardons les choses en face. S'il fallait que tous les citoyens appliquent à la lettre les règlements municipaux concernant la construction et la rénovation, l'industrie du clou s'effondrerait instantanément.

Bang.

La vérité? Plus vous êtes honnête, plus votre projet est beau, plus on vous emmerdera.

Hier, je lisais l'article de mon collègue Éric Clément sur le promoteur David Owen, qui construit des condos dans l'arrondissement de Ville-Marie sans permis. Son projet a été refusé? Pas grave, il a 72 condos à livrer, alors il fonce. Il est rendu à trois étages.

Cow-boy, dites-vous? Bien sûr. La Ville lui a envoyé des constats d'infraction pour une valeur totale de 18 000 $. Attendre lui coûterait bien plus cher, peut-on penser. C'est le même M. Owen à qui on a ordonné de démolir un étage illégal sur une construction cet hiver.

Mais c'est aussi le même qui attend depuis deux ans (DEUX ANS) pour qu'on fasse passer son projet de pharmacie, angle Ontario et Champlain. Une pharmacie. Pas un méga-hôpital.

La raison? L'immeuble projeté a 71 centimètres de trop en hauteur (la Ville a accepté cet écart, finalement), le parking est trop près de la rue, l'édifice trop loin, etc. Et des citoyens du coin se battent contre le projet.

Nous comprenons tous qu'il doit y avoir des normes d'urbanisme. Mais pourquoi faut-il deux ans pour qu'un projet se règle?

Voilà un promoteur qui n'attirera la sympathie de personne. Il construit sans permis, et des condos, en plus, imaginez!

Sauf que dans bien des arrondissements de la Ville, même avec un superbe projet, correct, respectueux de tout ce qu'il y a à respecter, plus vous êtes transparent, et plus on vous fera des misères.

Essayez, par exemple, de changer une fenêtre en aluminium ou, mieux, en PVC sur le Plateau. Présentez un projet de fenêtre faite à la main par un artisan, un beau truc, en acajou, tiens.

Première réaction : Non! Si vous voulez changer, il faut faire comme à l'origine! On parle de 1911, disons. Il vous faudra vous battre avec les gens des permis jusqu'à ce qu'on finisse par dire, OK, d'abord.

Pendant ce temps-là, il y a un artisan et toutes sortes de gens qui attendent. Ils n'attendent pas toujours, ils ont d'autres contrats. Les gens de la construction ont toujours d'autres contrats.

Par exemple, ils vont poser des fenêtres chez quelqu'un qui n'a pas demandé de permis.

S'ils se font pincer par les mandarins, ils leur répondent en cantonnais : Su Mi, ce qui se traduit à NDG par «Sue me!» et dans Rosemont par «Nous nous reverrons en Cour!» Une amende, si on vous attrape, coûtera parfois moins cher en plans, en demandes, en heures d'attente, en rage, en désespoir et en immobilisme.

Vous êtes un sympathique citoyen qui aime le patrimoine? Vous refaites la façade affreuse de votre maison du Plateau, du Mile End, de la Petite-Patrie? Hé! Tout n'est pas magnifique dans ces quartiers à la mode!

Vous apportez vos briques, vos plans, vous êtes fier de votre architecte. Ils vous donneront un permis illico!

Vous êtes sympathique mais un peu twit. Ça ne se passera pas comme ça.

Première réaction du fonctionnaire municipal : «Hum c'est pas tout à fait la bonne teinte de rouge, ça»

Vous aurez beau lui dire que le voisin a des briques blanches avec des colonnes gréco-hawaïennes, rien n'y fera : il faut se comparer avec l'original ou n'importe quel modèle avec lequel vous n'êtes pas en conformité.

Comme disait John Locke, quand une loi est absurde, ou que l'application de la loi devient absurde, le citoyen a le droit et même le devoir de se révolter.

Mais la révolte, c'est ben de l'ouvrage. Alors le citoyen se contente de contourner la loi. Et de risquer une amende : Su Mi, Ville.

C'est vrai dans le résidentiel, c'est vrai dans le commercial, dans l'institutionnel, c'est vrai partout.

Alors voici l'appel à tous. Envoyez-moi un résumé de vos démêlés avec votre arrondissement de la Ville de Montréal côté permis et travaux. Des dates, des faits, mais ramassez-vous, ne me faites pas 20 pages. Discrétion assurée si nécessaire.

Et quand nous aurons recueilli suffisamment d'absurdités, on fera un beau portrait en forme de bilan. Et ensuite, on posera des questions. Des questions compliquées et dures - on nous paie pour poser des questions compliquées et dures.

Comme par exemple : pourquoi?

04 mai, 2007

Les écolos font augmenter le prix du pétrole

Une explication dont personne ne parle

Le Journal de Montréal, p. 26 / Nathalie Elgrably, 03 mai 2007

La récente hausse du prix de l’essence n’a pas manqué d’éveiller à nouveau les passions et d’attiser la colère des automobilistes.

Officiellement, le prix à la pompe est en hausse parce que la demande d’essence augmente plus rapidement que l’offre, ce qui crée un phénomène de rareté. Cette explication est logique, mais incomplète. Pourquoi l’offre ne suit-elle pas la demande?

En pratique, le problème ne provient pas des réserves qui seraient insuffisantes. Elles ne cessent d’ailleurs d’augmenter depuis 1970. Il est plutôt causé par la difficulté qu’ont les raffineries à répondre à la demande et à constituer des stocks. Elles fonctionnent à pleine capacité et le moindre imprévu réduit l’approvisionnement des détaillants. C’est une chose que d’extraire du pétrole brut, c’en est une autre que de le transformer en essence.

Pourquoi les pétrolières n’augmentent-elles pas leurs capacités de raffinage? Comment expliquer que des entreprises privées guidées par le profit ne tentent pas de répondre à la demande de leurs clients? Pourtant, quand la demande de véhicules augmente, les constructeurs automobiles s’adaptent pour satisfaire leur clientèle. De même, le nombre de stations d’essence et de garages se multiplient à mesure que la quantité de véhicules en circulation croît.

Si les pétrolières n’ajustent pas leur production en fonction de la demande des consommateurs, ce n’est pas pour créer de la rareté. En Amérique du Nord uniquement, elles sont nombreuses à avoir proposé des projets de constructions de raffineries. En dépit de toutes ces tentatives, aucune nouvelle raffinerie n’a vu le jour depuis plus de trente ans et ce, malgré la croissance de la consommation mondiale. Il n’est donc pas étonnant que le prix de l’essence augmente!

Cette situation aberrante, nous la devons à toutes les âmes bien-pensantes qui ont formé des groupes de pression suffisamment puissants pour convaincre, entre autres, le gouvernement américain d’interdire pendant trois décennies la construction de raffineries, de pipelines et de ports.

Les vrais coupables

Et comme ces mêmes lobbies ont également réussi à paralyser le développement de l’énergie nucléaire au nom de leurs nobles causes, la hausse du prix de l’essence devenait inévitable. Nous ne sommes donc pas les victimes innocentes des pétrolières cupides, nous sommes plutôt les otages des lobbies nombrilistes qui réussissent à nous imposer leurs choix et à scléroser l’industrie du raffinage.

Évidemment, pour occulter les conséquences perverses de leurs actions, ils s’indignent bruyamment du sort des familles démunies qui ont peine à assumer la hausse du coût de l’énergie. Certains réclament alors que l’État intervienne en contrôlant le prix de l’essence ou en nationalisant l’industrie pétrolière. Des bien-pensants contribuent à créer un phénomène de rareté et ont ensuite l’arrogance de demander une intervention étatique pour régler les conséquences d’un problème qu’ils ont eux-mêmes fait naître!

Pour défendre leur position, ils dénoncent violemment les profits des pétrolières et font croire qu’elles entretiennent un vaste complot pour exploiter les consommateurs. Il est vrai qu’elles engrangent des profits si faramineux qu’il est tentant de les haïr. Exxon Mobil est d’ailleurs l’entreprise la plus rentable de la planète avec des profits de 39,5 milliards de dollars US. Ce chiffre semble impressionnant, mais il correspond à une marge bénéficiaire de 11,5% uniquement. À titre comparatif, la marge de Johnson & Johnson est de 20%, celle de Microsoft est de 28,6%, tandis que celle de Pfizer atteint 36,8%!

Si notre plein nous coûte plus cher aujourd’hui, c’est en partie à cause de plusieurs lobbies, dont les groupes environnementaux. Mais personne n’ose les pointer du doigt. Pourtant, il est nécessaire d’identifier les véritables coupables pour apporter des solutions efficaces!

* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
Nathalie Elgrably est économiste à l'Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques.

03 mai, 2007

Le système de santé est en faillite

Le système de santé croule sous le poids de la bureaucratie. La planification et la gestion centralisées d’un système aussi complexe que le système de santé est voué à l’échec. Le fait d’y allouer plus d’argent ne fera qu’empirer les choses. Il faut décentraliser et favoriser la compétition entre le privé et le public. C’est le seul moyen d’éviter les conséquences de la loi de Gammon.



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