André Dorais
Lorsqu’on vend les fruits de son travail obtient-on un salaire ou un profit? Le capitalisme donne-t-il naissance au profit ou au salaire? Est-il source d’exploitation ou de coopération? La perspective sur le monde varie selon les réponses données à ces questions.
De l’économie primitive à l’économie marchande
Selon plusieurs économistes, d’hier et d’aujourd’hui, le salaire constitue la première forme de revenu de production. Par exemple, en 1776, Adam Smith écrivait : «Ce qui constitue la récompense naturelle ou le salaire du travail, c'est le produit du travail. Dans cet état primitif qui précède l'appropriation des terres et l'accumulation des capitaux, le produit entier du travail appartient à l'ouvrier. Il n'a ni propriétaire ni maître avec qui il doive partager.» La nature et les causes de la richesse des nations
Dans le même texte, lorsqu’il décrit une économie développée, Smith affirme que le profit découle du salaire : «Dans tous les métiers, dans toutes les fabriques, la plupart des ouvriers ont besoin d'un maître qui leur avance la matière du travail, ainsi que leurs salaires et leur subsistance, jusqu'à ce que leur ouvrage soit tout à fait fini. Ce maître prend une part du produit de leur travail ou de la valeur que ce travail ajoute à la matière à laquelle il est appliqué, et c'est cette part qui constitue son profit.» Le corollaire de ces thèses est que le profit émerge du capitalisme.
Il n’en fallait pas plus à Karl Marx, en 1867, pour conclure à l’exploitation de l’ouvrier par le capitaliste. Pour Marx, dès lors qu’il y a profit, ou «plus-value» pour utiliser son vocabulaire, il y a exploitation puisqu’il considère possible la satisfaction des besoins sans le recours au profit. Or, comme le souligne George Reisman, dans son texte Classical Economics vs The Exploitation Theory, pour combattre cette idée, on doit réaliser que le profit ne découle pas du salaire, mais plutôt que le salaire provient du profit.
Au sein de l’économie primitive il n’y avait pas de salarié, c’est-à-dire d’individu offrant ses services à un employeur contre rémunération, car l’homme se contentait de troquer. De même, lors de la période de transition à une économie plus avancée, où le troc cède sa place à l’échange via l’utilisation de monnaie, le salarié n’est pas légion. On rencontre davantage de «travailleurs autonomes», qui cherchent à vendre directement leurs produits ou leurs services aux consommateurs, que de salariés. Les revenus tirés de cette vente ont plus en commun avec le profit qu’avec le salaire. En effet, le travailleur agit à titre individuel et directement avec les consommateurs, desquels il tire ses revenus.
Ce travailleur se distingue néanmoins du capitaliste dans la mesure où il n’est pas encore porté à acheter des biens pour les revendre. Il achète et il vend essentiellement pour consommer. Il épargne difficilement, car il ne comptabilise pas encore ses coûts de production à l’instar du capitaliste. L’important ici n’est pas tant de mieux décrire les caractéristiques économiques des différentes époques que de réaliser la pertinence de dissocier le profit du capitalisme et, à l’inverse, d’associer le salaire au capitalisme d’une part et d’autre part, la monnaie au profit. Cela ne signifie pas que le salaire n’existait pas avant la venue du capitalisme, mais plutôt qu’il y est plus étroitement associé qu’on le laisse généralement entendre. De même, on ne doit pas conclure qu’il était autrefois commun de qualifier de profit les revenus du travailleur autonome, mais plutôt que cela est conforme à l’usage que l’on fait aujourd’hui de ces mots.
Montée du capitalisme et augmentation des salaires
Le capitaliste (entrepreneur, homme d’affaires, etc.) recherche le profit, mais il ne lui a pas donné naissance. Pour accroître son profit, il doit constamment innover et améliorer sa capacité de production au bénéfice des consommateurs. Il est menacé par la concurrence qui peut agir plus vite et mieux et les consommateurs qui peuvent le bouder pour mille et une raisons. La menace est celle du marché, soit celle qui s’établit sur l’efficacité, l’expertise, la qualité et le prix plutôt que celle du gouvernement, entièrement basée sur la coercition.
L'entrepreneur offre un salaire à certains individus en échange de leurs services. Dans la mesure où le salaire est fixe et négocié comme tel, le profit, tiré de la vente des biens produits, lui revient entièrement. Le profit va à celui qui décide de la production, fournit les ressources matérielles et financières et assume les risques de défection et d’indifférence des consommateurs. Il constitue le revenu de travail du décideur.
Le salaire constitue un coût de production pour l’employeur. Il est déterminé par l’offre et la demande du travail. Il ne peut tomber plus bas que le plein emploi. Le plein emploi ne constitue pas une exploitation déguisée, car il est accompagné d’une baisse des prix des biens et services et de la disparition du fardeau à supporter les chômeurs. Cela se traduit par une hausse réelle des salaires sans avoir à les augmenter directement.
La productivité du travailleur est accrue dans la mesure où il est mieux outillé, opère des machines plus performantes et plus nombreuses. L’outil, la machine et le bien en capital ne font pas que se substituer au travailleur, ils le complémentent. La substitution de la machine à l’homme n’est pas source de pauvreté, mais de richesse. Il s’ensuit une plus grande quantité de biens et à meilleur prix. Tout le monde y gagne.
La productivité du travailleur est aussi accrue dans la mesure où ses revenus proviennent d’une entente négociée, volontaire et n'engageant que lui et son employeur. Par conséquent, tous les services octroyés par l’État sont à revoir, car les salaires de ses employés dépendent entièrement de l’impôt, qui n'est pas volontaire. Déclarer que les services gouvernementaux ne sont pas des marchandises ne constitue pas une justification pour en maintenir le contrôle. Qu’on parle de marchandises ou de services octroyés par des professionnels, il n’y a pas de raison d’en laisser le contrôle à l’État et les rémunérer via l’impôt. L’imposition nuit à la productivité peu importe où l’on affecte l’argent. La loi qui ne respecte pas la propriété est aveugle et conduit à la pauvreté et à l’exploitation.
En somme, le capitalisme n’a pas donné naissance au profit, mais au salaire. Le salaire est établi lorsqu’on offre ses services à un employeur. Dans la mesure où l’on est en autorité de déterminer la production et d'affecter les ressources, de la vente des fruits de son travail on obtient un profit. Profit et capitalisme sont sources de coopération et de richesse, non d’exploitation et de pauvreté.
De l’économie primitive à l’économie marchande
Selon plusieurs économistes, d’hier et d’aujourd’hui, le salaire constitue la première forme de revenu de production. Par exemple, en 1776, Adam Smith écrivait : «Ce qui constitue la récompense naturelle ou le salaire du travail, c'est le produit du travail. Dans cet état primitif qui précède l'appropriation des terres et l'accumulation des capitaux, le produit entier du travail appartient à l'ouvrier. Il n'a ni propriétaire ni maître avec qui il doive partager.» La nature et les causes de la richesse des nations
Dans le même texte, lorsqu’il décrit une économie développée, Smith affirme que le profit découle du salaire : «Dans tous les métiers, dans toutes les fabriques, la plupart des ouvriers ont besoin d'un maître qui leur avance la matière du travail, ainsi que leurs salaires et leur subsistance, jusqu'à ce que leur ouvrage soit tout à fait fini. Ce maître prend une part du produit de leur travail ou de la valeur que ce travail ajoute à la matière à laquelle il est appliqué, et c'est cette part qui constitue son profit.» Le corollaire de ces thèses est que le profit émerge du capitalisme.
Il n’en fallait pas plus à Karl Marx, en 1867, pour conclure à l’exploitation de l’ouvrier par le capitaliste. Pour Marx, dès lors qu’il y a profit, ou «plus-value» pour utiliser son vocabulaire, il y a exploitation puisqu’il considère possible la satisfaction des besoins sans le recours au profit. Or, comme le souligne George Reisman, dans son texte Classical Economics vs The Exploitation Theory, pour combattre cette idée, on doit réaliser que le profit ne découle pas du salaire, mais plutôt que le salaire provient du profit.
Au sein de l’économie primitive il n’y avait pas de salarié, c’est-à-dire d’individu offrant ses services à un employeur contre rémunération, car l’homme se contentait de troquer. De même, lors de la période de transition à une économie plus avancée, où le troc cède sa place à l’échange via l’utilisation de monnaie, le salarié n’est pas légion. On rencontre davantage de «travailleurs autonomes», qui cherchent à vendre directement leurs produits ou leurs services aux consommateurs, que de salariés. Les revenus tirés de cette vente ont plus en commun avec le profit qu’avec le salaire. En effet, le travailleur agit à titre individuel et directement avec les consommateurs, desquels il tire ses revenus.
Ce travailleur se distingue néanmoins du capitaliste dans la mesure où il n’est pas encore porté à acheter des biens pour les revendre. Il achète et il vend essentiellement pour consommer. Il épargne difficilement, car il ne comptabilise pas encore ses coûts de production à l’instar du capitaliste. L’important ici n’est pas tant de mieux décrire les caractéristiques économiques des différentes époques que de réaliser la pertinence de dissocier le profit du capitalisme et, à l’inverse, d’associer le salaire au capitalisme d’une part et d’autre part, la monnaie au profit. Cela ne signifie pas que le salaire n’existait pas avant la venue du capitalisme, mais plutôt qu’il y est plus étroitement associé qu’on le laisse généralement entendre. De même, on ne doit pas conclure qu’il était autrefois commun de qualifier de profit les revenus du travailleur autonome, mais plutôt que cela est conforme à l’usage que l’on fait aujourd’hui de ces mots.
Montée du capitalisme et augmentation des salaires
Le capitaliste (entrepreneur, homme d’affaires, etc.) recherche le profit, mais il ne lui a pas donné naissance. Pour accroître son profit, il doit constamment innover et améliorer sa capacité de production au bénéfice des consommateurs. Il est menacé par la concurrence qui peut agir plus vite et mieux et les consommateurs qui peuvent le bouder pour mille et une raisons. La menace est celle du marché, soit celle qui s’établit sur l’efficacité, l’expertise, la qualité et le prix plutôt que celle du gouvernement, entièrement basée sur la coercition.
L'entrepreneur offre un salaire à certains individus en échange de leurs services. Dans la mesure où le salaire est fixe et négocié comme tel, le profit, tiré de la vente des biens produits, lui revient entièrement. Le profit va à celui qui décide de la production, fournit les ressources matérielles et financières et assume les risques de défection et d’indifférence des consommateurs. Il constitue le revenu de travail du décideur.
Le salaire constitue un coût de production pour l’employeur. Il est déterminé par l’offre et la demande du travail. Il ne peut tomber plus bas que le plein emploi. Le plein emploi ne constitue pas une exploitation déguisée, car il est accompagné d’une baisse des prix des biens et services et de la disparition du fardeau à supporter les chômeurs. Cela se traduit par une hausse réelle des salaires sans avoir à les augmenter directement.
La productivité du travailleur est accrue dans la mesure où il est mieux outillé, opère des machines plus performantes et plus nombreuses. L’outil, la machine et le bien en capital ne font pas que se substituer au travailleur, ils le complémentent. La substitution de la machine à l’homme n’est pas source de pauvreté, mais de richesse. Il s’ensuit une plus grande quantité de biens et à meilleur prix. Tout le monde y gagne.
La productivité du travailleur est aussi accrue dans la mesure où ses revenus proviennent d’une entente négociée, volontaire et n'engageant que lui et son employeur. Par conséquent, tous les services octroyés par l’État sont à revoir, car les salaires de ses employés dépendent entièrement de l’impôt, qui n'est pas volontaire. Déclarer que les services gouvernementaux ne sont pas des marchandises ne constitue pas une justification pour en maintenir le contrôle. Qu’on parle de marchandises ou de services octroyés par des professionnels, il n’y a pas de raison d’en laisser le contrôle à l’État et les rémunérer via l’impôt. L’imposition nuit à la productivité peu importe où l’on affecte l’argent. La loi qui ne respecte pas la propriété est aveugle et conduit à la pauvreté et à l’exploitation.
En somme, le capitalisme n’a pas donné naissance au profit, mais au salaire. Le salaire est établi lorsqu’on offre ses services à un employeur. Dans la mesure où l’on est en autorité de déterminer la production et d'affecter les ressources, de la vente des fruits de son travail on obtient un profit. Profit et capitalisme sont sources de coopération et de richesse, non d’exploitation et de pauvreté.
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