La recherche scientifique démontre de façon concluante que davantage de liberté économique conduit à davantage de croissance économique.
À l’exception peut-être de quelques écologistes extrémistes, tout le monde est d’accord pour dire qu’une solide croissance à long terme est la clef d’une société meilleure. Un bond sans précédent de croissance est ce qui a permis par exemple au monde occidental d’échapper à la pauvreté, ce qui a donné naissance à la fameuse « crosse de hockey » de la prospérité moderne.
Le soutien de la croissance est un défi permanent pour les pays développés, c’est certain. Et il est également d’une importance vitale pour aider les pays en développement à croître et prospérer. C’est pourquoi les décideurs publics devraient se centrer sur les politiques qui produisent de bons résultats.

LES INQUIÉTUDES SERBES

Libek, un think tank de Serbie, a publié une étude sur ce sujet. Il commence par souligner que nous avons maintenant de bonnes mesures de la liberté économique dans divers pays.
L’Indice de la liberté économique dans le monde (Economic Freedom in the World Index) de l’Institut Fraser est le premier outil méthodologique qui, depuis 1996, mesure les perturbations du fonctionnement des processus de marché par les organismes publics, soit directement par l’interventionnisme étatique, soit indirectement par le biais de la réglementation et des institutions de marché. Un indice similaire, l’Indice de liberté économique (Index of Economic Freedom), produit par le Wall Street Journal et la Heritage Foundation, a rapidement suivi. (…) Depuis que cet outil très concluant a été inventé, il a été largement utilisé dans les études empiriques. (…) Les plus importantes ont porté sur le rôle de la liberté économique dans le soutien de la croissance économique. (…) Les études empiriques ont essentiellement conclu qu’il existe un lien significatif entre la liberté économique et la croissance économique.
Comme je me réfère régulièrement aux indices de l’Institut Fraser et de la Heritage Foundation, je souscris à l’idée qu’il s’agit de ressources très utiles. Et beaucoup de chercheurs utilisent également ces données.
Libek a donc examiné de près cette mine de recherches empiriques.
Libek a mené une méta-analyse sur la liberté économique en décembre 2017, avec pour but de réexaminer le lien entre la liberté économique et la croissance économique dans les recherches scientifiques publiées. (…) L’outil de recherche de Google Scholar [a permis d’identifier] 92 études qui examinent le lien entre liberté économique et croissance économique. Parmi celles-ci, une écrasante majorité de 86 études (93,5 %) trouve une corrélation ou un lien positif entre elles, alors que seulement 6 études (6,5 %) ont des résultats moins positifs. (…) Cette méta-analyse prouve que les recherches empiriques ont essentiellement montré que la liberté économique est associée à des taux de croissance économique plus élevés, alors qu’une seule étude affirme le contraire et que les résultats des 5 autres études sont moins concluants. Ce taux élevé de concordance entre économistes est très inhabituel, dans la mesure où ils ont souvent tendance à être en désaccord, y compris sur des sujets théoriquement plus consensuels. Par conséquent, il est démontré de façon concluante qu’un niveau plus élevé de liberté économique, ceteris paribus, conduit à une croissance économique plus élevée.
L’équipe de Libek est très préoccupée par ces questions parce que la Serbie est à la traîne en matière de réformes. Voici un graphique comparant la liberté économique serbe avec celle d’autres régions européennes :Et voici pourquoi la réforme économique est si importante pour le peuple serbe :
La Serbie reste l’un des pays les plus pauvres d’Europe, mesuré par le PIB par habitant, avec seulement 5 000 euros par habitant. Ces faibles taux de croissance ne lui permettent pas de se développer et de combler l’écart avec les économies européennes plus avancées. (…) Une étude a estimé les gains économiques futurs grâce à une plus grande liberté économique (Gwartney et Lawson, 2004) et a établi qu’une augmentation d’un point de liberté économique (mesurée sur une échelle de 1 à 10) augmenterait le taux de croissance économique à long terme de 1,24% du PIB. Par conséquent, si la Serbie augmentait son score de 6,75 à 7,75 points (le niveau actuel approximatif de l’Autriche ou de l’Allemagne), son taux de croissance à long terme passerait de 2% prévu en 2017 (et estimé par le FMI à 3,5% en 2018 et 2019) à 5,25% en 2020 et par la suite. Ce taux de croissance permettrait une convergence rapide des revenus avec d’autres pays européens, le PIB par habitant doublant en 14 ans.
La messe est dite. La Serbie a la capacité de « converger », mais cela ne se fera pas sans libéralisation économique.

LA NÉCESSAIRE LIBERTÉ

Pour les non-Serbes, les parties du rapport de Libek qui seront les plus intéressantes portent sur des exemples de nations qui surpassent leurs voisins.
L’importance de la liberté économique est bien démontrée par les études de cas les plus importants de différents continents : Chili (Amérique du Sud), Singapour et Corée (Asie de l’Est) et Botswana (Afrique). Dans tous ces cas marquants, la liberté économique a propulsé ces sociétés vers une croissance économique élevée et durable qui les a conduit à la prospérité par rapport à leurs voisins.
Le document examine en particulier les données à long terme pour les pays qui se sont fortement écartés de leurs concurrents régionaux.

CHILI, SINGAPOUR : DEUX RÉUSSITES

Commençons par comparer le Chili avec le reste de l’Amérique du Sud. Comme vous pouvez le constater, la libéralisation économique spectaculaire du Chili a conduit à des niveaux de prospérité nationale beaucoup plus élevés.
Comparons maintenant le Botswana au reste de l’Afrique subsaharienne. J’avais fait quelque chose de comparable en 2015 et plus tôt cette année, donc ces données remarquables sont impressionnantes mais ne me surprennent pas.
Enfin, et ce n’est pas le moins important, comparons Singapour et la Corée du Sud à leurs voisins.
Une fois de plus, nous constatons un lien convaincant entre la liberté économique et les résultats économiques. C’est particulièrement évident lorsqu’on compare la Corée du Sud et la Corée du Nord, mais on observe aussi des chiffres impressionnants lorsqu’on compare Singapour avec les États-Unis.
La leçon ? Les pays n’ont pas besoin d’une politique libérale parfaite (même Hong Kong a un certain étatisme). Il suffit que les États s’efforcent d’accroître la liberté économique – sur de larges pans pour augmenter leurs chances, mais même de petites réformes sont utiles – pour fournir davantage d’oxygène au secteur productif de l’économie.

Sur le web. Traduction : Raphaël Marfaux pour Contrepoints.