Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement

Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

31 décembre, 2011

La politique québécoise en caricatures - Revue 2011

L’histoire reconnaîtra 2011 comme l’année où les économies occidentales ont frappé le mur de la dette. La faillite de la Grèce, la décote des États-Unis, de l’Italie et de l’Espagne, les déficits monstres des régimes de retraite publics, l’endettement irresponsable des ménages, etc.

Bientôt, ce sera le tour du Québec, car les politiciens, encouragés, voire menacés, par les groupes d’intérêts refusent de prendre les mesures nécessaires pour assainir les finances publiques. Malgré les promesses de ne pas créer de nouveaux programmes de subventions, ceux-ci se sont multipliés à un rythme accéléré tout au long de l’année.

Dans les circonstances, il m’a semblé approprié d’accompagner la revue de l’année 2011 par la trame sonore « Where is the light at the end of the tunnel »

La réflexion du jour

Ça s'appelle opération Sous Zéro et le but est simple: donner un habit d'hiver aux enfants issus de familles pauvres. --- Patrick Lagacé

Le chiffre du jour : 850 enfants

Mais c'est quand même 850 enfants, cet hiver, qui ont reçu un habit de neige complet, avec bottes, grâce à l'opération Sous Zéro.

30 décembre, 2011

La réflexion du jour

Le Québec termine l’année 2011 avec une perte nette sur le front de l’emploi et devrait connaître une croissance particulièrement anémique au cours de la prochaine année, alors qu’il continue de glisser inexorablement vers le dernier rang des provinces canadiennes en termes de richesse. Ce Québec qui vieillit au point de ressembler de plus en plus à l’Italie et au Japon, ce Québec dont les deux principaux moteurs de croissance sont des dépenses publiques insoutenables et un boom minier que certains voudraient harnacher au profit de dépenses publiques encore plus élevées, ce Québec pourrait lui-aussi et très bientôt connaître sa propre grande désillusion. --- Martin Coiteux

(NDLR : Voilà ce que tous les Québécois devraient méditer en 2012.)

28 décembre, 2011

La bureaucratie étouffe l’Afrique

Le Continent africain recèle 40 % des richesses naturelles mondiales. Mais alors, pourquoi demeure-t-il éternellement sous-développé?
Il y a bien sûr la corruption des élites, mais le principal frein au développement du continent africain demeure la bureaucratie.

En réalité en Afrique l’État et sa bureaucratie sont plus étouffeurs que protecteurs (ndlr : comme partout, mais à un moindre degré.). Les entrepreneurs ne peuvent pas librement y faire prospérer leurs affaires et ainsi initier comme ailleurs le développement économique de leur nation. --- Emmanuel Martin
Dans le texte qui suit Emmanuel Martin tente une explication.


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L’Afrique, victime de la mondialisation ?

Emmanuel Martin - Le 27 décembre 2011. Il est commun chez de nombreux dirigeants et intellectuels africains de blâmer la mondialisation pour nombre des maux du continent. Le raisonnement s’apparente très souvent au suivant : en partant de l’assertion, assez vraie, que quelques multinationales font « un peu ce qu’elles veulent » en Afrique, on en infère que la mondialisation est la cause du sous-développement africain.

Il ne fait aucun doute que certaines multinationales peuvent souvent exercer une espèce de monopole, s’acoquiner avec un pouvoir corrompu - notamment dans le secteur de l’exploitation des hydrocarbures, et ne sont pas disposées à rendre leur activité transparente. Pour conserver des contrats publics, elles doivent payer. Elles nourrissent ainsi une corruption au sommet d’États qui ne respectent pas l’état de droit, aidant à maintenir au pouvoir des régimes peu reluisants et suscitant le ressentiment légitime des populations. Pour autant est-ce là de la « mondialisation » ? La mondialisation c’est en réalité l’ouverture, la concurrence, les échanges libres, la liberté de mouvement et les opportunités. C’est bien le contraire du monopole de quelques multinationales.

Par ailleurs, arguer que la mondialisation exploite l’Afrique suppose qu’une partie considérable des capitaux internationaux s’y jettent pour « profiter » du continent. Or, que révèlent les chiffres ? La CNUCED (Conférence des Nations Unies sur le Commerce Et le Développement) indique que le stock d’Investissements directs étrangers (IDE) dans toute l’Afrique en 2008 (avant la crise) équivaut à … 3,42% des IDE dans le monde : presque moitié moins que la destination France à elle seule ! Si ces chiffres indiquent quelque chose, c’est que l’investissement international ne se dirige pas assez vers l’Afrique. L’Afrique n’est en réalité pas véritablement mondialisée.

Certains s’en réjouissent et mettent, de manière assez paradoxale d'ailleurs, bien des maux de l’Afrique sur le dos de la mondialisation. Ils déclarent que les Africains ne sont de toutes façons pas prêts pour la mondialisation : ces derniers n’auraient « pas l’esprit du commerce » ! Quelle ironie : les racines historiques de l’Afrique sont celles d’un vaste marché libre ; les routes d’Afrique forment souvent un grand marché courant sur des kilomètres. A Treichville à Abidjan, un exemple parmi tant d’autres, il est impossible pour un étranger de se balader sans se faire aborder par des jeunes changeurs des rues, qui se comportent en véritables entrepreneurs. Cette idée – fausse - que les Africains n’ont pas l’esprit du commerce est en réalité véhiculée par une classe de bureaucrates africains – quand ce ne sont pas des professeurs d’économie (!) qui distillent ce complexe d’infériorité dans l’esprit des étudiants - légitimant ainsi un État soi-disant protecteur … et la bureaucratie qui va avec.

En réalité en Afrique l’État et sa bureaucratie sont plus étouffeurs que protecteurs. Les entrepreneurs ne peuvent pas librement y faire prospérer leurs affaires et ainsi initier comme ailleurs le développement économique de leur nation. Il suffit pour s’en convaincre d’ouvrir le dernier rapport « Doing Business ». En Afrique sub-saharienne lancer une entreprise officiellement coûte 100 % du revenu annuel par tête. Un permis de construire ? Près de … 2000 % du revenu par tête : 20 ans de revenus. En Côte d’Ivoire il faudra attendre près de deux ans pour avoir ce permis… Voilà pourquoi la plupart des gens entreprenants sont forcés d’évoluer sur les marchés informels du fait de réglementations irrationnelles. Cette informalité forcée empêche le développement économique : les entreprises ne peuvent pas croître dans l’informel.

Ce n’est donc pas un hasard si en Afrique la mondialisation ne profite pour l'instant qu'aux riches et aux « gros » : dans un tel système, évidemment il n'y a que les grosses entreprises, souvent internationales, qui sont capables de payer de tels coûts. Elles peuvent ainsi donner l’impression de faire parfois « ce qu’elles veulent ». Les gens modestes sont exclus par définition par les règles bureaucratiques, et se trouvent donc dans l'impossibilité de faire des affaires sur une base officielle. Or, nombreux sont les Africains modestes qui voudraient bien pouvoir avoir leur entreprise formelle justement, et peut-être profiter - enfin ! - de la mondialisation et de ses marchés. Mais pour l’instant, on ne leur permet pas vraiment. D’où les chiffres : avant la crise, les exportations de marchandises et de services d’Afrique représentaient respectivement 2,87% et 2,52% des exportations correspondantes au niveau mondial.

Point important : les organisations internationales ont-elles une part de responsabilité dans les maux de l’Afrique ? Elles sont en effet très souvent synonymes, dans les mentalités, de « mondialisation » parce qu’elles en ont fait la promotion depuis les années 80, bien qu’elles ne soient pas la mondialisation elle-même (et très souvent d’ailleurs, pas si « libérales » que ça.) Il est vrai que les institutions de Washington, et notamment le Fonds Monétaire International, ont demandé par le passé des réformes dans le sens de la libéralisation et de politiques budgétaires restrictives. L’idée était que le secteur privé prenne la relève. Malheureusement l’erreur a été que ces réformes du FMI ne pouvaient justement aboutir à rien sans les réformes de fond complémentaires, en amont, se concentrant sur la facilitation des affaires. En réalité le travail n’avait été fait, en quelque sorte, qu’à moitié.

Il ne faut donc pas se lamenter de la mondialisation, mais au contraire du manque de mondialisation en Afrique. S'il y en avait « davantage », il y aurait davantage de concurrence, davantage d'entreprises locales, davantage de richesses produites et partagées. Cela suppose libérer les énergies et dynamiques africaines qui ne demandent qu’à s’épanouir en dehors de l’informel, par un climat plus propice aux affaires. Les africains ont besoin de plus de mondialisation, pas de moins.

Emmanuel Martin est analyste sur www.UnMondeLibre.org. Une version de cet article avait paru en 2009.

27 décembre, 2011

Subventions : les perles du 12 au 23 décembre 2011

Chaque semaine, le blogue de Serge Laplante, Où vont vos impôts, publie la liste des subventions annoncées par le gouvernement.

Invariablement, cette liste contient des perles qui démontrent bien la culture de « gaspillage » qui prévaut chez nos élites politiques.

La parade des subventions continue de plus bel, mais les réductions de dépenses promises par le ministre Bachand ne sont toujours pas au rendez-vous.

La perle des perles cette semaine est une subvention de 9 500 000$ pour lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale à Montréal. Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi la pauvreté augmente malgré les centaines de millions de subventions visant à la réduire? Serait-ce parce que l’argent sert à financer ce qui est devenu l’industrie de la pauvreté plutôt qu’à aider les pauvres à s’en sortir. Cherchez l’erreur!

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137 500$

À Nutrinor

Une subvention est accordée à Nutrinor, Direction production animale et végétale, pour un projet favorisant l'utilisation accrue du transport ferroviaire par l'acquisition d'équipement de transbordement et d'entreposage à St-Bruno, au Lac St-Jean. Le projet, dont le coût total est estimé à 275 000$, consiste à modifier et à changer la vocation de certains silos de la meunerie Nutrinor afin de pouvoir recevoir du grain par wagon plutôt que par camion.

271 000$

À des associations forestières

La reconduction des subventions accordées à l'Association forestière des deux rives (190 000$) et de la Côte-Nord (81 000$) permettra la réalisation de projets ayant pour but de rehausser l'intérêt de la population ainsi que son sentiment d'appartenance envers sa forêt tout en améliorant ses connaissances sur le sujet.

9 500 000$

Pour lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale à Montréal

De cette somme, un montant de 9 M$ est accordé, pour l'année 2012-2013, dans le cadre de la prolongation de l'Entente administrative de développement social et de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale afin de poursuivre le soutien de projets sur le territoire montréalais. À cela s'ajoute une contribution financière de 500 000 $ qui est allouée par le ministère des Affaires municipales dans le but d'y soutenir les projets de revitalisation urbaine intégrée.

140 000$

Pour l'information scolaire et professionnelle

Cette subvention a permis le lancement d'un service de consultation en ligne en matière d'information scolaire et professionnelle. Celui-ci est offert gratuitement, du lundi au jeudi inclusivement, de 17 heures à 20 heures, au www.osezlesetudes.qc.ca.

50 000$

Aux Armateurs du Saint-Laurent

Une aide financière sera versée à l'association afin qu'elle relance les travaux de la Table du Québec sur le transport maritime courte distance et assure le suivi de l'Étude de faisabilité sur le transport maritime de marchandises vers les grands chantiers de la Côte-Nord. Les Armateurs du Saint-Laurent regroupe 15 membres représentant une flotte de près de 120 navires battant pavillon canadien et plus de 80 membres associés offrant de nombreux services aux armateurs d'ici.

2 281 750$

À Premier Tech

Soutien financier sur trois ans accordé afin de former 90 nouveaux équipiers et 1015 travailleurs actuellement en poste. Cet appui du gouvernement s'inscrit dans la mise en oeuvre d'un plan de formation mené par l'entreprise totalisant un investissement global de plus de 12 M$. Premier Tech a bâti son savoir-faire en tirant profit des différents aspects, à dominante technologique, de la tourbe de mousse de sphaigne.

3 millions$

Aux fédérations sportives

Le Groupe de travail sur le financement des fédérations sportives a transmis à la ministre un rapport intitulé Pour un avenir durable du sport fédéré au Québec. Ce document contient des recommandations pour que les fédérations sportives disposent des ressources financières, dont elles ont besoin, pour remplir leur mission. La principale recommandation est de créer un programme d'appariement du financement privé des fédérations unisports, semblable à Mécénat Placements Culture. Ce programme viserait à inciter les particuliers, les sociétés privées et les fondations du Québec à donner davantage aux fédérations sportives, puisque le gouvernement bonifierait les dons recueillis par l'attribution de subventions d'appariement. Ainsi, le Ministère consacrerait, chaque année, un montant de 3 millions de dollars à ce nouveau programme, tout en maintenant ses investissements dans le Programme de soutien aux fédérations sportives québécoises, qui s'élèvent à près de 4,3 millions de dollars annuellement.

La réflexion du jour

Le Québec est la seule province canadienne qui régit le prix du lait au détail aussi sévèrement. La Nouvelle-Écosse a une politique similaire au Québec, mais elle est beaucoup moins restrictive. La prémisse pour une telle politique est de répartir la richesse à travers la filière laitière québécoise, incluant les distributeurs et détaillants. La Commission canadienne du lait, qui régit le prix que les producteurs laitiers reçoivent pour leur lait, assure la profitabilité de l'industrie. C'est essentiellement ce que prévoit notre système de la gestion de l'offre. La Régie québécoise, quant à elle, va beaucoup plus loin en protégeant les intérêts du reste de la filière laitière québécoise. --- Le Soleil

(NDLR : Au Québec on protège les groupes d'intérêts au détriment des consommateurs et après on se demande pourquoi les Québécois sont relativement pauvres.)

Le chiffre du jour : 40 %

La Régie des marchés agricoles du Québec a récemment statué que le prix du lait au détail au Québec n'augmentera que légèrement en 2012. À l'instar d'une année précédente où les consommateurs québécois ont dû absorber deux hausses de prix plutôt qu'une durant cette même période, cette décision arrive à point. Le prix du lait en 2011 a augmenté de 6,1 %, une augmentation nettement supérieure à l'inflation. Plusieurs Québécois ignorent que le prix du lait québécois au détail est généralement 15% à 20% plus cher qu'ailleurs au Canada. La différence est plus significative avec les États-Unis. D'ailleurs, depuis 2002, le prix du lait au Québec a augmenté de près de 40%. --- Le Soleil

24 décembre, 2011

Le procès du Père Noël (en reprise)

par Pierre Lemieux
(petit conte de Noël libertarien)

En raison du trou dans la couche d'ozone, il faisait très doux dans le clair matin polaire du 24 décembre. Pendant que les lutins chargeaient les cadeaux dans le traîneau légendaire, le Père Noël, affairé devant son micro-ordinateur, transmettait à sa banque suisse des ordres de règlement pour ses fournisseurs.

Soudain, un grondement menaçant monta de l'horizon et deux hélicoptères verts se posèrent au milieu de tourbillons de neige. « C'est l'armée! », s'écria le lutin Midinette. « Les Chemises vertes de l'Environnement », répondit le lutin Mauvais-esprit. Comme de fait, des hommes armés sautèrent des hélicoptères et entourèrent le Père Noël. Celui qui semblait leur chef (il portait quatre bananes à l'épaule et, sur son casque, un panache de courgettes) proféra: « Vous êtes en état d'arrestation. Tout ce que vous direz – et bien davantage – pourra être retenu contre vous. » Il ajouta, avec un geste du pistolet-mitrailleur et un ton qui ne souffraient pas la réplique: « Suis-nous. »

Le lutin Midinette dit: « Notre voix collective a parlé. » Le lutin Mauvais-esprit répliqua: « La garde prétorienne aboie. »

Le Père Noël fut emmené loin au sud et présenté à un juge. Un jury fut formé à la hâte, constitué d'hommes et de femmes qui avaient déjà été enfants. Et le procès commença.

Bien qu'aucun lutin ni aucun enfant n'eût accepté de témoigner contre le Père Noël, les témoins à charge furent accablants. Un flic qui, l'année précédente, avait contrôlé le traîneau du Père Noël dans le parking d'un centre d'achats de Sherbrooke, affirma que son conducteur ne détenait pas le privilège de circuler sur nos routes collectives et que, de plus, le véhicule était dépourvu de ceintures de sécurité. Un représentant de l'Office de la langue de bois, petit fonctionnaire aux grosses lunettes, affirma que le Petit Renne au Nez Rouge portait un nom illégal. Un expert retenu par l'Orifice de protection du consommateur déposa un volumineux rapport démontrant que 17,2% des jouets que le Père Noël donnait aux enfants ne respectaient pas « nos valeurs de société ».

De gros canons de l'État vinrent à la barre des témoins. Le Ministre de la Santé expliqua que le régime d'assurance santé de la Société coopérative des lutins contrevenait au monopole étatique de l'assurance maladie. L'auditoire frémit quand le Ministre de la Solidarité Très Sociale décrivit la concurrence déloyale que le Père Noël menait à l'État-Providence et aux garderies publiques sur demande.

Mais c'est sans contredit un témoin expert de l'accusation, le Professeur Léopold Chozon de l'Université du Québec à Montréal, qui donna le plus de frissons à tous les bien-pensants qu'un coup de sifflet avaient réunis pour le spectacle sur l'autoroute électronique de l'État. Il expliqua que les activités du Père Noël se résolvaient en une sordide question d'argent: « Pour fabriquer et distribuer des breloques d'enfants, cet individu accapare des ressources qui serviraient autrement à réduire les files d'attente des hôpitaux publics. Heureusement que notre Mère l'État est là pour nous protéger de ce néolibéralisme sauvage! »

Le procureur du gouvernement prononça un réquisitoire impitoyable. Dans leurs champs de glace du Pôle Nord, le Père Noël et sa secte de lutins violent la souveraineté territoriale de l'État canadien (« du Canada », disait le procureur). Ils vivent en marge de la société, dans des logements insalubres, sans payer « leurs impôts ». Ils chassent sans permis dans les forêts de l'État. Pour leur travail, les lutins touchent moins que le salaire minimum, « même en considérant la valeur de leurs avantages en nature, telle qu'estimée par le Ministère ». Le Père Noël conduit un aéronef sans permis de pilote.

Devant les envolées du procureur, engoncé dans sa toge noire et sa rectitude de charbonnier, notre âme collective horrifiée se voilait la face sociale de honte. Déjà, les sous-fifres du Ministère avaient préparé un communiqué que, comme d'habitude, la presse reproduirait servilement. Les journalistes imaginaient déjà leurs titres: « Le Père Noël condamné pour fraude fiscale » (La Presse), « Le gouvernement met fin au monopole du Père Noël » (Le Monde), « L'État social réaffirme notre autorité collective » (Le Devoir), « Le Père Noël est une ordure » (Jean-Guy Mortein, Le Journal de Montréal).

La Fédération nationale des fabricants de jouets (FNFJ) et le Syndicat des travailleurs du jouet national (STJN) organisèrent une manifestation devant le Palais de Justice. Dans la forêt des pancartes, les diverses délégations affichaient leurs slogans: « Le Père Noël est un voleur de jobs » (STJN), « Non à l'argent sale du Pôle Nord » (FNFJ), « Protégeons nos enfants » (Conférence des évêques), « Pendant que la misère sévit, il donne des poupées Barbie » (Regroupement des assistés et subventionnés sociaux), « Timeo Danaos et dona ferentes »(1) (Syndicat des professeurs de latin), « R'tournes d'où qu'tu vient avec tes cados pourris » (Syndicat des professeurs de français).

L'avocat de la défense sentit que la soupe populaire était chaude et que ce qui restait de liberté allait passer à la marmite. Il fit témoigner le Père Noël:

- Père Noël, vous êtes-vous jamais introduit dans une maison privée sans l'autorisation de l'occupant?

- Je ne pénètre que dans les cheminées où figure la notice « Bienvenue au Père Noël ».

- À votre connaissance, quelqu'un d'autre qu'un fonctionnaire a-t-il jamais porté plainte contre vous?

- Non.

Le contre-interrogatoire du Professeur Léopold Chozon fut l'un des épisodes marquants du procès:

- Monsieur le Professeur, demanda l'avocat de la défense, pouvez-vous dire à cette Cour si, d'après vos recherches, le Père Noël a déjà volé de l'argent pour produire et livrer ses cadeaux?

- Euh... Ça dépend de ce qu'on entend par « voler ».

- Le Père Noël a-t-il déjà forcé quelqu'un à travailler pour lui?

- Euh... Ça dépend de ce que vous appelez « forcer »?

- Je répète: Le Père Noël a-t-il déjà menacé quelqu'un de violence pour obtenir de l'argent ou louer des services de travail ?

- Euh... non, mais John Rawls dit que...

Le témoin bredouilla quelques phrases incohérentes et post-modernes. De petits rires fusèrent parmi les jurés. Après quelques échanges du même genre, le défenseur termina le contre-interrogatoire avec brio:

- Bon, nous avons établi que le Père Noël n'a jamais volé d'argent ni forcé personne à travailler pour lui. Monsieur le Professeur Chozon, d'après vos recherches, le Père Noël a-t-il déjà utilisé de l'argent volé par quelqu'un d'autre?

- Oui, car sa fortune familiale provient du commerce des artichauts.

- Monsieur Chozon, les consommateurs d'artichauts étaient-ils forcés d'acheter?

- Euh...

- Vos recherches suggèrent-elles que le Père Noël aurait reçu des subventions de l'État?

- Il n'y a pas de preuve à cet effet.

- J'en conclus donc que le Père Noël a employé ses propres ressources pour vaquer à ses œuvres caritatives privées. Voyez-vous des objections à la charité?

- Oui, quand elle n'est pas financée par notre État collectif et social.

- Vous voulez dire, Monsieur le Professeur, que donner son propre argent est égoïste et mauvais, alors qu'il serait bien et altruiste d'être charitable avec l'argent des autres?

Un juré pouffa de rire. « Ce sera tout, Monsieur le Président », dit l'avocat.

Le défenseur du Père Noël cita enfin des propos de Jean-Guy Mortein, ce journaliste du Journal de Montréal dont la série d'articles avait attisé la fureur populaire, et qui avait d'ailleurs lui-même témoigné contre le Père Noël. Par exemple, après que le procureur du gouvernement eut suggéré que le Père Noël cachait une bonbonne de poivre de Cayenne sous le siège de son traîneau, Mortein s'était indigné: « Quant à Cayenne, 80% de la population est contre, sachant que c'est elle qui a tué son frère Abel. »

Un juré s'étouffa littéralement de rire et s'évanouit. On appela une ambulance qui, à cause des coupures dans le budget du Ministère, mit trente bonnes minutes à arriver sur les lieux. Entre-temps, la victime de la crise de rire avait hélas! passé l'arme à gauche.

Sous le choc, les membres du jury ne délibérèrent que quelques minutes avant d'en arriver à un verdict. Au rappel de chacun des chefs d'accusation, un « Non coupable! » sonore retentit dans la salle d'audience. L'accusé était libre.

La nuit suivante, le Père Noël attela son traîneau et s'envola dans la musique numérique d'une nuit froide chargée d'étoiles. Cette année-là, à la fin du deuxième millénaire, les enfants ne trouvèrent leurs cadeaux que le matin du 26 décembre. Mais le Père Noël avait remporté une manche cruciale dans la bataille pour préparer le plus beau des cadeaux: la liberté pour les enfants de l'avenir.

1. « Je crains les Grecs même quand ils donnent des présents » (Virgile, Énéide, II, 49).

(Ce texte a été initialement publié dans le Québécois Libre no 27.)

23 décembre, 2011

Austérité & Co. : la grande confusion

Un excellent texte d'Emmanuel Martin qui vaut la peine d'être lu, étudié et discuté.
Rappelons que l’origine de la crise des dettes souveraines est essentiellement (sauf pour l’Irlande ou, dans une certaine mesure, l’Espagne) l’incapacité de certaines démocraties, parce qu’elles sont « dysfonctionnelles » comme la Grèce, la France, ou l’Italie, à contrôler leur dépense publique, que cela soit du côté de l’administration ou de la protection sociale.
Emmanuel Martin – Le 14 décembre 2011. Nombre d’observateurs s’inquiètent de l’austérité ambiante. Alors qu’il tente de répondre à la crise des dépenses publiques en Europe, ce durcissement budgétaire pourrait selon eux avoir un impact négatif sur la croissance et donc sur… les déficits, par le biais de moindres rentrées fiscales. En outre, pour ces observateurs, la BCE doit intervenir en rachetant massivement des dettes souveraines pour « relancer la pompe » de la croissance. L’austérité est-elle réellement anti-croissance ? La monétisation des dettes est-elle réellement la solution ?

Monétiser ?

La monétisation des dettes, c’est à dire le rachat de ces dettes par la banque centrale est vue comme un moyen d’oxygéner les marchés, et de faire retomber les taux auxquels les États endettés doivent emprunter pour financer leurs dépenses publiques (dont le remboursement de dettes arrivant à échéance et le paiement des intérêt). Les partisans d’une telle politique rappellent l’exemple des USA ou de l’Angleterre et préconisent que la BCE devienne une « vraie » banque centrale. Ils oublient cependant de rappeler les effets pervers de cette politique.

Le premier effet est sans doute l’aléa moral généré pour les responsables publics. Rappelons que l’origine de la crise des dettes souveraines est essentiellement (sauf pour l’Irlande ou, dans une certaine mesure, l’Espagne) l’incapacité de certaines démocraties, parce qu’elles sont « dysfonctionnelles » comme la Grèce, la France, ou l’Italie, à contrôler leur dépense publique, que cela soit du côté de l’administration ou de la protection sociale. Dans ces conditions, la « facilité » fournie par une monétisation de la dette donnera aux politiciens des incitations à ne pas prendre leur problème de dépense publique excessive à bras le corps. C’est d’ailleurs exactement ce qui s’est passé en Italie l’été 2011, après que la BCE a acheté des obligations de ce pays : les réformes promises se sont soudain faites attendre. Le jeu électoraliste de la démocratie renforce ce risque d’aléa moral : il est si simple de faire payer « les autres » (qui ne votent pas). Ainsi, non seulement la cause réelle de cette crise de l’endettement qui est l’excès de dépense publique, n’est-il pas sérieusement traité (même avec la règle d’or … qui était déjà dans le traité de Maastricht !) mais il est au surcroît, renforcé.

Le deuxième effet est que la fuite en avant dans l’irresponsabilité se paie d’une manière ou d’une autre, et ici avec de l’inflation. On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre : faire tourner la planche à billets pour payer notre insolvabilité se transformera in fine en hausse des prix. La leçon des années 60 et 70 semble avoir été malheureusement oubliée. Nos analystes raisonnent « un peu » sur la base de la courbe de Philips (qui voyait une relation inverse entre chômage et inflation), avec l’idée que la récession ne peut s’accompagner que de déflation (de baisse des prix). Mais il est au contraire plus probable que nous assistions bientôt au retour flagrant de la stagflation, c’est à dire absence de croissance mais avec inflation. La croissance ne viendra pas d’une politique « volontariste » de la banque centrale ; un rebond sur les marchés, peut-être, mais ce n’est vraiment pas le problème.

On entend d’ailleurs souvent dire dans les médias spécialisés en économie et finance, que le travail d’une banque centrale est de « ramener la confiance » sur les marchés financiers. Mais en réalité, les marchés n’ont pas à être anesthésiés par une politique monétaire accommodante ramenant la confiance lorsque les sous-jacents de cette confiance ne sont tout simplement pas là. Les marchés financiers sont censés refléter (de manière imparfaite il est vrai) les perspectives économiques. Si ces perspectives sont mauvaises, les marchés n’ont pas être « confiants ». C’est au contraire se couper de la réalité (un peu comme vouloir interdire les agences de notation d’ailleurs) que de vouloir anesthésier les marchés pour ramener une soi-disant confiance. C’est le meilleur moyen de repousser les problèmes et de les laisser empirer en une situation ingérable. C’est ce que, aux Etats-Unis au moins, la politique monétaire fait depuis une décennie, avec le résultat que l’on sait.

Austérité et austérité

Le seul moyen de retrouver la croissance de manière durable, et non pas à coup de « sniffs de cocaïne monétaire » qui est le meilleur moyen de créer des bulles, c’est donc la voie de la responsabilité : remettre l’État au service des citoyens à un coût modéré et faciliter l’activité entrepreneuriale.

Il y a sans doute trois types d’austérité : celle qui augmente les prélèvements, celle qui rabote les prestations sociales et celle qui baisse le coût de l’administration. La première est évidemment anti-croissance : elle étouffe l’activité économique. Malheureusement, le réflexe des gouvernements, on l’a bien vu en France d’ailleurs, est généralement de d’abord pratiquer cette austérité-là. Sur le deuxième type d’austérité, faire financer par les générations futures la générosité actuelle de notre modèle social est immoral. Au passage d’ailleurs, l’absence de croissance et de création d’emploi est aussi largement expliquée par le financement partiel de ce modèle par l’économie productive. Il faut donc un débat démocratique rationnel sur quelles priorités établir, et quelles solutions alternatives de protection sociale adopter là où cela est faisable.

Concernant le troisième type d’austérité, au vu de la dépense publique dans un pays comme la France (56% du PIB contre 47% en Allemagne), les marges de manœuvre pour réduire la dépense publique de l’administration sont énormes. Rappelons qu’une administration inefficace détruit de la valeur : endettement, prélèvements étouffant la sphère productive. Il y a ainsi un niveau de dépense publique au-delà duquel est inefficace et contreproductive : il faut impérativement y remédier. Cela signifie rationalisation de l’administration (et du mille-feuilles), suppression de postes et de « services », suppression de crédits etc. qui entraineront nécessairement des réallocations. Après une période d’adaptation et d’absorption dans l’économie productive, la baisse du fardeau du coût de l’administration et l’accroissement de son efficacité donneront un bol d’air à l’économie productive et donc à la croissance. Et le seul fait de s’engager clairement dans cette voie rationnelle envoie un signal positif aux investisseurs. La « règle d’or » ne servira à rien si elle n’insiste pas sur ce troisième type d’austérité.

Mais ce regain de croissance ne pourra s’effectuer sans ôter les obstacles qui se dressent sur la route de ceux qui tirent ou pourraient tirer la croissance : les entrepreneurs. Au-delà d’une réduction de la charge publique qui se traduira par une réduction de la ponction fiscale et sociale sur ceux qui créent des richesses et de l’emploi, il faut aussi une simplification administrative : que lancer une entreprise ne relève plus du parcours du combattant. Et même si le mot est tabou, il faudra bien un marché du travail réellement flexible, pour libérer la création d'emplois et les opportunités entrepreneuriales dans un monde qui bouge et qui n'a plus rien à voir avec le monde de 1945.

Emmanuel Martin est analyste sur http://www.unmondelibre.org/.

La réflexion du jour

Et si le Québec a mieux résisté à la crise, c'est essentiellement grâce aux dépenses du gouvernement et à la création d'emploi dans le secteur public, explique M. Leitao.


«Le secteur public ne peut pas continuer à grossir comme ça. Avec les contraintes budgétaires, c'est insoutenable», dit-il. --- Journal de Montréal

Le chiffre du jour : 1,4 % et 1,8 %

En 2011, RBC prévoit que le Québec ne croîtra que de 1,4 % et de 1,8 % en 2012, ce qui place le Québec dans le peloton de queue des provinces canadiennes, tout juste devant le Nouveau-Brunswick et la NouvelleÉcosse.

22 décembre, 2011

La réflexion du jour

Nous souffrons de la «maladie de la fin du monde», juge Pascal Bruckner dans son plus récent essai, Le Fanatisme de l'apocalypse.


Prolifique historien de la haine qu'entretient l'Occident envers lui-même, l'auteur pourfend la crise aiguë de catastrophisme dont souffre en particulier la cause écologiste (cette «puissance qui dit toujours non», ironise-t-il) depuis que son souci presque unique est devenu le climat. --- Mario Roy

Le chiffre du jour : 183

«Depuis Nostradamus, nous aurions échappé, selon un historien (Luc Mary), à 183 fins du monde annoncées et depuis douze ans à au moins cinq recensées»

21 décembre, 2011

La bureaucratie, un cancer que personne ne veut soigner

Le Québec est atteint d’un cancer qui ne cesse de détruire une économie déjà mal en point, la bureaucratie. Si les forces destructives de la bureaucratie ne sont pas endiguées bientôt, il ne restera que des contribuables fauchés, des entreprises subventionnées et des fonctionnaires pour développer le Québec. C’est un scénario cataclysmique certes, mais d’autres sociétés, parce qu’elles n’ont pas su réagir à temps, ont été anéanties par le même phénomène.

Dans un texte publié dans La Presse, Marie Allard nous raconte la triste histoire de Claude Talbot exploitant agricole, qui doit détruire 9 000 plants de fraises. Pourquoi? Parce les revenus qu’il retire de son exploitation sont moindres que les coûts engendrés par la bureaucratie. La bureaucratie détruit son exploitation comme le cancer détruit le corps humain.

Après les fromagers, les brasseurs de bière artisanale, les producteurs de sirop d’érable, les producteurs d’œufs, maintenant ce sont les producteurs de petits fruits qui subissent les ravages des bureaucrates du MAPAQ, de l’UPA et autres monstres bureaucratiques dont seul le Québec connaît la recette.

Cette anecdote vient confirmer une étude récente de la Fédération Canadienne des Entreprises Indépendantes qui conclut :

Selon l'évaluation de la FCEI, le fardeau des règlements et de la paperasserie coûte 30,5 milliards de dollars par an à l'économie canadienne. Dans le cadre d'un sondage qu'elle a mené, 70 % des propriétaires de PME ont indiqué que les règlements ajoutent beaucoup de stress à leur vie. Par ailleurs, un pourcentage phénoménal d'entrepreneurs (25 %) ont affirmé qu'ils ne se seraient pas lancés en affaires s'il avaient connu l'ampleur des lourdeurs administratives auxquelles ils devraient se conformer. « Ces coûts ont des incidences bien réelles - des prix plus élevés, des salaires moindres, une productivité inférieure et des choix réduits, pour n'en citer que quelques-unes », affirme Mme Swift.

Au niveau fédéral, Maxime Bernier, ministre d'État (Petite Entreprise et Tourisme) chapeaute la Commission pour la réduction des tracasseries administratives. Ça ne bouge pas vite, mais au moins il y a de l’espoir. Au Québec, champion, toutes catégories des tracasseries administratives, c’est le néant. Il y a bien sûr les discours, mais après plus rien.

Les Égyptiens, les Sumériens, les Romains, l’URSS ont tous implosé sous le poids sans cesse croissant de leur bureaucratie respective. L’occident semble bien décidé à subir le même sort. Grâce à sa bureaucratie tentaculaire et inefficace, l’économie du Québec sera certainement parmi les premières à imploser. Enfin, un domaine où le Québec ne traîne pas dans le peloton de queue.

La réflexion du jour

Ce qui me dérange le plus dans nos charmants débats sur l’exploitation des hydrocarbures, du minerai, de la forêt et du potentiel hydroélectrique, c’est l’a priori voulant que le Québec soit tellement riche et qu’il a les moyens de bouder tous les investissements, que ses coffres sont pleins et que le monde est à nos pieds pour acheter ou développer les ressources aux conditions que nous voudrons bien fixer.--- Pierre Duhamel

Le chiffre du jour : 22 %

Aussi troublant, est le fait que 22 % des revenus des Québécois proviennent des transferts gouvernementaux, des allocations familiales à la sécurité de la vieillesse en passant par l’assurance-emploi et l’aide sociale.

20 décembre, 2011

Une bombe prête à exploser

Selon une enquête faite en 2010 par Luc Godbout et Jean-Herman Guay, Taxation et gestion budgétaire: la pensée magique des Québécois, 88 % des Québécois en ont ras le bol de payer le gros prix pour des services publics de mauvaise qualité. C’est une augmentation de 12 % par rapport à la même enquête faite en 2005. Si l’enquête avait été faite après la publication du rapport Duchesneau, le pourcentage d’insatisfaits frôlerait certainement le 100 %.

Selon cette étude, les désabusés, ceux qui croient qu’ils paient trop d’impôts et qui sont insatisfaits des services reçus, sont les plus nombreux. De 50 % en 2005, ils représentent 65 % des contribuables en 2010. Par contre, les satisfaits, ceux qui considèrent que les fonds publics sont bien gérés et qu’ils ne paient pas trop d’impôts, sont passés de 14 % en 2005 à 8 % en 2011.

Enfin, les auteurs de l’étude concluent que près des deux tiers des contribuables veulent des services publics de meilleure qualité, mais refusent de payer plus. De plus, nous refusons de nous responsabiliser et de réduire l’intervention de l’État dans nos vies. C’est ce constat qui amène les auteurs à conclure que les Québécois souffrent de pensée magique aiguë.

Cela ne devrait surprendre personne. Il est normal de vouloir en avoir pour son argent. C’est ce que nous exigeons des entreprises privées, pourquoi en serait-il autrement lorsque le fournisseur est l’État?

Malheureusement, il est aussi vrai qu’une partie importante des Québécois sont déresponsabilisés et attendent tout de l’État providence. Encore une fois, cela ne devrait surprendre personne. Après 40 ans d’un État maternant qui subventionne tout ce qui bouge et emprunte pour payer l’épicerie, il est normal que nous ayons pris de mauvaises habitudes.

Cette situation présente un défi politique particulièrement difficile. Si rien n’est fait pour corriger le tir, à plus ou moins long terme les marchés financiers vont pousser les taux d’intérêt à la hausse. Plus d’intérêt égale moins d’argent pour les programmes. Moins d’argent pour les programmes égale plus de mécontentements et ainsi de suite. C’est la recette qui débouche sur la révolte populaire. Le cas de la Grèce est l’exemple le plus récent de ce phénomène.

De plus, il sera extrêmement difficile, sinon impossible, pour un parti de se faire élire démocratiquement en promettant de mettre fin à la récréation, puisque plus de la moitié des électeurs profitent du statu quo. Ceux-ci, encouragés par les trop nombreux groupes d’intérêts, voteront toujours pour le parti qui leur promettra de tout régler sans rien changer. Par contre, un parti qui se fera élire sous de fausses représentations alimentera le cynisme et la colère populaire, donc le risque de révolte.

C’est une bombe prête à exploser et il semble qu’il n’y ait personne capable de la désamorcer.

La réflexion du jour

Même dans les domaines où la prestation de soins par le secteur privé est permise, il existe encore au Québec des contraintes juridiques et administratives lourdes qui freinent l’élan de ceux qui ont de bonnes idées et qui veulent se lancer en affaires.


C’est ce qui est arrivé avec Myca Santé, une entreprise de Québec maintenant chef de file dans le domaine des consultations virtuelles… aux États-Unis. Après s’être heurtés à ce qu’ils nomment une « bureaucratie décourageante » en tentant de lancer leur projet de télémédecine, il n’est plus question pour ses deux actionnaires principaux de développer l’entreprise ici. --- Yanick Labrie

Le chiffre du jour : 17,6 heures

Au Québec, 25 % de la population n’ont toujours pas de médecin de famille. Un patient doit attendre en moyenne 17,6 heures dans une salle d’urgence avant d’obtenir son congé, soit deux heures de plus qu’il y a dix ans.

19 décembre, 2011

Une bourse du carbone ou l’art de s’appauvrir

Le ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, Pierre Arcand, a confirmé jeudi que le Québec se dotera d'un programme d'échange de droits d'émission de gaz à effet de serre (GES). Il a aussi confirmé de nouveau l'objectif de réduire la pollution climatique du Québec de 20% par rapport à 1990 d'ici à 2020.
 (La Presse)
Le Québec est l’une des régions économiques les plus riches de l’Amérique du Nord, mais nos politiciens, tous partis confondus, s’entêtent à la maintenir parmi les plus pauvres.

Alors que le monde réalise enfin que les théories réchauffistes onusiennes sont une fumisterie inventée par l’ONU, et manœuvre pour ne rien faire sans toutefois le dire, nos politiciens foncent tête baissée dans le piège qui leur a été tendu.

Parmi les économies occidentales, grâce principalement à l’hydroélectricité, le Québec produit relativement peu de gaz carbonique. Dans les circonstances, il aurait été normal de profiter de cet avantage pour attirer des investissements et créer des emplois. Mais non, cela aurait été trop simple et surtout risquait de déplaire à l’élite médiatique qui carbure aux croyances de la nouvelle religion écologique.

Nos politiciens en mal d’amour et d’attention ont plutôt choisi de promouvoir le dogme réchauffiste. Cela ne devrait surprendre personne puisque nos politiciens semblent tous rêver d’une carrière de vedette. Certes, ils seront invités à Tout le monde en parle, adulés par les artistes et les écologistes et congratulés par l’ONU. Malheureusement, ce succès bien éphémère maintiendra l’économie québécoise dans le peloton de queue et appauvrira les générations futures.

Près de 50 % des gaz à effet de serre produit au Québec provient du transport sous toutes ses formes. Donc, pour atteindre la cible de réduction du volume de CO2 de 20 % par rapport à l’année de référence 1990 d’ici à 2020, il faudrait avoir un réseau routier qui assure la fluidité des véhicules, un réseau de transport en commun augmenté et électrifié et un parc de voiture électrique considérable. Nous n’avons ni les moyens ni le temps pour atteindre de tels objectifs en si peu de temps. Donc, le gouvernement devra imposer des cibles irréalistes à toutes les autres industries pour atteindre la cible à laquelle il s’est engagé en notre nom. C’est irresponsable, pour ne pas dire criminel.

D’ailleurs, les écologistes Claude Villeneuve, directeur de la chaire d'écoconseil à l'Université du Québec à Chicoutimi, et Jean Nolet, économiste et président d'ÉcoRessources Carbone, dénoncent l’irresponsabilité du gouvernement.

Ouch, même les grands prêtres de l’écologie sont incrédules, ce n’est pas peu dire!

Après les lois du travail les plus antitravailleurs, les charges fiscales et sociales les plus élevées, les infrastructures en décrépitude et les systèmes de santé et d’éducation incapables de remplir leur mission, voici les cibles de réduction des GES les plus exigeantes en Amérique du Nord. Dans ce contexte, il faut prévoir que les investissements privés se feront rares.

Moins d’investissements égale moins d’emplois, moins de revenus pour le gouvernement, moins d’argent pour les infrastructures de transport, donc, plus de CO2! Un cas type où l’interventionnisme accomplit exactement le contraire de ce qu’il prétend vouloir faire.

Il ne reste plus qu’à espérer que la CAQ soit élue aux prochaines élections et mettre fin à ce cauchemar comme Harper vient de le faire.

La réflexion du jour

Le ministre de l’Environnement accréditera également les établissements qui peuvent émettre des « certificats de conformité environnementale ». Après les scandales de nomination des juges, de la corruption dans l’industrie de la construction et de l’octroi de permis de places en garderie, bientôt à l’affiche le scandale des garagistes amis ou contributeurs à la caisse du Parti libéral? Éric Duhaime

Le chiffre du jour : 95 %

On estime que 95% des minounes seront inspectées pour rien.


Les automobilistes s’appauvriront donc et auront moins d’argent à investir pour leur sécurité routière parce que l’enverdeur Arcand juge plus important la lutte à la pollution atmosphérique. Pourtant, la quantité de CO2 émise par les autos diminue tous les ans. Selon certains scientifiques, l’homme n’est responsable que de 3% des CO2 émis dans l’atmosphère mais 100% de sa sécurité routière.

18 décembre, 2011

La politique québécoise en caricatures

La réflexion du jour

Dans une de ses grandes allocutions, mardi dernier, Barack Obama a décrit la prospérité de la classe moyenne et la mobilité sociale comme étant les moteurs d’un capitalisme à la fois productif et moral.


Pourquoi?

Parce que la classe moyenne est la vache à lait du système. C’est elle qui paie des impôts et des taxes, portant ainsi l’État à bout de bras.--- Mario Roy

Le chiffre du jour : 60 %

Qu’en est-il au Québec? Et d’abord, quelle est cette classe moyenne?


Je vous épargne les discussions et les calculs. Disons simplement qu’il s’agirait de l’unité familiale de deux personnes ou plus gagnant entre 48 000 et 95 000 $ avant impôts, mais après transferts sociaux; qui a accès à des services publics potables (surtout d’éducation et de santé) et à un marché de la consommation relativement stable et prévisible.

On parle d’environ 60% de la population… qu’on appellera donc, ni les 99% ni les 1%, mais les 60%!

17 décembre, 2011

La réflexion du jour

Finalement, il faut se méfier de l’usage qui est fait de l’étude de l’OCDE. D’abord, parce que certains l’emploient pour « prouver » que les riches s’enrichissent en détournant des revenus dont les plus pauvres auraient autrement bénéficié. Ils supposent que l’enrichissement est un jeu à somme nulle alors que rien n’est plus faux. La richesse se crée, et les uns peuvent améliorer leur sort sans rien dérober aux autres. Ensuite, parce que ce genre d’étude insiste sur la nécessité d’augmenter le fardeau fiscal et de redistribuer davantage, l’inégalité des revenus étant jugée « immorale ». C’est un point de vue. Toutefois, est-il moral que l’État pénalise la réussite pour permettre à certains de profiter chaque jour un peu plus du labeur, des efforts et des sacrifices des autres? Moi, je dis non. Et vous?--- Nathalie Elgrably-Lévy

Le chiffre du jour : 206,7 %

On dit souvent que les pauvres sont moins pauvres dans les sociétés égalitaires. Erreur! Comparons le Québec et l’Alberta. L’écart entre les riches et les pauvres s’est creusé de 22,2 % chez nous, mais de 58,7 % chez nos compatriotes de l’ouest. Les inégalités sont donc nettement plus criantes en Alberta qu’au Québec. Pourtant, les revenus des plus pauvres ont augmenté de 37,6 % en Alberta, contre à peine 16,1 % ici. Vu sous un autre angle, l’écart entre les Albertains les plus pauvres et les Québécois du même groupe a augmenté de 206,7 %… à l’avantage des Albertains. Là, il y a matière à indignation!

16 décembre, 2011

The consuming Instinct

Revue de livre par minarchiste

“The Consuming Instinct: What Juicy Burgers, Ferraris, Pornography, and Gift Giving Reveal about Human Nature”, par Gad Saad,

La thèse centrale du livre de Gad Saad est que les comportements de consommation des humains tirent leurs racines des impacts qu’a eut la sélection naturelle sur l’évolution de notre espèce. Pourquoi aimons-nous tant les aliments gras et sucrés? Pourquoi voudrions-nous gaspiller de grosses sommes d’argents pour acquérir une voiture de luxe? Pourquoi achetons-nous des cadeaux à nos proches?

Selon Saad, la théorie basée sur le « constructivisme social » largement répandue porte à croire que nos comportements ne sont pas innés, ils sont forgés par notre environnement durant notre processus de socialisation. Selon Saad, cette théorie est complètement fausse et mène les dirigeants d’entreprises ainsi que des gouvernements à prendre de mauvaises décisions.

D’ailleurs, au fil des pages de ce livre, Saad donne une grande quantité d’exemples de comportements observés au sein de toutes les cultures humaines. La raison pour laquelle ces comportements sont si universels est qu’ils tirent leur origine de l’évolution biologique de l’humain par la sélection naturelle, ils sont innés. Plusieurs de ces comportements sont reliés à la recherche de nourriture, à l’évitement des prédateurs et à la reproduction.

L’humain a longtemps évolué en situation de déficit calorique, si bien que nous avons développé une capacité à entreposer les calories sous forme de gras lorsque celles-ci sont « temporairement » plus abondantes. C’est pourquoi nous aimons tant le gras et le sucre, qui furent des denrées rares et précieuses à notre survie à une certaine époque. Et c’est donc pourquoi nous préférons les hamburgers gras de McDonald’s à un bouquet de brocoli cru. Les chaînes de fast-food on bien comprit ce fait.

Par ailleurs, l’humain a ce qu’on appelle un « instinct de stockage », c’est-à-dire que tant qu’il y a de la nourriture disponible, notre appétit nous poussera à nous empiffrer jusqu’à la pleine capacité de notre système digestif. On peut contrer le phénomène en évitant les buffets à volonté et en cuisinant de plus petites portions. S’il y en a moins dans notre assiette et sur la table, on a moins faim!

Pourquoi aimons-nous les épices? Parce que celles-ci servent à limiter les impacts des pathogènes dans notre alimentation. Et comme ces pathogènes sont plus prévalant dans les climats plus chauds, des études ont montré une corrélation positive entre températures climatiques et l’utilisation d’épices par les populations. Ce n’est pas une question de goût, c’est une question de survie!

Le dédain est aussi un comportement inné qui sert à nous protéger des pathogènes potentiels. Par exemple, des études ont démontré que la simple exposition à des photographies de gens qui éternuent et se mouchent suffit à déclencher une réaction de notre système de défense immunitaire. Ce n’est pas pour rien que certaines choses nous dégoûtent (les excréments, le vomis, la nourriture avariée, etc), c’est pour nous protéger.

Nos goûts concernant les lieux où nous aimons habiter sont aussi influencés par notre évolution. Les humains aiment les topographies à flanc de montagne (facile de se protéger des prédateurs et de voir au loin), qui sont près d’une étendue d’eau. C’est pourquoi les maisons et terrains riverains valent beaucoup plus cher que les autres, tout comme les chalets en montagne.

Les ptilonorhynchidés (un oiseau jardinier de l’Océanie) bâtissent des structures ressemblant à des berceaux pour attirer les femelles. Plus le berceau est élaboré et bien construit, plus la femelle sera excitée. Saad insinue que les résidences cossues des quartiers riches servent, au même titre que les nids des oiseaux, de phénotype étendu; un signal du statut du propriétaire.

Concernant l’aspect reproduction, Saad considère que nous nous comportons comme des produits sur le marché de l’accouplement, sur lequel nous tentons de nous démarquer en envoyant des signaux (cosmétiques, talons hauts, voitures de luxe, coiffure, chirurgie plastique, etc).

Beaucoup d’études ont démontré que la beauté est un indice de fertilité et que celle-ci n’est pas un concept subjectif. Il existe bel et bien des critères universels de beauté forgés par notre évolution. Il a d’ailleurs été démontré que la symétrie du corps est un critère de beauté très important. Un article publié dans Nature par William M. Brown a démontré que les qualités de danseur des hommes sont corrélées positivement à leur symétrie corporelle…et donc à leur fertilité! Cela explique donc pourquoi les hommes aiment danser (pour se montrer) et que les femmes aiment les hommes qui dansent bien.

Le ratio de mensurations presque universellement préféré des hommes est det 0.68 à 0.72. Cependant, des études ont démontré que dans les environnements où les calories sont plus rares, les hommes préfèrent les femmes plus « ronde »!

En général, les femmes préfèrent les hommes ayant une voix grave et profonde. Ces types de voix sont liés à une plus grande exposition à la testostérone durant la puberté. Des études ont démontré que le type de voix des hommes est corrélé à leur capacité de reproduction.

Une étude menée par Saad lui-même a démontré que le niveau de testostérone des hommes augmente significativement lorsqu’ils conduisent une voiture de sport. Ces voitures agissent tel un signal sexuel du statut du conducteur (un phénotype étendu). D’ailleurs, lorsque l’on montre aux femmes des photos d’hommes se tenant à côté d’une voiture luxueuse et d’autres où l’homme se tient à côté d’une voiture économique, les femmes trouvent les premiers plus séduisants. Le signal de prestige de la voiture est donc transféré à la perception morphologique de l’homme qui la possède. Ceci étant dit, cela ne fonctionne pas si on inverse les genres; les hommes sont indifférents quant à la voiture de leur partenaire potentielle.

Même chose au niveau des vêtements. Lorsqu’on leur montre des photos d’hommes, les femmes préfèrent systématique les hommes portant des vêtements évoquant un statut élevé (complet haut de gamme, habit de chirurgien, toge d’avocat, etc). Pour les hommes, le statut évoqué par l’habillement des femmes n’a aucune importance significative.

Dans une expérience menée il y a plus de 40 ans, des chercheurs ont arrêté une voiture de luxe à un feu rouge. Une fois le feu tourné au vert, la voiture de luxe demeurant immobile, ils ont mesuré le temps écoulé avant que le conducteur de la voiture bloquée à l’arrière ne klaxonne. Ils ont ensuite refait l’expérience avec une voiture de moindre statut et ils observèrent que le klaxonnement venait beaucoup plus rapidement que dans le premier cas. Il semble donc que ce comportement indique une forme de soumission envers les individus affichant un statut supérieur.

Dans le monde animal, les échanges de nourriture contre un accouplement sont très fréquents (Saad mentionne les antilopes et les chimpanzés), tout comme chez l’humain. Dans beaucoup de cultures, le mariage implique un cadeau venant de l’époux à sa concubine, souvent sous la forme d’un jonc. La valeur du jonc agit comme un signal de la capacité de l’homme à subvenir aux besoins en ressources de sa future épouse et de leur éventuelle progéniture. Par ailleurs, le jonc sert à compenser (symboliquement) la femme pour l’engagement parental moindre de l’homme.

Saad réfère souvent au cycle menstruel des femmes dans le livre, comme d’un indicateur de leur activité hormonale et de leur niveau de fertilité. Les montants de pourboires générés par les danseuses nues sont liés à leurs cycles menstruels. Plus elles sont près de leur période de fertilité maximale, plus les pourboires sont élevés.

Pourquoi les hommes aiment-ils les femmes qui portent des talons aiguilles? Parce que la contraction des muscles de la jambe qu’ils causent la place dans une posture évoquant la copulation. Par ailleurs, les talons aiguilles allongent la jambe, ce qui est un phénotype important pour l’homme.

Pourquoi les femmes portent-elles des cosmétiques? Il y a plusieurs raisons. Premièrement, ils sont utilisés pour répliquer les signes d’excitation sexuelle (rougeurs des lèvres et des joues). Deuxièmement, ils sont utilisés pour rajeunir en lissant la peau, en l’adoucissant et en éliminant les imperfections. Troisièmement, ils sont utilisés pour augmenter le niveau de symétrie du visage. Dans les trois cas, les cosmétiques servent à artificiellement augmenter les signes de fertilité sous le regard des hommes. Par ailleurs, 83% des femmes souffrant d’acné souffrent aussi du syndrome des ovaires polykystiques, qui nuit à la fertilité. C’est pourquoi l’acné a un effet répulsif sur l’homme. Il est aussi intéressant de noter que la qualité de la peau d’une femme varie durant son cycle menstruel, devant plus attrayant lorsque le niveau de fertilité est maximal.

Pourquoi les femmes s’épilent? Parce que le poil chez la femme est un signal d’une plus grande sécrétion d’androgène et d’une plus faible sécrétion d’estrogène, une condition défavorable à la fertilité. Par ailleurs, les femmes qui ont des cheveux longs, soyeux et éclatants sont généralement en meilleure santé que la moyenne, et donc plus aptes à la reproduction.

La consommation est beaucoup utilisée pour « tricher » au jeu de la séduction. Les femmes portent des brassières « push-up », des gaines, des talons-hauts, des cosmétiques et représentent 90% des patients de chirurgie plastique, alors que les hommes s’achètent des imitations d’items de luxe (fausses montres, etc) et mentent sur leur emploi et sur leurs diplômes pour signaler un statut supérieur.

Pourquoi les humains adoptent-ils des comportements altruistes? Tout d’abord, lorsqu’il est question d’individus qui partagent nos gênes (i.e. de notre famille), nous avons un « intérêt évolutionnaire » à agir de manière à favoriser la propagation de nos gènes. Puis, la philanthropie est un signal de statut, un phénotype étendu au même titre qu’une voiture de luxe ou une résidence cossue.

Pourquoi aimons-nous jouer (à des sports, des jeux de société et des jeux vidéos)? Parce que les jeux nous permettent de nous préparer à certaines éventualités en testant des comportements et des stratégies dans un environnement à faible risque.

Avez-vous remarqué que dans une famille de plusieurs enfants, il y a toujours un studieux, un sportif et un rebelle. C’est que chaque enfant tente de se positionner dans une niche inoccupée de façon à apparaître unique aux yeux de ses parents. L’objectif de cette stratégie est de ne pas être redondant et potentiellement délaissé.

L’un des concepts les plus souvent évoqués par Saad dans le livre est celui de l’incertitude paternelle : le père ne peut jamais être certain que l’enfant est vraiment de lui, alors que pour la mère c’est une quasi certitude. Cela influence l’investissement que chaque parent est prêt à sacrifier pour l’enfant. Plusieurs études ont démontré que les grand-mères maternelles sont celles qui investissent le plus dans leurs petits-enfants car leur incertitude est la plus faible. À l’inverse, les grand-pères paternels, qui subissent deux générations d’incertitude paternelle, sont ceux qui s’investissent le moins.

Selon l’auteur Britannique Quentin Crisp, « les jeunes ont toujours le même problème : comment se rebeller et se conformer en même temps. Ils ont maintenait résolu cela en défiant leurs parents et en se copiant les uns les autres. » Le but d’un jeune adolescent est d’être aussi identique que possible aux membres de son groupe social, tout en étant aussi différent que possible de ceux qui n’ont font pas partie. En fait, les humains cherchent à atteindre un équilibre optimal entre ces deux tensions opposées : la conformité et l’individualité.

Pourquoi aimons-nous supporter des équipes sportives gagnantes? L’humain est un animal social qui forme des hiérarchies à l’intérieur de son groupe. Il est donc normal que l’humain veuille être associé aux « gagnants ». En passant, une étude a démontré que les joueurs de soccer masculins ont des niveaux de testostérone plus élevés lorsqu’ils jouent à domicile, évoquant une forme de défense territoriale.

Pourquoi les humains aiment-ils les produits culturels (e.g. musique)? Parce que c’est un signal sexuel au même titre que la queue du paon. D’ailleurs, Saad avance que les paroles de chansons reflètent largement cette dynamique. La littérature et le cinéma nous permettent de nous évader dans des mondes fictifs forgés pour interpeler les forces biologiques universelles qui nous animent.

Des études ont démontré que lorsqu’il est question d’infidélité, les hommes craignent davantage l’aspect sexuel alors que les femmes craignent l’aspect émotif. La raison est simple : les hommes subissent les effets de l’incertitude paternelle alors que les femmes craignent d’être abandonnées par celui qui fourni les ressources et la protection à la femme et ses enfants.

Dans beaucoup d’espèces animales, incluant l’humain, la couleur rouge est associée à un niveau plus élevé de testostérone, un indicateur de dominance et d’agressivité potentielle. Une analyse des jeux Olympiques de 2004 a démontré que les boxeurs portant le rouge avaient un taux de victoire significativement plus élevé.

L’effet Coolidge réfère au penchant qu’ont les mâles de la plupart des espèces animales (incluant l’humain) à rechercher la variété sexuelle, c’est-à-dire de s’accoupler au plus grand nombre de femelles possible. Selon la théorie de l’investissement parental, il est logique que les hommes se comportent ainsi.

Selon les adeptes de la théorie du constructivisme social, les consommateurs sont souvent irrationnels parce qu’ils manquent de connaissances; ils ont donc besoin d’être davantage éduqués. En fait, ces comportements ne sont que des dérives de mécanismes nécessaires à notre survie. Ils sont imbriqués dans notre instinct. Les politiques publiques fondées sur le constructivisme social sont donc vouées à l’échec.

Pour Saad, nos péchés capitaux ont tous des racines biologiques. Par exemple, la consommation compulsive réfère à notre tendance à l’accumulation (hoarding).

Les opérateurs de casino engagent des femmes attrayantes pour que celles-ci déambulent dans leur établissement. Leur présence fait augmenter le niveau de testostérone des parieurs, qui sont par la suite enclins à prendre plus de risque, au profit du casino. En fait, une simple photo suffit à déclencher le processus. La prise de risque est un moyen employé par les hommes pour se démarquer de leurs rivaux. L’appât du gain joue aussi un rôle important puisque l’homme est sur-emballé par la perspective de disposer de ressources importantes qui lui permettront d’impression la gente féminine.

Des études ont démontré que le ratio entre la longueur de l’index et de l’auriculaire est une mesure indiquant l’exposition d’un feotus à l’androgène dans l’utérus. Cette mesure est un proxy de la « masculinité » d’un homme et, par le fait même, de son appétit pour le risque. Ainsi, ce ratio est un prédicteur statistiquement significatif du niveau de succès des négociateurs boursiers, lesquels ont un ratio plus élevés que la moyenne des hommes en général. Ce ratio est aussi prédicteur des aptitudes athlétiques des hommes. Des études ont montré que les joueurs de soccers qui ont un ratio plus élevé sont de meilleurs joueurs.

Par ailleurs, les hommes ont des préférences temporelles différentes des femmes. Les individus de gendre masculin valorisent davantage les bénéfices à court terme que les membres de la gente féminine. Les hommes accordent plus d’importance aux récompenses immédiates de leurs actions et se soucient moins des conséquences potentielles à long terme. Ils sont aussi plus impatients. D’ailleurs, ce penchant s’accentue lorsqu’on montre à un homme des photos de belles femmes en petite tenue! Notre horizon temporel se raccourci aussi lorsque nous avons faim.

Sur le marché du travail, les hommes sont plus enclins à embaucher de belles femmes que les femmes sont enclines à embaucher des hommes séduisants. Par contre, les femmes sont plus enclines à ne pas embaucher une belle femme que les hommes le sont à ne pas embaucher d’hommes séduisants. Autrement dit, la rivalité intra-gendre est beaucoup plus intense chez les femmes que chez les hommes.

Les diplômés de MBA, les avocats et les quart-arrières de la NFL qui sont plus séduisants (tel que mesuré par leur symétrie faciale) récoltent des salaires de départ plus élevés que les autres. Quant aux enseignants, plus ils sont beaux, plus leur évaluation par leurs étudiants et étudiantes sera positive. En général, le succès d’un homme dans sa carrière est corrélé à sa grandeur. D’ailleurs, aux élections présidentielles américaines, le candidat le plus grand l’emporte presque toujours.

Des chercheurs ont montré des photos de candidats politiques à de jeunes enfants et ceux-ci sont capables d’identifier celui qui a gagné son élection simplement qu’en les regardant. D’autres études ont démontré que les caractéristiques faciales des PDG du Fortune 1000 sont fortement corrélées aux niveaux de profits de leur entreprise.

En somme, ce livre est très divertissant, bourré de faits intéressants et plaira beaucoup aux adeptes des livres de Richard Dawkins. Notez que ce livre a une orientation très marketing. Il aurait été intéressant qu’il traite davantage des implications politico-économiques de ces faits. En somme, je le recommande à tous ceux que le sujet intéresse.

Je termine ce compte-rendu par une citation intéressante de Saad au sujet de la religion :

“It is impossible to provide an accurate historical estimate, but the number of deaths caused by religious strife is certainly greater than several hundred million. That said, the misery inflicted by religion is not simply measured by death totals. Religion parasitizes the human mind in the most insidious of ways. It teaches people that the suspension of reason, logic, and evidence is laudable. It infantilizes the human spirit by holding people captive to superstitions and fairy-tales. It holds humans in eternal bondage to celestial dictators (to use Hitchens’s poignant term). It turns close neighbors into enemies (witness the Lebanese civil war, the recent conflict in the Balkans, and the sectarian violence in Iraq). The misery-inducing capacity of religion is genuinely limitless.”

La réflexion du jour

La population est au fait de ce piètre bilan en santé du gouvernement Charest, après huit années au pouvoir. Le Dr Bolduc se prend-il pour le Dr House, capable de guérir un système devenu grabataire? --- Jean-Jacques Samson

Le chiffre du jour : 1 129

Au cours des cinq dernières années, 300 postes ont été laissés vacants en formation de médecine de famille. Le Dr Louis Godin a rappelé lundi qu’il manque 1 129 médecins de famille en 2011. Et il nous faudrait croire que nous vivrons dans le monde paradisiaque du ministre Toyota dans cinq ans? Cinq années, ce n’est même pas suffisant pour former le nombre de médecins pour combler le déficit actuel.

15 décembre, 2011

La réflexion du jour

L’IEDM estime que l’atteinte de l’équilibre budgétaire au Québec ou dans d’autres administrations va plutôt devoir passer par une réduction de dépenses publiques.--- Michel Kelly-Gagnon

Le chiffre du jour : 6 G$

Québec pourrait, selon lui (ndlr : Michel Kelly-Gagnon), épargner 6 G$ en adoptant le seuil de dépenses qui était en vigueur pendant son exercice 2009-2010. Ce budget permettrait du coup au gouvernement de dégager un surplus budgétaire de 2,2 G$.

14 décembre, 2011

Subventions : les perles du 3 au 9 décembre 2011

Chaque semaine, le blogue de Serge Laplante, Où vont vos impôts, publie la liste des subventions annoncées par le gouvernement.

Invariablement, cette liste contient des perles qui démontrent bien la culture de « gaspillage » qui prévaut chez nos élites politiques.

La parade des subventions continue de plus bel, mais les réductions de dépenses promises par le ministre Bachand ne sont toujours pas au rendez-vous.

La perle des perles cette semaine est une subvention de 70 millions $ pour l’avion écologique. C’est quoi un avion écologique? Un avion qui mange du blé d'Inde écologique ? L'important est que le mot écologique apparaisse dans le titre du communiqué de presse. Tous les arguments sont bons pour créer de nouveaux programmes de subvention. Le comble est que ces subventions sont payées par un gouvernement en faillite à des entreprises rentables : Bombardier inc. (avion), Bell Helicopter Textron Canada ltée (hélicoptère), Pratt & Whitney Canada Corp. (moteur), Héroux-Devtek inc. (train d’atterrissage), Esterline CMC Électronique inc. et La société Thales Canada inc. (avionique). Il me semble que ces entreprises peuvent très bien s’entendre entre elles pour développer l’avion du futur sans venir piger dans les poches des contribuables. Où sont les coupures pour financer ce nouveau programme ? Mystère et boule de gomme !

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9,3 millions $

Pour l’inspection des véhicules

Un vieux projet refait surface : l’inspection obligatoire des «minounes». Le programme que Québec veut mettre en place – véritable gros lot pour les garages -, pénalisera un grand nombre de contribuables, à commencer par les étudiants, nombreux à posséder des «minounes», et coûtera entre 7,3 et 9,3 millions $.

210 000 $

À la région de la Mauricie

Subvention sur trois ans accordée dans le cadre de l’Entente spécifique sur le développement de l’économie sociale dans la région de la Mauricie. Cette entente permettra de promouvoir l’économie sociale comme modèle d’affaires et outil de développement social, d’assurer la concertation et le réseautage des acteurs de l’économie sociale, de développer leurs compétences et de promouvoir l’économie sociale auprès des jeunes.

3,5 millions $

À RCM Modulaire

L’attribution d’une garantie de prêt de 3,5 M$ à RCM Modulaire de Saint-Benoît-Labre, en Beauce, lui permet de remporter un important contrat au Labrador. L’entreprise fabrique, transporte et installe des unités d’habitation préfabriquées destinées à l’édification de campements, d’immeubles résidentiels et de maisons.

70 millions $

Pour l’Avion écologique

Sam Hamad a profité du Forum Innovation Aérospatiale 2011 pour lancer officiellement le projet de l’avion écologique. Ce projet, estimé à 150 M$, fournira à l’industrie aérospatiale des technologies cruciales pour les modèles d’aéronefs qui seront conçus dans la prochaine décennie, des aéronefs plus écologiques, moins bruyants et moins énergivores. Afin d’amener les divers acteurs du système d’innovation québécois à travailler en synergie, un organisme à but non lucratif formé par l’industrie a été créé: le Regroupement pour le développement de l’avion plus écologique.

375 000 $

Pour l’innovation sociale

Québec lance un Concours de reconnaissance d’un nouvel organisme de liaison et de transfert en innovation sociale (OLTIS). Les OLTIS sont des organisations qui travaillent à titre d’agents de liaison entre les chercheurs et les organismes publics ou associatifs. Un seul OLTIS sera reconnu au terme de l’exercice de sélection.

3805.11 $

Pour le portrait d’Yvon Vallières

De l’Assemblée nationale

Yvon Vallières, président du 13 janvier 2009 au 1er avril 2011, a maintenant son portrait accroché aux murs du Parlement.

415 000 $

Pour un Monument en hommage aux femmes en politique

La première vice-présidente de l’Assemblée nationale, Fatima Houda-Pepin, a annoncé que Jules Lasalle avait été retenu pour réaliser le monument en hommage aux femmes en politique.

675 000 $

Au Grand Prix de patinage artistique

Aide financière accordé au comité organisateur de la finale du Grand Prix de patinage artistique, qui se déroulait à Québec ce week-end.

10 000 $

Pour le Prix à la meilleure tournée au Canada et aux États-Unis

Le Conseil des arts et des lettres du Québec annonce, qu’à compter de 2012, il décernera un prix pour la meilleure tournée au Canada et aux États-Unis à un organisme qui s’est le plus distingué par la qualité exceptionnelle d’une tournée au Canada ou aux États-Unis ou sur les deux territoires.

38 777 $

À Machinerie Dubois

La subvention dans le cadre d’un projet s’élevant à 107 155 $. L’entreprise est active dans la fabrication d’équipements spécialisés, notamment pour les producteurs de canneberges. Grâce à cette aide financière, elle pourra acquérir de nouveaux équipements afin d’automatiser une partie de sa production.

442 000 $

Au Centre de distribution de Sillery

Le Centre de distribution de Sillery exploite un terminal céréalier spécialisé dans le transbordement de grain de provende. L’entreprise utilisera cette subvention pour construire un entrepôt de phosphate bicalcique, et installer un convoyeur et de la machinerie pour le chargement et le déchargement de la marchandise.

181 875 $

À Ecosystem

Un soutien financier sur deux ans est accordé à la firme spécialisée en efficacité énergétique, afin d’offrir une formation plus spécifique à ses 125 employés et d’ouvrir 50 nouveaux postes. L’entreprise, dont le siège social est à Québec, offre des solutions rentables à la surconsommation des bâtiments et à la réduction des émissions polluantes aux gestionnaires immobiliers des secteurs hospitalier, scolaire et municipal dans le but de réduire leur facture d’énergie et d’exploitation.

La réflexion du jour

Toronto est plus grosse, plus riche et beaucoup moins endettée que Montréal. Mais elle vient de se doter d'un budget d'austérité très sévère. Celui de Montréal augmente... ---Benoît Aubin

Le chiffre du jour : 17 %

Montréal consacre 17% de son budget à financer une dette de près de 5 milliards $. La dette de Toronto est de 2 milliards $ et ne coûte que 2,5% du budget.


Montréal fait cavalier seul au pays des villes endettées. Le fardeau de la dette de Vancouver ou de Calgary ressemble plus à celui de Toronto qu'à celui de Montréal.

(NDLR : Voilà pourquoi les pauvres deviennent plus pauvres et les riches plus riches. C'est vrai pour les gouvernements comme pour les individus.)

13 décembre, 2011

La réflexion du jour

Entouré de ses principaux ministres, l'ancien commissaire européen s'est engagé à «mettre fortement sous contrôle le déficit et la dette» pour que l'Italie cesse d'être «considérée comme un foyer» de crise et d'inquiétude pour l'Europe.

(NDLR : Remplacez Europe par Canada et Italie par Québec et vous connaîtrez le futur plus ou moins éloigné du Québec.)

Le chiffre du jour : 60 ans

Pour souligner l'urgence de la situation, M. Monti a rappelé avoir reçu il y a moins de trois semaines le mandat d'«aider à sauver l'Italie» d'une crise «très grave» qui «risque de compromettre ce qu'ont accompli en 60 ans de sacrifices au moins quatre générations d'Italiens».

(NDLR : Remplacez Monti par Legault et Italie par Québec et vous connaîtrez le futur plus ou moins éloigné du Québec.)

12 décembre, 2011

Pourquoi pas l’inspection obligatoire des poussettes?

Le gouvernement propose d’imposer une inspection obligatoire des véhicules de plus de huit ans d’âge. A priori, cela semble raisonnable. D’ailleurs, les groupes d’intérêt impliqués (AQLPA., CAA, etc.) se sont immédiatement prononcés en faveur du projet de loi.

Toutefois, en y regardant de plus près, ce projet de loi s’inscrit dans la plus pure tradition des gouvernements interventionnistes pour tout et rien. Sous le couvert de bonnes intentions (pollution, sécurité), le projet déresponsabilisera les individus et imposera des frais inutiles aux plus pauvres. L’argument du contrôle des GES est de la pure démagogie et soulève l’ire des gens concernés. Les véhicules de plus de huit ans d’âge ne représentent qu’une fraction minime des pollueurs. Les bouchons de circulation sont une source de pollution autrement plus importante et les Luc Ferrandes de ce monde et le MTQ s’amusent à en augmenter le nombre et la durée sans que personne les rappelle à l’ordre. Il ne reste donc que l’argument de la sécurité.

Tout conducteur responsable doit s’assurer que le véhicule qu’il s’apprête à utiliser dans l’espace public est en bonne condition et ne met pas en danger ses concitoyens. Évidemment, on nous dira que c’est l'objectif du nouveau projet de loi. Toutefois, en imposant l’inspection obligatoire, le projet de loi infantilise les conducteurs responsables pour encadrer une minorité de conducteurs irresponsables. Par contre, les conducteurs irresponsables qui possèdent des véhicules de moins de huit ans sont libres de continuer à mettre en danger la vie des autres. Un véhicule de trois ans d’âge dont les freins sont finis ou les pneus sont usés est plus dangereux qu’un véhicule de vingt ans bien entretenu.

Dans une société qui vise à responsabiliser les individus, l’approche législative serait très différente. La loi stipulerait que les conducteurs sont responsables de s’assurer que les véhicules qu’ils conduisent sont en bon état. Les règlements détailleraient les normes à respecter et la loi imposerait des pénalités sévères aux conducteurs négligents. Ainsi, un conducteur qui cause un accident parce que les pneus de son véhicule sont usés ou un bouchon de circulation monstre parce que son véhicule est en panne sèche serait tenu responsable des dommages qu’il cause à autrui.

Mais comme d’habitude, au Québec les politiciens préfèrent profiter d’une situation popularisée par un groupe d’intérêt subventionné (AQLPA bénéficie d'une subvention de 53 000 $) pour générer des revenus additionnels pour le gouvernement. Le coût des inspections sera assurément assujetti à la TPS et à la TVQ. Avec une TVQ de 10 % à compter du 1er janvier 2012, les pressions seront fortes pour augmenter le volume d’inspections en ciblant de plus en plus de catégories de véhicules afin de générer plus de revenus. Il ne faudrait pas se surprendre si bientôt, les poussettes seront incluses parmi les véhicules soumis à l’inspection obligatoire.

Éducation, l’école du future par la DidacTIC (Rappel)

Dans la catégorie des projets de 50 k$ à 100 k$, le projet de l’école Wilfrid-Bastien est maintenant en 9e place sur 30, à moins de 40 votes de la 8e place. C’est un gain de 3 places depuis vendredi dernier. Il faut redoubler d’effort. Il ne reste plus que 4 jours. Votez tous les jours et n’hésitez pas à relancer vos amis qui ont peut-être oublié de voter en cette période fort occupée par les partys et les emplettes des fêtes.
Pour voter inscrivez-vous ici.
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Le système d’éducation québécois est certainement l’un des plus bureaucratisés et centralisés au monde. Toutes les décisions, en particulier la gestion des budgets dans les moindres détails, sont centralisées à la commission scolaire et au ministère. Donc, il n’est pas possible de libérer des fonds à même le budget alloué à l’école pour financer un projet hors norme.

Dans un tel environnement, ce sont les individus débrouillards, qui n’ont pas peur de foncer et de s’investir à leurs risques et périls, qui font bouger les choses. Le cas de l’école primaire Wilfrid-Bastien (CSPI) est un exemple éloquent de ce qui peut être accompli dans un milieu où les bureaucrates et les syndicats règnent en roi et maître.

L’équipe de l’école Wilfrid-Bastien a un rêve : imaginez une école où les élèves font partie d'une communauté où ils partagent, échangent et s'entraident pour favoriser la persévérance et la réussite. Où les élèves deviennent les acteurs principaux et où ils se responsabilisent face à leurs apprentissages et à leurs comportements.

Ce n’était pas la bureaucratie qui allait empêcher cette équipe dynamique de foncer. Comme ils le disent eux-mêmes : là où d'autres voient des problèmes, nous voyons des solutions. Donc, pour financer leur projet, L'école du futur par la DidacTIC (12085), ils ont fait appel aux Fonds communautaires Aviva. Ils ont maintenant franchi les trois premières étapes de sélection avec succès et atteint la demi-finale.

Je vous invite tous à vous inscrire sur le site d’Aviva et à voter nombreux pour le projet 12085. Le vote pour encourager les demi-finalistes débutera le 5 décembre 2011. C’est un bien petit effort pour soutenir une équipe qui bouscule les embûches et ne compte pas ses heures afin de favoriser des élèves habituellement défavorisés.

Des profs allumés, une direction complice et une entreprise socialement responsable, ce sont les ingrédients d’une recette gagnante pour transformer les rêves en réalité.

Bravo à tous!

La réflexion du jour

On résume la passe fiscale «made in» Québec: le gouvernement du Québec encaisse ainsi des milliards de dollars de TVQ à partir des milliards de dollars de taxes municipales qu'on verse aux villes et municipalités à même les revenus sur lesquels on a déjà payé des milliards et des milliards de dollars d'impôts et de taxes de tout acabit. Nul doute qu'on mérite donc bien notre étiquette de cochon payeur! --- Michel Girard

Le chiffre du jour : 300 000 $

Pour la période allant de 2007 à 2013, les administrations locales (villes et municipalités) vont ainsi payer au gouvernement du Québec une astronomique somme nette de quelque 3,2 milliards de dollars de TVQ.

11 décembre, 2011

La politique québécoise en caricatures

La réflexion du jour

Le nouveau président de l'Union des producteurs agricoles du Québec, Marcel Groleau, estime que l'agriculture a besoin d'autant de soutien financier que le secteur des alumineries et des jeux vidéo. --- JdM

(NDLR : Le sport national n'est pas le hockey, mais la course aux subventions.)

Le chiffre du jour : 630 M$

M. Groleau (ndlr : président de l'UPA), qui succède à Christian Lacasse, estime que les 630 millions $ qui sont envoyés à la Financière agricole du Québec pour l'assurance stabilisation des revenus sont insuffisants pour la pérennité des fermes québécoises.

(NDLR : 630 M$ de subventions directes plus les subventions indirectes de la gestion de l'offre (plusieurs centaines de millions, voire des milliards) et ce n'est toujours pas assez!)

10 décembre, 2011

La réflexion du jour

Coincée et visiblement embarrassée, la présidente du Conseil du Trésor, qui était à la Famille en 2008, s'est défilée en disant qu'il y avait urgence de créer de nouvelles places à l'époque et que tous les députés lui demandaient d'accélérer le processus d'attribution de places.


Pour rester dans le domaine des garderies, voilà qui ressemble à une réponse d'un enfant qui se fait pincer après avoir fait une bêtise: «C'est pas de ma faute, c'est les autres...» --- Vincent Marissal

(NDLR : Tout ceci aurait été évité si on avait séparé les rôles de contrôle (gouvernement) et de fournisseurs (marché). Il aurait suffit que les parents reçoivent des bons de garderie et qu'ils aient la liberté de choisir celle qui leur convient.)

Le chiffre du jour : 300 000 $

Favoritisme, passe-droits, 3000 places données à de généreux contributeurs qui ont versé quelque 300 000$ dans la caisse du PLQ et qui s'y connaissent plus en immobilier et en abattage de bovins qu'en services à la petite enfance, tout ça, c'est délicat à expliquer.


Le vérificateur général conclut qu'en 2008, sur 18 000 places, 3505 (20%) n'ont pas été retenues même si elles étaient recommandées par le Ministère et que la ministre Courchesne a autorisé des projets totalisant 3700 places non recommandés par son ministère.

09 décembre, 2011

La taxe Tobin, une taxe ascenseur super rapide

Comme le montre le graphique publié par The Economist, le rythme de croissance des transactions boursières est exponentiel. Entre 1980 et 2010, le nombre de transactions a été multiplié par 100.

Ce graphique à lui seul explique pourquoi les politiciens salivent à l’idée de taxer les transactions boursières. Par exemple, une taxe Tobin de 1 sou par transaction aurait rapporté 100 M$ en 1980, mais 10 G$ en 2010. Donc, sur une période de 30 ans, tout en prétendant que la taxe n’avait pas augmenté, les revenus des gouvernements auraient été multipliés par 100, 40 fois plus que le taux moyen d’inflation. C’est le genre de taxe que les politiciens adorent.

La réflexion du jour

Ce n’est pourtant pas parce que nous sommes les seuls à nous payer des services aussi chromés, comme notre réseau de garderies, ou à ramer à contre-courant comme dans la lutte à la criminalité, que nous faisons automatiquement mieux. Différent n’est pas synonyme de meilleur. --- Jean-Jacques Samson

Le chiffre du jour : 80 %

Un sondage Léger Marketing publié ces dernières semaines montrait qu’à près de 80 % les Québécois étaient en faveur d’un système de justice plus répressif. Un autre sondage de la même firme, dévoilé hier dans nos pages (ndlr : JdQ), révélait qu’un citoyen sur deux des grandes villes du Québec ne s’y sentait pas en sécurité.

08 décembre, 2011

La réflexion du jour

Malgré les promesses de l’administration Tremblay de réduire l’effectif de la métropole de 1000 postes d’ici 2013, le nombre d’employés montréalais a encore augmenté en 2011. --- JdM

(NDLR : Plus ça change, plus c'est pareil.)

Le chiffre du jour : 21 960

Au net, il y aura l’équivalent de 21 960 charges de travail à temps plein à Montréal en 2012, une augmentation de 40 postes. En dépit des efforts des arrondissements, qui ont globalement supprimé 37 emplois, la Ville centre n’a pas été capable de mettre un frein sur les embauches chez les policiers (58) et la gestion de l’eau (47).

07 décembre, 2011

Histoires de s’entendre

Revue de livre par Louise V. Labrecque

Suzanne Jacob, Histoires de s’entendre, Éditions Boréal, Montréal, 2008, 140 pages.


Suzanne Jacob a fait de la musique, du théâtre, se passionne pour tout, puise son eau à toutes les sources, écrit des poèmes, des paroles de chansons, des essais. Elle chante, rit, édite, pense et parle. Et elle écrit, elle écrit, elle écrit … ! Je ne sais pas pourquoi Suzanne Jacob me fait penser à une montagne. Je ne sais pas. Elle interroge pourtant l’abîme ; elle touche le gouffre. Dans son dernier livre, Histoires de s’entendre, un essai déshabillant toutes les idées reçues sur la littérature, elle amplifie les sens, pour amener le lecteur à prendre conscience de la nécessaire fiction, la « fiction vitale », comme socle à toute œuvre féconde et durable. Oui, c’est bien de vie qu’il s’agit, lorsqu’on écrit, toujours. Et pour plusieurs personnes, je suppose, cela peut avoir une sorte d’importance. Mais d’où viennent les histoires ? Comment capter le souffle inspirant permettant à l’oralité de transcender cet état pour devenir, pour être, et finalement pour se fonder rigoureusement en expression écrite ?

Inventer sa vie, avec sa langue, c’est un peu comme vivre en code. De simples instants, des besoins, des émotions, des perceptions, des vestiges, dont on a perdu tout souvenir ; Suzanne Jacob ne s’éparpille jamais. « Je me parle », écrit-elle. « Je suis moi. Ma vie est entièrement moi et je suis entièrement toute ma vie : je suis entièrement « je suis ». Tout le processus de l’activité narrative est ainsi exprimé, avec force, détails, et précision, dans cet étonnant essai questionnant tour à tour la responsabilité de l’écrivain dans la société et la désaffection des médias à l’égard de la littérature. Consciemment, le chemin est exigeant, et c’est lors de la préparation d’un cours universitaire en « création littéraire » que l’auteure, alors admise en résidence d’écrivain à l’Université d’Ottawa, a dû faire le point, sans faux fuyant. Ainsi, « il n’y pas de situations ordinaires pour l’appareil narratif », explique- t’elle. Tout est dramatique, chargé de merveilles ; la mémoire bricole cela, pour faire affluer des histoires. Écrire, c’est un peu comme créer le monde, et rendre des comptes à la conscience.

La cartographie des territoires du moi, difficile à établir, se décline, différemment pour chacun. Ainsi, le lecteur ne voit pas le même arbre, le même personnage, selon ses propres références. Tout cela constitue la rencontre intérieure, unique, entre chaque lecteur et le livre. On peut se demander : « Qu’est-ce que l’auteur a voulu dire »? On peut chercher le présent sous l’appareil métaphorique, et ne trouver au final que l’absence. C’est étrange, un texte. C’est toujours un paradoxe vivant. Comme Léo Ferré chantant l’amour difficile, suicidé, et en même temps tellement rempli de vie qu’on le sait apte à tous les recommencements.

Le lecteur fantasme, il cherche son reflet, le mystère l’attire, c’est comme ça, depuis la nuit des temps. Ainsi, Suzanne Jacob nous oblige à faire un petit effort, une fois de plus. Je ne sais pas exactement pourquoi elle me fait penser à l’écrivaine Virginia Wolf : c’est vrai qu’elles se posent toutes les deux en contradiction face aux grilles d’analyse littéraire ordinaires, et c’est ainsi qu’on les aimes : elles n’offrent pas de vérités, parce qu’elles luttent précisément contre ce fait : avaler tout rond des « vérités » que tout le monde cherche à imposer, plus ou moins subtilement.

La réflexion du jour

Louise Harel, chef de l'opposition officielle à Montréal, croit qu'une baisse du nombre d'élus ferait économiser beaucoup d'argent à la Ville.


«On veut discuter de la raison pour laquelle nous avons autant d'élus. C'est trop lorsqu'on se compare à Toronto, Vancouver, Québec», a-t-elle affirmé à la fin septembre, lorsque le Conseil municipal a voté en faveur du maintien de la carte électorale actuelle.

Le chiffre du jour : 8,3 M$

En 2011, il en a coûté 8,3 millions aux contribuables montréalais pour payer leurs 103 élus municipaux, selon des chiffres fournis par la Ville.


À Toronto, la masse salariale des élus atteint 5,5 millions par année, pour 45 élus. C'est beaucoup moins qu'à Montréal, même si la Ville reine compte plus de 4 millions d'habitants, contre 1,6 million dans la métropole.

06 décembre, 2011

Subventions : les perles du 26 novembre au 2 décembre 2011

Chaque semaine, le blogue de Serge Laplante, Où vont vos impôts, publie la liste des subventions annoncées par le gouvernement.

Invariablement, cette liste contient des perles qui démontrent bien la culture de « gaspillage » qui prévaut chez nos élites politiques.

La parade des subventions continue de plus bel, mais les réductions de dépenses promises par le ministre Bachand ne sont toujours pas au rendez-vous.

La perle des perles cette semaine est une subvention de 2 millions aux jeunes toxicomanes en situation d’itinérance. Comprenez-moi bien, je suis tout à fait d’accord que l’on devrait aider les toxicomanes, jeunes et vieux, à s’en sortir. Là où je décroche, c’est quand on invite une quarantaine d’organismes à déposer des projets. Pas 5, 10 ou 20, mais plus de quarante. Bientôt, il va falloir importer des toxicomanes, jeunes de préférence, pour qu’il y en ait suffisamment pour occuper tous les organismes soucieux de leur bien-être.

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100 000 $

À Xplornet Communications

Grâce à une subvention la compagnie Xplornet Communications offrira prochainement le service Internet à haute vitesse dans les secteurs à faible densité d’habitation au nord de MRC d’Argenteuil. L’annonce représente une première phase de déploiement qui vise à desservir une première tranche de 167 citoyens ou entreprises.

10 000 $

Pour la chorégraphie de l’année

Le Conseil des arts et des lettres du Québec annonce qu’à compter de 2012, il décernera annuellement à un chorégraphe québécois le Prix du CALQ pour la chorégraphie de l’année.

30 millions $

À Écolo TIC

Estimé à près de 70 M$, le projet Écolo TIC consiste à regrouper des entreprises, des centres de recherche et des universités dans le but de mettre au point et de tester des technologies qui seront à la base de la prochaine génération de produits et solutions davantage écologiques en technologies de l’information et des communications.

10 000 $

Pour les Prix à la création artistique

Le Prix à la création artistique du Conseil des arts et des lettres du Québec pour la région de la Capitale-Nationale a été attribué à l’écrivain Alain Beaulieu.

2 millions $

Aux jeunes toxicomanes en situation d’itinérance

Les organismes communautaires de Montréal œuvrant en réinsertion sociale disposeront de plus de 2 M $ pour la réalisation de projets qui visent particulièrement les itinérants de moins de 30 ans qui sont aux prises avec des problèmes de toxicomanie. Une quarantaine d’organismes communautaires sont invités à déposer des projets qui viseront entre autres à stabiliser ces jeunes sur les plans alimentaire, psychologique, de la santé, du logement et des finances.

40 260 $

À Emballages E.B. ltée

Attribution d’un soutien financier à l’entreprise Les Emballages E.B., d’East Broughton. Ce montant comprend une subvention de 33 960 $ accordée par le ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation ainsi qu’un soutien financier de 6 300 $ accordé par Emploi-Québec dans le cadre d’une mesure de concertation pour l’emploi.

700 000 $

À la Fondation de la faune du Québec

Cette subvention permet la reconduction du Programme de gestion intégrée des ressources pour l’aménagement durable de la faune en milieu forestier. Cette contribution a également pour but de soutenir financièrement la participation des organismes fauniques à la gestion intégrée des ressources et du territoire.