Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement

Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

30 août, 2007

L’état providence nuit à l’immigration

La mondialisation offre de plus en plus de choix aux professionnels, entrepreneurs et investisseurs qui désirent immigrer pour améliorer leur sort et celui de leur famille. Malheureusement, le Québec est peu attrayant pour ces immigrés de choix. Les causes de cet état de fait sont les mêmes que celles qui handicapent la croissance de l’économie québécoise : un taux de fiscalisation très élevé, un état providence inefficace, des centrales syndicales et des Ordres professionnelles dédiés à protéger le statu quo, une culture suspicieuse du succès, etc.

Cyberpresse, le mercredi 15 août 2007
Les mouches et le vinaigre
Yann Takvorian

Le Québec connaît un déficit migratoire par rapport aux autres provinces canadiennes simplement parce qu’il a du mal à attirer autant qu’à conserver ses immigrés. Il ne s’agit pas seulement de faire venir des étrangers sur de fausses représentations, il faut leur donner envie de rester. Or, ce qui fait rester un immigrant, c’est la plus-value sur sa vie en général.

Un immigrant d’un pays pauvre pourra trouver une plus-value en arrivant au Québec. Mais il l’augmentera à peu de frais en s’installant en Ontario ou en Alberta. D’ailleurs, ces deux provinces combinées raflent le plus gros de toute l’immigration canadienne. L’immigrant n’a aucun état d’âme et se fiche de l’identité culturelle du Québec, son combat identitaire et verra même dans le séparatisme un frein plutôt qu’un attrait.

Le Québec a-t-il une économie qui prospère ? On le voit mal et encore moins en région quand des pans entiers de son économie tombent et que des villes éloignées ferment. La province a-t-elle une fiscalité attrayante ? Avec un des plus haut taux de taxation du continent, jumelé à des salaires plutôt faibles et un coût de la vie sans cesse à la hausse, on ne le pense pas. La « Belle Province » a-t-elle des atouts particuliers ? Pas vraiment avec un système de santé très dégradé, des routes tiers-mondistes, des infrastructures en ruine, un système d’éducation nivelé par le bas, le plus haut taux de syndicalisme en Amérique, des ordres professionnels sectaires, un marché de l’emploi protectionniste, des querelles linguistiques, etc. Quant aux attraits, parce qu’ils existent, ils sont en compétition féroce avec ceux des autres provinces canadiennes.

Il ne s’agit pas seulement de donner des points à des compétences qui seront sous-utilisées ou bien ignorées en région. L’immigrant viendra puis rebondira ailleurs ou rentrera déçu. Et si un immigrant content le dira à une personne, un immigrant déçu racontera son histoire à 10 ! Le Québec a perdu des plumes avec sa politique d’immigration qui a floué beaucoup de monde, principalement en France et au Maghreb.

Depuis le 11 septembre

L’immigration de langue française ne pourra pas augmenter au Québec pour des raisons évidentes. Depuis les attentats, le racisme anti-arabe y est très présent. Or, l’Afrique du Nord est un bon bassin de travailleurs francophones. L’immigration des Français de France serait un choix presque naturel pour le ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles. Or, l’a-priori du « maudit-Français » et le déficit de plus-value entre l’Europe et le Québec ne sont pas pour l’encourager. Il reste l’Amérique du Sud, l’Afrique et la Chine. Mais pourquoi voulez-vous que ces immigrants piétinent professionnellement plusieurs années pour apprendre une langue aussi difficile que le français alors que la maîtrise de l’anglais leur ouvrirait les portes de la plus grande partie du Canada et, éventuellement, des États-Unis ?

Que proposer ? Il n’y a pas de solution magique et Mario Dumont à certainement raison. La démographie ne se corrige qu’avec le temps. On ne peut pas non plus forcer les gens à choisir un pays. Un projet de vie, ça ne se vend pas. Je pense que le Québec aura à payer pour ses non-choix politiques et son laisser-aller financier des dernières décennies ; il n’y a pas de camouflage possible. Ce n’est pas aux immigrants d’assumer les excès de l’État providence moribond d’aujourd’hui. Une telle facture ne se partage ni ne se refile.

Immigrer, c’est vouloir mieux ; c’est vouloir du soleil pour soi et ses enfants. Personne ne choisira la pluie et la glace sciemment. On pourra tromper certains sur la destination, mais on ne peut pas tromper tout le monde, tout le temps. Et c’est un ancien immigrant au Québec revenu au soleil de la Provence qui vous le dit.

29 août, 2007

Le MTQ se moque littéralement des gens

SAINT-JÉROME, QC, le 28 août /CNW Telbec/ - Le ministère des Transports avise les usagers que le pont du village, situé sur la route 335, à Saint-Lin-Laurentides, sera fermé à la circulation à partir du 29 août 2007 à compter de minuit, dans le cadre des travaux de reconstruction du pont. La réouverture du pont est prévue pour le 15 décembre 2007.

Afin de faciliter les déplacements, une passerelle piétonnière a été aménagée près du pont de manière à permettre aux usagers de traverser le chantier à pied. De plus, le Ministère procédera prochainement à la construction d'un pont temporaire, à environ 2 kilomètres à l'ouest de la route 335. Durant cette période, les usagers devront être attentifs aux panneaux de signalisation annonçant les chemins de détour, puisqu'un délai de quatre à six semaines est requis pour mettre en place ce lien temporaire.

Bien entendu, personne dans ce foutu ministère (MTQ), qui compte près de 3 500 employés et gère un budget de dépenses de plus de 2 milliards de dollars (budget 2007-2008), pouvait planifier l’ouverture du pont temporaire avant la fermeture du pont du village?

Qui répondra des heures perdues et des inconvénients de toutes sortes causés à la population? Personne, puisque les politiciens et les bureaucrates bénéficient d’une impunité totale.

Autant d’ineptie devrait suffire à convaincre les Québécois que l’étatisme nous mène droit à la faillite.

28 août, 2007

Libre marché est synonyme de liberté

Les pourfendeurs du libre marché s’autoproclament progressistes, humanistes, défenseurs de la veuve et de l’orphelin, etc. Pourtant, la réalité est diamétralement opposée. Le libre marché est simplement le résultat d’individus échangeant librement des biens et services. En s’opposant au libre marché on s’oppose à la liberté des individus.

Plaidoyer pour la liberté
Le Journal de Montréal, p. 22 / Nathalie Elgrably, 23 août 2007

À l’instar de tous les autres sommets, celui de Montebello a été la cible de manifestants. Étudiants, militants syndicaux, partisans antimondialisation, écolos, défenseurs des autochtones et divers groupes «progressistes» étaient présents pour défendre leur noble cause.

Or, même si leurs slogans diffèrent, tous ces groupes sont manifestement mus par une idéologie commune: la haine du libre marché et le dégoût du capitalisme. Certains affichent leur penchant pour le communisme ou pour le «socialisme de marché» et idéalisent le type de société qui leur est associée. Ils tiennent de beaux discours, mais pourquoi alors aucun d’entre eux n’a-t-il jamais plié bagage pour s’installer dans les paradis communistes comme Cuba, la Chine, le Venezuela de Chavez ou la Corée du Nord?!

Les opposants au libre marché sont nombreux, mais rare sont ceux capables de définir en quoi consiste un marché qui fonctionne librement. C’est pourtant simple: un marché est libre lorsque des millions de personnes prennent elles-mêmes les décisions qui les concernent, et s’engagent de manière pacifique et sur une base libre et volontaire dans des échanges mutuellement avantageux. Ainsi, un marché est libre quand chaque individu peut décider sans que personne ne vienne lui dicter son comportement. Le libre marché, c’est la liberté de choisir. C’est l’absence de contrainte.

Arrogance

S’opposer au libre marché ne signifie pas voler à la rescousse des démunis ou prendre la défense de la veuve et de l’orphelin. Ce n’est pas un symbole de valeurs morales «supérieures» et d’altruisme. C’est tout le contraire, car cela implique l’imposition de mesures de contrôle coercitives. S’opposer au libre marché, c’est imposer sa volonté par la force. Il suffit d’écouter les porte-parole des groupes présents à Montebello pour réaliser qu’ils veulent tous exiger de nous certains comportements et en interdire d’autres.

Pour qu’ils aient l’arrogance de refuser aux gens la possibilité de prendre eux-mêmes leurs décisions, ces groupes ont nécessairement la conviction d’être plus intelligents et plus sages que le reste de la population. Ils savent, ils ont compris, eux! Et ils se donnent pour mission de mettre le reste de la population sur le droit chemin. Manifestement, ils estiment que leurs choix sont préférables à ceux effectués quotidiennement par des millions de personnes. Parce qu’ils se jugent moralement supérieurs aux autres, ils deviennent les ennemis de la liberté!

Mais a-t-on réellement besoin qu’on nous dise ce qui est bon pour nous, ce qui est moralement acceptable ou éthiquement convenable? De quel droit un groupe quelconque peut-il imposer la provenance des produits que nous consommons ou la façon dont ils ont été fabriqués? Serions-nous ignorants, malintentionnés et cupides au point d’être incapables de prendre les décisions appropriées? C’est pourtant ce que semblent croire tous ces groupes de pression, qui tentent d’imposer leurs vision du monde et leurs croyances.

Le moins mauvais

Les ennemis du libre marché qualifient celui-ci de système sans foi ni loi où les riches escroquent les pauvres, de capitalisme sauvage dépourvu de scrupules et d’humanité. Pourtant, c’est dans les économies de marché que sont nés le mouvement pour les droits de l’homme, le féminisme, l’acceptation de l’homosexualité, la liberté de presse, etc. Par contre, c’est à Cuba que l’on censure la presse et que l’on exécute les dissidents du parti. C’est également dans les pays communistes que les populations meurent de faim et sont tyrannisées.

Le libre marché n’est peut-être pas le meilleur système économique, mais c’est certainement le moins mauvais!

* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
Nathalie Elgrably est économiste à l'Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques.

25 août, 2007

La mondialophobie

La spécialisation est le phénomène à la base de l’enrichissement des sociétés. Ce phénomène se résume ainsi : A produit 12 pains l’avant-midi et 12 saucissons l’après-midi alors que B produit 6 pains et 24 saucissons dans les mêmes temps. Donc, ils produisent en tout 18 pains et 36 saucissons. Maintenant, si A se spéciale dans la production du pain et B dans la production de la saucisse ils produiront 24 pains et 48 saucissons respectivement. La spécialisation aura eu pour effet d’augmenter la productivité et de produire 6 pains et 12 saucissons de plus. A et B se sont enrichis.

Ce phénomène est aussi vrai au niveau international qu’au niveau local. Voilà une bonne raison d’encourager le libre-échange à tous les niveaux.

Le père Noël
Le Journal de Montréal, p. 22 / Nathalie Elgrably, 02 août 2007

J'ai une question sérieuse à vous poser. Supposons que le père Noël, dans un élan de générosité, décide d'offrir une voiture à chaque Canadien. Devrions-nous l'accepter?

J'ai posé la question à mon entourage. Mon enquête n'est pas très scientifique, j'en conviens, mais les répondants sont unanimes ils accepteraient tous le cadeau du Père Noël sans hésitation. Je suis même prête à parier ma prochaine paie que tous les lecteurs de cette chronique en feraient autant. Et c'est normal!

Au lieu de dépenser 400 $ par mois pour financer l'achat d'une nouvelle auto, le geste du père Noël nous permettrait à la fois de conduire une voiture neuve et d'avoir 400 $ dans notre poche que nous pourrions dépenser comme bon nous semble. Le cadeau du père Noël permettrait donc à chaque Canadien de s'enrichir de 400 $ par mois.

Malheureusement, le père Noël n'existe pas. Mais si nous pouvions obtenir des autos à 200 $ par mois plutôt qu'à 400 $, ce serait pas mal non plus, non? Non seulement pourrions-nous acheter notre voiture, mais nous disposerions également de 200 $ par mois pour aller au cinéma et s'offrir un bon repas. Eh bien, ce sera bientôt possible.

On apprenait récemment que Chrysler a signé un accord de partenariat avec le constructeur automobile chinois Chery Automobile. Il prévoit commercialiser dès 2008 une petite voiture fabriquée en Chine: la A1. Déjà vendu en Chine, ce modèle coûte 7 100 dollars, soit la moitié moins que le Dodge Caliber, la voiture la moins chère commercialisée par Chrysler.

Une pareille nouvelle n'a pas tardé à en faire sursauter plus d'un. Bien entendu, les travailleurs québécois et canadiens du secteur de l'automobile sont mécontents et inquiets. On peut comprendre pourquoi.

Pouvoir d'achat

Mais ce qui est surprenant, c'est que parmi ceux qui accepteraient volontiers le cadeau du père Noël, certains affirment qu'il faudrait limiter les importations de voitures chinoises, voire les interdire. Pourtant, la logique demeure la même. Qu'il s'agisse du cadeau du père Noël ou d'importations bon marché, vous et moi verrons notre pouvoir d'achat augmenter.

Il est d'ailleurs très ironique de constater que tous les groupes qui s'opposent à la mondialisation prétendent également se préoccuper du sort des moins bien nantis. Or, on ne peut simultanément chercher l'amélioration du niveau de vie des plus pauvres et réclamer des mesures protectionnistes. Fermer les frontières aux importations bon marché oblige les consommateurs à payer plus cher pour se procurer la production locale. Or, personne ne s'enrichit quand les prix augmentent!

Produits chinois très appréciés

On peut critiquer la production chinoise à bien des égards, mais elle permet à
beaucoup de consommateurs au budget limité d'obtenir certaines nécessités de la vie à prix modiques. D'ailleurs, à en juger par la popularité de Wal-Mart et de Dollarama, il est incontestable que les Québécois apprécient fortement les produits chinois.

Quand des travailleurs locaux réclament des mesures protectionnistes, ils ne pensent qu'à leur propre intérêt. Ils se fichent bien de savoir qu'une mère monoparentale pourra se procurer tous les effets scolaires dont ses enfants ont besoin grâce aux importations chinoises. Ils se cachent derrière le nationalisme économique pour obtenir de l'État qu'il les protège de la concurrence étrangère.

Or, la concurrence avantage toujours les consommateurs. Doit-on pénaliser des millions d'individus pour ne pas déplaire à une poignée de travailleurs?

J'entends d'ici certains rétorquer qu'il faut limiter les importations, car elles détruisent des emplois. Mais est-ce vraiment le cas?
À suivre…

* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
Nathalie Elgrably est économiste à l'Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques.


La mondialophobie
Le Journal de Montréal, p. 26 / Nathalie Elgrably, 09 août 2007


La semaine dernière, je prenais la défense des produits importés en les comparant à un cadeau du Père Noël, car ils permettent d’augmenter l’éventail de choix des consommateurs, ainsi que leur pouvoir d’achat.

Évidemment, les mondialophobes se fichent de savoir que notre dollar va plus loin grâce aux importations bon marché, et réclament inlassablement la « protection » de l’État. Mais une protection contre quoi? Contre la fraude, la violence ou l’oppression? Non! Ils veulent une protection contre les bas prix! Ils veulent limiter les importations, car elles causeraient des pertes d’emplois.
Si le Canada se met à importer des autos chinoises, des travailleurs locaux de l’industrie automobile pourraient, certes, être licenciés. Ces pertes d’emplois sont visibles et les médias s’empresseront de couvrir la nouvelle tant le mandat est simple à remplir. Les victimes se trouvent toutes au même endroit et il suffit de se poster avec un micro à la sortie de l’usine pour recueillir les témoignages des travailleurs. Conclure que les importations causent du chômage semble alors inévitable. Or, c’est tout le contraire.

Si les autos chinoises coûtent moins cher, le pouvoir d’achat des consommateurs augmente, et ils pourront acheter davantage d’autres biens. Ils iront plus souvent faire du ski, manger au restaurant ou relaxer dans les spas. Des emplois seront donc nécessairement créés dans d’autres secteurs de l’économie. Mais ce n’est pas tout.

Les autos chinoises n’apparaissent pas dans notre garage par l’opération du Saint-Esprit. Il faut des travailleurs pour étudier le marché québécois, commander les autos appropriées, les transporter jusqu’ici, et les vendre. Il faut concevoir et réaliser des publicités, et il faut des acteurs pour leur donner vie.
Créer des emplois

Et si le Québec compte davantage de véhicules en circulation, il faudra créer des emplois de mécaniciens, tandis que les entreprises qui fabriquent tous les produits disponibles dans le rayon « automobile » des grandes surfaces devront embaucher davantage de personnel pour pouvoir répondre à la hausse de la demande.

Si les importations détruisent certains emplois, elles ne sont donc pas pour autant source de chômage, car elles en créent également de nombreux autres. Mais les emplois créés ne sautent pas aux yeux et on ne verra jamais un journaliste faire un reportage sur un travailleur qui décroche un emploi grâce aux nouvelles opportunités générées par les importations chinoises!
Par contre, les mondialophobes galvaudent leur discours sur tant de tribunes que certains finissent par y croire. Pourtant, c’est un discours souvent entretenu par des producteurs ou des travailleurs qui, après avoir été protégés pendant des décennies grâce aux barrières commerciales, auraient à relever d’importants défis advenant l’ouverture des frontières.

Leur opposition aux produits chinois n’est ni altruiste ni noble. Elle est purement égoïste!

Le protectionnisme : une spoliation

On devrait évidemment aider de notre mieux les travailleurs licenciés en raison de la concurrence étrangère, mais on devrait catégoriquement refuser de concéder à une industrie des avantages dont le reste de la société fait les frais. Le protectionnisme est une spoliation exercée par quelques producteurs sur le reste de la population grâce à des mythes savamment entretenus.
Ouvrir les frontières n’est donc rien de plus que l’abolition de ces privilèges spoliateurs. C’est la victoire du « petit monde » sur les industries qui font payer à l’ensemble de la société leur peur de la concurrence étrangère.

C’est la victoire de ceux qui travaillent dur et qui en veulent plus pour leur argent. Est-ce une perspective si terrible que ça?

* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
Nathalie Elgrably est économiste à l'Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques.

22 août, 2007

Un système monétaire à revoir

André Dorais

Plusieurs individus et institutions financières ayant investi dans le marché hypothécaire à risque américain cherchent maintenant à en sortir. Dans le meilleur des cas, ils veulent mettre fin aux dettes qui s’accumulent, dans le pire, ils cherchent à éviter la faillite. Pour ce faire, ils vendent d’abord leurs investissements les plus liquides et les plus sûrs, soit les obligations gouvernementales et particulièrement les bons du trésor qui voient ainsi leurs prix baisser et leurs taux d’intérêt augmenter.

Étant donné que les gouvernements s’acharnent à contrôler les taux d’intérêt, comme ils s’acharnent à contrôler les prix, dès lors que les investisseurs vendent les dettes gouvernementales et conséquemment fassent monter leurs taux, les banques centrales en créent de nouvelles aussitôt pour ramener les taux là où ils étaient, c’est-à-dire bas. Pour les dirigeants des banques centrales et les riches financiers arrosés par elles, un «bon» taux est un taux bas. Cela incite les gens à investir et à consommer et selon les experts du gouvernement, la consommation est bonne pour l’«économie» (lire l’ensemble de la population).

Les banques centrales procèdent de l’une des deux façons suivantes : elles achètent des actifs des banques, plus souvent qu’autrement des bons du trésor, pour les revendre aux mêmes institutions une journée ou quelques journées plus tard. C’est la méthode qui a été utilisé ces derniers jours; elle équivaut à un prêt à court terme. Les banques peuvent ainsi rembourser certaines de leurs dettes accumulées suite à des investissements et des prêts qui ont mal tournés. L’autre façon de procéder est encore plus «généreuse» pour les banques, car elles reçoivent l’argent sans aucune obligation de leurs parts.

Inflation monétaire vs inflation des prix

L’inflation n’est pas une conséquence de ces pratiques, mais ces pratiques elles-mêmes. On doit réaliser que l’argent prêté par les banques centrales n’a pas été obtenu via les pouvoirs fiscaux, il est créé par elles. C’est du nouvel argent «injecté» dans l’économie, ou plus précisément, dans quelques institutions financières. Ce processus de création de monnaie ne s’arrête pas là. Il est amplifié par une réglementation qui permet à certaines institutions financières de prêter beaucoup plus d’argent qu’elles détiennent dans leurs coffres.

Créer de la monnaie ne crée pas de richesse, cela permet uniquement de se la procurer et de l’échanger plus facilement. Plus on ajoute de monnaie dans les marchés, plus les prix des biens tendent à augmenter. Toutefois, ils n’augmentent pas uniformément et il est même possible que certains produits et services voient leurs prix baisser étant donné qu’ils sont délaissés pour d’autres. Plusieurs facteurs, autre que l’inflation monétaire, agissent sur les prix, mais la plupart d’entre eux n’affectent que certains biens en particulier. À titre d’exemple, on peut mentionner les variations relatives à la productivité, au nombre de la population et à sa propension à épargner, aux aléas de la température, etc.

Les prix sont affectés à la hausse ou à la baisse selon les facteurs considérés. Ceux qui les affectent à la baisse, notamment une hausse de la productivité, contrebalancent partiellement la hausse généralisée des prix causée par l’inflation monétaire. Ces forces opposées peuvent se neutraliser dans plusieurs secteurs d’activités, mais elles ne s’éliminent pas. L’inflation monétaire et ses conséquences sur les prix demeurent malgré que plusieurs autres facteurs, non monétaires, puissent les neutraliser ou, à tout le moins, en réduire l’impact. Plus important encore à retenir, chaque individu est affecté différemment par l’inflation, car celle-ci ne se présente pas partout avec la même intensité et la consommation des gens varie d’un individu à l’autre. Personne n’est affecté par une moyenne calculée arbitrairement.

On croit généralement qu’une inflation des prix de 2% à 3% dans les pays développés, davantage dans les pays émergents, est raisonnable. Si ce n’était qu’une question de pourcentage, une inflation de cet ordre pourrait être qualifiée de raisonnable considérant que la production d’or, qui a servi de monnaie pendant des siècles, croît en moyenne à un peu moins de 2% par année, et cela, depuis plus de cent ans. Malheureusement, cette comparaison est invalide. Lorsque l’or servait de monnaie, l’inflation représentait une quantité accrue du métal mise en circulation. Aujourd’hui, lorsqu’on parle d’inflation, on ne réfère ni à une quantité, ni à une somme mise en circulation, mais à un ensemble de phénomènes dont l’inflation monétaire est un facteur important mais non unique. Ainsi, de par la définition contemporaine de l’inflation, on passe à côté de plusieurs réalités différentes tout en réduisant l’importance des conséquences de l’inflation monétaire. S’agit-il uniquement d’ignorance ou a-t-on redéfini le mal pour mieux le perpétuer?

Aux considérations précédentes on peut ajouter les suivantes : La plupart des indices d’inflation se concentrent sur les biens de consommation tout en excluant les produits dont les prix sont volatils (essence, gaz, nourriture, etc.). Ils excluent également la hausse des prix des titres boursiers, obligataires et immobiliers. Dans plusieurs pays, les agents du gouvernement réduisent les prix de certains produits pour les fins indicielles sous prétexte de tenir compte de leur qualité. Or, celle-ci est définie arbitrairement et se traduit par une baisse des prix n’ayant aucune contrepartie réelle. Une «erreur» dans la mesure n’en compense pas une autre dans la définition. (Pour d’autres exemples du genre, voir The Core Rate de Jim Puplava)

En somme, définir l’inflation comme étant une hausse moyenne des prix cache de nombreux phénomènes affectant l’action humaine dont l’inflation monétaire qui l’affecte négativement.

Les apologistes de l’inflation

Quand bien même on s’entendrait pour dire que les indices des prix à la consommation sont stables, il ne s’ensuit pas que l’inflation monétaire soit sans conséquence. Les gens sont affectés différemment par l’inflation, car ils ne consomment pas les mêmes choses. Étant donné que la monnaie voit le jour en des lieux précis, ceux et celles qui y travaillent sont avantagés par rapport aux autres, car ils se procurent biens et services à des prix qui tendent à augmenter avec le temps à cause de cet ajout de monnaie dans les marchés.

Il n’est donc pas surprenant de voir que certains représentants des milieux financiers implorent les banques centrales, à l’instar des groupes de pression qui implorent les gouvernements et des drogués qui implorent leurs fournisseurs, d'ajouter des liquidités sur le marché et de réduire le taux d’intérêt afin qu’eux-mêmes puissent multiplier le crédit dont ils sont les premiers bénéficiaires. Il est plus facile et plus rassurant d’attribuer sa réussite à son intelligence et à ses diplômes qu’à un système inique. Ce constat est d’autant plus difficile à réaliser que le système est légal et qu’il est appuyé par des gens en autorité dans les milieux législatifs, académiques et financiers.

Trois exemples succincts permettent d’illustrer cette difficulté. Alain Lambert, ancien ministre français délégué au budget, écrivait, le 11 août dernier : «…il est totalement inexact d’affirmer que ce sont 156 milliards d’euros qui ont été «déversés» sur le marché monétaire. En effet, ces opérations sont de court terme, et les sommes prêtées aux banques le 9 août ont été remboursées à la BCE [banque centrale européenne] le 10 août. L’opération de prêt (appel d’offre à taux variable) du 10 août… correspond de facto à un retrait d’une trentaine de milliards d’euros du marché.» Genèse d'une tempête: le subprime et la BCE

En somme, pour cet ancien ministre, il n’y a pas lieu de s’en faire car il s’agit d’un prêt en bonne et due forme. C’est oublier que ce prêt et tous les autres prêts similaires des banques centrales constituent de l’argent neuf qui n’a aucune raison de voir le jour si ce n’est que de sauver des spéculateurs qui ne le méritent pas. Certes, une inflation de courte durée, qui se présente sous forme de prêt à court terme, est moins dommageable qu’une autre plus soutenue, mais ni l’une ni l’autre ne devraient être permises, quand bien même ce ne serait que pour l’unique raison d’assumer la responsabilité de ses actes. Le processus gouvernemental de la refiler aux autres a plus à voir avec l’arnaque que la générosité.

Qu’il y ait des petits investisseurs qui écopent pour avoir mal évalué les risques dans lesquels ils se sont engagés est sans conteste, mais cela n’est pas une raison suffisante pour privilégier les uns au détriment de la vaste majorité de la population. De plus, il est inexact d’affirmer que ce prêt corresponde à un retrait de monnaie du marché, car plusieurs institutions ayant reçu une partie de cette somme ont pu la faire fructifier en la prêtant à d’autres. En d’autres mots, il ne suffit pas de dire qu’un prêt est remboursable avec intérêt à la banque centrale pour conclure à une somme moindre en circulation. Beaucoup de gens sont rapides pour faire et perdre du fric, car on leur en donne souvent.

Peter Morici, professeur d’économie à l’université du Maryland, aux États-Unis, écrivait, le 10 août dernier (traduction libre) : «La BCE a bien fait de renflouer les bilans des banques, mais sa façon déclamatoire de présenter cette aide a probablement apeuré davantage les marchés qu’elle les a calmés.» ECB, Fed Inject Cash to Ease Fears. Pour cet économiste et, à n’en pas douter, pour plusieurs autres, c’est correct de renflouer les banques avec de l’argent neuf, mais il ne faut pas le dire trop fort. La population, la masse qu’on doit garder dans l’ignorance, pourrait s’apercevoir qu’il y a quelque chose qui cloche. Seuls les initiés, professeurs spécialisés, riches financiers aux premières loges des banques centrales et ministres au pouvoir doivent savoir. Sinon, tout ce beau monde, qui a «réussi», perdrait ses avantages. À l’instar des religions, pour que ce système perdure, on doit s’assurer de trouver beaucoup de croyants.

John P. Hussman, un entrepreneur et gestionnaire de fonds d’investissement portant son nom, est le portrait type de l’homme brillant, excellent dans son domaine d’expertise, mais incapable de tirer toutes les conclusions de son analyse des récentes actions de la Fed (banque centrale américaine). Il commence son article en affirmant que l’action de la Fed ne constitue pas un sauvetage des banques en détresse. Quelques paragraphes plus loin, il introduit une condition en disant que son «impression» est que la Fed n’avait pas l’intention de sauver les banques de leurs investissements dans les créances hypothécaires qui ont mal tournés. C’est qu’au lieu des bons du trésor habituels mis en garantie par les banques, celles-ci ont pu soumettre à la Fed leurs créances hypothécaires (mortgage-back securities). Hussman ajoute (traduction libre): «la Fed devait permettre la soumission des créances hypothécaires étant donné que ce sont les actifs qu’elles détenaient, et c’est précisément le collatéral dont les banques ne trouvent plus preneurs.» Hardly a Bailout

Si un individu effectue un mauvais placement, il paye de sa poche. Si les banques font beaucoup de mauvais investissements, la banque centrale s’en occupe en créant de l’inflation payée indirectement par l’ensemble des individus. On doit rappeler que les banques centrales les encouragent fortement à prêter et à investir aveuglément en maintenant les taux bas et en les renflouant constamment. Hussman s’enfarge dans les détails pour sauvegarder un monde qu’il ne peut imaginer autrement. Il n’est pas le seul. Il a toujours vécu, comme la majorité du monde, avec une banque centrale. Ce n’est pas évident de remettre en question des institutions et des pratiques qui ont plusieurs décennies, voire des centaines d’années.

La Fed, au même titre que les autres banques centrales, cherche à sauvegarder son monopole sur la monnaie. Un des pires qui soit. Hussman termine son texte en en répétant le titre, soit qu’il ne s’agit pas vraiment d’un sauvetage des banques puisque les créances hypothécaires déjà en défaut de paiement sont beaucoup plus importantes que l’aide apportée par la Fed. Or, il ne s’agit pas de payer pour tous les pots cassés, mais d’en payer suffisamment pour redonner confiance aux investisseurs, car c’est sur elle que le système monétaire se fonde, à tort. Hussman est donc passé d’une affirmation à savoir que l’action de la Fed n’était pas une aide, a poursuivi en doutant que cela en soit une et a terminé en disant que c’en est une, mais petite.

Que cette aide soit qualifiée de petite ou grande, elle n’en demeure pas moins empoisonnée, car elle avantage certaines gens au détriment des autres. Si ce système inique perdure, c’est beaucoup grâce aux autorités législatives, académiques et financières dont on vient d’illustrer les propos. On critique facilement, voire trop facilement, les riches d’être riches, mais on critique beaucoup moins les représentants de l’ordre et du savoir qui ont mis en place ce système qui, s’il n’est pas frauduleux, n’en demeure pas moins injuste étant donné les privilèges injustifiés qu’il accorde aux uns au détriment des autres et aux nombreuses réalités qu’il cache. Certes, plusieurs plaideront l’ignorance, mais on ne peut pas toujours fuir les responsabilités sous ce prétexte. On ne doit pas attendre la catastrophe pour conclure à l’iniquité d’un système, il s’agit de comprendre comment il fonctionne, qui il avantage et à qui il nuit. Ce système doit être révisé, car il est injuste.

Espérons que ce n’est qu’un début

On a souvent l’impression que seuls les parasites, ceux qui vivent de l’argent des autres, monopolisent les grands médias. Les entrepreneurs et les travailleurs qui paient les impôts et les taxes pour faire vivre leurs familles et celles des parasites sont jugés peu intéressants par les médias « à spectacles ».

René Vézina, LesAffaires.com

Greenpeace frappe un mur nommé Chevrette

Il peut avoir l'air fendant, mais des fois, ça fait du bien.
Le président du conseil de l'industrie forestière du Québec, Guy Chevrette, a été cinglant en début de semaine quand il a décidé de contester l'analyse de Greenpeace sur les pratiques forestières au Québec. L'organisation écologiste visait en particulier trois entreprises : Abitibi-Consolidated, Bowater et Kruger.
C'est vrai que la forêt québécoise a été mal gérée pendant des décennies et que l'on s'est servi sans penser aux lendemains. Mais c'est tout aussi vrai que des progrès ont été accomplis, pas toujours avec empressement, mais quand même : nous n'en sommes plus à l'époque des méchantes compagnies qui se fichent de la ressource.
Mais dans certains milieux, et Greenpeace en est l'exemple type, rien n'a changé. Tout est encore blanc et noir. Et comme il faut attirer l'attention, on lance de gros boulets médiatiques an accusant encore ces méchants coupeurs d'arbres de tous les maux.
Souvent, ceux qui sont visés ferment les yeux et se rentrent la tête dans les épaules en attendant que le choc passe. Pas cette fois. Guy Chevrette n'a pas pris de temps pour monter aux barricades. Bernard Généreux, le président de l'Union des municipalités, aussi. Tout comme Sylvain Lessard, le directeur-général de la Fédération des coopératives forestières. Même le ministre Raymond Bachand s'en est mêlé.
Qui a tort ? qui a raison ? Vous en trouverez probablement des deux côtés. Ce qui fait du bien, c'est que le débat n'est plus unidimensionnel. Il arrive que des écologistes, malgré leurs nobles sentiments, se plantent dans leur vision du monde, souvent simpliste comme dans les films de cow-boys.
Voilà pourquoi il faisait bon de voir Guy Chevrette relever le menton et souligner les progrès dont Greenpeace ne parle pas. Évidemment, l'organisme veut frapper l'imagination et la tactique, c'est d'en rajouter. Dangeureux : si on veut faire avancer les choses, il faut éviter les gros raccouris. Les branches finnissent par nous écorcher la figure.

Posté le 22 août 2007 à 07:00 AM

20 août, 2007

Sondage et leadership

Verrons-nous un jour des politiciens qui influencent le résultat des sondages plutôt que des sondages qui influencent l’action des politiciens?

Le lundi 20 août 2007
LE SOLEIL - POINT DE VUE

Le leadership ne coûte rien
Hugo Lépine

Le dossier du Red Bull Air Race n'est qu'une manifestation supplémentaire de ce syndrome qui afflige si durement le Québec et tout particulièrement la Ville de Québec. Avoir du leadership n'implique rien financièrement pour l'administration municipale. C'est une question d'attitude, de savoir-être, de détermination et de personnalité.

Le leadership manque tristement chez les acteurs politiques traditionnels municipaux et provinciaux. Cela me semble très évident. Sinon, comment expliquer la tendance des politiciens de toujours vouloir s'en remettre à des commissions, des groupes de travail, des BAPE, des comités de ci et de ça, pour éviter de prendre des décisions et faire ce pourquoi les électeurs les ont élus. À chaque fois qu'un dossier corsé pointe à l'horizon, ils retraitent et se cachent derrière de grandes consultations sous prétexte de vouloir créer des consensus et faire croire aux gens qu'ils sont des rassembleurs désireux d'impliquer le citoyen au maximum dans la vie publique.

L'enjeu social des accommodements raisonnables a particulièrement marqué la vie québécoise dans les derniers mois. Les libéraux ont senti le tapis leur glisser sou le pied. Ils ont créé une commission d'enquête qui produira de beaux rapports bien cuits. Est-ce vraiment la Commission Johnson qui nous a appris que les routes du Québec étaient en mauvais état ? Pourtant, le gouvernement actuel se servira du rapport pour atténuer les critiques qui commencent à poindre à l'horizon sur le manque de planification des pouvoirs publics des trente dernières années. Que dire aussi de cette manie de faire appel continuellement aux tribunaux pour faire des choix de société importants. On élit des représentants aux différents niveaux de gouvernements pour faire des choix, prendre des décisions collectives, présenter le point de vue des différentes régions, comtés, villes et quartiers du pays.

Que risquait donc la Ville de Québec en signant une déclaration d'intérêt pour cet événement majeur attirant organisé par Red Bull et Nemex ? Qu'est-ce que ce serait pour le Maire de la Ville de se déplacer pour appuyer le promoteur du projet auprès des dirigeants de ce circuit ? Imaginez l'image et le signal donné aux investisseurs de pouvoir constater que le Maire de Québec s'implique et prête tout son poids à ceux et celles qui croient en Québec. J'appuie cette initiative comme j'appuierai tout autre projet qui permettra de dynamiser cette ville que nous adorons tous. Sortons des balises et osons. Et, de grâce, donnons-nous les moyens de nos ambitions en élisant des leaders aux commandes de nos gouvernements.

19 août, 2007

Les effets pervers de l’étatisme

La directrice de la garderie Coccinelle et les parents sont exaspérés par la lenteur des procédures pour déménager temporairement le jardin d'enfants, ravagé par les inondations de la rivière au Renard.

En effet, la situation donne de sérieux maux de tête aux parents qui n'ont pas de solution de rechange pour veiller sur leurs enfants
. (Source : Radio-Canada)
La directrice propose de déménager temporairement la garderie à la maison des jeunes située à proximité. Mais ce n’est pas si simple. La garderie étant subventionnée, elle ne peut rien faire sans obtenir au préalable l’autorisation du ministère. Mercredi, le 14 août 2007, le ministère l’a informé qu’il serait peut-être possible d’utiliser la maison des jeunes. Il propose d’inspecter les lieux mardi et si tout est conforme approuver la demande de déménagement jeudi prochain.

Voilà un bel exemple où on en arrive dans un état nounou qui réglemente tout ce qui bouge. Dans la vraie vie, une urgence requiert l’attention immédiate des responsables. Mais, pour les bureaucrates les urgences sont soumises à la disponibilité des fonctionnaires. Toutefois, ce qui est encore pire, c’est que les gens n’osent pas agir de leur propre chef, même lorsque la situation l’exige. C’est l’effet le plus pervers de l’étatisme.

17 août, 2007

Viaduc de la Concorde: La vraie tragédie c’est l’étatisme

L’effondrement du viaduc de La Concorde est maintenant un évènement connu de toute la population québécoise. La mort de quelqu’un est toujours une tragédie. La mort de plusieurs personnes due à l’incompétence de politiciens et de bureaucrates est une tragédie d’autant plus dramatique qu’elle pouvait être évitée. Nous devons à la mémoire des victimes et par respect pour leurs proches d’en tirer les leçons qui s’imposent.

Malgré une couverture médiatique impressionnante de l’évènement et des travaux de la commission d’enquête, les principaux médias ne semblent pas vouloir tirer les bonnes leçons de cette tragédie. Ils semblent plus enclins à entretenir le « spectacle » qu’à faire ressortir les vrais leçons nous permettant d’éviter des tragédies similaires dans le futur.

Selon moi, les principales leçons à tirer de cette tragédie sont :

  • L’effondrement d’un pont ou d’un viaduc est un évènement éminemment rare. Ça c’est une bonne nouvelle et il faut la diffuser. Malheureusement, les médias cherchent plutôt à laisser croire à la population que l’ensemble des ponts et viaducs du Québec sont sur le point de s’effondrer. Le gouvernement profite de l’occasion pour dépenser des millions en relation publique.
  • La peur est un phénomène qui bénéficie aux politiciens et aux grands médias. Les médias moussent les ventes avec de grands titres apocalyptiques. Les politiciens convoquent des conférences de presse à répétition pour expliquer qu’ils font tout pour protéger la population. C’est plutôt ironique, car le problème est la conséquence de l’incurie des politiciens que les médias dénoncent seulement après la catastrophe.


L’autre message qu’il faut véhiculer c’est que le gouvernement est incapable de fournir des services de qualités. Invariablement, les politiciens et les bureaucrates laissent croire à la population que le problème découle d’un manque d’argent. Chaque catastrophe est pour eux une occasion d’acquérir plus de pouvoir. Ils réclament à grands cris plus d’argent, plus d’inspecteurs, plus d’équipement, etc. Les groupes d’intérêts, susceptibles de bénéficier de cet apport inattendu d’argent, supportent avec enthousiasme les demandes du gouvernement. Pourtant, l’origine de la plupart des catastrophes peut être reliée à de mauvais choix politiques et/ou à l’incompétence des bureaucrates. Dans ce cas, donner plus de pouvoir aux politiciens et embaucher plus de bureaucrates ne peut qu’empirer la situation.

Il faut attendre que le rapport de la Commission d’enquête sur l’effondrement du viaduc de la Concorde, soit déposé auprès du gouvernement du Québec le 15 octobre 2007, pour savoir si cette fois il y aura des coupables. Malheureusement, il est probable qu’il servira seulement à démontrer que tous les intervenants ont agi de bonne foi et en respectant les règles en vigueur. Dans ce cas, l’enquête n’aura servi qu’à disculper le gouvernement et ses bureaucrates. Cette conclusion serait une tragédie encore plus grande que l’effondrement du viaduc. Elle confirmerait l’impunité totale face à l’incompétence et la négligence des politiciens et des bureaucrates.

16 août, 2007

La dure réalité

Malgré la croissance anémique de la productivité des entreprises québécoises, certains doutent encore de l’immobilisme relatif du Québec. C’est pourtant simple, si on avance moins rapidement que nos partenaires on devient le voisin pauvre.

Lamentable et catastrophique
Pierre Duhamel, L’actualité.com, 16 août 2007

J’étais secoué hier matin en prenant connaissance de l’étude de la Banque TD sur la productivité des entreprises canadiennes. C’est lamentable. De 2002 à 2006, la croissance annuelle moyenne de la productivité canadienne a été trois fois moins élevée que celle enregistrée aux États-Unis (3 % vs 1 %).

J’ai téléphoné aux économistes de la banque torontoise pour leur demander des données spécifiques pour le Québec. C’est catastrophique. Le Québec est au neuvième rang au Canada pour la croissance de la productivité entre 2002 et 2006. Pendant cette période, l’augmentation annuelle a été de 0,62 % au Québec. Notre productivité est presque cinq fois inférieure à celle des Américains et nettement inférieure à celles de tous nos voisins.

Je tiens à le préciser, la productivité n’est pas une question d’heures ou de jours travaillés. Il ne s’agit pas de savoir si on travaille plus ou moins longtemps. Cela n’a donc rien à voir avec les vacances, la paresse ou les semaines de travail allégées. Il s’agit essentiellement de la valeur de ce que nous produisons pendant que l’on travaille. Si on travaille mieux, de façon plus efficace et avec de meilleurs outils, on devrait produire davantage pendant nos heures de travail.

En fait, la situation canadienne s’est détériorée face à la grande majorité des pays industrialisés membres de l’OCDE où nous sommes passés du 3e rang en 1973 au 16e en 2006.

Certains malins vous diront qu’ils se fichent éperdument des comparaisons avec les Américains (sauf quand ça fait leur affaire). Le problème, c’est que la richesse du Québec dépend dans une proportion de 60% de ce nous vendons à l’extérieur de la province. Manifestement, notre compétitivité n’est pas à la hauteur et nous risquons de perdre des marchés.

Au palmarès des pays les plus prospères au monde, le Canada se trouve au dixième rang et le Québec occuperait la 21e position (PIB par habitant/parité du pouvoir d’achat). Devons-nous être fiers de l’une ou de l’autre position, ce sera toujours une question de valeurs et de jugement. À preuve, certains jubilent d’être au 21e rang et d’autres se plaignent d’être aussi loin que le dixième rang.

Pour moi, la question fondamentale est plutôt celle-ci : allons-nous conserver notre position au cours des prochaines années ? Allons-nous nous enrichir davantage comme société ou nous appauvrir ?

Hélas, il n’y a pas un indice prophétique qui peut répondre immédiatement à cette question. Mais les statistiques sont alarmantes.

15 août, 2007

Sommes-nous masochistes?

En général, les Québécois sont des consommateurs avisés et exigeants. Ils n’hésitent pas à abandonner un fournisseur incompétent en faveur d’un autre dont les services et les produits rencontrent leurs exigences. Par contre, s’il s’agit d’un produit ou un service fourni par un monopole d’état nous tolérons les pires abus sans même protester. Pourquoi?

Les inconvénients associés à une attente de quelques minutes au téléphone ou pour la disponibilité d’un commis dans une grande surface sont triviaux par rapport à ce que nous devons endurer lorsque nous achetons des services fournis par les gouvernements. Je dis bien « achetons » car le fait que ces services aient été payés d’avance par nos impôts et nos taxes ne change rien au fait que nous achetons ces services auprès d’un organisme gouvernemental. D’ailleurs, il est intéressant de noter que la loi empêche les entreprises privées d’exiger le paiement d’un service avant que celui-ci ait été rendu. Pourquoi cette loi ne s’applique-t-elle aux services gouvernementaux?

Pourquoi sommes-nous si exigeants envers un fournisseur soumis aux lois du marché et aussi tolérant envers des monopoles d’état inefficaces ?

Lorsque que nous achetons des services dans un marché compétitif nous avons le choix du fournisseur. Si Canadian Tire ne nous donne pas les services auxquels nous croyons avoir droits nous pouvons aller chez Rona ou ailleurs. Nous pouvons être exigeants puisque nous avons le choix du fournisseur. Notre niveau de tolérance est bas et nous n’hésitons pas à exiger des produits de qualité au meilleur prix.

Lorsque les services sont fournis par un monopole d’état nous devons accepter ce que les fonctionnaires veulent bien nous donner. Donc, nous acceptons que les services soient médiocres et chers parce que nous n’avons pas d’autres choix. En fait, nous réduisons inconsciemment nos exigences pour éviter une trop grande frustration. L’humour, parfois bien injuste, envers les fonctionnaires sert de soupape de sécurité pour éviter que l’accumulation de nos frustrations nous amène à poser des gestes disgracieux.

Malgré cette situation déplorable, si quelqu’un ose suggérer de mettre fin à un monopole d’état et de donner aux Québécois accès aux fournisseurs de leur choix il est immédiatement lapidé sur la place publique. Sommes-nous inconsciemment masochiste?

14 août, 2007

La religion écologique (1)

Voilà bien la preuve que l’écologie a été élevée au rang de religion. De tout temps les fondamentalistes religieux ont poussé leurs adeptes à l’hypocrisie. La religion écologique n’est pas une exception.

Hypocrisie verte
Le PDG masqué, Lesaffaires.com

Tiens tiens, le gouvernement considère une taxe de 20 cents sur les sacs d'épicerie. Décidément, on n'avance pas vite en matière d'environnement. On se contente de s'attaquer aux symboles plutôt qu'aux vrais problèmes.

Il y a quelques semaines, alors que j'emballais mes produits dans des sacs de plastique à l'épicerie, un client me houspille pour dénoncer mon comportement de pollueur. Pendant ce temps, son panier est rempli de petits jus... emballés individuellement qu'il compte mettre dans son sac de jute. Évidemment, aux yeux des clients IL est école et JE suis pollueur. Il serait temps de lâcher les sacs de plastique pour s'attaquer au contenu de ceux-ci qui pollue bien plus.
Les sacs de plastique et les automobiles, voilà à quoi se limite notre combat pour l'environnement. L'avion pollue 7 fois plus par kilomètre/passager que l'auto. Mais qui s'en soucie? Tapons plutôt sur les Hummer.

Habiter à la campagne et travailler en ville a l'air "vert"... même si vous voyagez en auto. Il suffit de cultiver des tomates bio et le tour est joué!

Comprenez-moi bien, il est urgent de s'occuper de l'environnement mais bon Dieu voyons plus loin que le bout de notre nez! Au lieu de taxer les sacs de plastique il faudrait exiger que ceux-ci soient transparent pour qu'on voit ce qu'il y a dedans... incluant les petits jus emballés individuellement!
Posté le 10 août 2007 à 10:49 AM


Éco-terrorisme

La plupart d'entre vous m'ont répondu qu'en matière d'environnement il faut bien commencer quelque part. Je persiste à dire qu'en se contentant de gestes associés au "paraître" on n'ira nulle part. Ainsi, je constate que plusieurs consommateurs qui vont à l'épicerie avec leurs sacs en jute sous le bras questionnent fort peu leurs habitudes de vie: la grosse maison mal isolée, la résidence secondaire, les vacances dans le Sud ou en Europe ou en Asie (trekking au Népal??)...

Ce sont souvent les mêmes personnes qui prennent la décision d'acheter un véhicule hybride mais qui ne se demandent jamais si elles devraient changer leurs fenêtres ou leur fournaise énergivore. Voilà ce que je veux dénoncer ( et aussi l'opportunisme gouvernemental en matière d'environnement, mais ça c'est une autre histoire on y reviendra à la rentrée parlementaire).

La petite paille fournie avec les jus en plastique (emballage de ladite paille inclus) contient autant de platique que ledit sac d'épicerie. Y avez-vous pensé? Et, tant qu'à y être, j'aimerais dénoncer le comportement agressif de certains terrosistes environnementaux qui utilisent des mots injurieux face à des comportements qui, il n'y a pas si longtemps, étaient jugés banals.

Pour terminer, monsieur Nguyen vous pourriez tout de même me donner un peu de mérite pour l'idée des sacs transparents...
Posté le 13 août 2007 à 15:05 PM

11 août, 2007

Compétition égale qualité

Les tenants du nivellement par le bas réclament à grands cris l’abolition de l’école privée. Ils argumentent que les fonds alloués aux écoles privées doivent être réservés au système d’école publique sous prétexte de mieux servir les moins nantis. Ils oublient sciemment de dire que le but premier est de protéger leurs acquis au détriment des moins nantis. Il faudrait plutôt que ces derniers aient les moyens d’accéder à l’école privée de leur choix. Il suffirait que le gouvernement offre les mêmes conditions de financement au privé et au public. Dans le système actuel, les écoles privées obtiennent seulement 60% du financement fourni aux écoles publiques. Aussi, les écoles privées doivent facturer les parents pour compenser le manque à gagner et par le fait même exclure les moins nantis. En échange, les écoles privées seraient tenues d’éliminer tout critère discriminatoire dans la sélection des élèves.

Le samedi 11 août 2007
Quelle égalité?
Guy Durand

Voici un extrait de «L'école privée, pour ou contre?», un essai publié aux Éditions La Presse qu'on trouvera en librairie la semaine prochaine.

L'auteur est théologien et juriste, spécialisé en éthique, professeur émérite de l'Université de Montréal.Le principe d'égalité est souvent servi comme argument pour s'opposer aux subventions faites au réseau privé, voire à l'existence même d'un système privé. L'argument prend ses racines dans les droits fondamentaux de la personne. Il a donc du poids, mais il ne doit pas être invoqué comme un mantra; il exige analyse, sens des nuances, contextualisation. Comme tous les droits fondamentaux d'ailleurs.

L'égalité, en effet, est une notion relative. L'égalité des êtres humains ne renvoie pas à une équation mathématique, mais à un rapport de proportionnalité. Dès la naissance, existent des inégalités: génétiques, économiques, sociales, intellectuelles. La vie en reste remplie: certaines sont inévitables, d'autres peuvent être atténuées, d'autres enfin doivent être combattues.

L'égalité n'est donc pas un fait - à moins de se limiter à son fondement philosophique, métaphysique -; elle est un objectif que la société se donne, une sorte d'utopie directrice, un principe de discernement et d'action. Il y a, en effet, une égalité formelle (nous sommes tous égaux en droit) et l'égalité réelle à aménager de manière positive et réaliste. Appliquons l'analyse à l'école en distinguant divers aspects de l'égalité: égalité d'accès, égalité de résultat, égalité de traitement, égalité des chances.

1. L'"égalité d'accès" signifie que chacun peut fréquenter l'école, accéder à l'instruction, sans y être empêché à cause de son sexe, son ethnie, sa religion, sa condition socio-économique. Très bien. Mais ce principe n'exige pas d'avoir accès à n'importe quelle école à projet particulier, ni l'accès à certaines études si l'on n'en a pas les capacités intellectuelles.

2. L'"égalité de résultat", comme le mot l'indique, demande que tout le monde atteigne le même résultat: par exemple, le même diplôme secondaire dans le même laps de temps. En plus d'être une illusion, cet objectif comporte deux risques majeurs pour les jeunes: d'une part, ne pas répondre aux goûts, intérêts, capacités et cheminement particulier de chacun et, d'autre part, diminuer les exigences scolaires, comme l'allègement des contenus, la normalisation des résultats, le refus du redoublement. Et si on pousse plus loin, cela conduirait à supprimer les arts, le sport, la musique, parce que tous ne peuvent arriver au même résultat. Le rejet de cette forme d'égalité justifie que l'école fixe des objectifs à chaque niveau et mesure les acquis, même si on sait que certains élèves ne réussiront pas, que la majorité atteindra le minimum requis et que d'autres dépasseront les attentes.

3. L'"égalité de traitement", au sens strict, signifie de traiter tout le monde de la même façon: de donner la même chose à chacun (locaux, matériel pédagogique, enseignants) et suivre avec tous le même programme (activités, démarches). Il y a là une idée intéressante, mais biaisée parce que les besoins, les capacités, les intérêts et les goûts des élèves ne sont pas les mêmes. Aussi le respect de chacun et le sens de l'équité demandent-ils plutôt que l'on traite chacun différemment. C'est ce qu'on entend généralement par l'égalité des chances.

4. L'"égalité des chances", en effet, signifie que chacun soit traité selon ses besoins, que personne ne soit empêché de faire ce dont il est capable, que tous puissent aller au bout de leurs talents, capacités et goûts. Cet objectif exige une pluralité de voies au plan scolaire, une pluralité de programmes, voire d'écoles (publiques ou privées). Il requiert aussi, pour être réaliste et contrer certains effets systémiques, de donner davantage à ceux qui ont plus de besoins, d'apporter un soutien spécial aux plus faibles, aux plus démunis et, notamment, aux écoles en milieux défavorisés.

La véritable égalité

L'objectif d'égalité ne demande pas de supprimer toute sélection basée sur le mérite: celui-ci est souvent la seule façon de contrer les privilèges d'argent et de statut social. Plusieurs "grands lycées" en France sont sélectifs et constituent un stimulant important pour les jeunes, en plus d'être une pépinière de futurs agents du développement du pays.

Supprime-t-on d'ailleurs les olympiques parce que tous les aspirants ne peuvent y accéder? L'inégalité, ce n'est pas qu'une école internationale (publique ou privée) ne reçoive que les plus forts intellectuellement, mais que seuls les riches y aient accès ou que les concours soient truqués.

Aussi, paradoxalement, la véritable égalité demanderait que ceux qui réussissent le concours reçoivent l'aide financière dont ils ont besoin, soit directement par des bourses ou bons d'étude (il faudrait analyser la faisabilité de la chose), soit indirectement par des subventions gouvernementales versées à l'établissement (c'est le cas actuel), soit par un crédit d'impôt accordé aux parents (mais cette solution ne bénéficie pas à ceux qui ne paient pas d'impôts, c'est-à-dire les plus démunis).

L'"égalité des chances" n'exige pas, enfin, d'éliminer toute émulation et compétition, même si ces mots connotent souvent l'idée de rivalité ou de jalousie. Il existe une saine émulation qui donne du ressort et de l'ardeur à la tâche. Ce qu'il faut, c'est que l'école offre de l'émulation dans divers champs d'activités et que le jeune soit conscient qu'il peut être fier de lui et mériter l'admiration pour d'autres talents qu'intellectuels, par exemple, en musique, en théâtre, dans les arts, le sport ou la technologie. C'est pourquoi la diversité constitue une exigence d'éthique sociale en plus d'être une richesse pour la société.

Loin de s'opposer à l'existence d'écoles privées, l'objectif d'égalité demande plutôt de n'en pas limiter l'accès à une seule catégorie d'enfants ou de ne pas faire en sorte que les seuls enfants de riches puissent y accéder. (...)

10 août, 2007

Le miracle irlandais

De plus en plus, les pays européens étudient le modèle irlandais pour trouver des moyens de sortir leurs économies de l’immobilisme. Depuis toujours, l’Irlande était perçue comme le vaurien de l’Europe. En moins de vingt ans, des politiciens compétents et responsables ont fait passer l’Irlande du peloton de queue au peloton de tête.

Le Québec, encore plus que l’Irlande, grâce à ses richesses naturelles et sa position géographique privilégiée, possède tous les atouts nécessaires pour passer du peloton de queue au peloton de tête. Malheureusement, il nous manque des politiciens compétents et responsables.

Dans le texte qui suit, Nicolas de Pape compare la Belgique à l’Irlande et tire les leçons qui s’imposent. Ses conclusions sont en tout point applicable à la situation québécoise.

Le modèle irlandais

Nicolas de Pape
chargé de communication, licencié en sciences commerciales et financière;
Eric Verhulst, PaulVreymans, WillyDe Wit www.WorkForAll.org

A-t-on vraiment tout essayé en matière de chômage? En 18 ans, grâce notamment à une baisse des impôts directs, l'Irlande a diminué sa dette publique par trois, triplé le taux d'emploi et… le montant des allocations familiales.

Lorsqu'on parle du «modèle Européen» et particulièrement du «modèle social» européen, on devrait plutôt évoquer «les» modèles, tant coexistent au sein de l'Union européenne une multitude de régimes fiscaux et sociaux. A ce titre, on est littéralement stupéfait par les écarts d'efficience (croissance économique, chômage, etc.) entre les Etats membres. Sous ces deux aspects, on retrouve invariablement dans le peloton de tête l'Irlande, le Luxembourg, le Portugal, l'Espagne, la Norvège et la Grande-Bretagne. Les facteurs favorisant la croissance économique sont connus de la science économique.

Au premier rang de ceux-ci, on retrouve la pression fiscale, surtout sur le travail. Gwartney, Laffer et Armey ont démontré la relation inversement proportionnelle entre la charge fiscale et la croissance économique en analysant, sur une longue période, les écarts de croissance économique dans les pays de l'OCDE. Ils ont observé que dans les pays où les dépenses publiques sont inférieures à 25% du PIB, la richesse progressait de 6,6% et pour moins de 1,6% dans les pays grevés de dépenses publiques supérieures à 60%. La même constatation vaut pour les pays de l'UE. D'autres facteurs expliquent bien entendu la croissance économique: la pyramide des âges, le niveau d'éducation, le taux d'épargne, le taux d'intérêt, la proportion entre impôts direct et indirect, etc. Mais deux facteurs principaux sont corrélés à une croissance économique faible (et donc à une faible création d'emploi): des dépenses publiques excessives et une structure fiscale démotivante. En revanche, les baisses de taux d'intérêt et les déficits budgétaires (techniques keynésiennes) n'ont qu'un faible impact sur la croissance.

L'explication de ce phénomène n'est ni politique ni sociale: une économie est plus compétitive qu'une autre parce qu'elle est globalement plus efficace qu'une autre. La valeur ajoutée est produite à l'origine dans le secteur privé. Même si l'Etat redistribue ensuite cette valeur ajoutée, le plus souvent, c'est l'administration qui s'en charge au travers d'une réglementation complexe et inefficace.

L'objectif n'est pas ici de se faire le chantre d'un modèle plutôt que d'un autre. Il s'agit plutôt d'analyser, dans un contexte de stagnation structurelle wallonne et à la lumière de ce qui précède, les performances comparées de l'Irlande et de la Belgique.

En 1985, la situation économique irlandaise est désastreuse: produit national inférieur à la moyenne européenne (65% du niveau belge), chômage de 17%, déficits budgétaires excessifs, faible taux de croissance. L'Irlande a le statut peu enviable de «second pays le plus pauvre d'Europe» derrière la Grèce. En une demi-génération, elle a obtenu le statut stupéfiant de second plus riche.Comment ceci a-t-il été possible? Jusqu'en 1985, Belgique et Irlande mènent des politiques «keynésiennes» comparables: dérapage de la dette publique, augmentation continue de la charge fiscale moyenne.

Résultat: la création d'emplois et la croissance économique évoluent assez semblablement et de façon médiocre. En 1985, l'Irlande change radicalement de cap: en trois ans, elle réduit ses dépenses publiques de 20% en supprimant le superflu. La charge fiscale se voit réduite d'un tiers. Résultat: une croissance explosive de 5,6% entre 1985 et 2002 contre 1,9% en Belgique, pays qui connaît aujourd'hui un poids du secteur public d'environ 50% du PIB contre 35,2% en Irlande. Le citoyen irlandais voit son revenu disponible multiplié par 3,5. Pendant la même période (1985-2002), l'Irlande crée 31% d'emplois nouveaux contre à peine 7,6% en Belgique et même 106% dans les services (15,8% en Belgique).

Dans le même temps, l'emploi industriel (dont le déclin est considéré en Belgique comme «inévitable») croît de 32% (-30% en Belgique). Le taux de chômage est maintenant de 4,59% de la population active contre 17% vingt ans plus tôt. La Belgique affiche un taux de 8% (officieusement, le chiffre réel est plutôt de 15 %). La dette publique irlandaise, vertigineuse (111% du PNB en 1986, 124% en Belgique) a fondu. Elle n'est plus que de 30% du PNB en 2002 (98% en Belgique). L'intérêt de la dette publique, lui, chute à 0,1% du PNB (4,7% chez nous).

Tout cela n'a-t-il profité qu'aux riches? Pas le moins du monde: les moyens mis à disposition de l'Etat, vu la fonte de la dette publique et grâce à l'augmentation des recettes fiscales due à l'augmentation de l'activité économique, ont crû en conséquence. Les dépenses sociales ont augmenté de 118% pour seulement 43% en Belgique. Les allocations familiales ont triplé. L'Irlande est dans le top des classements consacrés à la qualité de vie et au bien-être . Seule ombre au tableau: on constate une surchauffe au niveau de la consommation. Les citoyens irlandais dépensent énormément au détriment d'un endettement parfois conséquent. Le coût de la vie s'en ressent.

Et l'on perçoit également une crise du logement. Les enseignements de cette comparaison sont les suivants:

1) Les baisses importantes d'impôt direct n'entraînent pas de baisse des recettes fiscales globales en raison de la poussée de croissance qui s'en suit et du rattrapage via les recettes de TVA taxant la consommation renouvelée;

2) Une politique de réduction des dépenses publiques n'empêche pas forcément une politique sociale volontariste étant donné la diminution du chômage et l'augmentation des recettes fiscales et sociales, conséquence d'une croissance économique forte; les politiques de baisse de charge ne profitent pas qu'aux riches.

3) Les politiques «keynésiennes» traditionnelles de relance économique (baisse des taux d'intérêt, déficit budgétaire et investissement public massif) ne sont pas efficaces, surtout dans le contexte économique de l'Europe actuelle.

Il est donc temps d'analyser, sans a priori idéologiques, les résultats obtenus par nos voisins européens. Qu'ils soient «libéraux» (Irlande, Grande-Bretagne, Espagne) ou «welfare» (Suède, Danemark), ils semblent tous mieux performer en termes d'emplois et de croissance. Cessons de pérorer sur «l'impossibilité d'appliquer tel ou tel modèle» chez nous.

Cessons aussi de diaboliser telle ou telle philosophie économique, tel ou tel penseur. La gauche n'a pas le monopole du coeur. Les libéraux ne roulent pas tous pour les nantis. La couleur du chat n'a pas d'importance pourvu qu'il attrape la souris, dit-on en Chine. Une dictature communiste qui s'est transformée en une nation économique forte en moins de vingt ans, intégrant— non sans mal, certes — 300 millions de pauvres dans le tissu économique. Plus près de chez nous, à peine 10 ans après la séparation de sa soeur tchèque, la Slovaquie, qui était le maillon faible de l'Union tchécoslovaque, a adopté une politique de «flat tax». Ce pays est aujourd'hui le plus grand assembleur de voitures en Europe, dépassant la Belgique, où ce secteur est en difficulté en raison d'une fiscalité salariale trop forte. Un exemple à suivre?

09 août, 2007

Au Québec l’essence coûte plus chère

L’intervention des gouvernements dans le processus de libre marché est toujours plus nuisible qu’utile. À la fin, ce sont les consommateurs qui paient pour les services rendus aux groupes d’intérêts par les politiciens.

Le Québec est probablement le seul pays au monde qui impose à ses citoyens un prix minimum à la pompe. Le prix minimum imposé par le gouvernement assure les automobilistes québécois qu’ils ne bénéficieront jamais des meilleurs prix obtenus dans un marché compétitif.

L’expérience démontre que la réglementation des prix (plancher ou plafond) a pour effet d’augmenter les prix à la consommation. Mais cela importe peu, car les groupes d’intérêts, en l’occurrence les distributeurs indépendants, ont plus de poids aux yeux des politiciens que les consommateurs. (Voir le texte La comptabilité politique).

Si le ministre Béchard voulait vraiment défendre les intérêts des automobilistes comme il le prétend, il éliminerait la loi sur les prix minimum estimés (PME). Les beaux discours et le déchirage de chemises sur la place publique ne servent qu’à attirer l’attention des médias et à impressionner les spectateurs. Cela n’a aucun effet à la baisse sur le prix de l’essence à la pompe.

Le graphique qui suit démontre bien que le prix de l’essence à la pompe suit une courbe parallèle au prix minimum à la rampe de chargement sans jamais baisser sous la courbe des prix minimum estimés.


08 août, 2007

C’est pourtant pas difficile à comprendre!

Le Québec compte trois fois moins de millionnaires par 100 000 habitants (environ 2,7) que l’Irlande (environ 8,25). Pourtant, il y a vingt ans c’était tout le contraire. Qu’est-ce qui s’est passé? Serait-ce que pendant cette période le gouvernement québécois a graduellement restreint les libertés économiques alors qu’en Irlande le gouvernement promulguait des politiques favorables à la croissance économique?

René Vézina, Lesaffaires.com

Le tigre irlandais, la souris canadienne

Il y a à peine 20 ans. l'Irlande était toujours considérée comme le pays du désespoir en Europe. Son principal produit d'immigration était... les Irlandais, qui continuaient de quitter leur île pour aller mieux vivre ailleurs. De fait, le pays compte encore aujourd'hui moins d'habitants qu'en 1850.

Mais le vent a tourné. Les gens ne partent plus. Ils reviennent. Et ils s'enrichissent rapidement.

Une dépêche de l'Agence France Presse vient de nous apprendre que l'Irlande compte 33 000 millionaires. Pour un pays d'à peine 4 millions d'habitants, c'est beaucoup. Si on compare aux pays du G8, seul le Japon fait mieux, per capita. L'Irlande devance même les États-Unis. Le Canada ? Bon dernier dans le groupe du G8.

Ce n'est pas la seule mesure, mais il est évident que la proportion de gens fortunés traduit la prospérité d'un pays. Que s'est-il passé pour que la misérable Irlande devienne soudainement riche ? On a décidé, là-bas, d'attirer l'investissement privé étranger. Comment ? En sabrant dans les taxes et impôts aux entreprises, lesquelles ont massivement accepté le marché. Le siège social de Google Europe est à Dublin. Intel y a construit sa plus grosse usine hors des États-Unis. Et ces entreprises versent de bons salaires, à des gens qui se font construire des maisons, en engageant des entrepreneurs, et tourne la roue tourne...

Pensez-vous que nos gouvernements, ici, auraient l'audace de faire pareil ? C'est vrai que l'argent ne fait pas (automatiquement) le bonheur, mais le mot d'Yvon Deschamps demeure toujours de circonstance : « Mieux vaut être riche et en santé que pauvre et malade »...
Posté le 2 août 2007 à 07:33 AM

07 août, 2007

Ineptie, bêtises, sottises, âneries, ...

Voilà un bel exemple de l’ineptie de nos gouvernements. Pourquoi devons-nous travailler six mois par année pour financer de telles idioties?

Accoucher d'une souris
Le Journal de Montréal, p. 22 / Nathalie Elgrably, 26 juillet 2007

Lorsque la commission Johnson déposera son rapport final le 15 octobre prochain, elle aura coûté environ 5 millions aux contribuables. Pour apprendre quoi? Pierre Marc Johnson a récemment annoncé que le rapport se penchera sur la conception, la construction et l'entretien du viaduc.

Le rapport se limitera donc aux aspects strictement techniques de l’effondrement : la piètre qualité du béton, le mauvais positionnement de l'acier d'armature dans le porte-à-faux, les vices de conception, et l’entretien déficient.

Ce travail d’analyse permettra certainement d’instruire les experts du ministère des Transports, mais une commission d’enquête présidée par un commissaire payé 245 $ l’heure n’aurait pas dû être nécessaire pour produire ce type de renseignement!

Sur son site internet, le MTQ affirme que sa mission est d'«assurer, sur tout le territoire, la mobilité des personnes et des marchandises par des systèmes de transport efficaces et sécuritaires». Il déclare également s'engager à «gérer de façon compétente et innovatrice les réseaux dont il a la responsabilité directe».

Décortiquer tous les aspects techniques du réseau routier est donc une tâche qui incombe au MTQ. Les contribuables versent d’ailleurs près de 2 milliards par année à ce ministère pour qu’il accomplisse sa mission.

Malgré tout, nous devons dépenser 5 millions supplémentaires pour qu’une tierce partie effectue le travail qui incombait au MTQ et qu’il a négligé depuis des années. De toute évidence, le contribuable n’en a pas eu pour ses impôts. Mais là, rien de nouveau!

Noyer le poisson

Il est encore plus troublant de constater qu’il aura fallu près d’un an pour que la Commission nous dise ce que nous savons tous depuis longtemps, à savoir que le réseau routier manque d’entretien. Quelle révélation!

Et comme si accoucher d’une souris était insuffisant, la Commission tente de noyer le poisson. Elle se perd dans les détails techniques de l’effondrement du viaduc, mais elle se garde bien de répondre à la seule question qui mérite d’être posée : pourquoi avons-nous des routes tiers-mondistes?

Il m’importe peu de savoir que le béton était de mauvaise qualité. Je veux plutôt comprendre pourquoi le MTQ n’a pas identifié le problème plus tôt, et pourquoi il n’a pas pris les mesures appropriées au moment opportun.

Les victimes de la tragédie ont été trahies par le MTQ. Nous ne devons pas nous contenter d’explications techniques qui ne visent qu’à faire dévier notre attention des véritables questions. Pour 5 millions de dollars, est-ce exagéré que de demander pourquoi il y a eu négligence criminelle?
Ignorer le fait

Si personne ne pose cette question, c’est probablement pour ne pas entendre la réponse. On préfère ignorer le fait que l'effondrement du viaduc est le résultat d’un modèle qui a fait banqueroute. Et on tente d’occulter le fait que la tragédie est emblématique d'une société qui préfère compter sur l'État plutôt que d'assumer ses responsabilités.

Nous demandons le gel des frais de scolarité, l'universalité des soins de santé, les garderies à 7 $, l'assurance médicaments, l'équité salariale, les congés parentaux, le financement des festivals, le soutien aux agriculteurs, le BS corporatif, etc.

Or, dans un contexte où le fardeau fiscal ne peut plus être augmenté, il fallait s’attendre à ce que l’État néglige certaines de ses responsabilités.

L’effondrement du viaduc est le prix à payer pour entretenir un modèle où l’État dilapide ses fonds pour financer des programmes populistes de tout acabit. Mais ça, la Commission Johnson n’osera jamais le dire!

* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
Nathalie Elgrably est économiste à l'Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques

06 août, 2007

Les crimes gouvernementaux

Au Québec, des centaines de personnes sont victimes de l’incompétence ou encore pire, de la négligence des politiciens et des bureaucrates. Des dizaines de personnes en meurent, des milliers d’autres voient leurs vies et celles de leurs proches basculées à tout jamais.

Les Québécois s’indignent, avec raison, devant les peines peu sévères infligées aux criminels. On a parfois l’impression qu’ils ont tous les droits alors que les honnêtes citoyens n’ont que des obligations. Par contre, les Québécois acceptent sans rechigner l’impunité quasi totale des politiciens et bureaucrates. Pourquoi?

René Vézina

On joue à l'autruche et les ponts tombent

« Il suffit de mentionner l'état des infrastructures, au Québec comme en Amérique du Nord, pour donner des maux de tête aux gestionnaires publics. Plusieurs d'entre eux n'hésitent pas à parler de délabrement ».

Ces mots sont tirés d'un texte que j'ai écrit... il y a 15 mois, en mai 2006. Je n'ai pas de mérite, puisque je faisais état de discussions dans le cadre d'un important congrès tenu à Montréal, celui de la GFOA. Plus de 8 000 personnes actives dans la gestion des finances publiques aux États-Unis et au Canada faisaient le point et surtout, essayaient d'étirer les dollars. Parce que sauf exception, toutes les administrations publiques manquent d'argent. Mais ces participants mettaient quand même les dirigeants gouvernementaux en garde : à ne rien faire, on risque le désastre, avertissaient-ils.

Depuis, il y a eu le viaduc de la Concorde et le pont de Minneapolis, parmi d'autres. Ce ne sont pas les premiers et ce ne seront pas les derniers. La facture, elle, ne cesse d'augmenter.

Pour le Canada, des analystes de la Banque TD avançaient le chiffre de 125 milliards $. Et ça ne paraît pas exagéré. Le problème, c'est que s'il est payant, électoralement, de construire des ponts ou des autoroutes, ce l'est pas mal moins de payer pour les entretenir. Il n'y a pas de photos avec un ruban à couper à ce moment-là. Donc, on est moins porté sur l'entretien, et le problème est pelleté dans la cour de l'administration suivante.

Des solutions ? Vous ne les aimerez pas toutes. La plus évidente, disent ces experts, c'est de miser sur la formule de l'utilisateur-payeur : en français, ça signifie des péages. On parle aussi de donner plus de responsabilités au fédéral (qui a de l'argent, lui), et aussi de recourir aux fameux PPP, mais seulement si on peut s'assurer de réduire ainsi les coûts.

De toute façon, nous avons trop longtemps commodément fermé les yeux sur ce délabrement. Les drames récents montrent que ce n'était pas sage. Jouer à l'autruche ne mène nulle part. Il va falloir sortir le chéquier.

Posté le 3 août 2007 à 15:21 PM

03 août, 2007

Le système de santé, un monstre insatiable

Il y a encore beaucoup de Québécois qui croient qu’il est possible de sauver le système de santé. Ils sont convaincus que les difficultés du système découlent d’un manque d’argent ou sont dues à des gestionnaires incompétents. Pourtant, malgré les multiples réorganisations et les milliards additionnels, les intervenants du milieu, filmés par Tahani Rached en 1998, confirment que la situation s’est détériorée depuis dix ans.

Il n’y a pas de solutions miracles. Il faut détruire le monstre bureaucratique qui absorbe l’énergie vitale des professionnels de la santé. L’argent additionnelle alloué au système de santé depuis les quatre ou cinq dernières années n’a servi qu’à engraisser la bureaucratie au détriment des intervenants du milieu et des malades.

Le dimanche 08 juil 2007
Urgences, le film
Ariane Krol

En 1998, la cinéaste Tahani Rached a passé un mois à filmer le travail des infirmières de soir à l'urgence de l'hôpital Pierre-Boucher, à Longueuil. Le documentaire, intitulé Urgence! Deuxième souffle, repasse demain soir à TV5. À première vue, rien n'a changé en 10 ans. Mais les infirmières que nous avons contactées sont catégoriques: c'est pire.

L'attente de trois ou quatre heures qui les inquiétait déjà à l'époque atteint aujourd'hui sept à neuf heures. Vous ne trouvez pas normal d'arriver à l'urgence à 16h et d'y être encore à minuit? L'infirmière qui vous a accueilli au début de son quart et qui vous voit encore sur votre chaise en partant non plus. Elle a beau savoir que ce n'est pas sa faute s'il manque de personnel, de lits et même de matériel, elle est inquiète. «Souvent, on rappelle à 1h du matin pour demander à une collègue de vérifier quelque chose», nous a raconté Louise Lemay.

On réalise, en voyant le documentaire, à quel point le débordement chronique de l'urgence mine ceux qui y travaillent. «À 20 ans, je pensais que ça allait s'améliorer. Ça ne s'améliore pas. Le poids de la responsabilité augmente parce qu'il manque de personnel», résume Line Lafrenière. Elles ne vous en parleront pas en prenant votre pression, mais elles savent que le rythme effréné accroît le risque d'erreur médicale. Le poste le plus stressant? Le triage, là où on priorise les patients selon la gravité de leur cas. Celles qui y travaillent ne sont pas vraiment mieux payées et pourtant, c'est elles qu'on pointe du doigt lorsqu'un patient meurt après que son état ait été mal évalué.

Nous savions que le système était tenu à bout de bras par ses professionnels. Nous avons constaté, en retraçant les protagonistes du film, à quel point ce fragile équilibre est en train de s'effriter. On y voit l'urgentologue Claude Rivard, dont tous les médias ont parlé il y a quelques semaines lorsqu'il a démissionné de guerre lasse. Seulement quelques infirmières, dont la passionnée Marie-Jeanne, font encore partie de l'équipe de soir. Certaines travaillent de jour, plusieurs ont quitté les urgences. L'une a pris sa retraite, un autre est allé en salle d'op après un détour par le privé et la plus jeune, Line Lafrenière, a quitté la profession. Même Louise Lemay, qu'on n'aurait pas imaginée ailleurs, en a eu assez. Elle est maintenant aux soins intensifs. Comme les infirmières chevronnées ne veulent pas aller à l'urgence, celles qui partent sont remplacées par des jeunes et des employées d'agence, moins expérimentées ou moins familières avec les lieux. Rien ne garantit qu'elles y seront encore dans cinq ans!

Une chose en fait a changé. Au moment du tournage, les hôpitaux venaient d'abolir des centaines de postes d'infirmières. Aujourd'hui, ils en ont des dizaines qu'ils n'arrivent pas à combler. On comprend pourquoi. Comme les médecins, les gens qui oeuvrent dans le secteur des services et beaucoup d'autres travailleurs, les infirmières ne bossent pas seulement pour un chèque de paie. Elles carburent aussi à la satisfaction du travail bien fait, un sentiment intangible mais bien réel dont le patient est le premier bénéficiaire. Tant que le système de santé laissera les conditions de pratique se détériorer dans les hôpitaux, il aura du mal à recruter.

02 août, 2007

Le nouveau PQ

Le nouveau PQ de Pauline Marois s’est engagé à promouvoir la « création de richesse » pour sortir le Québec de l’immobilisme des derniers vingt ans. Cette profession de foi implique qu’un futur gouvernement péquiste serait moins interventionniste que les gouvernements passés. Malheureusement, Mme Marois ne semble pas avoir été entendu par les députés du PQ.

Dans un communiqué de presse émis le 11 juillet 2007, le député Stéphane Bergeron déclare : «S’il est normal qu’un État souhaite diversifier ses sources d’énergie, il est cependant de sa responsabilité, et non de celle de promoteurs privés, de connaître ses propres besoins en énergie, de proposer une vision globale de son développement et de s’assurer de la sécurité des populations».

Il est vrai que l’état doit assurer la sécurité des populations. D’ailleurs, c’est le seul rôle utile que l’état peut jouer. Pour le reste, les gouvernements interventionnistes qui se succèdent à Québec depuis trente ans ont clairement démontré leur incapacité d’agir efficacement pour influencer les lois du marché. C’est tout le contraire. Chacune de leur intervention limite un peu plus les libertés économiques et nuit à la « création de richesse ».

Le vieux réflexe interventionniste du PQ est bien vivant. Comme le dit un vieux dicton « Chassez le naturel et il revient aux galops ». Il est urgent que Mme Marois inscrive tous les députés du PQ à un cours « Économie 101 ».