André Dorais
Plusieurs individus et institutions financières ayant investi dans le marché hypothécaire à risque américain cherchent maintenant à en sortir. Dans le meilleur des cas, ils veulent mettre fin aux dettes qui s’accumulent, dans le pire, ils cherchent à éviter la faillite. Pour ce faire, ils vendent d’abord leurs investissements les plus liquides et les plus sûrs, soit les obligations gouvernementales et particulièrement les bons du trésor qui voient ainsi leurs prix baisser et leurs taux d’intérêt augmenter.
Étant donné que les gouvernements s’acharnent à contrôler les taux d’intérêt, comme ils s’acharnent à contrôler les prix, dès lors que les investisseurs vendent les dettes gouvernementales et conséquemment fassent monter leurs taux, les banques centrales en créent de nouvelles aussitôt pour ramener les taux là où ils étaient, c’est-à-dire bas. Pour les dirigeants des banques centrales et les riches financiers arrosés par elles, un «bon» taux est un taux bas. Cela incite les gens à investir et à consommer et selon les experts du gouvernement, la consommation est bonne pour l’«économie» (lire l’ensemble de la population).
Les banques centrales procèdent de l’une des deux façons suivantes : elles achètent des actifs des banques, plus souvent qu’autrement des bons du trésor, pour les revendre aux mêmes institutions une journée ou quelques journées plus tard. C’est la méthode qui a été utilisé ces derniers jours; elle équivaut à un prêt à court terme. Les banques peuvent ainsi rembourser certaines de leurs dettes accumulées suite à des investissements et des prêts qui ont mal tournés. L’autre façon de procéder est encore plus «généreuse» pour les banques, car elles reçoivent l’argent sans aucune obligation de leurs parts.
Inflation monétaire vs inflation des prix
L’inflation n’est pas une conséquence de ces pratiques, mais ces pratiques elles-mêmes. On doit réaliser que l’argent prêté par les banques centrales n’a pas été obtenu via les pouvoirs fiscaux, il est créé par elles. C’est du nouvel argent «injecté» dans l’économie, ou plus précisément, dans quelques institutions financières. Ce processus de création de monnaie ne s’arrête pas là. Il est amplifié par une réglementation qui permet à certaines institutions financières de prêter beaucoup plus d’argent qu’elles détiennent dans leurs coffres.
Créer de la monnaie ne crée pas de richesse, cela permet uniquement de se la procurer et de l’échanger plus facilement. Plus on ajoute de monnaie dans les marchés, plus les prix des biens tendent à augmenter. Toutefois, ils n’augmentent pas uniformément et il est même possible que certains produits et services voient leurs prix baisser étant donné qu’ils sont délaissés pour d’autres. Plusieurs facteurs, autre que l’inflation monétaire, agissent sur les prix, mais la plupart d’entre eux n’affectent que certains biens en particulier. À titre d’exemple, on peut mentionner les variations relatives à la productivité, au nombre de la population et à sa propension à épargner, aux aléas de la température, etc.
Les prix sont affectés à la hausse ou à la baisse selon les facteurs considérés. Ceux qui les affectent à la baisse, notamment une hausse de la productivité, contrebalancent partiellement la hausse généralisée des prix causée par l’inflation monétaire. Ces forces opposées peuvent se neutraliser dans plusieurs secteurs d’activités, mais elles ne s’éliminent pas. L’inflation monétaire et ses conséquences sur les prix demeurent malgré que plusieurs autres facteurs, non monétaires, puissent les neutraliser ou, à tout le moins, en réduire l’impact. Plus important encore à retenir, chaque individu est affecté différemment par l’inflation, car celle-ci ne se présente pas partout avec la même intensité et la consommation des gens varie d’un individu à l’autre. Personne n’est affecté par une moyenne calculée arbitrairement.
On croit généralement qu’une inflation des prix de 2% à 3% dans les pays développés, davantage dans les pays émergents, est raisonnable. Si ce n’était qu’une question de pourcentage, une inflation de cet ordre pourrait être qualifiée de raisonnable considérant que la production d’or, qui a servi de monnaie pendant des siècles, croît en moyenne à un peu moins de 2% par année, et cela, depuis plus de cent ans. Malheureusement, cette comparaison est invalide. Lorsque l’or servait de monnaie, l’inflation représentait une quantité accrue du métal mise en circulation. Aujourd’hui, lorsqu’on parle d’inflation, on ne réfère ni à une quantité, ni à une somme mise en circulation, mais à un ensemble de phénomènes dont l’inflation monétaire est un facteur important mais non unique. Ainsi, de par la définition contemporaine de l’inflation, on passe à côté de plusieurs réalités différentes tout en réduisant l’importance des conséquences de l’inflation monétaire. S’agit-il uniquement d’ignorance ou a-t-on redéfini le mal pour mieux le perpétuer?
Aux considérations précédentes on peut ajouter les suivantes : La plupart des indices d’inflation se concentrent sur les biens de consommation tout en excluant les produits dont les prix sont volatils (essence, gaz, nourriture, etc.). Ils excluent également la hausse des prix des titres boursiers, obligataires et immobiliers. Dans plusieurs pays, les agents du gouvernement réduisent les prix de certains produits pour les fins indicielles sous prétexte de tenir compte de leur qualité. Or, celle-ci est définie arbitrairement et se traduit par une baisse des prix n’ayant aucune contrepartie réelle. Une «erreur» dans la mesure n’en compense pas une autre dans la définition. (Pour d’autres exemples du genre, voir The Core Rate de Jim Puplava)
En somme, définir l’inflation comme étant une hausse moyenne des prix cache de nombreux phénomènes affectant l’action humaine dont l’inflation monétaire qui l’affecte négativement.
Les apologistes de l’inflation
Étant donné que les gouvernements s’acharnent à contrôler les taux d’intérêt, comme ils s’acharnent à contrôler les prix, dès lors que les investisseurs vendent les dettes gouvernementales et conséquemment fassent monter leurs taux, les banques centrales en créent de nouvelles aussitôt pour ramener les taux là où ils étaient, c’est-à-dire bas. Pour les dirigeants des banques centrales et les riches financiers arrosés par elles, un «bon» taux est un taux bas. Cela incite les gens à investir et à consommer et selon les experts du gouvernement, la consommation est bonne pour l’«économie» (lire l’ensemble de la population).
Les banques centrales procèdent de l’une des deux façons suivantes : elles achètent des actifs des banques, plus souvent qu’autrement des bons du trésor, pour les revendre aux mêmes institutions une journée ou quelques journées plus tard. C’est la méthode qui a été utilisé ces derniers jours; elle équivaut à un prêt à court terme. Les banques peuvent ainsi rembourser certaines de leurs dettes accumulées suite à des investissements et des prêts qui ont mal tournés. L’autre façon de procéder est encore plus «généreuse» pour les banques, car elles reçoivent l’argent sans aucune obligation de leurs parts.
Inflation monétaire vs inflation des prix
L’inflation n’est pas une conséquence de ces pratiques, mais ces pratiques elles-mêmes. On doit réaliser que l’argent prêté par les banques centrales n’a pas été obtenu via les pouvoirs fiscaux, il est créé par elles. C’est du nouvel argent «injecté» dans l’économie, ou plus précisément, dans quelques institutions financières. Ce processus de création de monnaie ne s’arrête pas là. Il est amplifié par une réglementation qui permet à certaines institutions financières de prêter beaucoup plus d’argent qu’elles détiennent dans leurs coffres.
Créer de la monnaie ne crée pas de richesse, cela permet uniquement de se la procurer et de l’échanger plus facilement. Plus on ajoute de monnaie dans les marchés, plus les prix des biens tendent à augmenter. Toutefois, ils n’augmentent pas uniformément et il est même possible que certains produits et services voient leurs prix baisser étant donné qu’ils sont délaissés pour d’autres. Plusieurs facteurs, autre que l’inflation monétaire, agissent sur les prix, mais la plupart d’entre eux n’affectent que certains biens en particulier. À titre d’exemple, on peut mentionner les variations relatives à la productivité, au nombre de la population et à sa propension à épargner, aux aléas de la température, etc.
Les prix sont affectés à la hausse ou à la baisse selon les facteurs considérés. Ceux qui les affectent à la baisse, notamment une hausse de la productivité, contrebalancent partiellement la hausse généralisée des prix causée par l’inflation monétaire. Ces forces opposées peuvent se neutraliser dans plusieurs secteurs d’activités, mais elles ne s’éliminent pas. L’inflation monétaire et ses conséquences sur les prix demeurent malgré que plusieurs autres facteurs, non monétaires, puissent les neutraliser ou, à tout le moins, en réduire l’impact. Plus important encore à retenir, chaque individu est affecté différemment par l’inflation, car celle-ci ne se présente pas partout avec la même intensité et la consommation des gens varie d’un individu à l’autre. Personne n’est affecté par une moyenne calculée arbitrairement.
On croit généralement qu’une inflation des prix de 2% à 3% dans les pays développés, davantage dans les pays émergents, est raisonnable. Si ce n’était qu’une question de pourcentage, une inflation de cet ordre pourrait être qualifiée de raisonnable considérant que la production d’or, qui a servi de monnaie pendant des siècles, croît en moyenne à un peu moins de 2% par année, et cela, depuis plus de cent ans. Malheureusement, cette comparaison est invalide. Lorsque l’or servait de monnaie, l’inflation représentait une quantité accrue du métal mise en circulation. Aujourd’hui, lorsqu’on parle d’inflation, on ne réfère ni à une quantité, ni à une somme mise en circulation, mais à un ensemble de phénomènes dont l’inflation monétaire est un facteur important mais non unique. Ainsi, de par la définition contemporaine de l’inflation, on passe à côté de plusieurs réalités différentes tout en réduisant l’importance des conséquences de l’inflation monétaire. S’agit-il uniquement d’ignorance ou a-t-on redéfini le mal pour mieux le perpétuer?
Aux considérations précédentes on peut ajouter les suivantes : La plupart des indices d’inflation se concentrent sur les biens de consommation tout en excluant les produits dont les prix sont volatils (essence, gaz, nourriture, etc.). Ils excluent également la hausse des prix des titres boursiers, obligataires et immobiliers. Dans plusieurs pays, les agents du gouvernement réduisent les prix de certains produits pour les fins indicielles sous prétexte de tenir compte de leur qualité. Or, celle-ci est définie arbitrairement et se traduit par une baisse des prix n’ayant aucune contrepartie réelle. Une «erreur» dans la mesure n’en compense pas une autre dans la définition. (Pour d’autres exemples du genre, voir The Core Rate de Jim Puplava)
En somme, définir l’inflation comme étant une hausse moyenne des prix cache de nombreux phénomènes affectant l’action humaine dont l’inflation monétaire qui l’affecte négativement.
Les apologistes de l’inflation
Quand bien même on s’entendrait pour dire que les indices des prix à la consommation sont stables, il ne s’ensuit pas que l’inflation monétaire soit sans conséquence. Les gens sont affectés différemment par l’inflation, car ils ne consomment pas les mêmes choses. Étant donné que la monnaie voit le jour en des lieux précis, ceux et celles qui y travaillent sont avantagés par rapport aux autres, car ils se procurent biens et services à des prix qui tendent à augmenter avec le temps à cause de cet ajout de monnaie dans les marchés.
Il n’est donc pas surprenant de voir que certains représentants des milieux financiers implorent les banques centrales, à l’instar des groupes de pression qui implorent les gouvernements et des drogués qui implorent leurs fournisseurs, d'ajouter des liquidités sur le marché et de réduire le taux d’intérêt afin qu’eux-mêmes puissent multiplier le crédit dont ils sont les premiers bénéficiaires. Il est plus facile et plus rassurant d’attribuer sa réussite à son intelligence et à ses diplômes qu’à un système inique. Ce constat est d’autant plus difficile à réaliser que le système est légal et qu’il est appuyé par des gens en autorité dans les milieux législatifs, académiques et financiers.
Trois exemples succincts permettent d’illustrer cette difficulté. Alain Lambert, ancien ministre français délégué au budget, écrivait, le 11 août dernier : «…il est totalement inexact d’affirmer que ce sont 156 milliards d’euros qui ont été «déversés» sur le marché monétaire. En effet, ces opérations sont de court terme, et les sommes prêtées aux banques le 9 août ont été remboursées à la BCE [banque centrale européenne] le 10 août. L’opération de prêt (appel d’offre à taux variable) du 10 août… correspond de facto à un retrait d’une trentaine de milliards d’euros du marché.» Genèse d'une tempête: le subprime et la BCE
En somme, pour cet ancien ministre, il n’y a pas lieu de s’en faire car il s’agit d’un prêt en bonne et due forme. C’est oublier que ce prêt et tous les autres prêts similaires des banques centrales constituent de l’argent neuf qui n’a aucune raison de voir le jour si ce n’est que de sauver des spéculateurs qui ne le méritent pas. Certes, une inflation de courte durée, qui se présente sous forme de prêt à court terme, est moins dommageable qu’une autre plus soutenue, mais ni l’une ni l’autre ne devraient être permises, quand bien même ce ne serait que pour l’unique raison d’assumer la responsabilité de ses actes. Le processus gouvernemental de la refiler aux autres a plus à voir avec l’arnaque que la générosité.
Qu’il y ait des petits investisseurs qui écopent pour avoir mal évalué les risques dans lesquels ils se sont engagés est sans conteste, mais cela n’est pas une raison suffisante pour privilégier les uns au détriment de la vaste majorité de la population. De plus, il est inexact d’affirmer que ce prêt corresponde à un retrait de monnaie du marché, car plusieurs institutions ayant reçu une partie de cette somme ont pu la faire fructifier en la prêtant à d’autres. En d’autres mots, il ne suffit pas de dire qu’un prêt est remboursable avec intérêt à la banque centrale pour conclure à une somme moindre en circulation. Beaucoup de gens sont rapides pour faire et perdre du fric, car on leur en donne souvent.
Peter Morici, professeur d’économie à l’université du Maryland, aux États-Unis, écrivait, le 10 août dernier (traduction libre) : «La BCE a bien fait de renflouer les bilans des banques, mais sa façon déclamatoire de présenter cette aide a probablement apeuré davantage les marchés qu’elle les a calmés.» ECB, Fed Inject Cash to Ease Fears. Pour cet économiste et, à n’en pas douter, pour plusieurs autres, c’est correct de renflouer les banques avec de l’argent neuf, mais il ne faut pas le dire trop fort. La population, la masse qu’on doit garder dans l’ignorance, pourrait s’apercevoir qu’il y a quelque chose qui cloche. Seuls les initiés, professeurs spécialisés, riches financiers aux premières loges des banques centrales et ministres au pouvoir doivent savoir. Sinon, tout ce beau monde, qui a «réussi», perdrait ses avantages. À l’instar des religions, pour que ce système perdure, on doit s’assurer de trouver beaucoup de croyants.
John P. Hussman, un entrepreneur et gestionnaire de fonds d’investissement portant son nom, est le portrait type de l’homme brillant, excellent dans son domaine d’expertise, mais incapable de tirer toutes les conclusions de son analyse des récentes actions de la Fed (banque centrale américaine). Il commence son article en affirmant que l’action de la Fed ne constitue pas un sauvetage des banques en détresse. Quelques paragraphes plus loin, il introduit une condition en disant que son «impression» est que la Fed n’avait pas l’intention de sauver les banques de leurs investissements dans les créances hypothécaires qui ont mal tournés. C’est qu’au lieu des bons du trésor habituels mis en garantie par les banques, celles-ci ont pu soumettre à la Fed leurs créances hypothécaires (mortgage-back securities). Hussman ajoute (traduction libre): «la Fed devait permettre la soumission des créances hypothécaires étant donné que ce sont les actifs qu’elles détenaient, et c’est précisément le collatéral dont les banques ne trouvent plus preneurs.» Hardly a Bailout
Si un individu effectue un mauvais placement, il paye de sa poche. Si les banques font beaucoup de mauvais investissements, la banque centrale s’en occupe en créant de l’inflation payée indirectement par l’ensemble des individus. On doit rappeler que les banques centrales les encouragent fortement à prêter et à investir aveuglément en maintenant les taux bas et en les renflouant constamment. Hussman s’enfarge dans les détails pour sauvegarder un monde qu’il ne peut imaginer autrement. Il n’est pas le seul. Il a toujours vécu, comme la majorité du monde, avec une banque centrale. Ce n’est pas évident de remettre en question des institutions et des pratiques qui ont plusieurs décennies, voire des centaines d’années.
La Fed, au même titre que les autres banques centrales, cherche à sauvegarder son monopole sur la monnaie. Un des pires qui soit. Hussman termine son texte en en répétant le titre, soit qu’il ne s’agit pas vraiment d’un sauvetage des banques puisque les créances hypothécaires déjà en défaut de paiement sont beaucoup plus importantes que l’aide apportée par la Fed. Or, il ne s’agit pas de payer pour tous les pots cassés, mais d’en payer suffisamment pour redonner confiance aux investisseurs, car c’est sur elle que le système monétaire se fonde, à tort. Hussman est donc passé d’une affirmation à savoir que l’action de la Fed n’était pas une aide, a poursuivi en doutant que cela en soit une et a terminé en disant que c’en est une, mais petite.
Que cette aide soit qualifiée de petite ou grande, elle n’en demeure pas moins empoisonnée, car elle avantage certaines gens au détriment des autres. Si ce système inique perdure, c’est beaucoup grâce aux autorités législatives, académiques et financières dont on vient d’illustrer les propos. On critique facilement, voire trop facilement, les riches d’être riches, mais on critique beaucoup moins les représentants de l’ordre et du savoir qui ont mis en place ce système qui, s’il n’est pas frauduleux, n’en demeure pas moins injuste étant donné les privilèges injustifiés qu’il accorde aux uns au détriment des autres et aux nombreuses réalités qu’il cache. Certes, plusieurs plaideront l’ignorance, mais on ne peut pas toujours fuir les responsabilités sous ce prétexte. On ne doit pas attendre la catastrophe pour conclure à l’iniquité d’un système, il s’agit de comprendre comment il fonctionne, qui il avantage et à qui il nuit. Ce système doit être révisé, car il est injuste.
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