Au Québec, des centaines de personnes sont victimes de l’incompétence ou encore pire, de la négligence des politiciens et des bureaucrates. Des dizaines de personnes en meurent, des milliers d’autres voient leurs vies et celles de leurs proches basculées à tout jamais.
Les Québécois s’indignent, avec raison, devant les peines peu sévères infligées aux criminels. On a parfois l’impression qu’ils ont tous les droits alors que les honnêtes citoyens n’ont que des obligations. Par contre, les Québécois acceptent sans rechigner l’impunité quasi totale des politiciens et bureaucrates. Pourquoi?
René Vézina
On joue à l'autruche et les ponts tombent
« Il suffit de mentionner l'état des infrastructures, au Québec comme en Amérique du Nord, pour donner des maux de tête aux gestionnaires publics. Plusieurs d'entre eux n'hésitent pas à parler de délabrement ».
Ces mots sont tirés d'un texte que j'ai écrit... il y a 15 mois, en mai 2006. Je n'ai pas de mérite, puisque je faisais état de discussions dans le cadre d'un important congrès tenu à Montréal, celui de la GFOA. Plus de 8 000 personnes actives dans la gestion des finances publiques aux États-Unis et au Canada faisaient le point et surtout, essayaient d'étirer les dollars. Parce que sauf exception, toutes les administrations publiques manquent d'argent. Mais ces participants mettaient quand même les dirigeants gouvernementaux en garde : à ne rien faire, on risque le désastre, avertissaient-ils.
Depuis, il y a eu le viaduc de la Concorde et le pont de Minneapolis, parmi d'autres. Ce ne sont pas les premiers et ce ne seront pas les derniers. La facture, elle, ne cesse d'augmenter.
Pour le Canada, des analystes de la Banque TD avançaient le chiffre de 125 milliards $. Et ça ne paraît pas exagéré. Le problème, c'est que s'il est payant, électoralement, de construire des ponts ou des autoroutes, ce l'est pas mal moins de payer pour les entretenir. Il n'y a pas de photos avec un ruban à couper à ce moment-là. Donc, on est moins porté sur l'entretien, et le problème est pelleté dans la cour de l'administration suivante.
Des solutions ? Vous ne les aimerez pas toutes. La plus évidente, disent ces experts, c'est de miser sur la formule de l'utilisateur-payeur : en français, ça signifie des péages. On parle aussi de donner plus de responsabilités au fédéral (qui a de l'argent, lui), et aussi de recourir aux fameux PPP, mais seulement si on peut s'assurer de réduire ainsi les coûts.
De toute façon, nous avons trop longtemps commodément fermé les yeux sur ce délabrement. Les drames récents montrent que ce n'était pas sage. Jouer à l'autruche ne mène nulle part. Il va falloir sortir le chéquier.
Posté le 3 août 2007 à 15:21 PM
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