Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement

Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

25 août, 2007

La mondialophobie

La spécialisation est le phénomène à la base de l’enrichissement des sociétés. Ce phénomène se résume ainsi : A produit 12 pains l’avant-midi et 12 saucissons l’après-midi alors que B produit 6 pains et 24 saucissons dans les mêmes temps. Donc, ils produisent en tout 18 pains et 36 saucissons. Maintenant, si A se spéciale dans la production du pain et B dans la production de la saucisse ils produiront 24 pains et 48 saucissons respectivement. La spécialisation aura eu pour effet d’augmenter la productivité et de produire 6 pains et 12 saucissons de plus. A et B se sont enrichis.

Ce phénomène est aussi vrai au niveau international qu’au niveau local. Voilà une bonne raison d’encourager le libre-échange à tous les niveaux.

Le père Noël
Le Journal de Montréal, p. 22 / Nathalie Elgrably, 02 août 2007

J'ai une question sérieuse à vous poser. Supposons que le père Noël, dans un élan de générosité, décide d'offrir une voiture à chaque Canadien. Devrions-nous l'accepter?

J'ai posé la question à mon entourage. Mon enquête n'est pas très scientifique, j'en conviens, mais les répondants sont unanimes ils accepteraient tous le cadeau du Père Noël sans hésitation. Je suis même prête à parier ma prochaine paie que tous les lecteurs de cette chronique en feraient autant. Et c'est normal!

Au lieu de dépenser 400 $ par mois pour financer l'achat d'une nouvelle auto, le geste du père Noël nous permettrait à la fois de conduire une voiture neuve et d'avoir 400 $ dans notre poche que nous pourrions dépenser comme bon nous semble. Le cadeau du père Noël permettrait donc à chaque Canadien de s'enrichir de 400 $ par mois.

Malheureusement, le père Noël n'existe pas. Mais si nous pouvions obtenir des autos à 200 $ par mois plutôt qu'à 400 $, ce serait pas mal non plus, non? Non seulement pourrions-nous acheter notre voiture, mais nous disposerions également de 200 $ par mois pour aller au cinéma et s'offrir un bon repas. Eh bien, ce sera bientôt possible.

On apprenait récemment que Chrysler a signé un accord de partenariat avec le constructeur automobile chinois Chery Automobile. Il prévoit commercialiser dès 2008 une petite voiture fabriquée en Chine: la A1. Déjà vendu en Chine, ce modèle coûte 7 100 dollars, soit la moitié moins que le Dodge Caliber, la voiture la moins chère commercialisée par Chrysler.

Une pareille nouvelle n'a pas tardé à en faire sursauter plus d'un. Bien entendu, les travailleurs québécois et canadiens du secteur de l'automobile sont mécontents et inquiets. On peut comprendre pourquoi.

Pouvoir d'achat

Mais ce qui est surprenant, c'est que parmi ceux qui accepteraient volontiers le cadeau du père Noël, certains affirment qu'il faudrait limiter les importations de voitures chinoises, voire les interdire. Pourtant, la logique demeure la même. Qu'il s'agisse du cadeau du père Noël ou d'importations bon marché, vous et moi verrons notre pouvoir d'achat augmenter.

Il est d'ailleurs très ironique de constater que tous les groupes qui s'opposent à la mondialisation prétendent également se préoccuper du sort des moins bien nantis. Or, on ne peut simultanément chercher l'amélioration du niveau de vie des plus pauvres et réclamer des mesures protectionnistes. Fermer les frontières aux importations bon marché oblige les consommateurs à payer plus cher pour se procurer la production locale. Or, personne ne s'enrichit quand les prix augmentent!

Produits chinois très appréciés

On peut critiquer la production chinoise à bien des égards, mais elle permet à
beaucoup de consommateurs au budget limité d'obtenir certaines nécessités de la vie à prix modiques. D'ailleurs, à en juger par la popularité de Wal-Mart et de Dollarama, il est incontestable que les Québécois apprécient fortement les produits chinois.

Quand des travailleurs locaux réclament des mesures protectionnistes, ils ne pensent qu'à leur propre intérêt. Ils se fichent bien de savoir qu'une mère monoparentale pourra se procurer tous les effets scolaires dont ses enfants ont besoin grâce aux importations chinoises. Ils se cachent derrière le nationalisme économique pour obtenir de l'État qu'il les protège de la concurrence étrangère.

Or, la concurrence avantage toujours les consommateurs. Doit-on pénaliser des millions d'individus pour ne pas déplaire à une poignée de travailleurs?

J'entends d'ici certains rétorquer qu'il faut limiter les importations, car elles détruisent des emplois. Mais est-ce vraiment le cas?
À suivre…

* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
Nathalie Elgrably est économiste à l'Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques.


La mondialophobie
Le Journal de Montréal, p. 26 / Nathalie Elgrably, 09 août 2007


La semaine dernière, je prenais la défense des produits importés en les comparant à un cadeau du Père Noël, car ils permettent d’augmenter l’éventail de choix des consommateurs, ainsi que leur pouvoir d’achat.

Évidemment, les mondialophobes se fichent de savoir que notre dollar va plus loin grâce aux importations bon marché, et réclament inlassablement la « protection » de l’État. Mais une protection contre quoi? Contre la fraude, la violence ou l’oppression? Non! Ils veulent une protection contre les bas prix! Ils veulent limiter les importations, car elles causeraient des pertes d’emplois.
Si le Canada se met à importer des autos chinoises, des travailleurs locaux de l’industrie automobile pourraient, certes, être licenciés. Ces pertes d’emplois sont visibles et les médias s’empresseront de couvrir la nouvelle tant le mandat est simple à remplir. Les victimes se trouvent toutes au même endroit et il suffit de se poster avec un micro à la sortie de l’usine pour recueillir les témoignages des travailleurs. Conclure que les importations causent du chômage semble alors inévitable. Or, c’est tout le contraire.

Si les autos chinoises coûtent moins cher, le pouvoir d’achat des consommateurs augmente, et ils pourront acheter davantage d’autres biens. Ils iront plus souvent faire du ski, manger au restaurant ou relaxer dans les spas. Des emplois seront donc nécessairement créés dans d’autres secteurs de l’économie. Mais ce n’est pas tout.

Les autos chinoises n’apparaissent pas dans notre garage par l’opération du Saint-Esprit. Il faut des travailleurs pour étudier le marché québécois, commander les autos appropriées, les transporter jusqu’ici, et les vendre. Il faut concevoir et réaliser des publicités, et il faut des acteurs pour leur donner vie.
Créer des emplois

Et si le Québec compte davantage de véhicules en circulation, il faudra créer des emplois de mécaniciens, tandis que les entreprises qui fabriquent tous les produits disponibles dans le rayon « automobile » des grandes surfaces devront embaucher davantage de personnel pour pouvoir répondre à la hausse de la demande.

Si les importations détruisent certains emplois, elles ne sont donc pas pour autant source de chômage, car elles en créent également de nombreux autres. Mais les emplois créés ne sautent pas aux yeux et on ne verra jamais un journaliste faire un reportage sur un travailleur qui décroche un emploi grâce aux nouvelles opportunités générées par les importations chinoises!
Par contre, les mondialophobes galvaudent leur discours sur tant de tribunes que certains finissent par y croire. Pourtant, c’est un discours souvent entretenu par des producteurs ou des travailleurs qui, après avoir été protégés pendant des décennies grâce aux barrières commerciales, auraient à relever d’importants défis advenant l’ouverture des frontières.

Leur opposition aux produits chinois n’est ni altruiste ni noble. Elle est purement égoïste!

Le protectionnisme : une spoliation

On devrait évidemment aider de notre mieux les travailleurs licenciés en raison de la concurrence étrangère, mais on devrait catégoriquement refuser de concéder à une industrie des avantages dont le reste de la société fait les frais. Le protectionnisme est une spoliation exercée par quelques producteurs sur le reste de la population grâce à des mythes savamment entretenus.
Ouvrir les frontières n’est donc rien de plus que l’abolition de ces privilèges spoliateurs. C’est la victoire du « petit monde » sur les industries qui font payer à l’ensemble de la société leur peur de la concurrence étrangère.

C’est la victoire de ceux qui travaillent dur et qui en veulent plus pour leur argent. Est-ce une perspective si terrible que ça?

* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
Nathalie Elgrably est économiste à l'Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques.

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