Le décrochage scolaire, en particulier chez les garçons, est une catastrophe.
Dans le texte ci-après, Serge Côté du Journal de Québec, dénonce les solutions faciles comme celle qui propose de payer les décrocheurs.
C’est le genre de solution que propose invariablement la gogauche québécoise. Cela évite de remettre en question le rôle et les responsabilités des principaux intervenants.
Il est bien évident qu’il n’y a pas de solution mur à mur au décrochage scolaire. Chaque étudiant est un cas particulier qui requiert une solution adaptée.
Les parents, professeurs et directions d’école sont les seuls intervenants possédant les informations pertinentes et ayant l’autorité morale d’agir auprès des étudiants. En contrepartie, ils doivent avoir la liberté d’agir et posséder les outils nécessaires à l’application des solutions choisies.
Toutefois, la responsabilisation des parents, professeurs et directions d’école exige des changements majeurs dans les rôles et responsabilités du ministère, des commissions scolaires et des syndicats.
Malheureusement, les politiciens du moment n’ont pas la vision ni l’envergure d’affronter ces vaches sacrées.
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Décrochez-moi une subventionSerge Côté, Journal de Québec, 03/07/2009 08h57
Un peu plus et je tombais de ma chaise… Non, ce n’est pas assez! Je perdais les quelques cheveux qui me restent. Et ça c’est dur pour l’ego.
Il y a quelques jours, les résultats d’un sondage Angus Reid précisaient que près de la moitié des Québécois qui ont des enfants fréquentant l’école croient que si on payait les étudiants, cela les encouragerait à demeurer dans le réseau et à avoir de meilleurs résultats.
Je dois rêver.
On substituerait au désir de réussir le versement d’une prime. À Toronto, on paie les élèves qui habitent dans un quartier défavorisé et les résultats sont, dit-on, spectaculaires. Le taux de décrochage, qui était de 56 %, en est rendu à 10 %.
Selon Le Devoir, 26 % des jeunes Québécois quittaient l’école sans diplôme en 2000. En 2008, ce taux était de 29 %. En secteur défavorisé, le pourcentage grimpe à 40 %. C’est d’ailleurs au Québec que le décrochage fait le plus de ravages au Canada, après le Manitoba.
En Ontario, toujours selon la compilation du Devoir, le taux de décrochage était en baisse de sept points en 2006-2007 par rapport à 2003-2004. Pour 100 jeunes qui décrochent en Ontario, il y en a 137 au Québec.
Il est évident qu’un décrocheur scolaire risque de coûter cher à la société. Il ne trouvera peut-être pas d’emploi et vivra au crochet des impôts des autres. Sa santé deviendra peut-être chancelante. Il ne paiera pas d’impôt ou si peu … Autant d’éléments qui militent en faveurs d’efforts colossaux pour garder les élèves dans le réseau pour qu’ils y acquièrent les connaissances nécessaires à un cheminement différent.
Mais de là à payer les décrocheurs pour qu’ils retournent sur les bancs d’école…
C’est une solution facile, un cataplasme sur une jambe de bois. Car s’il y a des décrocheurs, c’est d’abord et avant tout parce que le réseau de l’Éducation ne sait pas les intéresser suffisamment.
Payer les décrocheurs ne règle en rien les trous dans le système.
De plus, quelle injustice face à ceux qui persévèrent, qui étudient, qui travaillent fort pour obtenir un diplôme et qui ne seraient pas payés. Encore du nivellement par le bas. On ajuste les normes sur le dénominateur commun le plus faible au lieu de viser la médiane ou le plus élevé.
Pourquoi alors les bons élèves se casseraient-ils la tête? Décrochons pendant quelques mois et on reviendra à l’école par la suite, tout en étant payé! Belle mentalité.
Ce concept de certains Québécois n’est cependant pas étonnant. Depuis quelques décennies maintenant, nous démontrons notre grand goût pour les choses ludiques. Les Québécois veulent de moins de moins paralyser leur vie avec des situations complexes. Or, l’hypothèse de payer les décrocheurs s’inscrit dans cette optique.
Pas besoin de remettre en question le système scolaire… Pas besoin d’avoir de longues conversations avec l’enfant décrocheur pour comprendre son attitude et lui faire valoir les aspects positifs d’une bonne instruction… Pas besoin de perdre ainsi du temps qu’on peut consacrer à nos loisirs, nos soupers à la chandelle ou nos voyages.
Surtout, pas de faille dans notre mentalité ludique qui nous fait dire que la vie doit être un party le plus souvent possible!
Moi, ce qui me plairait, c’est un sondage auprès des décrocheurs pour connaître les motivations de leur abandon et pour savoir dans quelle proportion ils retourneraient à l’école si on éliminait une bonne partie de ce qu’ils considèrent comme des problèmes.
Ce qui me plairait encore plus, ce serait de voir qu’est-ce que le gouvernement ferait de ces données.
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