Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement

Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

13 septembre, 2009

Les Fonctionnaires (30/55)

Le livre de Jean Laliberté, Les fonctionnaires, explique merveilleusement bien les inefficacités inhérentes à la fonction publique. À la lecture de ce livre il ne peut y avoir qu’une conclusion : le gouvernement sera toujours un piètre fournisseur de service.

Au cours des prochaines semaines je publierai plusieurs extraits de ce livre que je considère particulièrement révélateurs.
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La culture organisationnelle de la fonction publique complique singulièrement la tâche des gestionnaires lorsqu’il s’agit de se défaire d’employés incompétents. Étant donné que le système est axé sur la protection des fonctionnaires contre le favoritisme et les interventions politiques, il est extrêmement difficile de renvoyer un employé dont la performance est insatisfaisante une fois qu’il a terminé sa période de stage et acquis sa permanence. Il est, dans ce cas, assez facile pour un individu d’utiliser la réglementation et les conventions collectives pour y trouver les trucs et astuces permettant de faire échec aux intentions de son supérieur. Les employés, en effet, disposent de bien plus de privilèges que de devoir. Ils n’ont pas à s’efforcer de maintenir leurs compétences ou à prendre les mesures nécessaires pour conserver leur emploi au cas où leur poste viendrait à disparaître. L’employeur a toutes les obligations : former l’employé durant ses heures de travail et en lui payant des heures supplémentaires si cette formation l’exige, lui trouver un autre travail de même niveau lorsque son poste est aboli par manque de travail ou à la suite de changements technologiques, continuer à lui payer un salaire à ne rien faire s’il ne peut être déménagé, etc.

En fait, il est si difficile de se défaire d’un employé jugé insatisfaisant que les gestionnaires préfèrent les mettre sur une voie d’évitement, en faire un « tabletté » comme on dit communément. Tous les tablettés ne sont pas des incompétents, loin de là. Plusieurs sont simplement tombés en disgrâce parce qu’ils n’ont pas respecté les critères de loyauté et d’appui inconditionnel à leur supérieur. Dans ces cas, il arrive souvent que l’employé ignore ce qui a conduit à sa déchéance, car il s’agit de règles non écrites dont personne ne parle ouvertement.

La pratique du « tablettage » n’est pas inconnue dans les entreprises, mais, comme elle coûte cher, elle est réservée aux gestionnaires supérieurs alors que, dans la fonction publique, on retrouve des tablettés à tous les niveaux. Personne ne sait combien d’employés improductifs la bureaucratie gouvernementale peut ainsi camoufler dans ses rangs. Un jour, dans un contexte très informel, une question à cet effet a été posée à un haut fonctionnaire d’un organisme central dédié à la gestion du personnel. Sa réponse, en toute franchise a été : « Les tablettés, ce sont comme les rats; quand tu en vois un, ça veut dire qu’il y en a dix! »
(p. 112-113)

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