En commentant l’étude de l’Institut Fraser sur les marchés du travail au Canada et aux États-Unis, Claude Picher conclut que le Québec avec sa 41e place s’en tire assez bien.
Il est désolant de constater que le Québec se classe 41e alors que nous avons tout ce qu’il faut pour nous hisser dans le peloton de tête. Il suffirait de libérer l’environnement économique québécois :
- Actualiser les lois du travail pour les adapter au contexte de la mondialisation;
- Éliminer les règlements inutiles et simplifier ceux qui sont nécessaires. Il est utile de rappeler que ce simple exercice permettra à l’industrie forestière de faire des économies de 50 millions par année; et
- Réviser le régime fiscal pour valoriser l’entrepreneuriat et le travail.
Pas si mauvais que ça, le Québec
11 septembre 2007 - 06h32
La Presse
Claude Picher
D'abord, une question: où se situe la performance du marché québécois du travail par rapport à ses principaux concurrents américains, c'est-a-dire les États de New York, Pennsylvanie, Massachusetts, Illinois?
Le Québec, société la plus taxée, la plus bureaucratisée, le plus syndiquée et la plus endettée en Amérique du Nord, aux prises avec de graves problèmes de productivité, ne devrait-il pas arriver naturellement en queue du peloton?
Eh bien non! au contraire: le marché du travail, au Québec, est en meilleure santé que dans n'importe quel des quatre États que nous venons d'énumérer, et on pourrait en ajouter une quinzaine d'autres!
Voilà une des conclusions qui se dégagent de la compilation annuelle de l'Institut Fraser sur les marchés du travail au Canada et aux États-Unis. Le classement a été publié la semaine dernière. L'étude couvre la période de cinq ans allant de 2002 à 2006.
Plusieurs médias ont rapporté que le Québec arrive à l'avant-dernier rang des provinces canadiennes (seule Terre-Neuve réussit à faire pire), ce qui n'est pas particulièrement brillant.
C'est vrai, mais attention: lorsqu'il s'agit de comparer la performance des marchés du travail, il est hasardeux de se limiter à l'espace canadien.
Les États-Unis achètent 81% des exportations du Canada et lui fournissent 66% de ses importations. De loin, les entreprises américaines sont les principales concurrentes des entreprises canadiennes, y compris sur le marché canadien.
Dans ces conditions, en analysant les marchés du travail dans les deux pays, on obtient une idée beaucoup plus précise de la force ou de la faiblesse de chaque province et de chaque État.
Comme il y a 50 États et 10 provinces, le rapport passe en revue 60 gouvernements.
Le Québec obtient la 41e place au classement. Certes, c'est très loin du peloton de tête, mais c'est insuffisant pour le cataloguer avec les cancres.
Mais comment fait-on pour mesurer la performance du marché du travail?
Pour cela, les auteurs ont recours à cinq indicateurs. Chaque entité, province ou État, est évaluée selon chacun des indicateurs, et le tout est reporté sur un système de pointage de 0 à 10.
Ainsi, l'Alberta, première au classement, reçoit une note de 8,3; à l'autre bout de l'échelle, le Mississippi doit se contenter de 2,8. La note du Québec est de 4,6, celle de l'Ontario, 5,4.
En repassant chacun des cinq indicateurs, voyons quelles sont les forces et les faiblesses du Québec.
- Croissance de l'emploi. C'est le point fort du Québec. Entre 2002 et 2006, le rythme annuel moyen de croissance de l'emploi, au Québec, se situe à 1,8%, ce qui est largement supérieur à la moyenne américaine, où il existe par ailleurs d'importantes variations régionales. À tout prendre, pour cet indicateur, le Québec obtient la 13e place sur 60, ce qui est fort honorable.
- Création d'emplois dans le secteur privé. Le premier indicateur, nous venons de le voir, mesure la croissance totale de l'emploi. Pour mieux évaluer la bonne santé du marché du travail, il faut aussi tenir compte de la croissance de l'emploi dans le secteur privé, mesure qui reflète, entre autres, le dynamisme entrepreneurial. À ce chapitre, le Québec fait mieux que la plupart des provinces canadiennes (incluant l'Ontario) et des États américains. Cela lui vaut également de figurer dans le peloton de tête avec la 14e place. Un autre bon point.
- Taux de chômage. Pour la période 2002-2006, le taux de chômage au Québec se situe, en moyenne, à 8,5%. Dans le contexte canadien, ce n'est pas très brillant, mais ça peut se tolérer: cinq provinces font mieux, quatre autres font pire, Dans le contexte nord-américain, c'est une tragédie. De façon chronique, le chômage est plus bas au sud de la frontière. Ainsi, sur 60 gouvernements, le Québec ne peut faire mieux que la 56e place, les quatre dernières étant occupées par les quatre provinces de l'Atlantique. C'est la grande faiblesse du Québec.
- Durée de l'emploi. Le quatrième indicateur tient compte de la qualité des emplois. C'est bien beau de créer de l'emploi, mais encore faut-il que ces emplois soient stables. Pour mesurer cela, on calcule le pourcentage de chômeurs qui sont sans emploi pendant au moins 27 semaines. Au Québec, ce pourcentage est de 19%, ce qui donne la 42e place au classement. Pas très bon, mais pas une catastrophe non plus: dans l'État de New York, le chiffre correspondant est de 27%.
- Productivité. Enfin, la performance du marché du travail est liée à la productivité de la main-d'oeuvre. Plus la productivité est élevée, plus le niveau de vie augmente. On mesure la productivité en divisant le produit intérieur brut, c'est-à-dire l'ensemble de la production, par le nombre de travailleurs. Le Québec obtient ici la 48e place, chiffre qui montre bien les progrès considérables qui restent à faire dans ce dossier.
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