La médiocrité est devenue la norme dans la plupart des services publics. C’est la conséquence naturelle d’une société maternisée par l’état.
Pour la qualité
Nathalie Collard
La Presse, Le mercredi 05 sept 2007
Les étudiants qui songent à lutter contre le dégel des droits de scolarité perdent leur temps. Le combat est perdu d'avance. Même le Parti québécois ne défend plus ce principe, c'est dire.
Plutôt que d'épuiser ses forces au nom d'une idée complètement déconnectée de la réalité, le mouvement étudiant devrait se battre corps et âme pour un principe chaque jour mis à rude épreuve: la qualité de l'éducation. S'il y a un slogan que les étudiants québécois doivent inscrire en gros crayon feutre noir sur leurs pancartes à l'automne, c'est celui-ci: «Non à la médiocrité!» Ils rallieraient beaucoup de monde, et pas seulement des étudiants.
Car la tendance à la médiocrité observée dans les écoles primaires, les cégeps et les universités est bien plus menaçante pour une société démocratique que l'augmentation somme toute mineure des droits de scolarité annoncée par le gouvernement Charest.
S'il y a quelque chose qui mine l'avenir de l'éducation au Québec, ce n'est pas l'ajout de 100$ par année aux droits de scolarité universitaires. Cent dollars, c'est moins de 10$ par mois répartis sur un an. Ce qui mine le système d'éducation, ce sont les petits glissements, les petites lacunes, le nivellement par le bas. C'est lui, l'ennemi à abattre.
La médiocrité s'infiltre partout. Dans les universités qui tardent à imposer des examens de français plus sévères. Chez les professeurs qui laissent passer trop de fautes d'orthographe. Dans les manuels scolaires qui proposent des textes lénifiants de peur de forcer les jeunes à lire des textes trop exigeants.
La médiocrité, elle se trouve aussi chez le professeur qui tourne les coins ronds sans risquer de perdre son emploi, dans les locaux inadéquats, dans les services aux étudiants qui rétrécissent comme une peau de chagrin. La médiocrité c'est la peur d'exiger, de part et d'autre.
Abandonner la lutte contre le dégel des droits de scolarité ne signifie pas qu'il faille délaisser le dossier de la situation financière des étudiants. Au contraire. Les associations étudiantes ont annoncé hier qu'elles allaient entreprendre une recherche sur les conditions de vie des étudiants. C'est une excellente idée qui permettra sans doute de déboulonner certains mythes à propos des étudiants pauvres qui n'arrivent pas à joindre les deux bouts. À partir de ces données, le mouvement étudiant pourra consacrer ses énergies à défendre les droits des étudiants véritablement démunis afin qu'ils puissent accéder sans discrimination aucune à l'enseignement supérieur sans pour autant s'endetter pour les 20 prochaines années. Comment? En revendiquant un meilleur système de prêts et bourses, des formes de remboursement originales (l'idée dun impôt perçu en fonction des revenus des diplômés a déjà été proposée, il en existe d'autres), bref en faisant en sorte que l'université ne soit pas un luxe pour les pauvres et une aubaine pour les riches.
Les étudiants ont raison de vouloir sortir dans la rue. Qu'ils s'assurent seulement de le faire pour les bons motifs.
1 commentaire:
En éducation, aucune solution n'est parfaite.
On pourrait, par exemple, garder les frais de scolarité universitaires plus bas qu'ailleurs pour les étudiants qui s'engagent à travailler un certain nombre d'années au Québec.
Ces étudiants pourraient partir travailler dans un autre pays s'ils le souhaitent mais devraient alors payer la différence avec le plein prix de leurs études afin que les citoyens ne financent plus des frais d'études pour des jeunes qui vont aller enrichir des étrangers.
Ce serait déjà un pas dans la bonne direction même si ce n'est pas parfait.
Plusieurs de nos jeunes ne comprennent plus les sacrifices que nous faisons pour leur offrir une éducation aussi abordable.
Nos jeunes doivent rapidement se reprendre en main parce qu'ils vont trouver que les millions de Chinois et d'Indiens qui parlent bien l'anglais et qui sortent des universités, à chaque session, vont leur opposer une formidable concurrence, au cours des décennies à venir.
Nos jeunes doivent comprendre que le Québec est à eux et qu'ils doivent agir en propriétaires.
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