Que l’État se contente d’être juste, nous nous chargerons d’être heureux.---- Benjamin Constant
Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement
Vaut mieux en rire!
29 janvier, 2008
Je me désabonne!
On peut toujours rêver!
28 janvier, 2008
Grève imminente à la STM
La loi des services essentiels et les lois spéciales sont des béquilles qui démontrent l’absurdité du système. C’est une approche lourde et coûteuse.
Le principe d’équité exige que les employés d’un monopole public soient rémunérés (salaire et avantages) comme les travailleurs québécois qui font un travail équivalent. Pourquoi seraient-ils mieux ou moins rémunérés que ceux qui paient leur salaire?
Le vendredi 25 janv 2008
Encore une grève?
Alain Dubuc
Collaboration spéciale, La Presse
Il y aura peut-être une grève des transports en commun à Montréal. Une autre. Les négociations entre les chauffeurs d'autobus et les opérateurs de métro et la Société des transports de Montréal sont rompues. Les syndiqués ont déjà adopté une stratégie d'escalade, en commençant par des grèves sporadiques à partir de mars, jusqu'à la grève générale. Bref, le bordel.
D'habitude, on aborde la question de ces conflits dans une logique de relations de travail. Faut-il ou non interdire le droit de grève? Faut-il définir autrement les services essentiels? Est-ce la faute d'un syndicat aveuglé, d'un patron intransigeant, d'un maire incompétent?
Il faut poser le problème autrement. Ces grèves à répétition reflètent d'abord et avant tout l'existence d'un problème de gouvernance. Il s'agit essentiellement d'un phénomène urbain, qui touche particulièrement Montréal, et aussi Québec. Elles s'expliquent en grande partie par le fait que les grandes villes ne disposent pas des outils nécessaires pour s'acquitter de leur mission.
L'impuissance de Montréal face à ses employés des transports en commun, ou face au terrorisme de ses cols bleus, si bien décrit dans la série d'articles de Michèle Ouimet cette semaine, est une autre raison pour laquelle il est si important de reconnaître les besoins et la spécificité de la métropole.
En partant, il y a une anomalie. Il y a eu 15 grèves des transports en commun en 40 ans à Montréal. Il y en a eu 11 en 35 ans à Québec. C'est beaucoup. Et ça ne peut pas s'expliquer par le contexte de relations de travail: le syndicat n'est pas sauvage, l'administration n'est pas odieuse, et les employés ne vivent certainement pas une situation intolérable.
Pourquoi alors? Parce que c'est payant. Les grandes villes, avec leur concentration de population, leur rôle névralgique, et l'intensité de l'activité économique, sont très vulnérables. Les syndiqués disposent donc d'un pouvoir énorme, celui de paralyser facilement une ville de deux millions d'habitants. Et ils peuvent le faire sans danger. Ils ne risquent pas leur emploi, comme dans le secteur privé où un employeur peut mettre la clé sous la porte. Et ils savent que cela ne durera pas très longtemps parce que les administrations municipales, dont la mission première est de fournir des services, devront céder tôt ou tard. Ce déséquilibre dans les rapports de force comporte quatre conséquences.
Premièrement, un impact financier. Les employés municipaux sont beaucoup plus payés que les fonctionnaires québécois, un écart de 13,7%, tout à fait anormal. Cela impose un fardeau important à des villes qui ne peuvent pas s'endetter et dont la marge de manoeuvre est limitée.
Deuxièmement, la justice sociale. Une grève des transports en commun, même si on la balise par des services essentiels, pénalise les plus vulnérables de la société.
Troisièmement, une disproportion gênante entre l'enjeu du conflit, les problèmes mineurs de syndiqués bien traités, et ses conséquences, la paralysie d'une métropole.
Quatrièmement, un enjeu stratégique majeur, l'impact négatif des conflits sur l'attractivité des transports en commun.
Ces conséquences sont assez importantes pour que l'on cherche à les éviter. Mais comment? En acceptant que les grandes villes évoluent dans un cadre qui n'est pas celui des villages et des petites municipalités. Et donc, que les relations de travail à Montréal doivent être gérées d'une façon comparable à celles du gouvernement du Québec.
Il suffit de regarder comment se comporte le gouvernement du Québec. Le droit de grève est reconnu, mais dans les faits, son exercice est sévèrement limité, lorsque le bien public où la santé financière de l'État sont menacés. Les conflits ont souvent été résolus par des lois spéciales qui imposent la rentrée au travail et fixent les conditions. C'est ce qui explique pourquoi les salaires payés par le gouvernement sont plus bas que ceux des villes. De la même façon, un syndicat comme celui des cols bleus serait impensable dans la fonction publique québécoise.
L'objectif, très raisonnable, c'est que le régime de travail et les conditions de travail à Montréal se rapprochent de celles qui prévalent pour l'État québécois. On peut y parvenir de deux façons. Soit en donnant à Montréal, et possiblement à Québec, les pouvoirs dont une grande ville a besoin pour régler ses problèmes. Soit en acceptant de lui venir en aide sans hésitation et sans paternalisme, par des lois spéciales si nécessaire.
Mais peu importe l'approche, cela revient à reconnaître que Montréal joue un rôle vital et dispense des services essentiels pour le Québec tout entier, que Montréal est un quasi-gouvernement qui a des besoins uniques, et que ses élus ont la maturité et la compétence pour protéger le bien commun.
27 janvier, 2008
Les vertus aphrodisiaques du pouvoir
(À la demande de Sophie, je dois retirer son poème du magazine nagg. J'espère qu'elle pourra m'autoriser à le publier lorsque la question des droits d'auteur aura été clarifiée. En attendant je vous encourage à visiter le fichier audio. Le poème débute à 42 min. 20 sec.)
25 janvier, 2008
Bourse et clichés
Monsieur Jean-Paul Gagné, éditeur émérite au journal Les Affaires, était interviewé par Bernard Derome en début de semaine relativement aux soubresauts des bourses mondiales. Bien qu’on doive faire attention à trop généraliser à partir d’une courte entrevue, on ne peut s’empêcher de remettre en question la quasi-totalité des propos émis. Ceux-ci relèvent ou bien d’une lecture keynésienne et erronée de l’économie, ou bien ils relèvent de préjugés. Malheureusement, ces propos ne sont que trop souvent partagés par des gens à qui l’on attribue, à cause des fonctions qu’ils exercent, une plus grande connaissance du marché qu’à la majorité.
Pour Monsieur Gagné, les banques centrales n’ont rien à voir avec la crise hypothécaire à la source des soubresauts actuels de la bourse. Pourtant, les «barons de Wall Street», comme il les qualifie, ne contrôlent pas les taux d’intérêt; seules les banques centrales ont ce pouvoir. Or, si les taux d’intérêt avaient été plus élevés, ladite crise se serait-elle produite? En guise d’arguments, Monsieur Gagné évoque des clichés. La crise est due à la «cupidité de Wall Street». L’endroit est malsain! Si on y séjourne, on devient vicieux… Doit-on rappeler que la cupidité n’est pas l’apanage de Wall Street?
Monsieur Gagné fait allusion au bas taux d’intérêt, mais sans préciser qu’il s’agit d’un facteur à considérer. Toujours est-il que la cupidité semble plus grande lorsque les taux sont relativement bas. Et si l’on est plus cupide dans ces circonstances, alors on ne peut pas exclure la responsabilité de la banque centrale. Mais comment en arriver à cette conclusion lorsqu’on a déjà identifié les coupables? L’expression «barons de la finance» est bien connue pour désigner des gens aux pratiques douteuses. Le seul fait de l'utiliser montre ses couleurs. Ce sont des barons, donc les coupables. Nul autre argument n’est nécessaire, mais l’«éditeur émérite» n’en donne pas moins un autre : les barons tirent une commission des transactions effectuées! Il est vrai que lorsqu’on est habitué à un État providence, où tout est soi-disant gratuit, demander quelque chose pour service rendu est odieux.
Ces clichés se mêlent à une ignorance économique. Via la baisse des taux d’intérêt, on cherche à relancer l’économie en incitant les gens à consommer, alors qu’ils sont endettés au point de perdre leur maison, notamment aux États-Unis et dans plusieurs pays européens. Dans ces circonstances, ne devrait-on pas conclure que le temps est plutôt propice à l’épargne qu’à la consommation? À consommer sans produire au préalable on ne s’enrichit pas, on s’appauvrit. On incite à la cupidité que l’on dénonce par ailleurs. Il faudrait se faire une idée!
Monsieur Gagné semble féru de statistiques et de corrélations. Par exemple, il prétend qu’il est trop tôt pour parler de récession, car celle-ci se définit, techniquement, comme étant «deux trimestres consécutifs de croissance négative du PIB». Parmi les problèmes de cette définition, on doit souvent attendre que la récession soit terminée avant d’apprendre qu’on en avait une! Ce n’est pas très utile, à moins d’être statisticien de l’économie. Il évoque également l’inflation qui se manifeste dans les céréales et les produits pétroliers, soit le genre de produits qu’on répertorie généralement pour constater s’il y a inflation des prix ou non. Encore une fois, cela ne va pas à la source du problème et conduit à identifier des coupables qui sont en réalité des boucs émissaires.
En somme, ce n’est pas parce qu’on porte un titre émérite et qu’on est associé de près au monde des affaires, qu’on comprend mieux le marché. À cet égard, Monsieur Gagné n’est pas plus coupable que les autres, il a été à l’université publique, soit là où l’on apprend à blâmer tout le monde sauf l’État.
24 janvier, 2008
Bravo à tous les entrepreneurs en aérospatiale
Imaginez ce que le Québec pourrait devenir si on y créait un environnement économique attrayant : moins d’impôt et de taxe, moins de dette, une législation du travail adapté à l’ère contemporaine, moins d’interventionnisme électoraliste, etc.
Au lieu d’être les B.S. de la péréquation on aurait la fierté d’aider les régions canadiennes moins avantagées. Ou, on aurait enfin acquis les fameuses « conditions gagnantes ». Tant que nous dépendrons de la péréquation pour financer une partie de notre État nounou, il est inutile de rêver à la souveraineté. L’adolescent acquiert son indépendance lorsqu’il ne dépend plus des allocations parentales.
Où êtes-vous Coeurs indignés?
January 24, 2008, 10:58:15 AM Pierre Duhamel
Il y a exactement un an, Gilles Duceppe arrachait sa chemise, certains d’entre vous ressortaient leur indignation des grands jours sur le Québec éternelle victime alors que d’autres criaient à l’injustice. Tout cela parce que le gouvernement fédéral ne voulait pas imposer de conditions restrictives à Boeing pour la répartition géographique des contrats de fabrication des appareils C-17 commandés par la Défense nationale.
Curieusement, c’est le silence radio le plus total depuis que l’on a la confirmation que des entreprises du Québec ont obtenu plus de la moitié des retombées de ce contrat, malgré la présence d’une usine de Boeing au Manitoba.
Le gouvernement fédéral a laissé jouer les lois du marché et, dans le domaine de l’aérospatiale, ces lois favorisent généralement le Québec. Avec ses 40 000 emplois, 250 entreprises et des ventes de 11,1 milliards de dollars en 2006, le Québec est un pôle incontournable.
On retrouve au Québec tout ce qu’il faut pour construire un avion ou un hélicoptère. L’entreprise qui a obtenu la part du lion avec un contrat de 350 millions en est la preuve vivante. RTI Claro, une filiale de la société américaine RTI Metals, un des plus importants producteurs de titane au monde, a inauguré en octobre dernier une usine à Laval, un investissement de 43 millions de dollars.
RTI Claro est déjà un fournisseur de Boeing; les travailleurs de l’usine lavalloise font des pièces pour le Dreamliner, qui sera l’avion commercial le plus perfectionné au monde.
C’est par l’innovation, l’éducation et des investissements bien ciblés que l’on arrache des contrats. Pas en se morfondant sur la place publique.
23 janvier, 2008
En santé, l’État-fait-tout c’est désastreux
Cinq (5) grands thèmes ont été analysés pour cette étude et le Canada se
classe :
Les délais d'attente ----------------------------------30e sur 30
Résultats vs investissements ------------------------30e sur 30
La transparence (droit du patient et information) ---28e sur 30
Médicaments----------------------------------------27e sur 30
Générosité du système-------------------------------20e sur 30
_____________________________________________
Résultat global--------------------------------------23e sur 30
Health Consumer Powerhouse / Frontier Centre for Public Policy Euro-Canada Health Consumer Index 2008
Profil
Mission
Être un guide vers et dans l'action pour les directrices/eurs en quête d'amélioration continue et offrir des services de qualité en gardant toujours comme priorité les besoins de la clientèle des services de garde de la petite enfance.Objectif cléOffrir à nos clients des services personnalisés leur permettant d’améliorer la qualité des services offerts et d’assurer le développement du plein potentiel des directrices/eurs.
Valeurs
- La qualité totale au niveau des services à la clientèle;
- L'exacte concordance entre les besoins des clients et notre intervention;
- Un temps de réponse court et le respect des échéances;
- La confidentialité des informations à nos clients;
- Le meilleur rapport qualité/prix du secteur des services-conseils.
Les outils à votre disposition :
- La planification stratégique et le plan d'affaires sont des outils qui servent à l'évaluation de la progression de l'entreprise;
- Le plan d’action annuel permet d’analyser en détail et de faire participer les directrices/eurs à une démarche d'amélioration continue. Cet outil aide à fixer des priorités d'action pour l'année à venir;
- Le coaching est un moyen très efficace sous plusieurs aspects, comme l'analyse de la situation et la mise en œuvre de correctifs et de solutions;
- Indicateurs de performance et tableau de bord de gestion;
- Services Conseils Marie-Claude Rouleau a accès à un réseau d’experts et de professionnels (architectes, avocats, informaticiens, pédagogues, entrepreneurs, fournisseurs de matériel éducatif, etc.) lui permettant de satisfaire la panoplie des besoins des services de garde de la petite enfance.
Marie-Claude Rouleau :
- est reconnu comme un leader fiable, proactif capable d’orienter et de motiver les individus;
- diplômée de l’UQAM en finance et marketing, elle oeuvre dans le domaine du service de garde à la petite enfance depuis plus de 5 ans;
- à titre de directrice générale du réseau de garderie « Les petits explorateurs » elle a acquis une expérience pertinente qu’elle désire mettre au service de l’ensemble des CPE et garderies privées du Québec.
22 janvier, 2008
Sommes-nous masochistes!
89 000 signatures contre la pauvreté
La Presse Canadienne
Montréal
La campagne «Mission collective: bâtir un Québec sans pauvreté», lancée le 28 novembre, a jusqu'à présent reçu l'appui de plus de 89 000 personnes de partout dans la province.
......
Lors d'une conférence de presse tenue mardi matin à Montréal, le Collectif a tenu à rappeler ses trois grandes demandes, soit l'accès à des services publics universels de qualité, le rehaussement du salaire minimum de façon à permettre aux travailleurs de sortir de la pauvreté, ainsi que la hausse des prestations publiques pour assurer des conditions de santé et de dignité à toute personne qui n'a pas un revenu suffisant.
......
Les objectifs visés par « Mission collective : bâtir un Québec sans pauvreté » sont certainement louables. Malheureusement, les moyens préconisés pour y arriver sont les mêmes qui appauvrissent les Québécois depuis trente ans. Malgré tout, leur pétition récolte 89 000 signatures. Par contre, la pétition demandant d’abolir l’imposition des pourboires n’a récolté que 18 signatures en 18 jours. Pourtant, l’abolition de l’imposition des pourboires est une mesure qui stimulerait l’économie et permettrait à de nombreux serveurs et serveuses d’améliorer leur niveau de vie.
Je n’arrive pas à m’expliquer notre masochisme! Ou serait-ce que nous sommes naïfs? Ou peut-être que nous ignorons comment l’économie fonctionne? Ou encore que l’État nounou nous a tellement déresponsabilisé qu’on s’en foute? Mystère!
20 janvier, 2008
Les Québécois sont toujours surtaxés
Dans leur étude « La tarification des services publics », Gilles N. Larin et Daniel Boudreau de la Chaire d’étude en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke affirment :
Le niveau élevé des dépenses publiques du Québec l’oblige à supporter une fiscalité plus lourde que celle des autres provinces canadiennes et même que celle de plusieurs de ses partenaires commerciaux.
Comme l’indique le graphique 3, les recettes fiscales totales du Québec atteignaient 39,6% du PIB en 2004 contre 33,5 % au Canada et 25,5 % aux États-Unis. Ce taux nettement supérieur limite sa capacité concurrentielle et freine sa croissance économique.
La composition des recettes fiscales est également un facteur important à considérer. Au Québec, elles proviennent principalement des impôts sur la production (particuliers et sociétés) auxquels il faut ajouter les contributions sociales, elles aussi prélevées sur les revenus de travail. En 2004, ces trois sources représentaient 24,5 % du PIB pour le Québec, 20,9 % pour le Canada dans son ensemble et 17,8 % pour les États-Unis. Les pays formant le G7 se situent entre le Canada et les États-Unis à 20,1 % du PIB. Une fiscalité fortement orientée sur les facteurs de production élève les coûts de production principalement au niveau de la main-d’oeuvre et diminue la capacité concurrentielle.
Donc, selon cette étude, en 2004, les québécois contribuaient beaucoup plus aux revenus de l’État que les habitants du G7. Les impôts des particuliers plus les taxes de vente représentaient 60,4 % (23,9 % sur 39,6 %) des recettes fiscales du Québec. Dans les pays du G7 le même ratio n’était que de 52.3 %. De plus, la pression fiscale au Québec, était 31,1 % plus élevée que la moyenne des pays du G7 (39,6 % versus 30,2 %). Ainsi, pour un PIB par habitant égale (34 825 $ en 2004), les québécois payaient 2 821 $ par habitant (8 323 $ versus 5 502 $) de plus en impôt et taxes que les contribuables du G7.
Heureusement, depuis 2004 les baisses d’impôts et de taxes ont certainement contribuées à réduire cette différence. Toutefois, pour éliminer une différence de 2 821 $ par habitant il aurait fallu réduire le fardeau fiscal des Québécois de plus de 21,2 milliards (2 821 $ multiplié par 7,5 millions d’habitants) ou de près de 8 500 $ par contribuables payant des impôts (60 % des travailleurs).
19 janvier, 2008
Peut-on tomber plus bas?
En plus de l’excellent texte de Vincent Marissal qui suit, je vous encourage aussi à écouter l’entrevue de Jean Counoyer, ex-ministre et Michel Parent, Président du syndicat des cols bleus de Montréal.
Le jeudi 17 janv 2008
La honte
Vincent Marissal
La Presse
Pauvre Montréal. Pour une rare fois que l'on a un vrai hiver, il n'y aura pas de Fêtes des neiges.
Pauvres Montréalais, en fait. Encore une fois, ils font les frais des interminables querelles entre la Ville et ses cols bleus.
Vous allez dire que c'est le père de deux petits monstres de 5 ans et de 20 mois qui ont bien besoin de bouger malgré le froid ambiant qui écrit ici. Vrai, la Fête des neiges fait partie des activités familiales depuis quelques années, mais en fait, c'est plus le Montréalais, le contribuable, qui exprime son ras-le-bol dans cette chronique.
Ras-le-bol de voir cette belle ville stagner, perdre du temps en conflits et en politicailleries, de voir cette ville constamment freinée dans son élan par une paralysie bureaucratique apparemment incurable.
L'annulation de la Fête des neiges n'est qu'un exemple de plus de ce qui cloche à Montréal.
Le pire, c'est qu'il est impossible de trouver le ou les responsables. Quand il y a un pépin, Montréal, c'est comme chez Air Canada: c'est toujours la faute de quelqu'un d'autre, ce qui fait qu'à la fin, ce n'est jamais la faute de personne.
Il faut 10 jours pour enlever la neige? C'est de la faute des arrondissements. Ou des cols bleus. Ou de Québec. Ou de la neige, tiens, trop abondante. Donc, c'est de la faute à personne. A-t-on une idée de la perte de productivité d'un bassin de population avoisinant les trois millions quand une ville tourne au ralenti pendant 10 jours ou plus?
Près de deux semaines pour enlever 30 cm de neige dans une ville comme Montréal? Suggestion pour la prochaine tempête: faites comme l'ancien maire de Toronto, Mel Lastman, appelez l'armée à la rescousse.
Mais revenons à la Fête des neiges. Qui est responsable de son annulation? Les cols bleus? C'est trop commode. Les négos? C'est trop simple. L'administration municipale? Chose certaine, le maire semble impuissant dans cette «crisette», lui qui en est réduit à demander une trêve aux cols bleus en les flattant dans le sens du poil pour leur bon travail après les récentes bordées de neige. Et en leur disant qu'il en va de leur réputation. Elle est bien bonne, celle-là. Depuis quand les dirigeants syndicaux des cols bleus se soucient-ils de leur image publique?
La Ville avait évité les coups d'éclat perturbateurs des cols bleus, l'été dernier, quand ceux-ci menaçaient de saboter le Grand Prix de Formule Un et la course Nascar, mais une fête familiale, c'est bien connu, ça rapporte moins que des courses de chars.
«Qu'est-ce que tu veux qu'il fasse pour la Fête des neiges, le maire, on est en pleines négos avec les cols bleus?» demandait hier un collègue de la salle de rédaction.
Voilà bien le problème: il semble qu'il ne peut jamais rien faire le maire, surtout quand il est question des cols bleus. On dirait bien qu'il n'a aucun pouvoir, aucun levier, qu'il est victime, finalement.
Dans notre système politique, ce sont les élus qui sont redevables aux citoyens, pas les cols bleus. Ce n'est pas toujours juste, les gouvernements en portent souvent lourd sur leurs épaules, mais c'est la règle du jeu.
Voici ce que Tonton Gérald disait, en juin dernier, pendant la controverse sur le Grand Prix et les festivals: «À Montréal, dès qu'il y a un problème, on se tourne vers le maire. Il faut changer des mentalités à la Ville et c'est difficile.»
Évidemment que l'on se tourne vers le maire, c'est pour cela qu'on l'a élu.
L'aspect le plus intéressant de la politique municipale, le plus intéressant en politique, point, c'est justement la proximité avec les électeurs. C'est au niveau municipal que l'on peut vivre la forme la plus directe de démocratie. Malheureusement, ce principe de proximité a été bafoué par les trop nombreux paliers de décideurs, dont la principale préoccupation est de protéger leurs arrières.
C'est notre faute aussi, beaucoup, cela dit. La politique municipale, on s'en fout, c'est pas sérieux, ce sont les ligues mineures à côté du provincial et du fédéral. Suffit de voir le taux de participation aux élections municipales pour s'en convaincre.
On a tort de s'en foutre parce que la Ville gère des budgets colossaux et la majorité de ses décisions, contrairement aux parlements fédéral et provincial, ont un impact immédiat sur la vie des citoyens.
C'est cette indifférence envers la chose municipale qui explique aussi l'absence chronique de grosses pointures parmi les aspirants maires. En tout respect pour les candidats potentiels, on n'est pas dans la crème politicienne du Québec. Comment se fait-il que le poste de maire de Montréal ne soit pas plus couru? Montréal n'est pourtant pas une ville moche, tant s'en faut. Elle stagne ces années-ci, c'est vrai, mais elle a maintes fois fait preuve d'une énergie et d'une créativité qui n'a rien à envier aux Barcelone, Vancouver ou Boston de ce monde.
C'est l'histoire de la poule et de l'oeuf. Est-ce que la politique municipale n'attire pas les grosses pointures parce que cette ville est devenue ingérable ou est-ce que cette ville est devenue ingérable parce qu'on manque de grosses pointures pour la diriger?
Une chose est certaine: l'absence de concurrence à la mairie rend la vie bien facile au maire Tremblay, qui ne se sent pas trop menacé.
Vous direz, avec raison, que l'impuissance de la métropole de la province fait l'affaire de Québec (c'est un réflexe inné en politique que de bâillonner ses subalternes).
Cela dit, pour pervertir une citation récente de John McCain, Montréal n'est pas la victime de l'histoire, mais son témoin. Le maire de Montréal a autant, sinon plus de légitimité que le gouvernement québécois (surtout un gouvernement minoritaire). Il est plus que temps de faire jouer le poids de cette légitimité.
18 janvier, 2008
Qu’est-ce qu’un service essentiel?
17 janvier, 2008
Enfin une bonne nouvelle
J’ai peine à croire que ces résultats soient représentatifs de l’ensemble des Québécois. Malheureusement, il est probable que les lecteurs du canal Argent sont des lecteurs avertis qui comprennent les bienfaits de la compétition. Quoi qu’il en soit, je suis encouragé de voir qu’il y a une tranche de la population qui en a « soupé » des monopoles gouvernementaux sclérosés. Il faut espérer que cette tendance devienne contagieuse.
(Source: Canoë.ca, le 17 janvier à 16h40)
16 janvier, 2008
Les priorités du CPQ
Il est intéressant de noter que personne n’a demandé plus de programmes ou plus de subventions. Toutes les demandes tournent autour de la création d’un environnement économique plus libre et plus efficace. À mon avis, cela démontre que les subventions gouvernementales servent simplement à compenser les entreprises pour les encourager à investir malgré la présence d’un environnement économique peu attrayant. Malheureusement, l’efficacité n’est pas politiquement rentable.
La plupart des programmes de subvention seraient inutiles si l’environnement économique du Québec était suffisamment attrayant. Mais, dans ce cas les ministres Bachand, Lessard et Boulet n’auraient pas pu participer à une conférence de presse pour annoncer une aide financière de 20 millions $ à ETGO. Par contre, les contribuables auraient économisé 20 millions $.
(Source : Le CPQ)
15 janvier, 2008
La responsabilisation, une solution durable
Dans un monde de plus en plus ouvert et mondialisé, la responsabilisation des individus, comme le souligne Nathalie Collard, est la seule avenue viable à long terme.
La cyberresponsabilité
Nathalie Collard, La Presse, le mardi 15 janv 2008
Il y a quelques années, quand un élève voulait médire sur un camarade de classe, il gribouillait un graffiti sur les murs des toilettes de l’école ou faisait circuler un bout de papier dans la classe. Ce procédé, qui atteignait pourtant sa cible, semble aujourd’hui bien inoffensif quand on le compare aux ravages que peuvent causer la cyberintimidation.
Internet a amplifié le phénomène de la rumeur. Quant à la photo numérique et la vidéo, elles ont singulièrement raffiné le processus d’humiliation publique. Aujourd’hui, l’anonymat rassurant de l’Internet permet de lyncher quelqu’un d’un simple clic, sans grande crainte de représailles. Ce phénomène ne s’observe d’ailleurs pas seulement chez les jeunes. Il suffit d’aller se balader sur certains blogues pour voir que les internautes adultes ne sont pas toujours un modèle de civisme...
La popularité de l’Internet et des nouveaux moyens de communication commande donc un nouveau type de responsabilisation pour tous, pas seulement pour les jeunes.
Commençons par les parents. Comme le fait remarquer un spécialiste de la cybersurveillance, il n’est pas nécessaire que le parent soit un crack de l’informatique, il faut surtout qu’il s’intéresse à son enfant, ses relations, ses activités en ligne. Mais les bonnes relations parents-enfants ne sont pas toujours un gage de sécurité, comme l’a illustré notre série publiée au cours des derniers jours. Les parents doivent également enseigner aux jeunes à se sentir responsables de ce qu’ils écrivent. Ils doivent leur apprendre que les mots peuvent faire tout aussi mal que les coups. Enfin, ils doivent privilégier la prévention plutôt que l’espionnage. En d’autres mots, il faut désormais expliquer les dangers de l’Internet comme on explique à un enfant les règles de sécurité à vélo ou à la piscine. En gardant en tête que certains enfants seront sans doute insensibles à toute prévention, quelle qu’elle soit.
C’est pour cette raison que le milieu scolaire a un rôle à jouer. On comprend le désarroi des directions d’école devant ce monstre tentaculaire qu’est Internet. Les commissions scolaires devraient former leur personnel et les outiller pour aider les victimes et leurs parents, qui se sentent souvent impuissants. En Ontario, l’intimidation, qu’elle soit virtuelle ou physique, est passible de suspension. C’est une avenue à étudier. Lorsqu’un élève en est à sa deuxième récidive, il devrait être puni sérieusement. Il faut également informer les jeunes de leurs droits et mettre en place un dispositif de plaintes qui protège l’élève qui se confie. Un élève qui dénonce s’expose à être humilié davantage. L’école doit prévoir un protocole pour le protéger. À terme, la cyberintimidation doit devenir un acte socialement inacceptable.
Enfin, un mot sur la naïveté de certains adolescents. On pourrait disserter longtemps sur cette culture qui consiste à tout dévoiler devant une webcam. Ce sera pour une autre fois... Par contre, il faudrait faire comprendre à l’adolescente un peu trop confiante que lorsqu’elle s’envoie en l’air devant une webcam (et qu’elle en avise 130 de ses proches «amis»), il y a de grands risques que les images ne dorment pas sur son disque dur bien longtemps…
14 janvier, 2008
L’étatisme ou comment appauvrir les Québécois
Ce recul découle en grande partie du peu d’efficacité des monopoles d’État. En effet, c’est dans ces monopoles que le PIB par travailleur en proportion du niveau canadien est le plus faible :
- Services d’enseignement : 95,7
- Administrations publiques : 90,5
- Soins de santé et assistance sociale : 88,2
(Source : Dr. Andrew Sharpe Directeur Exécutif, Centre d’étude des niveaux de vie (CENV), Présentation au colloque : S'enrichir n'est pas un crime ! Comment accroître la prospérité du Québec ? Université du Québec à Montréal.)
René Vézina, LesAffaires.com, 13 janvier 2008 à 20h33
Non, s'enrichir n'est pas un crime
Pour chaque année d'instruction additionnelle, au Canada, une personne augmente son salaire de 6 à 10 %. Or, le Québec compte encore, proportionnellement, moins de diplômés que ses voisins. Des citoyens pauvres forment une société pauvre.
C'est l'un des constats brutaux qui sont ressortis d'une très intéressante conférence présentée vendredi à l'UQAM, et intitulée « S'enrichir n'est pas un crime ». Pourquoi un titre aussi provocateur ? « Parce que nous trouvons essentiel de taper encore et encore sur le même clou, celui de l'importance de la création de richesse », dit Pierre Fortin, économiste à l'UQAM et co-organisateur de l'événement.
Des analystes réputés du Québec et de l'Ontario sont venus présenter noir sur blanc le retard du Québec face aux autres provinces, et le retard du Canada face aux États-Unis. Pas parce que nous sommes moins fins, mais parce que nous avons abdiqué en chemin.
Par exemple : au Québec, la moyenne des heures travaillées n'atteint que 96 % de la moyenne canadienne. Comme le disait un conférencier, c'est un choix, et il n'est pas si bête, mais il ne faut pas exiger la lune en retour. Une société qui travaille moins d'heures produit moins de richesse. Et il lui en reste moins à distribuer. Élémentaire, mon cher Watson. Lucien Bouchard n'avait pas tort.
De même, le Québec compte 12 % de gens qui n'ont pas complété leur secondaire, contre 10 % pour l'ensemble du pays. Nous sommes également -légèrement- en retard quant au taux de diplômés universitaires, 26 % contre 27 %, et ce, malgré les frais de scolarité les plus faibles au pays.
L'impact d'une meilleure éducation ne se fait pas seulement sentir sur le compte de banque : les gens plus scolarisés sont aussi en meilleure santé, ils participent davantage à la vie démocratique et sont moins portés à être délinquants. Bref, leur bonne performance profite à l'ensemble de la société.
Va falloir se questionner sur nos façons de faire... Mais après tout, si nous préférons être pauvres et malades que riches et en santé, c'est notre droit, pas vrai ?
13 janvier, 2008
La gauche québécoise est-elle périmée?
Ce dont il faut débattre c’est la pertinence de l’intervention de l’État québécois dans tous les domaines de l’économie et de la vie de tous les jours. Chaque intervention étatique brime un peu plus les libertés individuelles. Ce processus déresponsabilise les individus et les étouffe lentement mais non moins surement.
(Voir aussi le texte de Martin Masse)
11 janvier, 2008
L’incompétence a un nom : Béchart
L'achat de wagons pour les nuls
Sophie Cousineau, 11 janvier 2008 - 06h48, La Presse
«Inaptitude d'une autorité publique à accomplir un acte juridique.»
Voilà la première définition que le Petit Robert donne au mot incompétence. Et c'est «drette cela», si vous me passez le québécisme. Aussi ahurissant que cela puisse paraître, Québec est incapable d'acheter des wagons de métro.
Il y a deux polémiques sur le remplacement des 336 voitures de métro de la Société de transport de Montréal (STM). L'une touche le fond, l'autre touche la forme.Le fond, c'est la décision annoncée par Québec, au printemps de 2006, de ne pas procéder par appel d'offres. Cela revenait à donner à Bombardier, sur un plateau d'argent, un contrat d'une valeur estimée à 1,2 milliard de dollars.
La forme, c'est la façon par laquelle le gouvernement a tenté de faire avaler la pilule, tant aux contribuables québécois qu'au groupe français Alstom, éternel rival de Bombardier.
Commençons par le fond. Contrairement à ce que pensent certains, Québec peut octroyer ce contrat sans appel d'offres en toute légalité. Il s'en trouve même plusieurs pour défendre ce choix d'encourager les champions nationaux, même si je n'en suis pas.
La police du commerce international, l'Organisation mondiale du Commerce (OMC), ne sortirait pas son sifflet. C'est que son Accord sur les marchés publics est truffé d'exceptions.
Il s'applique seulement aux pays signataires, un petit club de pays riches, et non aux provinces et aux autres juridictions inférieures. Surtout, il exempte les achats de matériel de transport urbain.
En fait, la seule chose qui interdisait à Québec de faire n'importe quoi, c'est sa propre Loi sur les sociétés de transport en commun.
Que dit cette loi? Que la STM peut négocier avec une seule entreprise, à la condition de démontrer, à la suite d'une vérification "documentée et sérieuse", qu'il n'y a aucune autre entreprise au Canada qui soit en mesure de fournir le matériel et le service en question.
C'est ce travail que le gouvernement a complètement bâclé, pour ne pas dire cochonné. En effet, la vérification sommaire faite par des fonctionnaires, qui n'étaient pas qualifiés pour faire ce travail, est datée de janvier 2007. C'est huit longs mois après que le ministre du Développement économique, Raymond Bachand, eut annoncé sa décision de ne pas procéder par appel d'offres!
«En date du 11 mai 2006, date de l'annonce, il n'y avait aucune vérification documentée crédible au dossier», a conclu le juge Joël Silcoff de la Cour supérieure.
Québec devait faire la démonstration que les installations d'Alstom à Sorel-Tracy et à Calgary servaient uniquement à l'entretien de matériel roulant et non pas à la fabrication et à l'assemblage de wagons neufs.
Et si le gouvernement doutait que sa preuve résiste à une contestation prévisible d'Alstom, il pouvait toujours changer sa loi. Rien ne l'en empêchait.
À la place, Québec a créé un véritable gâchis. Gâchis dont les usagers du métro de Montréal n'ont pas fini de faire les frais...
Vingt mois plus tard, donc, la Société de transport de Montréal doit revenir à la case départ et lancer un appel d'offres, ce qui retardera encore la livraison des wagons, qui était prévue à l'été de 2012 à l'origine.
Or, le gouvernement calculait au printemps de 2006 qu'un appel d'offres retarderait de plus de deux ans (26 mois) la livraison des wagons comparativement à une négociation de gré à gré.
Le plus ironique, c'est que Québec invoquait l'urgence d'agir pour procéder de la sorte, les wagons du métro étant sur le point de tomber en pièces! Sans mentionner bien évidemment qu'il s'agissait d'un problème auquel le gouvernement libéral a contribué...
En effet, peu de temps après l'élection de Jean Charest, en 2003, la STM a suspendu son projet de remplacer les wagons par appel d'offres, faute d'appuis et de financement du gouvernement.
C'est l'ancien ministre du Développement économique Claude Béchard qui l'a ressuscité à l'été de 2005. Mais le député de Kamouraska-Témiscouata, où se trouve l'usine d'assemblage de wagons de La Pocatière, a dès lors affirmé que Bombardier devrait obtenir le contrat, alors qu'il avait toujours été question d'un appel d'offres jusque-là. C'est là que le dérapage a commencé.
Le pire de tout cela, c'est que la STM a perdu énormément de crédibilité dans cette histoire, ayant été associée aux manoeuvres politiques grossières du gouvernement.
En ordonnant la tenue d'un appel d'offres, le juge Silcoff écrit que la Société de transport «n'a plus l'indépendance et l'impartialité requises pour être saisie du dossier et prendre une décision appropriée».
Si la STM n'est plus assez impartiale pour décider ou non de la tenue d'un appel d'offres, comment peut-elle choisir le gagnant dudit concours?
Et est-ce que cela n'ouvre pas la porte à une nouvelle contestation d'Alstom, advenant que l'entreprise française perde le contrat? D'autant que Bombardier a eu accès à des informations privilégiées au cours des derniers mois.
On ne s'assoira pas de sitôt dans le nouveau métro.
Bombardier doit faire ses preuves
Michel Laliberté, Cyberpresse, Le Jeudi 10 Janvier 2008
Le patronage n’a plus sa place en politique. Le gouvernement de Jean Charest vient de se le faire rappeler durement par un juge de la Cour supérieure. Celui-ci force la Société de transport de Montréal (STM) à lancer un véritable appel d’offres pour le remplacement de 336 wagons de métro. Une affaire de 1,2 milliard de dollars!
Cette histoire, c’est celle en fait d’un favoritisme éhonté du ministre Claude Béchard à l’endroit de Bombardier Transport. Titulaire en 2005 du portefeuille du Développement économique, le ministre a fait en sorte que Bombardier obtienne le contrat. C’était une excellente nouvelle pour l’économie du Québec, mais ça l’était surtout pour l’usine de Bombardier à La Pocatière. Par un incroyable hasard, elle se trouve en plein dans la circonscription de Kamouraska-Témiscouata, celle de l’ambitieux politicien.
À l’époque, les responsables de Bombardier se sont défendus, assurant que les contribuables en auraient pour leur argent. La belle affaire! On aurait été surpris qu’ils affirment le contraire. La réalité, c’est que cette façon de faire équivaut à signer un chèque en blanc. Imaginez-vous un instant la réaction de l’opinion publique dans l’éventualité d’un dépassement des coûts. Parce que les dépassements de coûts sont monnaie courante (prolongement du métro à Laval, Grande bibliothèque, UQAM).
Le problème est strictement politique. Le ministre Béchard s’est prévalu d’une loi autorisant les sociétés publiques, comme la STM, à outrepasser le processus d’appel d’offres pour négocier avec un seul fournisseur. Si les effets sont bénéfiques pour une usine quelque part au Québec, les contribuables, ceux qui financent ces projets majeurs, n’ont aucune garantie qu’ils paient le juste prix.
Le but des appels d’offres est double: mettre les fournisseurs en concurrence pour obtenir le meilleur prix et éviter que les amis du régime ne se sauvent avec le contrat sans prouver qu’ils le méritent. Jusqu’à maintenant, c’est le meilleur processus que les sociétés démocratiques ont mis au point.
Il existe des mécanismes au Québec pour s’assurer de retombées économiques lors de l’octroi de contrats publics. Les conditions dans les appels d’offres peuvent exiger des soumissionnaires, par exemple, que des composantes des produits achetés proviennent du Québec.
On image que les dirigeants de Bombardier Transport maugréent. Mais inversons le problème: comment réagiraient-ils si un ministre dans un autre pays leur en passait une vite à la Claude Béchard? Ils n’applaudiraient certainement pas.À Bombardier, cette grande multinationale, de prouver qu’il mérite le contrat de la STM. En suivant les règles de l’art, bien entendu.
09 janvier, 2008
La saga des fusions/défusions continue
La ministre Normandeau est tellement occupé à mousser sa popularité et celle de son parti qu’elle n’a pas le temps de travailler à trouver une solution pour Montréal. En décembre seulement, elle a participé à 19 communiqués de presse en 21 jours.
(Voir aussi Quel gâchis)
Le mardi 08 janv 2008
Il était une fois 19 roitelets
Lysiane Gagnon, La Presse
Quel besoin a-t-on de 19 roitelets dans une ville de 1,8 million d'habitants? Pourquoi ces «mairies» superflues qui exercent des juridictions qui devraient normalement revenir à l'administration centrale - l'aberration ultime étant que le centre-ville relève d'un arrondissement?
À ces «pourquoi», on connaît la réponse: cela, c'est ce qui reste de la triste saga des défusions. Pour convaincre les anciennes municipalités de banlieue d'accepter la fusion, on leur a offert un statut quasi autonome en les transformant en arrondissements dotés de pouvoirs importants. On a évidemment fait de même dans l'ancienne ville de Montréal, désormais découpée en arrondissements plutôt qu'en simples districts.
Le stratagème n'a pas marché. Les municipalités de la banlieue ouest ont défusionné, et Montréal a hérité, en pure perte, d'un système de gouvernement inefficace, lourd et coûteux.
Hélas, on ne peut refaire le passé. En revanche, on devrait se demander pourquoi Montréal devrait être condamné à traîner pareil boulet. (Oui, oui, je sais, Paris a 20 maires d'arrondissement. Mais, outre le fait que Paris compte plus de 2,2 millions d'habitants, ses arrondissements ont des pouvoirs beaucoup moins étendus qu'à Montréal; ils gèrent essentiellement les services de proximité - garderies, parcs, mariages, etc. De toute façon, la France, avec sa pléthore d'édiles et de structures, est loin d'être un modèle de gouvernance.)
S'il y a un domaine qui illustre à merveille l'absurdité à laquelle a abouti la décentralisation entreprise en réponse aux tentations défusionnistes, c'est bien celui du déneigement. Les Montréalais, écoeurés, en ont abondamment parlé, autour des tables à dîner, durant le temps des Fêtes.
Le déneigement relève maintenant des arrondissements, avec le résultat que les priorités varient grandement d'un endroit à l'autre, et que les ressources - hommes et équipements - ne peuvent être mises en commun, chacun gardant jalousement les siennes.
Trois jours après la première tempête de neige de décembre, l'arrondissement de Côte-des-Neiges n'avait pas encore trouvé le moyen de déneiger les abords des hôpitaux St. Mary's et Jewish General. Dans Ville-Marie, la rue Sherbrooke - la plus importante artère est-ouest de la ville - était encore en friche, alors que dans Rosemont, de tranquilles petites rues résidentielles étaient parfaitement nettoyées.
À l'époque de Noël, le centre-ville - le coeur économique de la région métropolitaine où logent au surplus une demi-douzaine d'hôpitaux, trois universités et la majorité des infrastructures touristiques - faisait pitié à voir.
En fait, c'est la pluie qui a sauvé le centre-ville de l'enlisement en faisant fondre la neige dont les équipes de déneigement étaient incapables de venir à bout dans une ville où il neige depuis la nuit des temps!
Le pire, c'est que l'on ne savait même pas qui blâmer. La ville? L'arrondissement? Les frères Tremblay? Le petit maire Labonté? Dans ce système hyper-décentralisé, personne n'est redevable aux citoyens.
Comme l'écrivait Henry Aubin, le chroniqueur municipal de The Gazette qui suit depuis des années l'actualité municipale, «c'est la pire performance qu'on ait vue de mémoire d'homme».
Pour Aubin, le déneigement, à l'instar de la police et du service des incendies, devrait relever de l'administration centrale. Avec les hivers qu'on a, le déneigement n'est pas un «service de proximité» analogue à l'entretien d'un parc local, c'est une vaste tâche qui doit être coordonnée au sommet.
Il faudrait aller plus loin. Est-il rationnel que l'urbanisme et la protection du patrimoine architectural relèvent d'arrondissements qui n'ont pas l'expertise nécessaire? Comment se fait-il qu'Outremont, naguère sagement administré, soit devenu un nid d'abus flambés au whisky, une fois transformé en arrondissement? Pourquoi tolérer plus longtemps les «putschs» enfantins du maire de Ville-Marie, qui s'est imaginé, en dépit du bon sens, qu'il devait avoir la main haute sur l'aménagement du CHUM et du Quartier des spectacles - des projets qui concernent l'ensemble de la ville?
Au fait, M. Labonté pourrait-il nous expliquer pourquoi Ville-Marie va dépenser 380 000$ pour embaucher une firme de relations publiques (ce contrat faisant suite à un autre de 75 000$ en 2007), alors que l'arrondissement a déjà à son services six professionnels de la communication? Est-ce aux citoyens de défrayer les petites luttes de pouvoir qui l'opposent au maire Tremblay?
07 janvier, 2008
Crédit, monnaie et inflation
Depuis 1971, la plupart des monnaies ont perdu leurs derniers liens avec l’or. Le franc suisse est une exception notable puisque ses liens avec l’or sont restés importants jusqu’en 1992 en maintenant 40% de couverture. Avoir une monnaie sujette à de plus amples manipulations gouvernementales était la condition de son adhésion au FMI… Sa réputation d’avoir une monnaie «forte» la suit toujours, bien que cela s’avère moins vrai aujourd’hui.
Ce qui détermine la force d’une monnaie est son pouvoir d’achat et ce qui détermine celui-ci est la «quantité» de monnaie émise, ou plus précisément sa valeur nominale. La demande de monnaie pour ses besoins courants affecte aussi le pouvoir d’achat, mais puisqu’elle est plutôt stable par rapport à l’offre, on se contente de dire que l’offre est le seul facteur qui affecte son pouvoir d’achat. Cela est moins vrai en temps de crise et particulièrement lorsque les gens perdent confiance en l’autorité monétaire.
Étant donné que les gouvernements ne se préoccupent plus de savoir s’ils ont de l’or ou non dans leurs coffres, ils créent de la monnaie, c’est-à-dire de l’inflation, beaucoup plus facilement. Sa source est la banque centrale, mais aussi, et surtout, les banques à charte et autres institutions similaires via des prêts n’ayant aucune richesse comme contrepartie. En d’autres mots, il y a plus de prêts émis qu’il n’y a de richesse pour les rembourser. Ce processus indirect d’inflation est non seulement légal, mais il est encouragé par les gouvernements.
La monnaie utilisée aujourd’hui est plus difficile à évaluer que la monnaie d’espèces (or, argent métallique, etc.), car elle se distingue mal du crédit. Le nombre élevé d’agrégats monétaires (MZM, M1, M2, M2+, M2++, M3, etc.) le démontre bien. Malgré que chacun de ces agrégats représente une définition de la monnaie et que chacun soit accompagné d’une valeur nominale différente, ils ne constituent pas de différentes mesures d’inflation. Pour les gouvernements, comme pour trop d’économistes et de supposés experts, ces différentes mesures ne sont que des tentatives pour représenter le PIB, lui-même censé exprimer la richesse. Autrement dit, si un agrégat monétaire possède une forte corrélation avec le «revenu national» (ou PIB), alors ils présument qu’ils ont trouvé une bonne définition de la monnaie. La réalité est qu’ils sont confus, que ce soit relativement à la monnaie, le crédit, l’inflation et la richesse.
Monnaie vs crédit
Il n’y a pas si longtemps la monnaie était métallique, alors que la monnaie de papier lui servait de substitut. La monnaie de métal étant abandonnée on a fait monter en grade son substitut, qui sert maintenant de monnaie officielle. Quelles sont ses caractéristiques? Si la plupart des économistes cherchent à les établir d’après une corrélation avec le revenu national, les tenants de l’École autrichienne d’économie, de leur côté, les établissent d’après ses qualités originelles. Deux points de vue méritent l’attention. Le premier, à l’instar des définitions actuelles, tend à caractériser la monnaie selon son degré de «liquidité», c’est-à-dire sa capacité d’être échangée rapidement contre biens et services. Le second va plus loin dans cette direction en excluant toutes les transactions de crédit. Cependant, que l’on penche pour l’un ou l’autre point de vue, l’inflation, telle qu’entendue par l’École, ne diffère pas.
On ne distingue pas la monnaie par son aspect physique, mais par ses caractéristiques. Sa principale caractéristique est sa capacité immédiate d’échange. On échange la monnaie contre pratiquement n’importe quoi et n’importe quand, ce qui n’est pas le cas des autres biens. Dès lors que cette capacité perd de son immédiateté, on ne devrait plus parler de monnaie, mais de crédit. Les caractéristiques de l’une et l’autre sont importantes à préciser pour identifier les liens de propriété. Le crédit est également un moyen d’échange, mais qui comporte des risques, ou à tout le moins un délai d’usage, que la monnaie n’a pas. Il y a autant de transactions de crédit qu’il y a de types de risques, alors qu’il n’y a qu’un seul type de transaction sans risque, celle qui permet la jouissance immédiate de sa propriété.
Dans une transaction de crédit la monnaie est transférée soit du prêteur à l’emprunteur, soit de l’acheteur au gestionnaire, mais dans les deux cas l’objectif est de recevoir une plus grande somme d’argent au bout d’un certain temps. Les différences à établir entre l’une et l’autre forme d’investissement sont avant tout d’ordre légal, par conséquent financières, mais elles demeurent sans grande importance du point de vue économique. En effet, dans les deux cas l’investisseur confie sa propriété monétaire à certaines conditions et dans le même but, soit de la faire fructifier.
La plupart de ces investissements contiennent des risques plus ou moins grands et bien que certains de ces investissements garantissent le capital, puisqu’ils ne sont pas encaissables avant terme, on qualifie ces transactions de «crédit» pour les différencier des autres transactions, qui ne comportent pas les risques généralement associés à la durée des investissements. Du point de vue économique, on peut qualifier la transaction de crédit d’échange de «biens présents» pour des «biens futurs» nécessairement incertains. Il s’agit d’une image illustrant que l’argent est investi et reviendra «transformé» au bout d’un certain temps, c’est-à-dire haussé ou réduit par le capital ou l’intérêt.
Les autres transactions sont celles qui impliquent un échange de biens présents pour d’autres biens présents. Elles s’effectuent ou bien directement à l’aide de billets ou de substituts de monnaie (chèque certifié, mandat, etc.), ou bien indirectement à l’aide de titres (carte débit, chèque, etc.) donnant accès à un compte chèque. Il est à noter que cette version indirecte de se procurer un bien est qualifiée de crédit au sens légal. Toutefois, bien que cette transaction ne soit pas finale de par les titres utilisés, question de sécurité, elle ne donne pas moins accès à son argent, censé être disponible car non investi. On parle donc d’un échange entre «biens présents», à savoir un compte chèque et un titre, que l’on peut qualifier de «promesse immédiate de payer», qui y donne accès. Pour qualifier cette transaction de crédit au sens économique, à la dimension temporelle devrait se joindre la «transformation» d’un bien par l’entremise d’un investissement. Or, puisque cet aspect ne s’y trouve pas, on ne peut la qualifier de crédit en ce sens.
Par suite de cette caractérisation on peut exclure de la monnaie les certificats de dépôts parce qu’ils sont retirables à échéance et la plupart des fonds d’investissement dans les marchés monétaires, parce qu’ils comportent des risques, aussi minimes soient-ils, de perte en capital. Si l’on exclut de la définition de la monnaie toute transaction de crédit au sens économique, alors les services d’épargne qui s’apparentent aux services de dépôt doivent en être exclus. On retrouve dans cette catégorie notamment les comptes d’épargne, les fonds mutuels mixtes en marché monétaire (épargne et dépôt) et les accords de rachat d’un jour (overnight repurchase agreements). Dans le cas contraire, ces services doivent en faire partie, car ils en ont pratiquement toutes les caractéristiques : retirables sur demande, sécuritaires, etc. La difficulté à les classer consiste à déterminer si l’on doit mettre l’accent sur la rapidité d’accès à la monnaie ou sur l'utilisation qu’on en fait, à savoir un investissement ou un dépôt ayant pour but premier la sécurité. Devant ce dilemme, les deux définitions se valent. La première met l’accent sur la sécurité financière de l’épargnant et en ce sens elle est plus conservatrice, alors que la seconde met l’accent sur la pratique usuelle, de sorte qu’on peut la qualifier de pragmatique.
Chose certaine, on devrait exclure de la monnaie les chèques de voyage pour au moins deux raisons. La première est qu’ils constituent des reçus pour de l’argent investi dans les entreprises qui les émettent. À ce titre, ils comportent des risques pour le client, notamment un délai d’attente possible pour être remboursé et une perte en capital possible, bien que peu probable, advenant que l’entreprise émettrice déclare faillite. La seconde, parce qu’ils ne servent pas de paiement final aux transactions. Ces chèques transitent par les banques, ou les sociétés de crédit, qui se chargent de transférer les fonds à leurs ultimes détenteurs. Les chèques de voyage ont bien sûr leur avantage, mais ils ne devraient pas se retrouver, comme à l’heure actuelle, dans les définitions strictes de la monnaie, sinon on confond ses caractéristiques et son utilisation.
Une erreur plus grave encore, qu’on rencontre dans certains pays, notamment aux États-Unis, est celle d’exclure, de tout agrégat monétaire et par suite de la définition de la monnaie, les dépôts du gouvernement national dans les banques commerciales et à la banque centrale. En effet, les sommes soutirées aux contribuables par l’entremise de l’imposition sont transférées dans les comptes gouvernementaux, de sorte qu’ils n’affectent pas la masse monétaire, à moins de les exclure comme à l’heure actuelle. Quel en est l’intérêt? Chose certaine, cela en dit long sur la compréhension du sujet.
Considérant ce qui précède, voici les éléments qu’on devrait retrouver dans la définition de la monnaie : les pièces, billets, dépôts bancaires dans les comptes chèques, les dépôts similaires dans toutes autres institutions financières et les dépôts gouvernementaux auprès de la banque centrale et des banques à charte. De manière plus pragmatique on peut ajouter les comptes d’épargne, les fonds d’investissent mixtes en marché monétaire, les accords de rachat d’un jour, voire les obligations d'épargne du Canada, des États-Unis et de quelques autres pays. Voilà pour une définition de la monnaie moderne se basant sur ses caractéristiques. Qu’en est-il de l’inflation?
L’inflation via les réserves fractionnaires
Quand bien même on adopterait cette définition restreinte de la monnaie, l’inflation ne serait pas réduite pour autant. En effet, bien que les dépôts bancaires retirables sans préavis ne constituent pas une transaction de crédit, les banques font comme si cette monnaie leur appartenait. En effet, elles prêtent l’argent qui leur avait pourtant été confié dans le but principal de le maintenir en sécurité. Toutefois, elles n’agissent pas illégalement puisqu’il s’agit d’une réglementation gouvernementale qui leur permet de maintenir moins d’argent dans leurs coffres que les montants qui y ont été déposé par les épargnants. Cela n’est pas illégal, mais il ne demeure pas moins vrai que par ce processus du nouvel argent voit le jour rattaché à une dette, donc sous forme de crédit et sans qu’il y ait eu épargne au préalable. Ce n’est pas illégal, mais cela ne constitue pas moins la plus grande source d’inflation. Alors les comptes bancaires sont-ils vraiment en sécurité? Certainement pas si l’on considère la perte de pouvoir d’achat qui découle de ce processus. Si l’on reconnaît bien la source du mal, comment peut-on, en son âme et conscience, continuer à accuser le marché d’en être le coupable? Serait-ce qu’il s’agit d'un bouc émissaire qui rassure ses croyances en l’État?
Puisque cette nouvelle monnaie voit le jour accompagnée de dette -les institutions financières ne prêtent pas sans intérêt- on pourrait la qualifier de «monnaie de crédit». Cela marque bien la différence avec la monnaie d’espèces qui constituait un actif n’ayant pas de dette comme contrepartie. À son tour, cela rappelle l’origine de la monnaie, soit comme une richesse en soi. Toutefois, cette qualification porte à confusion, à savoir que la «monnaie de crédit» n’existerait qu’à travers les transactions de crédit, ce qui est faux. Elle sert à toutes les transactions, y compris celles qui permettent d’échanger différents «biens présents» entre eux, comme par exemple l'argent de son compte chèque pour des billets. Par conséquent, on continuera à la qualifier de monnaie, tout court, en s’efforçant d'en signaler les dangers dus à sa piètre qualité d’être à la fois dette et actif, du moins à sa naissance.
Étant donné qu’elle se retrouve partout, on ne peut pas dire, comme le prétendent certains, qu’un agrégat monétaire la représente mieux. Pour la même raison, on ne peut pas disculper la banque centrale quant à la création de monnaie sous prétexte que le seul agrégat monétaire dont elle a un contrôle direct augmente peu. En effet, c'est oublier qu’elle manipule les taux d’intérêt qui affectent la quantité de crédit offerte par les banques. Le processus de création de monnaie constitue bel et bien l’inflation, mais celle-ci ne se retrouve pas plus dans un agrégat que dans un autre et la banque centrale n’en constitue pas l’unique source.
On la reconnaît aux dettes qui l’accompagnent plutôt que par l’entremise d’«indicateurs d’inflation». En effet, ceux-ci ne considèrent que certains effets de l’inflation, et encore! Ils ne font aucun lien avec l’inflation monétaire qui constitue pourtant le principal facteur affectant les prix. Puisque ces indices ne signalent qu’une inflation modérée des prix, on ne remet pas en question sa compréhension de la monnaie. Il s’agit de deux erreurs donnant l’impression de s’annuler mutuellement : on considère que la monnaie est neutre et on ne voit pas toutes les conséquences de l’inflation, car on la définit autrement.
On pense que la monnaie est neutre, c’est-à-dire qu’elle n’a pas de conséquence sur les prix, ou si elle les affecte, c’est de manière uniforme, de sorte que les conséquences sont négligeables, voire inexistantes. La réalité est que les gens sont affectés différemment par l’ajout de monnaie, d’abord parce que ce n’est pas tout le monde qui y a accès en même temps, ensuite parce que la consommation étant différente d’un individu à l’autre, les prix des biens et des services sont affectés tout aussi différemment. À trop voir la science économique à travers les mathématiques, dans ce cas-ci via la formule ‘PQ=MV’, on finit par s’en éloigner. L’homme n’est pas une mécanique. Voir la deuxième section de «L'échange indirect» de Ludwig von Mises.
Considérer l’inflation comme étant une hausse moyenne des prix des biens de consommation répertoriés passe à côté de plusieurs réalités, et non les moindre. L’une d’elles est que l’inflation n'affecte pas seulement les biens de consommation, elle se retrouve aussi dans les marchés boursiers, obligataires, dérivés, immobiliers, etc. Une autre de ces réalités est que certaines gens sont très affectés par l’inflation, d’autres peu, alors que d’autres encore en tirent avantage. L’inflation monétaire redistribue inégalement les richesses à l’avantage de ceux qui y mettent la main en premier. On doit également mentionner que les indices d’inflation comptabilisent des hausses de prix qui n’ont rien à voir avec l’inflation monétaire, ni d’ailleurs avec la cupidité des gens ou de certaines industries. En somme, il y a beaucoup d’incompréhension exprimée, car la science censée y voir clair s’est endormie sur le lit de l’idéologie étatiste. On peut toujours lui attribuer un prix de consolation dans la mesure où elle s’est relativement bien défendue à cet égard en comparaison à d’autres sciences, mais c’est dire le coup de barre à donner pour renverser cette idéologie. Et le plus tôt sera le mieux.
04 janvier, 2008
L’imposition des pourboires est discriminatoire
Le 29 décembre 2007, le journal Le Soleil révélait que Revenu Québec a réclamé des centaines de dollars à des serveurs de Québec. La moitié des 316 serveurs des Rôtisseries St-Hubert de la capitale se sont vu réclamer en impôt des sommes allant de 250$ à plus de 1000$.
Les travailleurs de la restauration sont une cible facile pour Revenu Québec. Ils sont peu organisés et peu protégés. Ils ne forment pas un groupe d’intérêt susceptible de contribuer à la caisse électorale ou d’influencer le vote populaire lors des prochaines élections. Ce n’est plus qu’une question de temps avant que Revenu Québec s’attaque aux pourboires des taxis, coiffeurs, préposés aux malades, garçons d’épicerie, etc.
Malheureusement, une majorité de Québécois croient naïvement que l’État nounou leur est profitable et encouragent, sans le savoir, les abus de Revenu Québec.
À la question « Selon vous, les serveurs devraient-ils payer de l'impôt sur la totalité de leurs pourboires », j’ai été renversé de constater que 50 % ont répondu par l’affirmative!
Source : Cyberpresse, le 29 décembre 2007
L’imposition des pourboires des travailleurs de l’industrie de la restauration est injuste, discriminatoire et génère peu de revenu :
- Le pourboire représente un cadeau que le client remet aux serveurs (ses) pour souligner son appréciation. Imposer les pourboires sans imposer toutes les autres formes de cadeaux, est injuste.
- Les travailleurs de plusieurs industries (taxis, coiffeurs, préposés aux commandes à l’auto, femme de chambre, préposés aux pompes à essence, livreurs, etc.) reçoivent des pourboires. Ces pourboires sont imposables mais, Revenu Québec ferme les yeux. Il est inacceptable que Revenu Québec n’applique pas les mêmes critères à tous.
- L’imposition des pourboires des travailleurs de l’industrie de la restauration représente des revenus bruts de moins de 42 millions. De plus, les frais administratifs et d’enquêtes grugent certainement une portion non négligeable de ces revenus. (1)
Le cas échéant, il serait facile pour le gouvernement de récupérer les pertes encourues dues à l’exemption des pourboires. Les monopoles gouvernementaux inefficaces, les programmes électoraux coûteux, les subventions inutiles aux entreprises et aux nombreux organismes bidons coûtent littéralement des milliards au trésor québécois. Mais, couper les subventions des groupes d’intérêts bien organisés risque de nuire au financement de la caisse électorale et à la réélection du parti au pouvoir. Alors, Revenu Québec a pour mission de saigner à blanc les contribuables peu susceptibles d’offrir une opposition efficace. C’est d’une mesquinerie machiavélique.
Il est temps de laisser savoir au gouvernement qu’il y a des limites à tout. J’ai mis en ligne une pétition pour demander au ministre des Finances d’éliminer l’imposition des pourboires lors du prochain budget. Je vous encourage à faire connaître l’existence de cette pétition à tous vos parents et amis.
(1) Selon Statistique Canada les salaires, traitements et avantages sociaux des serveurs dans les débits de boisson et restaurants avec service du Québec, se chiffraient à 1,678 milliards en 2005. Une majorité des travailleurs à pourboire travaillent à temps partiel et ne paient pas ou peu d’impôt. Si on suppose que moins de 25 % d’entre eux paient des impôts et que le taux moyen d’imposition est moins de 10%, le gouvernement récolte tout au plus 42 millions par année. De plus, les coûts d’administration et d’enquête grugent certainement une portion non négligeable de ces revenus.