Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement

Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

28 janvier, 2008

Grève imminente à la STM

Le droit de grève dans un monopole public est absurde. Les services offerts par les monopoles publics sont essentiels puisque les utilisateurs sont captifs.

La loi des services essentiels et les lois spéciales sont des béquilles qui démontrent l’absurdité du système. C’est une approche lourde et coûteuse.

Le principe d’équité exige que les employés d’un monopole public soient rémunérés (salaire et avantages) comme les travailleurs québécois qui font un travail équivalent. Pourquoi seraient-ils mieux ou moins rémunérés que ceux qui paient leur salaire?



Le vendredi 25 janv 2008
Encore une grève?
Alain Dubuc
Collaboration spéciale, La Presse

Il y aura peut-être une grève des transports en commun à Montréal. Une autre. Les négociations entre les chauffeurs d'autobus et les opérateurs de métro et la Société des transports de Montréal sont rompues. Les syndiqués ont déjà adopté une stratégie d'escalade, en commençant par des grèves sporadiques à partir de mars, jusqu'à la grève générale. Bref, le bordel.

D'habitude, on aborde la question de ces conflits dans une logique de relations de travail. Faut-il ou non interdire le droit de grève? Faut-il définir autrement les services essentiels? Est-ce la faute d'un syndicat aveuglé, d'un patron intransigeant, d'un maire incompétent?

Il faut poser le problème autrement. Ces grèves à répétition reflètent d'abord et avant tout l'existence d'un problème de gouvernance. Il s'agit essentiellement d'un phénomène urbain, qui touche particulièrement Montréal, et aussi Québec. Elles s'expliquent en grande partie par le fait que les grandes villes ne disposent pas des outils nécessaires pour s'acquitter de leur mission.

L'impuissance de Montréal face à ses employés des transports en commun, ou face au terrorisme de ses cols bleus, si bien décrit dans la série d'articles de Michèle Ouimet cette semaine, est une autre raison pour laquelle il est si important de reconnaître les besoins et la spécificité de la métropole.

En partant, il y a une anomalie. Il y a eu 15 grèves des transports en commun en 40 ans à Montréal. Il y en a eu 11 en 35 ans à Québec. C'est beaucoup. Et ça ne peut pas s'expliquer par le contexte de relations de travail: le syndicat n'est pas sauvage, l'administration n'est pas odieuse, et les employés ne vivent certainement pas une situation intolérable.

Pourquoi alors? Parce que c'est payant. Les grandes villes, avec leur concentration de population, leur rôle névralgique, et l'intensité de l'activité économique, sont très vulnérables. Les syndiqués disposent donc d'un pouvoir énorme, celui de paralyser facilement une ville de deux millions d'habitants. Et ils peuvent le faire sans danger. Ils ne risquent pas leur emploi, comme dans le secteur privé où un employeur peut mettre la clé sous la porte. Et ils savent que cela ne durera pas très longtemps parce que les administrations municipales, dont la mission première est de fournir des services, devront céder tôt ou tard. Ce déséquilibre dans les rapports de force comporte quatre conséquences.

Premièrement, un impact financier. Les employés municipaux sont beaucoup plus payés que les fonctionnaires québécois, un écart de 13,7%, tout à fait anormal. Cela impose un fardeau important à des villes qui ne peuvent pas s'endetter et dont la marge de manoeuvre est limitée.

Deuxièmement, la justice sociale. Une grève des transports en commun, même si on la balise par des services essentiels, pénalise les plus vulnérables de la société.

Troisièmement, une disproportion gênante entre l'enjeu du conflit, les problèmes mineurs de syndiqués bien traités, et ses conséquences, la paralysie d'une métropole.

Quatrièmement, un enjeu stratégique majeur, l'impact négatif des conflits sur l'attractivité des transports en commun.

Ces conséquences sont assez importantes pour que l'on cherche à les éviter. Mais comment? En acceptant que les grandes villes évoluent dans un cadre qui n'est pas celui des villages et des petites municipalités. Et donc, que les relations de travail à Montréal doivent être gérées d'une façon comparable à celles du gouvernement du Québec.

Il suffit de regarder comment se comporte le gouvernement du Québec. Le droit de grève est reconnu, mais dans les faits, son exercice est sévèrement limité, lorsque le bien public où la santé financière de l'État sont menacés. Les conflits ont souvent été résolus par des lois spéciales qui imposent la rentrée au travail et fixent les conditions. C'est ce qui explique pourquoi les salaires payés par le gouvernement sont plus bas que ceux des villes. De la même façon, un syndicat comme celui des cols bleus serait impensable dans la fonction publique québécoise.

L'objectif, très raisonnable, c'est que le régime de travail et les conditions de travail à Montréal se rapprochent de celles qui prévalent pour l'État québécois. On peut y parvenir de deux façons. Soit en donnant à Montréal, et possiblement à Québec, les pouvoirs dont une grande ville a besoin pour régler ses problèmes. Soit en acceptant de lui venir en aide sans hésitation et sans paternalisme, par des lois spéciales si nécessaire.

Mais peu importe l'approche, cela revient à reconnaître que Montréal joue un rôle vital et dispense des services essentiels pour le Québec tout entier, que Montréal est un quasi-gouvernement qui a des besoins uniques, et que ses élus ont la maturité et la compétence pour protéger le bien commun.

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