L’État providence règlemente dans les moindres détails la vie des Québécois. Il ne faut donc pas se surprendre si les individus se déresponsabilisent. Malheureusement, la règlementation étouffe les individus les plus dynamiques sans pour autant modifier l’attitude des autres. Dans ce système tous sont perdants.
Dans un monde de plus en plus ouvert et mondialisé, la responsabilisation des individus, comme le souligne Nathalie Collard, est la seule avenue viable à long terme.
La cyberresponsabilité
Nathalie Collard, La Presse, le mardi 15 janv 2008
Il y a quelques années, quand un élève voulait médire sur un camarade de classe, il gribouillait un graffiti sur les murs des toilettes de l’école ou faisait circuler un bout de papier dans la classe. Ce procédé, qui atteignait pourtant sa cible, semble aujourd’hui bien inoffensif quand on le compare aux ravages que peuvent causer la cyberintimidation.
Internet a amplifié le phénomène de la rumeur. Quant à la photo numérique et la vidéo, elles ont singulièrement raffiné le processus d’humiliation publique. Aujourd’hui, l’anonymat rassurant de l’Internet permet de lyncher quelqu’un d’un simple clic, sans grande crainte de représailles. Ce phénomène ne s’observe d’ailleurs pas seulement chez les jeunes. Il suffit d’aller se balader sur certains blogues pour voir que les internautes adultes ne sont pas toujours un modèle de civisme...
La popularité de l’Internet et des nouveaux moyens de communication commande donc un nouveau type de responsabilisation pour tous, pas seulement pour les jeunes.
Commençons par les parents. Comme le fait remarquer un spécialiste de la cybersurveillance, il n’est pas nécessaire que le parent soit un crack de l’informatique, il faut surtout qu’il s’intéresse à son enfant, ses relations, ses activités en ligne. Mais les bonnes relations parents-enfants ne sont pas toujours un gage de sécurité, comme l’a illustré notre série publiée au cours des derniers jours. Les parents doivent également enseigner aux jeunes à se sentir responsables de ce qu’ils écrivent. Ils doivent leur apprendre que les mots peuvent faire tout aussi mal que les coups. Enfin, ils doivent privilégier la prévention plutôt que l’espionnage. En d’autres mots, il faut désormais expliquer les dangers de l’Internet comme on explique à un enfant les règles de sécurité à vélo ou à la piscine. En gardant en tête que certains enfants seront sans doute insensibles à toute prévention, quelle qu’elle soit.
C’est pour cette raison que le milieu scolaire a un rôle à jouer. On comprend le désarroi des directions d’école devant ce monstre tentaculaire qu’est Internet. Les commissions scolaires devraient former leur personnel et les outiller pour aider les victimes et leurs parents, qui se sentent souvent impuissants. En Ontario, l’intimidation, qu’elle soit virtuelle ou physique, est passible de suspension. C’est une avenue à étudier. Lorsqu’un élève en est à sa deuxième récidive, il devrait être puni sérieusement. Il faut également informer les jeunes de leurs droits et mettre en place un dispositif de plaintes qui protège l’élève qui se confie. Un élève qui dénonce s’expose à être humilié davantage. L’école doit prévoir un protocole pour le protéger. À terme, la cyberintimidation doit devenir un acte socialement inacceptable.
Enfin, un mot sur la naïveté de certains adolescents. On pourrait disserter longtemps sur cette culture qui consiste à tout dévoiler devant une webcam. Ce sera pour une autre fois... Par contre, il faudrait faire comprendre à l’adolescente un peu trop confiante que lorsqu’elle s’envoie en l’air devant une webcam (et qu’elle en avise 130 de ses proches «amis»), il y a de grands risques que les images ne dorment pas sur son disque dur bien longtemps…
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