Faudra-t-il encore subir plusieurs années d’inertie et gaspiller quelques centaines de millions en études, en comités de transition et en coûts transitoires pour se sortir de ce marasme ?Le Québec, l’une des régions économiques les plus pauvres de l’Amérique du Nord, n’a certainement pas les moyens de gaspiller l’argent des contribuables de cette façon, mais il semble que personne ne s’en soucie véritablement.
La ministre Normandeau est tellement occupé à mousser sa popularité et celle de son parti qu’elle n’a pas le temps de travailler à trouver une solution pour Montréal. En décembre seulement, elle a participé à 19 communiqués de presse en 21 jours.
(Voir aussi Quel gâchis)
Le mardi 08 janv 2008
Il était une fois 19 roitelets
Lysiane Gagnon, La Presse
Quel besoin a-t-on de 19 roitelets dans une ville de 1,8 million d'habitants? Pourquoi ces «mairies» superflues qui exercent des juridictions qui devraient normalement revenir à l'administration centrale - l'aberration ultime étant que le centre-ville relève d'un arrondissement?
À ces «pourquoi», on connaît la réponse: cela, c'est ce qui reste de la triste saga des défusions. Pour convaincre les anciennes municipalités de banlieue d'accepter la fusion, on leur a offert un statut quasi autonome en les transformant en arrondissements dotés de pouvoirs importants. On a évidemment fait de même dans l'ancienne ville de Montréal, désormais découpée en arrondissements plutôt qu'en simples districts.
Le stratagème n'a pas marché. Les municipalités de la banlieue ouest ont défusionné, et Montréal a hérité, en pure perte, d'un système de gouvernement inefficace, lourd et coûteux.
Hélas, on ne peut refaire le passé. En revanche, on devrait se demander pourquoi Montréal devrait être condamné à traîner pareil boulet. (Oui, oui, je sais, Paris a 20 maires d'arrondissement. Mais, outre le fait que Paris compte plus de 2,2 millions d'habitants, ses arrondissements ont des pouvoirs beaucoup moins étendus qu'à Montréal; ils gèrent essentiellement les services de proximité - garderies, parcs, mariages, etc. De toute façon, la France, avec sa pléthore d'édiles et de structures, est loin d'être un modèle de gouvernance.)
S'il y a un domaine qui illustre à merveille l'absurdité à laquelle a abouti la décentralisation entreprise en réponse aux tentations défusionnistes, c'est bien celui du déneigement. Les Montréalais, écoeurés, en ont abondamment parlé, autour des tables à dîner, durant le temps des Fêtes.
Le déneigement relève maintenant des arrondissements, avec le résultat que les priorités varient grandement d'un endroit à l'autre, et que les ressources - hommes et équipements - ne peuvent être mises en commun, chacun gardant jalousement les siennes.
Trois jours après la première tempête de neige de décembre, l'arrondissement de Côte-des-Neiges n'avait pas encore trouvé le moyen de déneiger les abords des hôpitaux St. Mary's et Jewish General. Dans Ville-Marie, la rue Sherbrooke - la plus importante artère est-ouest de la ville - était encore en friche, alors que dans Rosemont, de tranquilles petites rues résidentielles étaient parfaitement nettoyées.
À l'époque de Noël, le centre-ville - le coeur économique de la région métropolitaine où logent au surplus une demi-douzaine d'hôpitaux, trois universités et la majorité des infrastructures touristiques - faisait pitié à voir.
En fait, c'est la pluie qui a sauvé le centre-ville de l'enlisement en faisant fondre la neige dont les équipes de déneigement étaient incapables de venir à bout dans une ville où il neige depuis la nuit des temps!
Le pire, c'est que l'on ne savait même pas qui blâmer. La ville? L'arrondissement? Les frères Tremblay? Le petit maire Labonté? Dans ce système hyper-décentralisé, personne n'est redevable aux citoyens.
Comme l'écrivait Henry Aubin, le chroniqueur municipal de The Gazette qui suit depuis des années l'actualité municipale, «c'est la pire performance qu'on ait vue de mémoire d'homme».
Pour Aubin, le déneigement, à l'instar de la police et du service des incendies, devrait relever de l'administration centrale. Avec les hivers qu'on a, le déneigement n'est pas un «service de proximité» analogue à l'entretien d'un parc local, c'est une vaste tâche qui doit être coordonnée au sommet.
Il faudrait aller plus loin. Est-il rationnel que l'urbanisme et la protection du patrimoine architectural relèvent d'arrondissements qui n'ont pas l'expertise nécessaire? Comment se fait-il qu'Outremont, naguère sagement administré, soit devenu un nid d'abus flambés au whisky, une fois transformé en arrondissement? Pourquoi tolérer plus longtemps les «putschs» enfantins du maire de Ville-Marie, qui s'est imaginé, en dépit du bon sens, qu'il devait avoir la main haute sur l'aménagement du CHUM et du Quartier des spectacles - des projets qui concernent l'ensemble de la ville?
Au fait, M. Labonté pourrait-il nous expliquer pourquoi Ville-Marie va dépenser 380 000$ pour embaucher une firme de relations publiques (ce contrat faisant suite à un autre de 75 000$ en 2007), alors que l'arrondissement a déjà à son services six professionnels de la communication? Est-ce aux citoyens de défrayer les petites luttes de pouvoir qui l'opposent au maire Tremblay?
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