Le Journal de Montréal, p. 29 / Nathalie Elgrably, 08 février 2007
Voilà déjà quelques années qu'une réforme de l'éducation a été entreprise au Québec. Les fonctionnaires qui l'ont élaborée ont avant tout mis l'accent sur les outils.
Toutefois, c'est lorsque ma fille m'a présenté un document distribué par l'une de ses profs que j'ai compris que ce ne sont pas les outils qu'il faut réformer, mais bien les éducateurs.
Le document en question était écrit à la main, sans aucun soin, dans un style confus et photocopié de travers. Un véritable torchon! Et cette prof a l'arrogance de demander aux élèves de remettre un travail propre. N'est-elle pas au parfum des avancées technologiques? Et personne ne lui aurait donc appris qu'il faut prêcher par l'exemple?
Si le ministre Fournier souhaite une réforme qui permette réellement d'améliorer la qualité de l'éducation, il devrait demander à ses fonctionnaires de cesser de concocter des bulletins incompréhensibles, et de réfléchir à des moyens pour améliorer la performance des enseignants.
La permanence
Pour commencer, le principe de la permanence devrait être remis en question. Quand notre comptable, notre mécanicien ou notre coiffeur commence à négliger son travail, nous n'hésitons pas à le remplacer. Alors pourquoi en serait-il autrement lorsqu'il s'agit des enseignants? Ne devrions-nous pas être encore plus exigeants envers ceux chargés d'instruire nos enfants?
La permanence procure un sentiment de sécurité qui, chez certains, nuit à l'effort et incite à la paresse. Destinée à défendre l'enseignant, la permanence ne sert en réalité qu'à protéger la médiocrité. Dans un système sans permanence, seul le travailleur peut garantir sa sécurité d'emploi grâce à son professionnalisme, car aucun employeur n'est disposé à perdre la crème de sa main-d'oeuvre.
En second lieu, le temps est venu de trouver un moyen pour mesurer la performance des enseignants et les rémunérer en conséquence. À l'heure actuelle, leur paie est fonction de leur ancienneté et de leurs diplômes. Ainsi, même le prof le plus passionné, le plus consciencieux et le plus dévoué ne peut gagner plus que son collègue plus ancien. Est-il logique de récompenser l'ancienneté et d'ignorer la qualité du travail fourni? Voulons-nous réellement entretenir un système absurde qui invite les enseignants à faire le strict nécessaire pour conserver leur emploi, mais ne leur offre aucune incitation à l'effort et au dépassement? La fonction première d'un prof est d'être bon pédagogue. Il est donc indispensable de récompenser cette qualité.
Mesurer les progrès
Dans cette optique, on pourrait, par exemple, introduire deux examens standardisés que les étudiants passeraient en début et en fin d'année scolaire et qui permettraient de mesurer leurs progrès. Les enseignants les plus habiles devraient obtenir une prime significative.
De plus, comme ils se distingueraient de leurs collègues, ils pourraient négocier une rémunération à la mesure de leurs rendements. Pour être juste et équitable, ne faut-il pas reconnaître et récompenser les efforts de chacun?
Que l'on soit avocat, animateur de radio, hockeyeur ou traducteur, notre rémunération dépend de la qualité de notre travail. Il devrait en être autant pour les enseignants. Ceux qui performent le mieux devraient être payés en conséquence alors que les moins dévoués devraient être pénalisés.
Évidemment, j'entends déjà les syndicats et les diverses associations de professeurs s'opposer à la paie au mérite. Parions qu'ils invoqueront la solidarité pour justifier leur position. De toute évidence, ils sont prêts à sacrifier l'éducation de nos enfants pourvu qu'ils préservent l'emploi des plus mauvais profs.
Il faut rompre avec la mentalité actuelle qui prône l'égalité entre les travailleurs. À travail égal, salaire égal? Je veux bien! Mais cela n'exclut pas qu'à travail différent, il faut des salaires différents.
* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
Voilà déjà quelques années qu'une réforme de l'éducation a été entreprise au Québec. Les fonctionnaires qui l'ont élaborée ont avant tout mis l'accent sur les outils.
Toutefois, c'est lorsque ma fille m'a présenté un document distribué par l'une de ses profs que j'ai compris que ce ne sont pas les outils qu'il faut réformer, mais bien les éducateurs.
Le document en question était écrit à la main, sans aucun soin, dans un style confus et photocopié de travers. Un véritable torchon! Et cette prof a l'arrogance de demander aux élèves de remettre un travail propre. N'est-elle pas au parfum des avancées technologiques? Et personne ne lui aurait donc appris qu'il faut prêcher par l'exemple?
Si le ministre Fournier souhaite une réforme qui permette réellement d'améliorer la qualité de l'éducation, il devrait demander à ses fonctionnaires de cesser de concocter des bulletins incompréhensibles, et de réfléchir à des moyens pour améliorer la performance des enseignants.
La permanence
Pour commencer, le principe de la permanence devrait être remis en question. Quand notre comptable, notre mécanicien ou notre coiffeur commence à négliger son travail, nous n'hésitons pas à le remplacer. Alors pourquoi en serait-il autrement lorsqu'il s'agit des enseignants? Ne devrions-nous pas être encore plus exigeants envers ceux chargés d'instruire nos enfants?
La permanence procure un sentiment de sécurité qui, chez certains, nuit à l'effort et incite à la paresse. Destinée à défendre l'enseignant, la permanence ne sert en réalité qu'à protéger la médiocrité. Dans un système sans permanence, seul le travailleur peut garantir sa sécurité d'emploi grâce à son professionnalisme, car aucun employeur n'est disposé à perdre la crème de sa main-d'oeuvre.
En second lieu, le temps est venu de trouver un moyen pour mesurer la performance des enseignants et les rémunérer en conséquence. À l'heure actuelle, leur paie est fonction de leur ancienneté et de leurs diplômes. Ainsi, même le prof le plus passionné, le plus consciencieux et le plus dévoué ne peut gagner plus que son collègue plus ancien. Est-il logique de récompenser l'ancienneté et d'ignorer la qualité du travail fourni? Voulons-nous réellement entretenir un système absurde qui invite les enseignants à faire le strict nécessaire pour conserver leur emploi, mais ne leur offre aucune incitation à l'effort et au dépassement? La fonction première d'un prof est d'être bon pédagogue. Il est donc indispensable de récompenser cette qualité.
Mesurer les progrès
Dans cette optique, on pourrait, par exemple, introduire deux examens standardisés que les étudiants passeraient en début et en fin d'année scolaire et qui permettraient de mesurer leurs progrès. Les enseignants les plus habiles devraient obtenir une prime significative.
De plus, comme ils se distingueraient de leurs collègues, ils pourraient négocier une rémunération à la mesure de leurs rendements. Pour être juste et équitable, ne faut-il pas reconnaître et récompenser les efforts de chacun?
Que l'on soit avocat, animateur de radio, hockeyeur ou traducteur, notre rémunération dépend de la qualité de notre travail. Il devrait en être autant pour les enseignants. Ceux qui performent le mieux devraient être payés en conséquence alors que les moins dévoués devraient être pénalisés.
Évidemment, j'entends déjà les syndicats et les diverses associations de professeurs s'opposer à la paie au mérite. Parions qu'ils invoqueront la solidarité pour justifier leur position. De toute évidence, ils sont prêts à sacrifier l'éducation de nos enfants pourvu qu'ils préservent l'emploi des plus mauvais profs.
Il faut rompre avec la mentalité actuelle qui prône l'égalité entre les travailleurs. À travail égal, salaire égal? Je veux bien! Mais cela n'exclut pas qu'à travail différent, il faut des salaires différents.
* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
2 commentaires:
Si la compétence des profs pouvait être mesurer, je serai d'accord avec vous. Mais comme ceux qui engagent, qui sont les boss, sont avant tout des administrateurs et non des pédagogues, qui va juger de la qualité? La réforme n'est pas faite par des pédagogues, elle est faite par des administrateurs qui veulent économiser de plus en plus et ils se votent entre eux des primes à la performance à avoir économiser et non à avoir performer en éducation. En 33 ans comme professeur, j'ai été témoin de la dégradation continuelle de la qualité de nos décideurs. C'est pourquoi je suis pour l'abolition des commissions scolaires. Plus la clientèle est lourde plus il coupe dans les services et plus il augemente la bureaucratie.
Pauline
Je serai d'accord avec vous si nos dirigeants étaient compétants. Aujourd'hui, tu n'as pas besoin d'être pédagogue pour diriger, engager le personnel, décider dans une CS. En 33 ans comme professeur, j'ai vu se détériorer la qualité de nos décideurs dans les cs. Ce sont des administrateurs et non des pédagogue. Des administrateurs qui se contrefouent de l'enseignement et de l'éducation. Ils coupent partout sauf dans la bureaucratie qui est de plus en plus lourde. Ils jugent leur performance à la capacité d'économiser $$. Plus ils économisent, plus ils se votent entre eux des primes à la réussite. Si leur prime à la réussite était en fonction de la réussite des élèves, ça changerait peut-être.
De plus, la réforme vise à ne pas brimer les enfants, ces pauvres, ils ne faut pas qu'ils connaissent l'échec, il ne faut pas leur mette de rouge sur les travaux. Les profs qui continuent de travailler à la réussite, se font tasser, se font traiter de vieux jeux.
L'éducation est rendu comme le système du travail qui prône`"à travail égal, salaire égal". Ça peut être vrai, si tu fait le même travail et que le résultat est là. à l'école, c'est ce que la réforme prône, c'est que si tu es assis 200 jours sur un banc, tu as droit au même résultat que celui qui est assis à coté de toi, que tu travailles ou pas, quoi que tu fasses, tout le monde doit réussir.
Ne vous demandez pas pourquoi certains profs travaillent moins. Qu'est-ce que ça donne de corriger, si tu mets la même note à tous. Les nouveaux profs n'apprennent à suivre un programme, ils apprenent à suivre un livre. Dans toutes mes années, je n'ai jamais vu un auteur qui a réussi à couvrir tout le programme d'une matière donnée dans un livre. J'ai même vu des auteurs édités un livre de math qui ne respectaient même pas les principes de base des opérations et le ministère l'avait appouvé. Le ministère (ceux qui jugent les livres) se sert entre autre des critères: pas de sexisme, de la couleur, de belles images. Le contenu pédagogique semble être secondaire.
Merci
Publier un commentaire