Le 12 janvier dernier Jean-Jacques Samson révélait une liste partielle des gaspillages qui ont cours dans la fonction publique. C’était avant la promesse d’une cure d’amaigrissement annoncée dans le budget du ministre Bachand.
Huit mois plus tard, croyez-vous que les choses ont vraiment changé? Si je me fie à des sources généralement bien informées, le gaspillage de l’argent des contribuables est une culture bien ancrée qui ne semble pas être influencée par les vœux pieux du ministre Bachand!
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Histoires d’horreur
J. JACQUES SAMSON, JOURNAL DE QUÉBEC, 12 JANVIER 2010
Des langues se délient à la faveur du débat lancé par le Journal sur les finances publiques. Le simple fonctionnaire de troupe ne veut pas servir de bouc émissaire pour la dilapidation des fonds publics et il dénonce les gestionnaires qui s’y adonnent.
Certains m’ont écrit mais ne voulaient pas être identifiés dans une rubrique d’opinions des lecteurs. Ils tenaient cependant à étaler des aberrations. Difficile de savoir si toutes sont vraies mais elles sont certainement toutes plausibles. Le Vérificateur général trouve pire, année après année.
Par exemple, la Société immobilière du Québec (SIQ) aurait longtemps continué de payer pour la location d’un immeuble qui n’existait même plus.
Le ministère des Transports remplacerait aux deux ans les ordinateurs d’employés qui n’en utilisent pas du tout pour leur travail régulier.
Pour éviter de se faire retirer des crédits périmés et de subir une réduction du budget alloué pour leur service, des hauts-fonctionnaires feraient acheter en fin d’exercice financier des parcs complets d’ordinateurs, par exemple, qui dormiraient par la suite dans un entrepôt ou des logiciels qui ne seraient pas installés avant deux ou trois ans.
Les services de consultants de tout acabit et des entreprises privées sont retenus sur une grosse échelle plutôt que de laisser des fonctionnaires faire le travail pour lequel ils sont payés de toute façon.
On me nomme aussi des hauts fonctionnaires qui ont quitté pour une retraite dorée et qui vendent ensuite leurs services au gouvernement à un taux horaire beaucoup plus élevé que celui qu’ils touchaient dans leurs fonctions.
Il y a évidemment de nombreuses dénonciations d’abus de comptes de dépenses, de voyages non essentiels pour des congrès, forums et autres, des journées de supposée formation dans des hôtels ou auberges, etc.
Une culture de dépenses
Les exemples de fonds publics garrochés à tout vent pleuvent à un point tel qu’on peut conclure qu’une culture de la dilapidation s’est installée dans l’appareil de l’État. Pendant que les élus multiplient les appels à la population pour que nous nous serrions la ceinture, ce qui signifie diriger vers le gouvernement, sous une forme ou une autre, un plus fort pourcentage de nos revenus, la machine administrative dépense toujours sans retenue, insouciante des déficits dans lesquels le Québec est replongé.
Je retiens de ces messages de fonctionnaires scandalisés qu’un fort pourcentage du déficit annuel pourrait être éliminé simplement par une gestion très rigoureuse de chaque composante de l’appareil de l’État.
Les administrateurs de toute très grosse organisation, privée autant que publique, sont capables de couper un 5% du budget sans mettre en péril la mission de l’entreprise. Appliquée au budget du Québec, une telle cure engendrerait des économies récurrentes de quelque 3 milliards $. Je rappelle que la ministre Monique Jérôme-Forget a prévu un déficit de 3,9 milliards $ pour 2009-2010.
Effet psychologique
Le problème des finances publiques du Québec exige des remèdes vigoureux aux effets à long terme qui vont bien au-delà de ceux procurés par un tel dégraissage de surface.
Ce dernier aurait cependant un effet psychologique important dans la population: une assurance que chaque dollar que nous prend le gouvernement du Québec est au moins dépensé plus judicieusement que par le passé.
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