L’avenir du Québec passe nécessairement par une plus grande responsabilisation des individus et son corollaire l’abandon de l’état nounou. Le degré de responsabilisation individuelle est inversement proportionnel au degré de la présence de l’état dans nos vies de tous les jours.
Pierre Légaré, dans son texte ci-bas, explique que pour responsabiliser les individus il est nécessaire de maintenir un lien entre « comportements et conséquences ».
Le dimanche 04 nov 2007
Misez sur nous...
Pierre Légaré, La Presse
Collaboration spéciale
On est philosophes mais on n'est pas des caves.
Ça commence à sentir le péage, trouvez pas?
À l'époque, ceux qui l'ont enlevé en ont profité pour hausser le prix de nos permis de conduire et nous ajouter quelques autres taxes «de remplacement». En remettant le péage, ils ne feront pas l'inverse, c'est bien sûr. Mais bon, on ne dira rien.
D'une part, il y en a un grand nombre parmi nous qui n'ont pas connu les péages, d'autres qui ont oublié ces taxes additionnelles, d'autres qui ont cessé de conduire ou qui sont morts, et le reste qui sait fort bien que ça ne donnerait rien de ressasser tout ça. On n'est pas caves, on est juste devenus philosophes.
J'aime les péages. Comme j'aime tout ce qui responsabilise, qui sert l'intelligence en liant un comportement et ses conséquences.
Le péage, c'est un lien utilisateur-payeur. Dans le cas d'une route ou d'un pont, l'utilisateur est aussi un useur. C'est pour ça que le péage est différent selon les différents useurs.
Je ne sais pas si un camion 30 fois plus lourd que ma voiture dégrade la route 30 fois plus que je ne le fais et je n'ai pas envie de chercher à savoir si c'est plutôt 100 fois plus, ou seulement trois fois plus. De toute façon, on devra s'ajuster aux tarifs pratiqués ailleurs.
Les transporteurs vont inclure le péage dans leurs frais et l'ajouter à la facture de leurs clients qui, ultimement, vont nous la refiler à nous, les philosophes. Si on demande plus, ils vont nous faire payer plus. Si on leur demande moins, nous devrons payer plus pour compenser. Ça rend philosophe.
Petit beaume: les useurs qui viennent d'ailleurs vont payer aussi. Un péage venant de gens qui ne nous coûtent rien en éducation, santé, aide sociale, indemnisation ni pension, c'est payant.
Parenthèse: donnons congé de péage aux motos. D'abord, une moto n'use pas la route. Elle est trop légère et n'y circule que durant les six mois de l'année où la route s'abîme le moins. Et il n'y a pas que ça. Imaginez-vous debout, pour avoir accès à vos poches de pantalon, votre moto de 300 kilos entre les cuisses, un passager assis dessus, ce qui la rend encore plus difficile à retenir. Et puis tiens, ajoutez-y des gants mouillés à enlever, un scaphandre imperméable à ouvrir puis à refermer, et vos gants mouillés à renfiler. Vous le voyez? Qu'on leur foute la paix.
Un lien gagnant-gagnant
De tels liens utilisateur-payeur, pollueur-payeur, gaspilleur-payeur ou délinquant-payeur présentent un autre avantage, ils créent un lien gagnant-gagnant entre nos élus et nous: on les aime plus parce qu'ils nous prennent moins pour des caves.
Quelle est la chose à faire pour responsabiliser son enfant? Lui faire voir le lien existant entre son comportement et les conséquences de celui-ci. «Verrouille ton vélo si tu ne veux pas te retrouver à pied. Bouge plus, tu vas être moins gros. Pourquoi je t'endure même si tu ne m'écoutes pas? Parce que t'es déductible.» Il comprend.
Au moment d'écrire ces lignes, il appert que vous, nos élus à Québec, ne récupérerez pas la seconde baisse annoncée de TPS, tout comme vous avez laissé passer la première. Pourquoi? Parce qu'il paraît qu'une telle récupération est politiquement suicidaire.
Ça, c'est vrai seulement quand vous nous prenez pour des caves. Si, par exemple, vous nous aviez dit le printemps dernier que vous alliez récupérer ce 1% de TPS et qu'ainsi, nous allions commencer à rembourser notre dette sans débourser une cenne de plus, on l'aurait compris et on vous aurait même aimé pour votre respect de notre intelligence. On est philosophes mais on n'est pas des caves.
Il y a d'autres liens responsabilisants qu'on est prêts à comprendre et à aimer. Exemple: le fonds d'indemnisation de la SAAQ. Vous avez augmenté la part d'assurance sur la personne de nos permis pour renflouer ce fonds, spolié par les gouvernements précédents qui ont allègrement pigé dedans. Bah, normal après tout, c'était juste l'argent des caves.
Savez-vous ce qu'est notre problème? Les bons conducteurs sont tannés de payer pour les têtes folles. Les amendes perçues à la suite d'une contravention doivent aller à ce fonds d'indemnisation. Ainsi, ce sont plutôt les têtes folles qui vont payer pour les bons conducteurs. On va le comprendre et on va aimer ça.
Vous remettez présentement cet argent aux villes. En vertu de quel lien logique? Remettez-leur plutôt un pourcentage du coût d'immatriculation des véhicules provenant respectivement de chacune. Plus de véhicules égale plus de sous pour entretenir leurs structures abîmées par leurs véhicules. C'est ça, un lien logique.
Il y a évidemment des domaines où un tel lien, direct, clair et responsabilisateur ne peut être institué. Mais chaque fois qu'il est possible de le faire, faites-le. On va se sentir moins caves et on va vous aimer plus.
Misez sur nous.
2 commentaires:
Un camion 18 roues est l'équivalent, en dommage à une route, à 60 000 voitures
Serge,
on paie trop de taxes déjà, ne donne pas des idées aux socialistes gauchistes de récupérer la taxe fédérale oubliée, elle est mieux dans la poche des consommateurs.
De toute façon, on ira bien magasiner à Plattsburgh NY ou à Burlington VT et on trouvera bien le moyen de se faufiler sans payer les taxes du Canada par nos chers percepteurs d'impôts douaniers.
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