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Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

05 novembre, 2007

L’arrogance d’un monopole

Dans la plus pure tradition des monopoles, le système d’éducation publique refuse de rendre des comptes. Il pousse l’arrogance jusqu’à menacer celles et ceux qui voudraient parler. C’est ce qui arrive à tout système dont la pérennité est assurée par la loi. Dans un marché compétitif, une telle situation serait inimaginable. Les meilleurs devraient se battre pour maintenir leur position et les cancres seraient voués à l’élimination.

L'omerta
27 octobre 2007 - 06h13
La Presse
Claude Picher

Chaque année, lorsque la revue L'actualité publie son palmarès des écoles secondaires, on assiste aux traditionnelles clameurs d'indignation de tout ce qui gravite et s'agite autour du monde scolaire: syndicats d'enseignants, associations de parents, commissions scolaires.

Cette année, rien.

Tout ce beau monde a décidé de se taire, et même de faire taire ceux qui auraient le goût de parler.

Lorsque ma collègue Violaine Ballivy a tenté d'obtenir une entrevue avec le directeur d'une école publique, elle s'est heurtée à un mur.

L'omerta. Comme si le palmarès n'existait pas.

Remarquez, on ne manque pas grand-chose. Inévitablement, les opposants au palmarès ressortent la même cassette éculée: puisque le palmarès classe des écoles publiques et des écoles privées, il compare des pommes et des oranges, et n'a donc aucune valeur.

C'est aller un peu vite en affaires.

Le «Bulletin des écoles secondaires du Québec» est établi par l'Institut économique de Montréal (1), et est basé sur six indicateurs, comme les résultats moyens obtenus aux épreuves du Ministère, le pourcentage d'échec, le taux de promotion, etc.

Ces chiffres sont calculés à partir de données publiées par le ministère de l'Éducation. Pour faciliter la comparaison, le tout est ensuite reporté sur un système de pointage.

Cette méthodologie laisse peu de place à l'erreur: les écoles qui apparaissent en tête du classement sont effectivement les meilleures.

Or, il est certain que les écoles privées, qui effectuent une sélection à l'entrée, ont automatiquement de meilleures chances d'arriver parmi les premières, et c'est bien ce qui se produit.

En fait, la domination du privé est presque absolue; sur les 100 premières places au classement, on ne compte que neuf écoles publiques, et il n'y a aucune surprise là-dedans.

Est-ce une raison pour jeter le classement à la poubelle, ou pour faire semblant de l'ignorer?

Certainement pas!

Par définition, tout classement comporte des aspects discutables. Par exemple, lorsque les organisations internationales effectuent des comparaisons sur des sujets comme la santé, l'éducation, le niveau de vie ou la corruption, elles mettent tout le monde dans le même panier: on compare le Canada, la Suisse et le Japon au Zimbabwe, à Haïti ou au Bangladesh, en appliquant les mêmes grilles.

Pourtant, il saute aux yeux que des indicateurs comme l'espérance de vie ou le PIB par habitant n'ont pas le même sens dans un pays riche que dans un pays pauvre. C'est encore pire que de comparer pommes et oranges.

Malgré cela, les spécialistes acceptent la plupart des comparaisons internationales.

Indépendamment des avantages ou des handicaps géographiques, climatiques, politiques, culturels des pays, les classements fournissent un portrait crédible de la situation.

Rien n'empêche les chercheurs, par la suite, de fournir des explications.

C'est la même chose pour le palmarès de L'actualité.

Il présente un portrait fidèle de la situation, qu'on l'aime ou qu'on l'aime pas.

C'est certes un document utile, en ce sens qu'il permet aux parents de choisir entre les écoles du voisinage (étant bien entendu que s'il s'agit d'une école privée, ils devront payer en conséquence), ou simplement de constater comment l'école se tire d'affaire.

Mais le palmarès permet aussi de voir dans quelle mesure le rendement scolaire s'améliore ou se détériore d'un endroit à l'autre. Cela n'a rien à voir avec le caractère privé ou public de l'établissement.

Ici, on compare les résultats d'une même école, d'une année à l'autre.

Contrairement à une opinion assez largement répandue, c'est dans le secteur public que l'on trouve les signes les plus encourageants.

Ainsi, le Bulletin nous apprend que sur les dix écoles qui se sont améliorées le plus rapidement entre 2002 et 2006, neuf sont des écoles publiques. Uniquement pour cela, le palmarès aura fait oeuvre utile.

Le cas de l'école secondaire Natagan, à Barraute, en Abitibi, est particulièrement éloquent.

En quatre ans, le taux d'échec est passé de 39 à 10%. Dans certaines matières, les progrès sont impressionnants: la note moyenne est passée de 55 à 75% en français, de 53 à 71% en histoire.

Et tout cela s'est passé dans une école publique où les revenus des parents sont les bas de toute la région! Anecdote qui en dit long sur l'omerta imposée par les apparatchiks du système: lorsque L'actualité a voulu faire un reportage sur ce succès, le directeur de l'école a accepté de rompre le silence, mais uniquement à condition que le reportage ne soit pas diffusé en même temps que le palmarès.

Le niveau de vie d'une société est directement tributaire de la qualité de son réseau d'éducation.

En ce sens, le palmarès de L'actualité joue un autre rôle utile en valorisant les meilleurs et en allumant les pires.

Nous ne possédons pas de chiffres ou d'études là-dessus, mais je suis prêt à mettre ma main au feu que ce Bulletin a contribué (modestement sans doute, mais contribué quand même) à améliorer le système.

Comme on s'en doute, cela ne fait pas l'affaire des partisans du nivellement par le bas...

1 commentaire:

Tym_Machine a dit...

Les écoles publiques sont en effet une cause perdue, les gens y envoient leurs enfants par dépit, par faute de moyens ou par paresse ou par négligence ou par aversion à la discipline pour leur enfant.

On entre de pauvres petits moutons sans défense et on forme des voyous profiteurs du système mal engueulés.

Vive l'évolution syndicale, notre dieu à tous, pauvres brebis égarées que nous sommes.