Le Québec a connu des politiciens d’envergure dans la période 1960-1980. Les Québécois leur faisaient confiance et le Québec a fait un bon immense en avant. Depuis, plus rien!
Le dimanche 28 oct 2007
Entre le rêve et le scepticisme
Pierre-Paul Gagné , La Presse
Bien des gens se souviennent encore du climat frénétique qui régnait dans la grande région de Montréal, au début des années 60, alors que les chantiers se multipliaient en préparation d'Expo 67.
Chantier de l'Exposition universelle elle-même, chantier du métro de Montréal, chantier de la Place-des-Arts, chantier de l'autoroute 132, sur la Rive- Sud de Montréal, etc.
À Montréal même, sous l'impulsion du maire Jean Drapeau, rien ne semblait impossible. Et la métropole se prenait de plus en plus pour une vraie ville de stature internationale.
Sera-t-il possible, un jour, de connaître à nouveau un tel climat?
Le projet dévoilé par La Presse, le week-end dernier, de déménager à Montréal le siège-social des Nations Unies, un projet qui prendrait des proportions gigantesques s'il se réalisait, aura surtout suscité une forte dose de scepticisme chez nos lecteurs. Si l'ensemble de ceux-ci estiment qu'il pourrait s'agir d'un projet souhaitable pour Montréal, peu y croient vraiment, surtout à la lumière de quelques exemples récents de projets avortés:
- «Quel beau projet à développer. Mais attention, nous sommes loin de la coupe aux lèvres! Rappelez-vous du projet de Loto-Québec et du Cirque du Soleil. À Montréal, rien n'est jamais simple. Même si le projet semble assez exceptionnel, attendez que les organismes et groupes de pression du secteur réagissent. Espérons que nos vrais leaders politiques se lèveront!» (Serge Adam)
- «Wow! Vous avez vraiment mis vos lunettes roses ce matin. Le maire Tremblay et ses petits copains devraient peut-être s'occuper de gérer cette ville plutôt que de plancher sur des projets bidons qui frisent l'utopie et nous ridiculisent.» (Serge McQuade)
- «Pensez-vous sérieusement que NYC laisserait filer le siège de l'ONU? Au fond, c'est comme ce monstre du Loch-Ness de TGV, une vieille joke de bonhomme sept-heures qu'on raconte aux enfants pour les endormir: on joue à Sim-City, on s'amuse à imaginer des tas de trucs qui ne se feront jamais dans un pays qui ne peut pas exister, on vit dans le rêve pendant que la réalité s'effondre autour de nous.» (Pierre-Yves Pau)
- «Pourquoi le maire Tremblay ne s'en tiendrait-il pas à de vrais' projets, des choses réalisables comme la construction d'un circuit de tramway dans le Vieux-Port et la démolition de l'autoroute Bonaventure?» (Josée Lalonde)
- «Enfin un projet d'envergure pour Montréal. Vous imaginez un peu la visibilité internationale, les retombées, les emplois créés. Mais mon petit doigt me dit que si la plupart de nos dirigeants restent aussi silencieux, c'est qu'il y a sûrement une raison...» (Jonathan Thibodeau)
Propos démobilisateurs qui auraient sans doute détonné, il y a 40 ans, quand tout le monde s'enthousiasmait devant les maquettes du maire Drapeau, illustrant comment, quelques milliers de voyages de terre plus tard, une nouvelle île allait surgir sur le fleuve Saint-Laurent.
Cela n'a cependant pas empêché quelques optimistes, dont un lecteur indépendantiste, de voir dans ce projet une autre façon de promouvoir son option:
- «Le Québec est mûr pour un projet d'envergure comme celui-ci. Avec ses nombreuses universités, Montréal, dans un Québec souverain, pourrait être la Genève de l'Amérique du Nord. Le site proposé est d'ailleurs beaucoup plus enchanteur que celui de New York. Carte postale assurée du Québec vers le monde entier.» (Marc Paquin)
Évidemment, on ne peut empêcher personne de rêver ni d'être sceptique. Et la palme du scepticisme, dans tous les courriels reçus, revient sans doute à Richard Bergeron, chef du parti Projet Montréal qui, sous le titre «Faut-il en rire ou en pleurer?», nous a envoyé ces quelques mots:
- «La Presse nous apprend que Gérald Tremblay voudrait déménager l'ONU de New York à Montréal. Le maire trouve exceptionnelle et emballante cette idée, précise-t-on. Venant de celui qui a fait porter en entier sa dernière campagne électorale sur les nids-de-poule et la propreté, ou encore qui prévoit prendre 10 années pour démolir 500 mètres de l'horrible autoroute Bonaventure, un projet de 90 millions de dollars à peine, ce soudain changement de registre, de l'infiniment petit à l'infiniment grand, ne laisse pas d'inquiéter: le maire Tremblay a-t-il encore toute sa tête?»
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