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Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

09 octobre, 2007

Politique et vérité

André Dorais

Bien que les politiciens et les employés de l’État ne soient pas plus malhonnêtes que les autres individus, on n’écrit pas sur leur chèque de paie l’impôt qu’ils reçoivent. Est-ce parce qu’on ne réalise pas qu’il s’agit d’impôt ou parce qu’on tente de cacher la vérité? Toujours est-il que cela laisse entendre qu’ils sont des contribuables comme les autres, alors que c’est faux. Ils sont des récepteurs nets d’impôt et puisque celui-ci est obligatoire, on peut dire qu’ils vivent de la coercition. On tente évidemment de la justifier, mais les justifications légitimes sont rares, pour ne pas dire inexistantes.

Ignorance ou mensonge?

Il y a 10 contribuables dans la société A, 8 travaillent pour le «privé», 2 pour le «public». Tous ont à payer un montant égal d’impôt, qui constitue tout l’argent de l’État. Une troisième personne joint les rangs du gouvernement (de l’État ou du «secteur public»), constituant ainsi un onzième contribuable. Avec quel argent l’État paye-t-il ce troisième «fonctionnaire»? Avec l’argent tiré des contribuables, c’est-à-dire l’impôt. Donc le fonctionnaire (entendu au sens large : tout employé de l’État) reçoit de l’impôt.

Malheureusement, on n’écrit ni sur le chèque de paie du fonctionnaire, ni sur celui du politicien, l’impôt qu’ils reçoivent. Tout ce qu’ils voient est l’impôt qu’ils paient. Toutefois, puisque l’impôt qu’ils reçoivent est plus important que l’impôt qu’ils paient, on ne devrait pas les qualifier de contribuables au même titre que les autres étant donné qu’ils en sont des récepteurs nets. Lorsqu’on induit les gens en erreur il faut se demander pourquoi. Si l’on plaide l’ignorance, alors on n’a qu’à corriger la situation. Sinon, on doit expliquer pourquoi les employés de l’État doivent être qualifiés de contribuables au même titre que les autres qui ne travaillent pas pour lui. Serait-ce que l’État a intérêt à cacher la vérité pour promouvoir sa façon d’agir?

Politique ou économique?

Aider autrui est bien, mais si l’on vole un individu pour en aider un autre, ce l’est beaucoup moins. Si l’État agit de même façon, le geste est-il plus légitime? Non, et cela malgré qu’il ait la sanction légale. La légalité et la légitimité sont deux choses différentes. La légalité peut être légitime, mais plus souvent qu’autrement elle ne s’en soucie guère, car elle se contente d’elle-même. Dans ce cas, elle n’est que force brute. C’est le mode politique d’agir. Il enrichit certains individus, mais au détriment des autres.

De son côté, le mode économique d’enrichir les gens est fondé sur l’entente. Celle-ci peut être verbale ou signée et pourvue de sanction pour bris de contrat. Si ce mode ne préconise pas la force pour arriver à ses fins, il se fonde néanmoins sur la politique, qui, bien que toujours légale, n’est que trop souvent illégitime. De sorte que si l’on rejette la légitimité du politique, il y a fort à parier que l’on rejette également plusieurs ententes fondées sur elle. Tout n’est pas perdu, car le mode économique tend à agir de manière autonome.

La force du mode économique est de se propager par l’exemple de l’entente plutôt que par la force de la loi. Ainsi, il en vient à former sa propre loi, qui va au-delà du politique pour respecter chaque individu et ce qui lui appartient, car c’est dans son intérêt. Ce faisant, l’économique devient éthique. Celle-ci est à la fois simple et exigeante. Exigeante, car elle ne tolère aucune forme de taxation et d’imposition. Elle se veut un substitut au mode politique.

Quelques justifications du politique

Les justifications du politique sont nombreuses, mais aucune ne convainc. Par exemple, à l’individu qui offre ses services pour une bouchée de pain, le politique intervient pour l’en empêcher au nom du bien de l’individu. C’est que le politicien prétend savoir mieux que quiconque, ce qui est bon pour chacun. Il se considère moralement supérieur et par conséquent impose sa loi. Pour s’assurer d’avoir l’appui de la population, il dénigrera l’employeur et compensera l’individu déchu de son emploi par de l’argent soutiré aux contribuables. Et pour se conforter à l’idée qu’il a bien agi, il qualifie son geste indistinctement de solidarité, justice sociale, générosité et compassion.

On avance souvent l’argument à savoir que l’État offre des services nécessaires. Or, ce n’est pas parce que des services sont nécessaires qu’il faille se les procurer via les pouvoirs fiscaux. À cet égard, le mode économique de servir les gens est non seulement plus légitime, mais également plus efficace. Plus légitime puisqu’il n’utilise pas la force et plus efficace, car celle-ci ne permet pas de déterminer les préférences réelles des consommateurs. Ce qui, à son tour, conduit à une perte de ressources et par conséquent de richesse.

On dit que l’État offre des «services publics» que le marché ne saurait offrir. Or, ce n’est pas parce que le marché ne saurait les offrir, mais plutôt parce que l’État les monopolise. Encore une fois, ce qui caractérise le mode politique est l’usage de la force pour arriver à ses fins. Faut-il préciser que cette façon de procéder va à l’encontre de toute morale digne de ce nom? Plusieurs fonctionnaires et politiciens se disent fiers de travailler pour le «public». Par là, ils sous-entendent que les restaurateurs, plombiers, maçons et autres travailleurs du secteur privé ne travaillent pas pour le public, ou à tout le moins, n’ont pas un travail aussi important. Ils monopolisent par la force des services et ensuite ils se disent fiers d’y travailler…

La justification du politique est fondée sur la contrainte arbitraire, l’imposition, la taxation et la démagogie. Malgré cela, on continue à se courber devant lui comme s’il n’existait pas d’autre mode pour servir les gens. Le mode politique enrichit les uns au détriment des autres, alors que le mode économique enrichit tout le monde à divers degré. Le premier utilise la force, le second, l’entente. L’un entraîne la division, l’autre la coopération.

On entend quotidiennement des gens demander à l’État d’aller taxer et imposer tel ou tel groupe, soit d’utiliser la force coercitive. Est-ce là un comportement moral ou parasitaire? Entraîne-t-il la division ou la coopération? Préfère-t-on vivre sur le dos des autres ou de manière autonome? Si l’on choisit l’autonomie, alors on doit procéder par le mode économique et lui seul. Cela ne se fait pas d’une claque, mais la direction est claire : moins de taxation, moins d’imposition, moins de lois, moins d’inflation, bref, moins d’État et moins de politique.

On pourrait commencer par défier le politicien et le fonctionnaire de dire la vérité sur la nature de l’argent qu’ils reçoivent. S’ils admettent qu’ils vivent de l’impôt, on peut aussi leur rappeler que celui-ci est coercitif. Et s’ils admettent l’un et l’autre, on pourrait leur demander pourquoi ils en sont fiers. À n’en pas douter, certains seront choqués des questions, mais alors il ne faut pas blâmer le messager, c’est l’adage bien connu qui fait son œuvre.

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